Say Goodbye [Aymeric - Terminé]

Une semaine s’était écoulée depuis la soirée bourgeoise. Une petite semaine où de grandes choses avaient changé. Comme par exemple, le fait que Golman le type producteur que Krystin avait rencontré lors de cette soirée, vienne la voir lors d’une répétition à Broadway. Une fois qu’elle avait terminé sa représentation, elle vit le grand sourire qui se formait sur les lèvres du bonhomme. Rien qu’à voir ça, elle savait qu’elle était prise. Tout ce qu’il lui dit lui parut tout à fait normal, apparemment elle l’avait tapé dans l’œil –professionnellement parlant- et il avait hâte de commencer à travailler avec elle. Bien sûr tout ce qui suivait, ça coulait de source, comme quoi elle jouait parfaitement la comédie, qu’elle avait une présence incroyable sur la scène et un charisme incroyable. Les compliments avaient fusé c’était le cas de le dire. Et puis, le changement qui opérait pour de la demoiselle était : la rémunération! Et ouais, elle allait enfin avoir un salaire fixe et dans les normes, pas besoin d’aller voir ailleurs pour parvenir à ses fins de mois.

Donc tout ça la ramenait à son boulot de strip-teaseuse dans la boîte de Monsieur Hewson, le père d’Aymeric. D’ailleurs, elle avait couché avec ce dernier sur une plage après la soirée VIP. Chose qui s’était plutôt bien placée, jusqu’à que Krystin reprenne le plein pouvoir de son caractère et s’énerve pour un rien. Enfin un rien, elle ne savait pas trop pourquoi elle s’était acharnée sur le blondinet. C’était juste un coup d’un soir non? Enfin bref, tout ça pour dire qu’elle ne savait pas trop ce qu’il lui avait prit. Et résultat de tout ce remue-ménage, la jeune femme avait renoncée à rentrer avec Aymeric, errant seule sur la route jusqu’à qu’un taxi arrive. Bizarre qu’il y en a un à cette heure ci, et surtout là où elle se trouvait. Mais le chauffeur lui avait indiqué qu’un jeune homme avait appelé pour lui dire où elle se trouvait. A coups sûrs c’était Aymeric. Qui d’autre savait qu’elle se trouvait à cet endroit? Personne. Il avait un bon fond alors ce petiot. Mais Krystin ne le recroisa pas non plus lors de cette semaine, il devait sûrement être occupé à autre chose.

C’est donc le jour après que Golman lui annonça qu’il la prenait sous son aile, que la demoiselle décida de démissionner de son poste de strip-teaseuse officielle. D’une, car elle en avait plus besoin et de deux, si elle continuait dans ce milieu et que son producteur le découvrait, elle était un peu dans le merde. Alors une après-midi, elle sortit de chez elle avec la décision d’aller voir le père Hewson et de lui présenter sa démission. Elle se pointa donc au club, et même s’il était fermé à cette heure-ci, elle y entra. Le patron devait s’y trouver. D’ailleurs en y entrant, elle trouva Tobby, le barman qui la salua chaleureusement. Un peu trop même. Krystin y répondit sans trop faire attention puis se dirigea dans le couloir où se trouvait le bureau. Une fois devant la porte, elle tapa trois fois puis entendit une voix lui disant d’entrer. Elle tourna donc la poignée puis pénétra dans la petite salle où… mince. Il n’y avait pas que le patron dans la salle, mais aussi son fils. Aymeric était avec son père et tous les deux la regardaient. Sur le coup, Krystin resta un peu surprise mais elle dissimula très vite son étonnement. Elle ferma soigneusement la porte, puis se retourna pour s’adresser à son futur ex-patron, en snobant carrément le blondinet qui se trouvait à côté :

- Excusez-moi de vous déranger, mais je souhaiterai vous parler de quelque chose d’important.

Et puis tant pis si Aymeric se tenait à côté, elle ne le regardait même pas. En fait, elle luttait un peu pour ne pas croiser son regard. Elle essayait de rester fixer sur celui de son père, qui la regardait avec étonnement. Oui, bon, elle n’allait maintenir le suspens trop longtemps non plus :

- Je démissionne.

Il n’y avait pas plus clair!

Oui elle démissionnait, c’était officiel. C’est bon tout le monde était au courant, le père comme le fils. Vive la famille. Et le père qui ne se doutait rien que les deux petiots avaient été plutôt très proches il y avait une semaine de cela. S’il l’apprenait, ça ferait quoi? Vu qu’elle démissionnait? Oui, mais la semaine dernière elle était toujours strip-teaseuse et Krystin en savait de la loi de ne pas toucher aux danseuses. Et si le père Hewson apprenait que son fils chéri avait contourné la règle? Oh non, elle n’était pas aussi odieuse pour tout avouer ici, maintenant dans son bureau. Elle avait un cœur tout de même la blondinette. Et puis, Aymeric lui avait sauvé la mise plusieurs fois. Alors elle se tairait, pour l’instant. Oui, car le patron semblait étonné de ce qu’elle venait de dire. Démissionner, oui, ça veut dire ne plus travailler ici. Il était bouché ou quoi? Bon. On mettra ça sur le compte de la surprise. Et oui, Krystin savait pertinemment qu’ils étaient en train de perdre une excellente danseuse. Et oui, ses chevilles vont très bien. C’est juste la vérité, c’était une des meilleures –pour ne pas dire LA meilleure- et certains clients ne seront pas bien contents ne voyant plus arriver la belle blonde. Maintenant, le père Hewson demandait pourquoi. Krystin l’avait déjà vue venir celle là et elle s’y était préparée à répondre :

- J’ai trouvé mieux ailleurs, voilà tout.

Elle avait cru juste ne pas mentionner que le mieux ailleurs était Broadway en l’occurrence. Elle savait que son futur ex patron avait des connaissances là-bas, autant ne pas trop éveiller les soupçons. Bien sûr quand elle sera la nouvelle starlette de New York, il verrait que le mieux ailleurs était le monde de la comédie. Mais pour l’instant, la demoiselle n’avait pas envie d’en étaler un peu plus. C’était sa vie privée, et ça ne regardait qu’elle. Mais Aymeric devait s’en douter, de tout. Qu’elle avait décroché le job avec Golman et que c’était pour ça qu’elle se présentait ici. Krystin s’aventura à lancer un petit regard au blondinet, qui lui, la regardait. Mais elle le regarda juste un instant, sans expression, comme si elle avait regardé un meuble, puis retourna son regard vers son père.

- Je sais que vous allez perdre votre plus grande danseuse, mais c’est ma décision et j’y tiens.

Hé, il ne pouvait pas l’en empêcher quand même. C’était son droit de partir, comme bon lui semblait. Il n’avait pas le droit de la retenir. Ca serait un au revoir à cette boîte qui aurait duré même pas un mois. C’est ça la vie. Et comme elle disait au revoir à la boîte, cela inclurait l’au revoir à Aymeric aussi. Elle le voyait souvent à travers la boîte, et là ça se révélerait plus compliqué pour le voir. Mais ça ne lui faisait rien, hein ça ne lui faisait rien? Mais non, n’allait pas croire de telles choses. Pour Aymeric, elle n’était que le coup d’un soir et vice versa. Alors la vie continue hein? Plus rien ne les liera.

- Vous avez quelque chose à ajouter?

Oui, parce qu’elle aimerait bien partir. Elle perdait un peu son temps ici, pas besoin de dix mille ans pour annoncer qu’on démissionne.

Désappointé, désappointé… Mais pauvre chou, c’est la vie il faut t’y faire! C’est sûr que Krystin ne pouvait pas lui en vouloir, il était en train de perdre la meilleure danseuse mais tout de même. Il y avait encore les autres, elles réussiraient à maintenir le niveau. Ou pas. Enfin bref, ce n’était pas le problème de la blondinette, elle, ce qu’elle voulait c’était partir. Elle avait déjà bien réfléchis là-dessus, elle n’y reviendrait pas. Déjà parce qu’elle avait un nouveau contrat avec Golman et en l’occurrence Broadway : bonjour la starlette. Et de deux, parce que son agression l’avait quand même beaucoup affectée, alors à quoi bon rester dans ce milieu? Et maintenant le père Hewson voulait qu’ils parlent. Mais qu’ils parlent de quoi bon dieu? Elle avait clairement dit ce qu’elle souhaitait! Et il voulait qu’elle s’asseye. Non, mais elle n’allait pas rester éternellement ici, rien que pour démissionner? En levant les yeux au ciel, sans prendre la peine de se montrer discrète, Krystin prit place sur le siège devant le bureau du patron. Elle croisa rapidement ses jambes, puis observa le père dire à son fils d’aller voir ailleurs. Ouais, elle avait compris le sens caché de va voir si tout va bien. Elle n’était pas idiote. Alors qu’Aymeric partait, la demoiselle se dit que c’était sûrement la dernière fois qu’elle le voyait. Elle lui jeta un coup d’œil discret avant que le papa Hewson ne reparte dans la conversation.

- Non ce n’est pas un problème de salaire. C’est juste que je veux changer de voie, j’en ai assez de me déshabiller devant des pervers.

Et ouais, clash la demoiselle. Hé, on ne change pas une équipe qui gagne. Si elle voulait vraiment partir, il fallait qu’elle y aille direct. Alors vive les quatre vérités, peut-être que le patron le comprendrait mieux dans ce sens là. En espérant qu’il ait compris vu la tête qu’il tirait.

- Et quelle voie si je ne suis pas trop indiscret?

- Je vous arrête tout de suite, vous êtes indiscret.

Répondit tranquillement Krystin avec un sourire. Elle n’était pas sa fille qu’elle sache? Juste une employée, qui avait duré à peine un mois en plus! Dit donc, il tenait à elle on dirait. Il n’avait pas envie qu’elle parte du moins. C’est vrai que c’était flatteur, mais pour la blondinette cela s’arrêtait ici. Sa carrière en tant que strip-teaseuse prenait fin. Espérons que le père Hewson finisse par le comprendre.

- Bon et bien, je ne peux pas vous arrêter alors.

- En effet, c’est de l’histoire ancienne maintenant.

- Alors, bonne continuation mademoiselle.

Dit-il en se levant et en tendant sa main. Il n’avait pas l’air content et ça se voyait. Mais Krystin s’en foutait, elle avait enfin réussi à lui faire comprendre qu’elle ne voulait plus rien de tout ça. Elle commençait une nouvelle vie et puis voilà. Elle se leva à son tour, puis serra la main de son ex patron –maintenant ouais-, en souriant et hochant la tête. A jamais papa Hewson! Enfin, il ne faut pas trop se hâter non plus. Elle contourna donc la chaise puis passa la porte du bureau, donnant sur le couloir de la boîte. Instinctivement, elle tourna la tête vers la porte qui donnait à la ruelle derrière le club. Et si…? Curieuse comme tout, elle se dirigea donc vers cette fameuse porte et l’ouvrit. Bingo. Aymeric était là, toujours avec une clope aux doigts. Krystin ne put s’empêcher d’avoir un petit sourire. En restant près de la porte et en descendant une marche d’escalier, elle se dirigea au blondinet :

- J’étais sûre que tu serais là.

A croire que c’était leur ruelle. Ils s’étaient retrouvés ici depuis le début. Et jusqu’à la fin, qui était maintenant apparemment :

- J’ai réussi à faire admettre à ton père que je ne travaillerai plus ici. Donc c’est sûrement la dernière fois que l’on se voit, alors… au revoir.

Krystin savait pertinemment qu’ils s’étaient quittés sur de mauvaises bases depuis la dernière fois. Mais elle savait que le taxi venait de lui, et tout cela lui semblait carrément idiot de se quitter sur de mauvaises notes. Oui, Krystin était rancunière, mais elle savait mettre sa fierté de côté des fois. Hé, elle a un cœur quand même! Même si elle n’allait tout de même pas le prendre dans ses bras pour lui dire au revoir. Il y a des limites. Elle sait se montrer juste mais faut pas trop en faire non plus. Krystin, c’est Krystin rappelons le.

Toujours au même endroit, dans cette fameuse ruelle, toujours au milieu de soirée, à la nuit tombée... Il n'y avait jamais personne. C'était toujours tranquille, et Aymeric ne pouvait toujours pas mieux rêver pour avoir une telle solitude, afin de fumer sa clope, pépère... Il faisait frais mais pas trop froid. C'était d'une douceur. Ouais, il n'y avait rien de mieux et de plus calme pour se reposer l'esprit.

Et finalement, tout fut de courte durée puisqu'il entendit la porte de secours grincer. Aymeric ferma alors les yeux pour prendre une bonne inspiration. Qui avait osé nuire ce bon silence ? Évidement, la réponse s'en suivait. Le jeune blondinet reconnut cette douce voix, qui était sûre de le trouver là... On savait tous où on pouvait le trouver, ce cher Aymeric. C'était d'une évidence... Mais qu'est-ce qu'elle faisait là, en réalité ? Il rouvrit ses yeux. Ouais, il lui manquait, c'était ça ? Ou elle venait s'excuser de son comportement de la dernière fois, en même temps qu'elle le remerciait pour le taxi ? Il ne fallait pas rêver, mais en tout cas, ça lui restait au fond de la gorge... Aussi, dans le fond, il y avait une incompréhension... Il n'avait pas vraiment compris sa réaction, d'où tout ça pouvait venir et à quoi bon se prendre la tête... Ce n'était qu'une nana avec qui il s'était envoyé en l'air, et puis voilà, ce qui ne changerait pas réellement ses habitudes, et elle démissionnait de son poste de strip-teaseuse, c'était ce qu'elle avait dit dans le bureau de son père, n'est-ce pas ?

Quelle trouvaille ! Je devrais sacrément te manquer ! marmonna-t-il.

Bien sûr, il plaisantait et ne disait pas ça tellement méchamment, mais il y avait une certaine pointe d'ironie. Il jeta un coup d'oeil vers cette femme au milieu des petits escaliers, qui lui annonçait son départ... Elle était là pour lui dire simplement un « au revoir ». Quelle belle courtoisie, ça lui faisait une belle jambe ! Peut-être qu'après toute leur aventure, leur jeu... il lui fallait un « au revoir » pour foutre un terme. Mais ça faisait belle lurette et tout avait une fin. Non ? Bref, comme si Aymeric allait en tenir rigueur à tout ça... Ouais, comme déjà dit, n'était-ce qu'une façon pour le remercier du taxi ?

Ca lui passera !

Ouais, connaissant son père, il ne devrait pas être très content de tout ça mais il s'en remettra, les danseuses, ça courrait les rues. Et le fait que Krystin parte, c'était ce qu'était prévu, non ? Ce que le blondinet lui avait dit lors de la soirée, que Golman la repérerait... Enfin, il doutait que c'était ça. C'était logique. Même si les danseuses courraient les rues, la plupart méritait mieux, donc quelques filles de la boite, comme Tasya... ou Krystin... En tout cas, la Kim, c'était autre chose, mais passons...

A son « au revoir », le blondinet se contenta seulement de la regarder un instant et de finir par hausser les épaules. Qu'est-ce qu'il pouvait lui dire et faire ? Après tout. Ils n'étaient point amis et rien ne les liait et rien ne les forçait en quoique ce soit. Donc. Pas de problèmes.

Le mot manquer ne devait pas être le mieux approprié pour ce que Krystin ressentait en ce moment même. Ca se voyait qu’Aymeric n’avait encore digéré le fait que la jeune femme est réagit plutôt violemment après qu’ils aient couché ensemble. C’était pour ça qu’elle se trouvait là, ici, dans cette ruelle sombre et humide. Pas pour se racheter, loin de là, ce qui est fait, est fait. Mais pour au moins faire comprendre au jeune blondinet qu’elle ne voulait pas s’en aller sans lui dire au revoir. Bon, ils ne se connaissaient peut-être pas encore beaucoup, Krystin pouvait le concevoir. Mais il y avait quand même quelque chose entre eux, mis à part le fait qu’ils aient couché ensemble sur une plage. Mais Aymeric ne devait pas avoir la même façon de voir les choses, puisqu’à son au revoir, il haussa les épaules. Sympa.
Bon elle devait peut-être trouvé une autre technique. Krystin était tellement rancunière et fière, qu’il lui semblait presque impossible trouver une autre manière de se faire pardonner. Pourquoi elle y tenait tant? Bonne question. Peut-être pour le coup du taxi. Ou le fait qu’il l’a aidé lors de la soirée de Broadway. Ou les deux en même temps. La demoiselle ferma les yeux un instant et soupira. Elle ne savait vraiment pas pourquoi elle se donnait tout ce mal, mais bon. Elle descendit encore une marche d’escalier de façon à se trouver plus près du blondinet. Même s’il ne lui lançait pas un regard, et continuait sur sa cigarette, Krystin le fixa :

- Ecoute Aymeric, je…

En fait, elle ne savait pas quoi dire. Mais absolument pas quoi dire! S’excuser? Jamais de la vie. Ce n’était pas dans les cordes de la jeune femme. Bon, dis quelque chose Krystin ne reste pas planter comme ça.

- Je sais que c’était toi pour le coup du taxi. Donc… Je voulais te remercier.

Hé, c’était un grand pas qu’elle faisait la blondinette! Alors là, s’il ne comprenait rien, elle ne pouvait plus rien pour lui le pauvre.

- Je voulais avoir la conscience tranquille.

Voilà qui était-fait. Elle pouvait partir maintenant! Mais au lieu de ça, elle restait plantée là à attendre une quelconque réaction de ce cher Aymeric. Elle ne savait pas si à l’avenir elle le reverrait. A moins qu’il aille la voir dans une pièce de théâtre. Mais ça l’étonnerait. De un, il n’avait pas l’air du type qui va au théâtre et de deux, ils n’avaient pas une très grande affinité. Mais qui sait, la vie est pleine de surprise. Ils seraient peut-être amenés à se revoir dans des circonstances différentes?

- Tu me dis au revoir correctement alors, ou pas?

Elle y tenait quand même. Hausser les épaules ce n'était pas une forme de dire adieu qu'elle sache. Au moins qu'il lui réponde, elle ne s'attendait pas non plus à ce qu'il lui saute dans les bras. Il était éduqué au moins le petiot?