Miss Nothing [Aymeric - Terminé]

Depuis que Krystin avait quitté Tekken, sa vie reprenait normalement. Bah oui, parce qu’elle n’avait aucun remord. Juste le fait de ne pas le retrouver le soir chez elle lui manquait, et encore. Non franchement, elle avait bien fait de le larguer, s’il ne comprenait pas pourquoi elle faisait strip-teaseuse, alors qu’est-ce qu’elle faisait encore avec lui. Surtout que deux caractères comme ils avaient, ça en faisait des étincelles et même une explosion. Donc ça faisait à peine trois petits jours que les deux petiots n’étaient plus ensemble. Et la vie continuait. Elle était libre maintenant. Libre de s’en prendre à qui elle voulait, libre de faire ce qu’elle voulait et en premier de vivre sa vie en tant que comédienne à Broadway. Et ça marchait plutôt bien en fait. Elle commençait tout juste de s’entraîner pour une nouvelle pièce de théâtre où elle incarnait une jeune fille innocente et complètement niaise. Oui, complètement à l’opposé de son caractère, mais c’était ça le théâtre. Et puis, comme elle avait du talent, ça passait super bien. La vie était belle. Le jour, soit elle révisait cette pièce de théâtre ou alors elle se baladait dans New-York, et la nuit soit elle dormait chez elle ou chez quelqu’un d’autre (suivant les nuits) ou elle travaillait dans ce club de strip-tease. Tout se passait à merveille. D’ailleurs c’était peut-être parce qu’elle ne croisait plus le fils du gérant du club : ce fameux Aymeric. Depuis qu’il l’avait embrassé et qu’elle lui avait foutu une bonne raclée dans ses bijoux de famille, elle n’avait plus eu de nouvelles. Elle ne l’avait même plus croisé, ni rien. C’était étrange quand même. Elle aurait bien aimé savoir ce qu’il devenait et surtout si il avait toujours des bleus dans ses parties. Qui sait, elle le croiserait ce soir? Oui, ce soir elle travaillait. Mais elle n’avait pas prévu que cette nuit, tout se passerait différemment.

C’était 19h26. Elle sortait juste de chez elle pour se rendre au club, qui était heureusement, à deux pas de chez elle. Si ce n’était pas beau tout ça? Le service commençait vers 20h, donc elle n’était pas très en retard. La demoiselle arriva donc au lieu-dit, puis se dirigea vers les vestiaires où elle se changea pour être prête. Elle y croisa quelques collègues. Elle ne s’était pas vraiment fait d’amies depuis qu’elle était ici, elle ne savait pas si c’était parce que toutes l’avaient vue avec Aymeric la dernière fois, et si cela avait créé un froid. Mais elle ne sentait pas incluse dans le groupe. Mais qu’est-ce qu’elle n’en avait rien à faire en fait. Elle venait ici, faisait son travail et repartait chez elle les poches pleines. Aucun besoin de se faire des copines, ça serait un problème de plus à gérer vu son caractère. Non, c’était mieux ainsi. Donc revenons à nos moutons, la jeune femme finit de se préparer pile à l’heure pour ce soir. Elle arriva sur scène et après, vous connaissez la suite. Les hommes en délire, faisant exploser leurs hormones au plus haut point etc. Tout se passait normalement. Sauf qu’après une heure trente de spectacle, alors que Krystin était descendue dans le bar pour se rafraîchir, un homme vint à sa rencontre. Bon, elle était habituée à ce que deux trois idiots viennent lui demander des choses. Mais cet homme là avait l’air différent, enfin son visage n’inspirait pas grande confiance. Il commença à lui parler, comme deux personnes normales, Krystin essayant de rester la plus distante possible : on ne se familiarise pas avec les clients. Mais l’homme voyait tout cela différemment. Il l’attrapa par le bras, et sa poigne était tellement forte que même en essayant de se retirer, la jeune femme ne put rien faire. Il l’embarqua dans une des salles du club, à l’abri des regards. Mais qu’est-ce qu’il voulait ce dingos? En plus, il avait fait ça à merveille, puisque personne dans le club n’avait remarqué qu’elle s’était éclipsée. En même temps, si tous les hommes étaient fixés sur les jambes des autres filles, c’était normal. Mais à cet instant ci, Krystin aurait préféré que quelqu’un vienne l’aider. L’homme qui était à présent un peu trop proche d’elle, faisait au moins deux têtes de plus qu’elle et sa carrure laissait à désirer. Impossible de lui mettre un coup dans ses parties intimes, elle s’en prendrait une dans la face. Ce qui devait se passer, passa. En quelques mots, on peut dire qu’il abusa d’elle. Et pour la demoiselle, c’était la première fois qu’une telle chose se passait. Même à Sydney, jamais rien de cette sorte ne c’était passé! C’était pas croyable. De plus, l’homme en question partit aussi vite qu’il était venu. La laissant dans la salle seule. Pas besoin de dire comment elle se sentait. Les larmes commençaient à monter, chose rare chez elle. Mais c’était tout à fait compréhensible. Elle se leva tremblotante, puis passa la porte qui donnait au centre du club. Elle se dirigea ensuite vers les couloirs, jusqu’à passer la porte qui donnait à la petite ruelle derrière le bâtiment. Heureusement, il n’y avait personne. Là, elle serait tranquille. Laissant toujours ses larmes tomber, elle se posa sur une des marches de l’escalier, puis mit sa tête dans ses mains. Non, jamais elle n’avait cru qu’elle en arriverait là. C’était trop, vraiment trop.

Non, jamais elle n’avait cru pouvoir être humiliée de la sorte. Sérieusement, ça existait encore des gens comme ça? Il fallait les mettre derrières le barreaux, c’est pas possible. Le pire, c’est qu’elle n’avait même pas pu se défendre, alors que d’habitude, pour frapper les hommes, tout cela se révélait facile pour elle. Attention, pas qu’elle fasse tous les jours. Non loin de là. Mais dès qu’un de ces messieurs le méritaient, et bien, elle prenait bien plaisir à les remettre à leur place. Les femmes s’étaient battues pour qu’un semblant d’elles soit accepté. Krystin ne faisait qu’honneur à tout cela. Sauf, que ce soir là, elle n’avait pas pu. Le type était bien plus grand et plus costaud qu’elle, et elle n’avait rien pu y faire. Peut-être que Tekken avait raison. Peut-être que ce n’était pas un métier pour elle. Bon sang, qu’elle se ressaisisse. Ca faisait presque cinq ans qu’elle exerçait ce boulot! Et c’était la première fois qu’une telle chose lui arrivait. Chose dont elle avait presque honte maintenant. Elle se sentait si faible, si sale. Et ces foutues larmes continuaient de tomber. N’empêche ça faisait du bien. Ca faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas laissé lâcher ses émotions. D’habitude, on la voyait comme une femme forte, limite qui ne connaissait pas la tristesse, la douleur. Et bah en fait, si. Krystin est bel et bien comme chaque être humain. Et à un moment, obligé, ça doit craquer. Aucun être humain ne pouvait contrôler ce genre d’émotions. Alors Krystin ne faisait pas exception à la règle. Alors elle continuait à se lâcher, dans cette ruelle sombre et humide.

Seule chose à laquelle elle n’avait pas prévu, c’est que quelqu’un la rejoigne. Elle entendit ouvrir la porte derrière elle. Ca la fit légèrement sursauté, et mince, elle était en larmes. Il ne fallait pas que quelqu’un la voit ainsi. Trop tard apparemment. Elle ne prit même pas la peine de se retourner sur le nouveau venu, car la voix se trahit. Une voix qu’elle connaissait. Celle d’Aymeric. Non c’est pas vrai, ça faisait deux semaines qu’ils ne se croisaient pas ou pour le moins qu’ils s’évitaient et là, maintenant, qu’elle pleurait, il venait? Il le faisait exprès ou quoi? C’était une blague? En plus, sa réplique minable avec une voix super détachée, genre je m’en foutisme. Et cette clope, encore ces clopes! Nom de dieu, elle avait encore une terrible envie de les lui jeter dans les égouts. Sauf que là, elle n’était pas d’humeur pour. Elle leva la tête pour le regarder passer à côté d’elle. Avec sa main droite, elle s’empressa de vite sécher ses larmes. Mais rien à faire, elle avait encore les yeux rouges et ça elle ne pouvait pas l’enlever. Elle maintint le silence, tout en le regardant fumer sa cigarette. Qu’est-ce qu’elle pouvait dire dans ces moments là? Elle n’était pas d’humeur à le taquiner, mais par contre à l’envoyer chier ça elle l’aurait pu.

- Au moins ici, je suis tranquille. Enfin, j’étais tranquille.

Ouais, parce que maintenant avec la venue du blondinet, elle ne pouvait plus pleurer à sa guise. Elle tourna lentement les yeux vers le fond de la ruelle, essayant de regarder autre chose que le jeune homme devant elle. Elle n’arrêtait pas d’y penser. Est-ce qu’elle arriverait un jour à enlever ces images de sa tête? Ou du moins, arriverait-elle un jour à refaire ce boulot? Pas sûr que maintenant, elle puisse remonter sur scène après ce qu’il venait de se passer. Elle ne savait plus quoi faire. En parler à la police? Il fallait arrêter ce malade. Non franchement, elle était perdue là. Et voilà les larmes qui remontaient, elle ne pouvait pas les arrêter. Même s’il y avait Aymeric juste à deux mètres d’elle. Tant pis, elle ne pouvait pas faire semblant, c’était trop lourd à supporter pour elle. Mais au moins, elle pouvait s’éloigner de lui. Elle se leva donc, passa devant le jeune homme, puis se dirigea vers l’extrémité de la rue, sans dire un mot. Oui, elle serait mieux là-bas. A l’abri des regards indiscret, et puis ainsi, Aymeric ne pourrait pas la narguer.

Aymeric passa à côté d'elle pour être au milieu de la ruelle, fumant tranquillement sa cigarette. Il savait bien qu'elle pleurait. Il n'y avait qu'à voir à ses yeux bouffis... Mais qu'il pouvait bien faire ? Il ne savait pourquoi elle pleurait. D'habitude, il ne s'en occupait pas vraiment et ici, il n'allait pas la prendre dans ses bras que risque qu'elle le prenne mal. La dernière fois lui avait servi de leçon et il n'avait pas envie de jouer.

Lui aussi venait pour être tranquille. Et il avait toujours été tranquille jusque là... Désolé de l'avoir déranger la pauvre Ginette. C'était marrant de voir que la femme forte qu'elle se donnait, était en larmes là Il avait ce spectacle devant lui... Etait-ce mesquin de penser ça, d'agir ainsi ? Faire comme celui qui s'en foutait? Ou était-ce une partie de vengeance ?

Mais au moment de se lever, elle passa à côté de lui, elle comptait s'en aller ? Aymeric ne put s'empêcher de la prendre par le bras. Oui, il la retenait. Pourquoi ? Même s'il pouvait paraître pour celui  « je m'en foutisme », celui qui n'avait pas de coeur.. Mais en réalité, dans le fond, il ne savait jamais comment s'y prendre dans ces cas-là, quand ça concernait le peu de personnes qu'il tenait... A défaut d'ici, Krystin était une inconnue, c'était la différence. Il la retenait, car il ne pouvait s'empêcher aussi qu'elle avait un boulot ici, et que si elle se barrait comme ça – enfin il ne savait ce qu'il se passait dans sa tête – n'imaginez même pas ce qui pouvait lui arriver... Il savait comment son père agirait face à ça et c'était jamais bon.

Krystin...

Et là, une pensée lui vint à l'esprit et...

Non, ne t'inquietes pas, je ne joue pas... fit-précipité en se rendant compte qu'elle pourrait aussi violente, dans ses réactions. Et de toute manière, il serait se défendre, il pourrait retenir sa gifle qu'elle pourrait lui donner... Et d'ailleurs, connaissant maintenant son coup favori entre ses jambes, il serait préparé à ça.

Où vas-tu ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Il pensait plutôt à l'intérêt de l'entreprise et à son père qu'à son bien-être mais bon... En fait, en réalité, il s'en foutait de son père là, puisqu'il allait épouser cette garce de Pimprenelle qu'il n'avait pas envie de l'appeler par son vrai prénom... Et, c'était sûrement l'habitude de prendre soin des danseuses et ça lui arrivait souvent de les voir souvent en pleurs... Il était comme le preux chevalier de ses dames, vous voyez ? De plus qu'une femme dans son genre ne devrait pas connaître les larmes de tristesse.

Krystin ne voulait pas pleurer à côté de lui. C’est vrai quoi, il l’avait connue comme une femme dure, une femme forte qui lançait à quiconque voulait l’entendre ce qu’elle pensait de telle ou telle chose. Alors là, de la voir pleurer comme une fillette, ça devait lui en boucher des coins. Non, donc c’était non, elle n’allait pas rester assise devant lui jusqu’à qu’il termine sa maudite cigarette. En plus, il n’en avait rien à faire d’elle, elle le voyait bien. En même temps, on ne pouvait pas lui en vouloir après ce qu’elle avait fait avec lui. Non en fait, c’était lui qui avait commencé. Enfin bref, tout ça pour dire qu’elle voulait changer de place. C’est pour cela qu’elle se leva de la marche d’escalier pour se rendre à l’autre bout de la ruelle. Mais non, elle n’y alla pas parce la main d’Aymeric sur son bras l’arrêta. Il voulait quoi encore? Il ne voyait donc pas qu’elle était mal en point? Bon, il l’avait appelée d’une façon douce. Elle leva ses yeux bien gonflés vers lui et se dégagea de la main du blondinet. Le fait qu’il la prenne comme ça, lui rappelait l’autre balaise de tout à l’heure.

- Quoi?

Dit-elle dans un hoquet. La suite de la phrase que dit Aymeric un peu précipitamment aurait fait sourire la demoiselle. En temps normal. Mais là, ça ne lui fit rien. Qu’il ne s’inquiète pas, elle n’était pas d’humeur à le frapper aujourd’hui. Sauf vraiment s’il le voulait.

- C’est pas ça qui m’inquiète pour l’instant Aymeric…

Oui, pour l’instant elle avait d’autres problèmes à régler et sa priorité n’était pas le blondinet. Il n’était pas le centre du monde tout de même. Même si c’est vrai que des fois, elle s’était surprise de repenser à lui, mais tout cela était purement….instinctif. Non, elle ne l’avait pas voulu. C’était peut-être sa question du pourquoi il l’avait embrassé en fait. Bon, elle lui demanderait ça un autre jour, puisque maintenant quelque chose de plus grave la tourmentait. Et ce quelque chose, et ben Aymeric voulait le savoir. Normal en même temps, elle était en larmes. Elle baissa ses yeux au sol, essayant de reprendre doucement son souffle et à l’aide de son pouce, elle sécha encore quelques larmes.

- Rien…. Je… Je ne suis plus sûre de vouloir faire ça. Strip-teaseuse, je veux dire.

Dit-elle en relevant ses yeux vers lui. C’est sûr là, qu’elle était complètement pommée. Et que si elle devait continuer à faire ce boulot et que l’autre dingos de repointait, elle serait mal. Très mal. Non sérieusement, elle ne savait pas quoi faire.

- Il y avait un type ce soir…. Depuis le temps que… que je fais ce boulot, jamais… jamais il ne m’était arrivé une chose pareille…

Dit-elle entre plusieurs hoquets. On aurait presque pu croire qu’elle venait de courir un marathon, vu la façon dont elle parlait d’un air essoufflé. C’était plutôt la peur qui lui faisait faire ça. Elle se sentait trembloter, alors qu’il ne faisait même pas froid dehors. Elle espérait qu’Aymeric la comprenne, elle ne voulait pas en dire plus. Mais elle ne pouvait en parler à personne d’autre. Qui avait-elle dans New-York? Personne. Strictement personne. Si elle serait encore avec Tekken, elle lui en aurait parlé et encore. Non, elle était complètement seule. Et là, l’unique personne qu’il y avait et qu’elle connaissait, c’était Aymeric.

De quoi comment ça? Il avait bien entendu ce qu’elle venait de lui dire non? Qu’elle ne voulait plus exercer ce métier. Enfin, sur le coup elle n’était pas trop sûre. C’était pas si simple, parce que si elle ne travaillait plus là, qu’est-ce qu’elle ferait d’autre? Il lui fallait un boulot, il fallait qu’elle gagne sa vie bon dieu. Broadway ne suffisait pas. Il fallait qu’elle paye son appartement, la nourriture, le transport et le shopping! Ouais, shopping. C’est très important pour une femme, Dieu le sait. Non mais franchement, c’était une dure décision. Elle avait peut-être sortit ça sur un coup de tête en fait. Elle n’en savait trop rien. C’était pas ça qui la tracassait pour l’instant.

- Je ne sais pas Aymeric… Je suis complètement perdue.

Non c’était pas ça. C’était cet homme là. Balaise, au moins deux mètres de haut, qui l’avait soudainement prise alors qu’elle était tranquillement assise au comptoir du bar du club. Il ne savait donc pas qu’il ne fallait pas toucher aux danseuses? Apparemment non, il n’était pas au courant. Et malgré le dispositif des gardes dans chaque recoin de la boîte, personne n’avait remarqué son absence. Krystin se remémora certaines images, et ferma un instant les yeux pendant que Aymeric commençait à s’exciter. Et pourquoi il s’excitait lui d’ailleurs? Il n’en avait pas rien à faire d’elle? Surtout après cette bonne claque dans ses parties? Bah non, il voulait tout savoir. Et il avait l’air en colère.

- Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça? Je veux dire… Après ce que je t’ai fait.

Elle marqua une pause, le regardant dans les yeux. C’est vrai que si ça aurait été l’inverse, elle ne savait pas comment elle aurait réagit. Peut-être comme Aymeric réagissait, ou peut-être pas.

- C’était il y a à peine trente minutes… Dans le club… J’étais tranquillement assise au comptoir du bar, quand…

Krystin se tut. En même temps qu’elle parlait, des voix s’élevait de l’autre côté de la ruelle. Là où se trouvait l’entrée du club. Des voix qui commençaient légèrement à crier. Une voix était plus haussée que deux autres. La jeune femme tourna le regard de l’autre côté. En effet, il y avait deux hommes qui sans doute, devaient être les gardes du club. Puis il y avait un autre homme, qui semblait s’engueuler avec les gardes. Un homme, plutôt grand… et balaise. Et sa voix… Non c’était pas lui quand même?

- Aymeric… C’est lui! C’est cet homme là-bas!

Dit-elle d’une petite voix, continuant de regarder la scène qui se déroulait un peu plus loin. Oui, c’était lui. Elle en était quasiment sûre. Une sensation étrange l’envahit. De la peur mêlée à du dégoût. Chose qu’elle n’avait jamais vraiment ressentie. Instinctivement, elle attrapa le tee shirt d’Aymeric d’une main, elle le serra. Allez comprendre. Elle faisait ça pour s’attraper à quelque chose, pour se rassurer. En fait, elle n’en savait trop rien. Elle continuait de regarder les trois hommes au fond, dont un qui avait l’incroyable envie de rentrer une nouvelle fois dans le club.

Aymeric la regarda. Elle était complétement déboussolée, perdue... Oui, elle l'était et dans ces cas-là, cette situation était irrévocable. Il ne fallait jamais douter. Où était passée cette femme déterminée ? Et pourquoi il réagissait comme ça ? Après tout ce qu'elle avait fait ? Elle culpabilisait ? D'un côté, ce qu'elle lui avait fait, il l'avait cherché, non ? Mais il ne l'avouerait jamais.

Pourquoi je ne réagirais pas ainsi ? Et ne penses pas que c'est pour toi que je réagis comme ça...

Alors pourquoi ? Hum, pas sûr qu'elle comprenne. Mais bon, elle lui expliqua ce qu'il s'était passé, et c'était dans le club. Et merde quoi, ces gardes, il faisait quoi ? On était obligé de tout faire soi-même alors ? Déjà tout à l'heure dans la boite, il fallait qu'il aille voir le type qui foutait le bordel. Et les gardiens, même pas le petit doigt. Il fallait que le fils Hewson fasse quelque chose pour qu'un des types réagissent. Et maintenant, Krystin, à peine arrivée, elle voulait partir. Ouais, il fallait vraiment qu'il aille voir son pere car ça craignait vraiment. C'était comme si c'était le fait qu'il y avait la nouvelle Pimprenelle que le père Hewson allait épouser, tout trépassait... Comme si elle portait la poisse. C'était ça. Elle portait la poisse pour que tout déglingue et qu'il y ait toute une négligence.

Et m**rde !

Il disait un peu ses pensées à voix haute et soudainement son attention fut amené par ce qu'il se passait de l'autre côté. Bon dieu. Voilà un nouveau bordel... Oui, c'était avec le mec qu'il venait de virer...

Qu'est-ce qu'il fout là, lui, encore ?

Et bizarrement, c'était celui qui avait agressé Krystin. Elle était complétement apeurée la pauvre, il ne comprit pas comment ça se faisait qu'ils se trouvent soudainement proche, eux deux. La jeune femme avait tiré sur ton tee-shirt, pour qu'il s'approche d'elle afin de la protéger. Mais en réalité, tout ça le desesperait qu'il était habité par la colere. Il se détacha de Krystin et il fallait vraiment qu'il règle le problème... Et le temps que les flics viennent... Et ben, on pouvait toujours attendre... Il jeta la cigarette qu'il tenait dans sa main depuis tout à l'heure puis se dirigea vers le mec en question, qui s'énervait contre les deux gardiens.

Hey ! Interpella Aymeric.

Monsieur Hewson... fit un des deux muscles, gếné par cette situation, chose qu'Aymeric ignora.

Qu'est-ce que tu m'veux encore, toi !?

P'tin, mais c'était que ce gros lourd n'avait rien compris.

Le fait que je t'ai viré, ne t'as pas suffit, gros tas ? Cria-t-il en s'approchant de lui.

Et maintenant il était presque à sa hauteur... Le mec faisait peut-être deux mètres mais ce n'était pas ça qui allait déstabiliser Aymeric le haut de ces 1m 85.

Il y a tellement de boîtes ici que tu es obligé de chercher la merde ici ? En plus, d'avoir toucher une de ces girls, tu mérites vraiment que je te casse la gueule.

Qu'est-ce que t'attends ?

Ouais, vraiment, qu'est-ce qui lui empêchait Aymeric de cogner ce con. Tout à l'heure, le gros tas avait voulu le taper mais le blondinet s'était retenu, car il avait la patience et deuxio, ils étaient à l'intérieur... Mais là, plus rien ne l'empêchait et il avait une bonne raison de le faire. Et voilà que son coup venait de partir... Et voilà que les flics commençaient à venir. Franchement après tout ce boucan, ce n'était que maintenant qu'il venait...

Monsieur Hewson, … J'ai appelé le 911.

Aymeric se tourna donc vers un des gros muscles de l'entrée. Il avait remarqué qu'il avait appelé, enfin, ça se voyait puisque les flics étaient là. Et d'ailleurs, il se jetait sur le balaise type qui s'apprêtait à répondre à Aymeric... à le casser la gueule à son tour mais les flics avaient sorti leur flingue. D'après l'appel, ils savaient qui arrêter, et voilà qu'ils l'embarquèrent en lui disant ses droits. Aymeric regardait la situation sans donner son attention sur Krystin.

Ne me demandes même pas pourquoi ! Lâcha-t-il sans savoir où elle était.

Il regarda son poing, il lui avait fait sacrément mal ce type, quand même.

N'hésites pas ! Ca ira à ta perte.

Ouais, d'être aussi fragile à un moment pareil... Ce n'était pas bon pour elle. Au moins, elle pouvait remarquer qu'il devenait dur comme de la pierre. Il se mit à ranger ses mains dans la veste de son blouson en cuir.

Ah donc ce n’était pas pour elle qu’il réagissait ainsi? Ouais, c’était plutôt pour le truc du on ne touche pas aux danseuses, non? Dit donc, c’est qu’il prenait cette chose très au sérieux et très à cœur, pour réagir comme ça. Au moins, elle était fixée. Ce n’était pas pour elle. Et s’il croyait qu’elle s’excusait pour ce qu’elle lui avait la dernière fois, il se mettait le doigt dans l’œil. Règle numéro un, Krystin est très rancunière et toujours très fière, donc elle ne s’excuse jamais pour quelque chose qu’elle avait fait. Ca, ça faisait partie des caractéristiques de la femme forte. Femme forte qu’elle ne représentait plus trop maintenant, vu ce qu’il venait de se produire. Ouais, maintenant elle était en pleurs devant Aymeric. Enfin, ça c’était calmé même si ses yeux demeuraient rouges. Ca c’était calmé, parce qu’elle venait d’apercevoir son agresseur. Et par peur, elle avait subitement attrapé le tee shirt du jeune blondinet. N’allez pas vous imaginez des choses, je vous prie. Simple précaution en fait.

Et apparemment, Aymeric avait aussi eut le bonheur de croiser ce type. Comment ça encore lui? Il l’avait donc jeté dehors? Juste après qu’il soit été avec la demoiselle alors. Ils auraient dû faire plus attention sérieusement. Imaginez qu’il ait fait la même chose avec une autre danseuse. Avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, le jeune blondinet fonça vers la scène qui se trouvait un peu plus loin. Krystin lui suivit des yeux pendant un moment, restant sur place. Elle observait de loin la scène. En tout cas, on pouvait dire que c’était Aymeric qui faisait tout le travail, et pas les gardes. Oh, le type eut même la chance de recevoir un coup de poing de la part du jeune blondinet. Bien mérité. Pendant que la demoiselle se risqua à s’approcher, elle vit deux voitures de police débarquer. C’était pas trop tôt. Ils embarquèrent le type balaise, et Krystin le regarda s’éloigner dans une des voitures. Mais maintenant c’était Aymeric qui revenait, agitant sa main qui avait frappé la carrure impressionnante de l’autre homme. Comment ça ne me demandes même pas pourquoi? Pendant qu’il s’éloignait, les mains dans les poches, la jeune femme le rattrapa :

- Je sais que tu n’as pas fait ça pour moi Aymeric. Je sais que c’est par rapport à la boîte et à toutes les filles en général… Mais… merci.

Oui, c’était dur de le sortir de sa bouche, mais elle avait réussit à cracher le morceau. Au moins, il avait réussi à faire interner ce pauvre fou. Elle ne le recroiserait pas dans les parages un jour ou un autre. C’était ça de gagné. Et qu’est-ce qu’il disait maintenant? Que sa faiblesse ferait sa perte? De quoi il parlait? Ca y’est il redevenait froid. C’est pas possible. Il continuait de marcher, donc la jeune femme entreprit de se mettre devant lui pour qu’il ne fasse plus un pas :

- Qu’est-ce que tu racontes là? Tu crois que je suis comme ça tous les jours? C’est la première fois que ça m’arrive Aymeric, tu entends? La première fois! Et ne dis pas des choses que tu ne sais pas… Tu ne sais pas ce qu’il s’est passé, et crois moi si tu le saurais, tu la fermerais.

Et voilà le caractère de la demoiselle qui revenait au galop. Non, c’était pas méchant ce qu’elle venait de lui dire, loin de là. C’était juste que sur le coup, elle voyait bien qu’il n’avait strictement rien compris. Elle ne pouvait souhaiter à personne ce qui venait de lui arriver. Même pas à sa pire ennemie. C’était une chose horrible, qui resterait à jamais graver dans sa mémoire.

- Alors je t’en prie, arrête.

Elle soupira un instant, reposant son attention sur le sol. Puis elle se rappela, bizarrement, de la main d’Aymeric. Il devait sacrément avoir mal pour avoir tapé le tas de muscles. Sans aucune gêne, la demoiselle attrapa le bras où se trouvait la main désignée, puis la sortit de la poche de sa veste de cuir. Elle l’observa un instant, puis dit :

- Aymeric… Ta main!

Elle avait largement doublé de volume. C’était quand même impressionnant, vu que ça faisait même pas cinq minutes qu’il avait frappé le type. Bon, elle n’était pas infirmière, mais au moins elle savait qu’il fallait s’en occuper de cette pauvre main.

Le responsable des troubles était arrêté, les deux gardes se revenaient à leur place initiale... La soirée commençait bien, n'est-ce pas ? Aymeric se disait qu'il n'aurait pas dû venir faire un tour. Pour que tout aille de travers, non merci. Si c'était à lui de faire le boulot, à surveiller si tout allait bien... Quoique ce n'était pas trop la première fois, et puis, c'était dans ses habitudes de vouloir protéger ces dames mais en même temps, d'avoir généralement la main dessus... Il pourrait limite faire un très bon patron. C'était à voir si son père lui léguerait un jour, mais bon, ce n'était pas demain la veille. Il était encore jeune, n'ayant que la cinquantaine.

Mais passons, autant s'en aller tranquillement, il n'avait plus rien à faire ici... Surtout que dans sa poche, sa main commençait vraiment à lui faire mal. Il avait cogné un peu fort, mais tant pis, c'était le risque et le type l'avait vraiment énervé, et l'avait cherché surtout. Pour qu'il s'énerve autant, il était sûrement sous l'effet de quelque chose. Obligé. Ou c'était qu'il était complétement taré. C'était bien possible, aussi. A ses derniers mots, il fallait que Krystin revienne à sa hauteur... Pour le remercier... Chose sympa mais qui n'était pas obligé, et qui devait être plutôt surprenant de sa part, non ?

Tu devrais plutôt retourner travailler... conseilla-t-il.

Ouais, elle ne devrait pas chômer de la sorte... Ou qu'elle prenne son congé après de ce qu'elle venait de subir mais bon, ça ferait plus de taffs pour les autres danseuses. Ces dernières pouvaient être très soudées comme de très bonnes amies mais elles pouvaient être très pestes quand elles le voulaient entre elle. Aymeric pourrait les amadouer comme il le voulait mais il ne devrait pas s'inquiéter pour le cas de Krystin, comme elle savait se défendre et s'imposer. Comme elle venait de le faire à l'instant, là, il fallait qu'elle vienne se foutre devant lui pour le stopper... Genre elle n'était jamais comme ça, et qu'il ne savait pas ce qu'il s'était passé, donc il devrait la fermer. Et voilà, il fallait qu'ils se disputent ? Non mais c'était quoi ces femmes qui prenaient la tête. Elles ne pouvaient pas se contenter de se la fermer, des fois ?

Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

Hein ? Qu'est-ce qu'elle voulait ? Ils étaient amis à ce qu'ils savaient ? Il y avait certes eu ce lien où ils s'étaient charmés, un instant peut-être magique qui s'était brisé en un mille morceaux. Et maintenant quoi ?

Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Ce n'est pas la première fois que ça arrive ce genre de choses... Il n'y a qu'à regarder autour de toi, ma belle... Et je ne peux rien y faire.

Il y en avait dans la rue, des merdes... Il n'y avait qu'à voir dans les ruelles où il vendait de la drogue ou ailleurs, on en voyait à la télé. Mais Aymeric ne pouvait pas sauver tout le monde, ce n'était pas son job. Il n'était pas un héros. Certes, dans la boîte, c'était censé être sécurisé mais il y avait toujours des échappatoires, les gardes n'étant pas toujours aussi vigilent.

Bref, ça ne tournait pas qu'autour de la demoiselle et depuis ce qui s'était passé la dernière fois, Aymeric n'avait pas tellement envie de jouer même si c'était lui qui était en tort, peut-être... Mais c'était une chose qu'il n'avouerait jamais puisqu'il estime ne pas être le seul fautif... Il avait certes jouer d'elle, il en avait profiter... Mais seulement s'il avait pu faire attention à qui elle causait, ça ne lui avait pas servi de leçon, ça ? Il s'en foutait bien pas mal. En tout cas, il n'avouerait rien et ne s'excuserait pas en quoi que ce soit... Elle aussi en avait bien profité et joué.

Et qu'elle ne le regarde pas comme si c'était quelqu'un qui s'en foutait avec sa froideur, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il la charme ou qu'il la prenne dans ses bras pour la rassurer ? Il n'était sûrement pas le mieux placer. Elle n'avait pas d'amis pour ça ? Mais non, à la place, il fallait qu'elle emprunte sans aucun gêne sa main qui lui faisait mal... En la sortant de la poche, il ne put s'empêcher détendre les doigts, ayant préféré garder les poings fermés dans la poche... Et ouais, il n'avait pas imaginé ce point que sa main allait grossir de volume... Et ça faisait vachement mal. D'un réflexe, il ramena sa main contre son torse, avec une légère grimace de douleur.

C'est rien, laisses faire...

Pourquoi elle s'en inquiéterait ? C'était un nouveau jeu pour savoir dans combien de temps ils seront quittes ? Ou savoir celui qui avait été le plus blessé dans la soirée ? Ou peut-être savoir si elle pouvait avoir confiance en lui après ce qu'il s'était passé la dernière fois.

Qu’elle retourne travailler? Dans l’état dans lequel elle se trouvait? C’était une blague. Il croyait vraiment qu’elle allait se mettre à danser devant des hommes où leurs hormones étaient plus grosses que leur ventre, en ayant les yeux gonflés à bloc? Ah ouais, super sexy tout ça. Le top du top. Les hommes n’en avaient rien à faire d’une fille qui avait pleuré, ils voulaient plutôt une fille pleine d’énergie et qui donne le meilleur d’elle-même, pas vrai? Bon, au pire, elle pouvait se remettre du maquillage pour masquer ces imperfections, mais ça ne changera rien à son humeur. Elle ne pouvait pas travailler comme ça. Point final, à la ligne. Et ce n’était pas Aymeric qui allait la forcer, sinon il savait très bien comment elle allait riposter hein? On ne donne jamais d’ordres à la demoiselle, c’est la première règle. Et ce n’était pas le jeune blondinet qui allait commencer à enfreindre cette règle d’or pas vrai? Si elle voulait rester dans cette ruelle sombre et humide, alors elle y resterait.

- Je préfère rester ici.

Voilà qui était dit. Et qu’il ne réponde pas, car il se prendra la même réponse dans sa face. C’était facile pour lui de dire ça. C’était un homme, et rien ne pouvait lui arriver. Oui bon, à pars se battre comme un idiot comme le font tous les êtres masculins de notre époque. Mais ça c’était universel. Alors que là, Krystin ne pouvait pas faire comme si ne s’était passé puisque ce n’était pas le cas. Elle ne pouvait pas retourner travailler tranquillement, ce n’était pas possible, un point c’est tout. Alors tant pis si le blondinet ne le comprenait pas. D’ailleurs, il ne comprenait pas aussi vraiment ce qu’il s’était passé. Oui, elle savait qu’elle n’était pas l’unique femme à qui ce genre de choses était arrivé. Mais quand même, il pourrait se montrer un peu plus compréhensif, non? Et ben non, apparemment il ne connaissait pas ce mode de comportement. Elle savait qu’il ne pouvait rien y faire, ni changer le monde. Ce qui était fait, est fait. Mais ce n’était pas ça qui dérangeait le plus la jeune femme.

- Mais j’en suis consciente tu sais! Je ne te demande pas ça, loin de là.

Oui, elle ne lui demandait pas d’enfiler un de ces costumes à la Superman, Spiderman, Iron Man ou autre pour aller sauver une demoiselle en détresse. Elle ne lui demandait pas d’être le preux chevalier. Loin de là.

- J’espérais juste que tu montres un peu de compassion. Si ce n’est pas trop dur pour toi bien sûr.

Ouais, juste ça. Ce n’était pas trop demandé quand même, si? Parce qu’avec sa tête d’enterrement et du je m’en foutisme, ça commençait un peu à lui taper sur le système tout ça. Mais bon, il était comme ça. Sauf qu’elle ne l’avait pas connu de cette façon. Elle l’avait connu joueur et charmeur, et c’était un peu comme ça qu’ils avaient créé un certain lien. Avant qu’il ne l’embrasse. Et oui, y’en a toujours un pour tout foirer. Et sur le cas là, c’était le jeune Hewson. Mais là, comme il avait frappé le méchant bonhomme, il avait en quelques sortes remonté dans son estime. Même si la demoiselle savait qu’il n’avait pas du tout fait ça pour elle, ce qui était bien dommage il fallait l’avouer. Alors quoi de mieux de se préoccuper de sa main douloureuse? Qui avait largement enflé depuis tout à l’heure. Mais Aymeric ne le voyait pas de cet œil là. Il ne voulait même pas qu’elle s’en occupe. Oh les hommes, tous les mêmes.

- Arrête avec ton orgueil! C’est pas vrai, vous êtes tous pareils…

Elle lui reprit la main qu’il avait avancé jusqu’à son torse, pour l’examiner une nouvelle fois. Elle savait ce qu’elle devait faire. Elle lâcha encore une fois sa main, puis en lançant un regard à Aymeric, elle tourna ses talons pour rentrer une nouvelle fois dans le club. Non, pas pour aller y travailler. Mais pour se rendre au bar. Il lui fallait de la glace. Elle demanda rapidement à Tobby de lui penser un bloc dans une petite sacoche en plastique, puis retourna dans le couloir pour passer la porte et se retrouver à nouveau dans la ruelle, où Aymeric continuait d’y être. Génial, au moins il n’avait pas bougé. Brave bête. Elle s’approcha de lui, rattrapa sa main qui avait doublé de volume et lui posa doucement le petit sac dessus.

- Alors, c’est pas mieux comme ça?

Alors là, il ne pouvait pas lui mentir le petit. Impossible qu’il n’y trouve pas un quelconque soulagement. La glace ça anesthésiait tout, ou presque. Elle n’était pas infirmière mais au moins elle savait ça. Ca servait toujours, la preuve elle en avait eu besoin aujourd’hui pour soulager la douleur de ce pauvre petit Aymeric qui s’était prit pour Superman. Pendant qu’elle disposait la glace sur sa main, elle se rendit compte qu’elle était assez proche de lui. Même trop proche, alors qu’au début elle ne l’avait pas vraiment voulu. Ce fut juste au moment, où elle leva les yeux vers lui qu’elle s’en rendit compte. Elle se mordit machinalement la joue intérieure. Elle n’était plus avec Tekken, et alors ça changeait quelque chose? Ouais peut-être tout en fait. Mais elle ne pouvait pas, après qu’elle lui avait mis cette raclée dans ses parties. Il la prendrait pour une folle qui ne savait pas ce qu’elle voulait. Non Krystin retiens-toi. Demander à Krystin de se retenir? Impossible. Alors comme c’était impossible, elle s’approcha un peu plus de lui. Et encore un peu plus. Mais sans pour autant essayer autre chose. Ce fut juste quand elle fut assez près de lui pour sentir son souffle, qu’elle s’arrêta pour planter ses yeux dans les siens :

- Pourquoi est-ce que tu m’as embrassé la dernière fois?

Elle s’entreprit de prononcer cette phrase, comme un murmure, puisqu’ils n’étaient même pas à quelques centimètres l’un de l’autre. Alors pourquoi crier? Et en plus, ouais elle voulait savoir ce qu’il allait répondre. Même si elle s’attendait déjà plus ou moins à quelque chose. Comment lui était venue cette question? Oh, juste pour essayer d’oublier ce qui venait de lui arriver il y avait à peine une petite heure, et reprendre du poil de la bête. La vie continue.

Aymeric pouvait comprendre qu'après ce qu'il s'était passé, elle ne voulait sûrement pas travailler mais avait-elle prévenu quelqu'un ou le boss ? Ce qui était évident que non, puisqu'elle restait ici... D'ailleurs, vu l'agression, c'était certain qu'un des videurs avait prévenu ce qui s'était passé au boss, ou même un des flics venu faire son rapport là, à l'intérieur de la boîte... Mais bon, connaissant son père, il n'aura que faire, car c'était passé en dehors de la boite et ça arrivait souvent ce genre de truc, donc ça ne durera pas longtemps.

Mais passons, la jeune femme ne lui demandait pas un peu trop là ? Elle avait oublié de ce qui s'était passé la dernière fois ? Ils étaient amis ? Franchement, Aymeric ne connaissait pas ce terme. Il manipulait les gens certes à sa guise avec son charme, quand il le voulait et quand il pouvait, il savait se défendre et être dur quand il le fallait, mais il savait s'effacer dans la masse quand il le devait... Tout ça pour dire qu'il n'accordait pas sa confiance comme ça, donc il ne livrait point ses sentiments de la sorte, et encore moins, il se montrait compatissant. Il ne savait jamais réagir dans ces cas-là...

Un peu de compassion de la part d'une belle gueule, étant fils de ton patron, il se croit tout permis et en même temps, qui ne peut pas contrôler en plus ses hormones.. Hum, pas mal !

Un peu de sarcasme, c'était pas mal. Il n'avait pas oublié ses paroles qu'elle avait dit la dernière fois, même s'il y avait certes un fond de vérité qu'Aymeric n'avouerait pas, et que c'était de sa faute tout ça... Mais bref, tout ça pour dire que ça ne devait pas être l'homme de situation pour compatir... Il était orgueilleux, il était comme ça et puis, point.

Je ne vois pas pourquoi tu t'entêtes comme ça !

Ca ne servait à rien, il allait se soigner tout seul, boire un petit verre d'alcool et se coucher, et tout ira dans le meilleur des mondes. En plus, elle prit la direction de la boîte. Qu'elle était partie faire encore, celle-là. Quelle idée en tête elle avait ? C'était bon, elle avait raison de partir alors au lieu de rester avec un pauvre type, comme lui. Bon débarras, alors ! Au moins, profitons un peu de tranquillité un peu pour le moment. Donc il sortit sa boîte à clope. Et oui, une manie mais il avait une envie de se détendre, encore une fois. Cigarette en bouche, il essaya de l'allumer avec sa main qui ne lui faisait pas mal et merde... Son briquet, c'était de la daube!!! et la clope en même temps tomba involontairement au sol... Aymeric la ramassa jusqu'au moment ou la demoiselle en détresse que blondinet pensait qu'elle serait vraiment partie, revenait... Pour lui mettre de la glace sur sa main. Si ce n'était pas mieux, ainsi ?

Qu'est-ce que t'attends de moi ? Pourquoi t'es pas partie ?

Ouais, elle aurait très bien pu le laisser tomber, au lieu de rester avec un mec pareil car apparemment, il était comme les autres, naïfs et orgueilleux. D'ailleurs, il le lui demandait alors qu'ils étaient si proches soudainement. Ils continuaient leur petit manège ? Où en réalité, ils avaient appris l'un de l'autre une autre partie de la personnalité qu'ils ne connaissaient pas. Elle, qui avait montré l'image de la femme forte, était capable de pleurer et lui, celui qui soudainement était fermé comme une huître, devenant réservé, en montrant une carapace froide... Il soutint son regard, comme s'il serait capable de pouvoir lire en elle... Et en attendant une réponse, il ne pensait pas vraiment qu'elle finirait par lui poser cette question... Ca la travaillait ?

Pourquoi ?

Obligé de répéter ce qu'elle avait demandé ? Hum... Pourquoi il y répondrait, sérieusement ? Aymeric la regardait toujours ce bout de femme qui ne faisait que quelques centimètres de moins que lui, à peine...

Quelle importance ?

Ouais, quelle importance, maintenant ? Il ne voyait pas pourquoi elle poserait la question. Il ne fallait absolument pas accorder d'importance à ce baiser ! Aymeric pensait bien que ce baiser était pour le fun, pour s'amuser... Et elle ne l'avait pas compris ? Elle ne l'avait pas ressentie pareil ?

Ca ne veut rien dire, si ça peut ta rassurer ! Ou si ça peut te faire une conscience vis-à-vis de ton copain...

Ouais, elle avait sûrement quelqu'un dans sa vie, même s'ils avaient joué, même si elle l'avait séduit, elle avait un copain, non ? Pour s'être arrêté ainsi et ne pas être aller plus loin.

Surtout que tu as rendu mon baiser, après... Mais...

… C'était pour le déconcentrer, et il le savait. Aymeric recula d'un pas et regarda sa main. La glace lui faisait un bien fou. Tout de même... Il voudrait dire « sympa pour ça », mais ça ne sortit pas vraiment de sa bouche. En réalité, chez lui, les mots ne sortaient pas. Il fallait juste décoder juste à son regard, au peu d'expression qu'il dégageait. Il fallait que Monsieur qui ne connaît de sentiments, se ressaisisse.

Ca y’est, Monsieur rapportait les dernières paroles qu’elle lui avait lancé après qu’elle lui ait flanquée la raclée de sa vie. D’ailleurs comment allaient ses parties? Bien, elle espérait. Enfin, elle espérait surtout qu’il garde un petit souvenir d’elle, ça serait une anecdote à raconter. Pas trop sûre en fait, ça en flanquerait un coup à son égo qu’une femme l’ai frappée dans ces parties là. Non en fait, il ne raconterait ça à personne. Par contre, Krystin se ferait un plaisir de raconter ça à son entourage. Mais quel entourage? Elle n’avait personne en fait. Personne à qui raconter ses anecdotes, ses aventures, sa vie quoi. Raison peut-être pour laquelle elle restait ici avec le blondinet. Elle n’avait rien d’autre à faire. C’était dur à concevoir, mais c’était comme ça, c’était la vie. Elle devrait peut-être songé à changer de caractère. Mais ce n’était pas sa préoccupation du moment. Oh ça non.

Sa préoccupation du moment c’était la main d’Aymeric. Enfin, ça c’était vite dit. Elle voulait juste qu’il se sente mieux, comme pour le remercier de ce qu’il venait de faire avec l’autre type. Et attention, ce n’était pas ce que Krystin faisait tous les jours! Aider et remercier les autres n’étaient pas son point fort, loin de là. Et lui qui lui demandait ce qu’elle faisait encore là. C’était à lui mettre encore une baffe dans sa belle gueule! Dommage, il ne serait plus aussi beau.

- Et ben, c’est pas la gentillesse qui t’étouffe.

Ouais, d’où venait cette soudaine froideur? Il changeait d’humeur comme de chemise ou quoi? Ou c’était parce qu’elle avait été violente avec lui et qu’il lui en voulait encore? Bizarre le petit. Fallait savoir un peu, parce que la demoiselle là, elle était complètement pommée.

- Je ne suis pas partie parce que je voulais te rapporter ça, idiot.

Qu’il se taise un peu, elle ne voulait juste que l’aider. Oui, même si on vous l’accorde, ça semblait étrange et même très suspect de sa part, mais c’était comme ça. Dès qu’on aide la petite Krystin, elle vous renvoie la même chose. Fallait pas chercher à comprendre, elle était comme ça. Ouais, même quand elle se rapprochait un peu plus du jeune blondinet fallait pas chercher à comprendre. A croire qu’elle aimait jouer. Ouais c’était ça, elle aimait jouer avec lui. Et elle savait que lui aussi donc autant continuer. Elle ne voulait plus penser à l’autre méchant bonhomme. Non, elle voulait se changer les idées. Mais apparemment, Aymeric continuait fixer sur son truc à lui. Il était chiant quand même.

- Comment ça quelle importance? Je veux savoir moi!

Pourquoi elle ne pouvait pas être au courant de ce qu’il se passait bon dieu? Elle avait été victime de ce baiser. Bon, le mot était un peu trop exagéré. Mais c’était légitime de vouloir savoir. Même si elle savait qu’il avait fait ça pour s’amuser. Ah et son copain? Ouais l’autre Tekken là, le gros lourdot qui l’avait quitté parce qu’elle était strip-teaseuse.

- J’ai cassé avec lui, donc ce n’est pas rapport à ça.

Oui, loin de là. Ils parlaient d’Aymeric et de Krystin là non? Pas de Tekken et de Krystin! Alors! Revenons sur la vraie conversation. Certes, elle avait répondu au baiser. Mais c’était pour la bonne cause.

- Mais quoi?

Et pourquoi il faisait un pas en arrière? Il avait peur de se reprendre un coup dans ses bijoux de famille? Non, elle se retenait la petite ne vous inquiétez pas. Et ce n’était pas sa priorité pour l’instant. Surtout qu’un petit sourire vint s’installer sur ses lèvres. Ah, ça lui faisait du bien le bloc de glace. Même si elle voyait bien qu’il était trop fier pour le lui dire. Sacré Aymeric, on aura tout vu.

- Pourquoi tu recules? Tu as peur de moi?

Krystin s’amusa à faire un pas devant lui, pour se retrouver plus près. S’il continuait de reculer, elle continuerait d’avancer. Et le jeu reprenait. Au moins, ça lui fera oublier tout ce qui s’était passé ce soir là.

- Allez, je vais pas te manger tu sais.

Dit-elle avec un petit sourire amusé au coin de sa bouche. Elle sentait ses yeux reprendre de leur force, les larmes commençaient à s’effacer et la rougeur devait commencer à s’apaiser. C’était bon signe. Peut-être qu’elle pourrait retourner travailler, mais non, elle n’en avait pas envie. Elle avait envie de rester avec Aymeric pour l’instant, dans cette ruelle.

C'était à se demander sérieusement, comment tout ça avait pu en arriver, là ? Non ? Bon, la dernière fois, ça ne s'était pas très bien passé, ça lui restait au travers de la gorge. D'habitude, quand il voyait qu'il y avait un jeu entre les deux personnes, comme un désir, ou si celle-ci l'allumait, non mais ça se passait toujours aussi bien, non ? Mais ce ne fut pas le cas. Et là, il avait agi ainsi, ce n'était pas pour se faire pardonner ou quoique ce soit. Il n'avait rien à se faire pardonner. Ils n'étaient pas censés être quittes ou est-ce qu'elle avait plutôt une conscience ? Aymeric n'avait strictement rien demandé en retour et en échange...

La réponse me semble évidente.

Qu'elle se creuse les méninges. Ils ne s'étaient pas chauffés l'un et l'autre ? Ou Aymeric n'avait rien saisi, et rien comprit ? Ils avaient joué. Le blondinet ne s'était pas contrôlé. Et puis point. Pourquoi toujours chercher le pourquoi du comment d'une chose qui s'était déroulée...

Et en parlant de choses qui s'étaient déroulées, elle avait apparemment cassé avec son copain, et ça n'avait rien à voir avec ça. Tiens donc... Elle avait bien un copain, enfin elle avait eu, quoi ! Il se demandait quel avait été le genre de copain, était-ce. Il était au courant du baiser ? Elle lui avait avoué ? Mais ça n'avait rien à voir. Aucun rapport apparemment.

C'était pour mieux viser.

Ouais, au lieu de lui demander « mais quoi ? », il fallait tout lui expliquer ou quoi à cette nana ? Ou elle préférait qu'on finisse notre phrase. Genre ça faisait très scolaire ça, tout ça. Elle ne s'était pas trompée de métier, elle ? Elle ne voulait pas faire institutrice ?

Peur de toi ?

Ah, c'était de la rigolade, ça ! Aymeric voulait en rire, tellement la situation était cocasse. Il avait vu pire, si elle savait? Il n'avait peur de rien, c'était bien connu. Le nombre de fois qu'il s'était battu, ou défendu... Quelques cicatrices par-ci par-là... Quand on se frottait un peu dans le monde de la drogue et quelques gangs... Heureusement qu'il avait mis quelques personnes dans sa poche et que son père était le patron de la boîte, ça lui donnait un certain respect au sein du quartier.
Mais passons, Aymeric n'avait qu'à la regarder dans ses yeux, qu'elle voulait jouer...

Tu ne sais plus ce que tu veux ? Où est-ce plutôt une manigance ?

Ouais, une méfiance... Mais en même temps, même si elle avait bien cogné la dernière fois, il avait une corpulence supérieure à la sienne. Donc pour après, pour aller jusqu'à la plaquer au mur, ou quoi... Il saurait gérer. Il la regarda donc, ne bougeant plus... La laissant s'approcher de lui.

Il y avait encore dans l'angle de vue, les deux videurs de la boîte, il n'y avait qu'à se déplacer de quelques pas pour être dans l'autre ruelle, qu'ils ne soient plus dans leur champs de vision... Elle ne voulait pas que ça lui porte de préjudice, non ? En tant que danseuse. Ou que ça ne porte des préjudices à la fois à elle, mais aussi à lui. C'était peut-être ce jeu qui l'enivrait.

Tu veux encore jouer après tout ça ?

Mais à voir, si lui voulait encore jouer ? Il ne pouvait nier qu'elle avait toujours un sacré charme, ce bout de femme... Mais était-ce raisonnable, maintenant ? Et c'était lui qui parlait de la conscience de Krystin ? Il n'en avait pas spécialement une, mais il fallait voir l'humeur. Lui qui avait passé une sale journée, il pourrait se détendre avec elle... Enfin à voire jusqu'où il pourrait aller... Il se méfiait. C'était normal et légitime, non ? Car tout ce qui intéressait Aymeric était bien tout autre chose, si vous voyez de ce que je veux dire ?

Oui mais même si la réponse lui semblait évidente, et que Krystin la connaissait déjà, elle voulait la voir sortir des lèvres du jeune blondinet. Bah oui, qu’il avoue quoi. Même si elle connaissait déjà cette réponse, elle aurait eu un malin plaisir à critiquer ce qu’il allait dire ou à le taquiner. Comme elle faisait à son habitude quoi. Mais non, Aymeric l’avait devancé et trouva préférable de se taire en ajoutant autre chose. Bon tant pis, elle le narguera sur un prochain sujet. Et puis oui enfin, il avait comprit que quand elle lui avait rendu son baiser c’était pour mieux s’approcher de la partie à laquelle elle allait frapper. Et bingo, en plus elle n’avait pas raté. Un vrai coup de maître si on peut dire. Elle allait le classer dans le top cinq de ces coups pour les mecs qui se croient tout permis. Il fallait un peu de femmes comme ça dans la vie, car les femmes faciles non merci. Même si la demoiselle exerçait ce boulot qui aurait pu avoir une réputation de femme facile à avoir, et bien méprenez vous : pas du tout. Et c’était bien au contraire pour le cas de la jolie Krystin.

- Tu as tout compris mon petit.

Oui, brave Aymeric. Au moins, elle savait qu’elle n’avait pas raté son coup puisqu’il l’avait bien sentit et qu’elle avait bien visé. Contente de le savoir. Et puis on aurait dit que maintenant, leur petit jeu recommençait. Plus il reculait et plus elle avançait. Ou plus elle avançait, plus il reculait. C’était la même chose en fait, mais c’était assez drôle à voir. A croire qu’il avait complètement peur de se prendre un autre coup de pied quelque part. Pauvre chou, il était traumatisé par elle maintenant.

- Bah oui, tu as peur que je te lance encore un coup.

Dit-elle avec un petit sourire en coin. Qu’il protège ses parties à l’avance au cas où. La demoiselle peut détaler d’un moment à un autre. Et oui, les sauts d’humeur existent et pour Krystin encore plus. Mais bon en principe, si on ne la cherche pas… on ne la trouve pas. Mais mieux vaut prévenir que guérir. Elle continuait d’avancer vers lui et elle vit qu’il avait tendance à ralentir. Il allait donc bientôt s’arrêter. Bon choix, à moins qu’ils ne fassent le tour de la ruelle surtout Aymeric à reculons, ça allait être comique tiens. Une manigance? Non, elle n’était pas sadique tout de même. Fallait pas qu’on voit tout noir chez elle, elle avait de bonnes intentions… des fois.

- Arrête d’être aussi négatif. Et puis je sais toujours ce que je veux.

Comptez sur elle. Même si elle changeait toujours aussi brutalement d’avis, elle savait toujours ce qu’elle voulait faire. Elle n’était pas folle la petite. Et là ce qu’elle voulait, c’était jouer avec Aymeric. Tout simplement. Pour oublier ce qu’il s’était passé ce soir là, entre autres…

- Ca dépend ce que toi tu appelles « jouer ».

Dit-elle en arrivant enfin vers lui. Oui, le jeune s’était arrêté. Il était temps quand même. Et puis jouer pour elle, ça ne signifiait pas tout de suite tomber dans un lit ou quelque chose d’autre. Non, elle pourrait très bien jouer avec lui, puis le jeter quand elle en aurait marre. Comme un enfant qui joue avec un jouet puis quand il décide de faire autre chose, bye bye le jouet. Elle voyait Aymeric de la même sorte. Même si certes, c’était un être humain et non un jouet. Mais quelle différence pour Krystin? C’était le même principe. Elle posa ses mains sur son torse, sentant ses muscles sous son tee shirt puis plongea ses yeux dans ceux du blondinet avant d’ajouter :

- Ecoute, je ne sais pas du tout ce que tu veux toi. Mais pour moi, j’ai ma petite idée.

Elle monta ses mains le long de son torse, les remontant ainsi jusqu’au cou. Puis elle les tourna de façon à les joindre autour de la nuque du jeune homme. Et maintenant, faire quelque chose qu’elle savait très bien faire : faire monter le désir. Elle s’approcha lentement de lui, jusqu’à se trouver à quelques centimètres de ses lèvres. Mais son action fut stoppée par l’arrivée d’une personne, qu’elle aurait préféré voir ailleurs, c'est-à-dire : à sa place. C’est un des gardes de l’entrée, qui visiblement, n’avait aucune honte à s’imposer devant cette scène :

- Monsieur Hewson?

Krystin se détacha légèrement d’Aymeric, puis regarda le garde qui les regardait étrangement :

- Vous vous êtes perdu?

Dit-elle en haussant un sourcil. Ouais, parce que qu’elle sache, la porte d’entrée c’était pas ici mais de l’autre côté. Qu’est-ce qu’il voulait le gros muscle?

- Monsieur, je me permets de vous dire que vous ne devriez pas vous trouver… ici.

Ou plutôt avec une danseuse, ça Krystin l’avait compris. Mais qu’est-ce qu’il en avait à faire sérieusement? C’était peut-être son boulot en fait.

Aymeric soupira. Il se lassait vite de cette danseuse... Enfin, là, c'était plutôt sa réaction qui l'exaspérait... Pourquoi ? Allez savoir... En tout cas, il restait planter là, à la regarder. Si elle pensait qu'il allait reculer. Non, elle ne lui faisait pas peur... Il était préparé, et il commençait légèrement à la connaître, non ? Pas totalement puisque ce n'était que la deuxième fois qu'il la voyait mais ils avaient assez joué pour voir ce qu'il en était, n'est-ce pas ? Il aimerait voir sa réaction, s'il refusait ses avances, cette fois... La tester, mais aussi, parce qu'il n'en avait point envie...

Ca va pour une fille qui vient de se faire agresser, sexuellement... Tu t'en remets bien ! Lâcha-t-il, fronçant les sourcils.

C'était sûrement ça qui l'agaçait encore plus, sûrement. D'ailleurs, de l'avoir appris... D'avoir appris le fait qu'un mec puisse toucher une danseuse, ça ne pouvait que l'énerver... Mais là, ça ne l'aidait pas pour le calmer, au contraire.

Je ne suis pas négatif, mais seulement réaliste. Et ne sois pas aussi sûre de toi...

Si elle savait. Elle ne savait rien pour le moment. Pour le peu qu'ils s'étaient vus, il ne savait certes pas grand chose d'elle, mais elle n'en savait pas autant sur lui et ce qu'il faisait, et surtout ce qu'il manigance... il avait aussi bien le bras long dans le quartier. Mais il n'avait point l'attention de le crier sur tous les toits et de la menacer avec ça... Non, il n'était pas au point mort pour aller jusqu'à la menacer car physiquement, même si son poing lui faisait mal, elle ne pouvait vraiment le ratatiner comme ça... En tout cas, il ne voulait point jouer. Il aura beau la repousser, ça ne la fera que l'attirer vers lui.

On n'est pas sur la même longueur d'ondes !

Et tout ça, elle continuait à se rapprocher de lui, et même à passer ses mains sur son torse, jusqu'à les passer derrière sa nuque... Elle était si proche de lui, tentant à l'embrasser... Il pouvait sentir son souffle. Son regard se baissa sur ses lèvres qu'il avait pu déjà embrassé jusqu'à les plonger par la suite dans ses yeux verts qu'il soutenait... Les mêmes yeux verts que lui, plus ou moins... Mais heureusement - ou pas d'ailleurs, c'était selon - ils furent interrompus par un des deux videurs.

Qu'est-ce que tu veux, Paul ?

Ouais, il s'appelait Paul, le gugus... Et oui, il savait qu'il ne devrait pas être ici,... enfin, surtout pas avec la danseuse autour du cou. Comme d'habitude, il fallait que les employés de la boîte l'interpellent ou lui fassent la moral, ou on ne savait quoi comme remarques encore. Il y avait déjà le Tobby qui lui foutait pas mal le bourdon... S'ils pensaient faire des choses comme quoi, Aymeric pourrait avoir une bonne influence – ce qui était le cas – sur le boss pour avoir une augmentation, c'était certain qu'ils pouvaient se mettre le doigt dans l'oeil... contrairement aux danseuses, où elles, c'était tout à fait autre chose. Ah ces employés qui pensaient pouvoir lécher les bottes à lui, en le protégeant ou en lui offrant un verre gratoss, ou d'ailleurs en lui montrant un certain respect avec « Monsieur », ils n'avaient strictement rien compris.

En tout cas, le regard ruby d'Aymeric fut comme un fusil, face à ce Paul... Et ça, c'était fatal. Ca pouvait glacer le sang, n'est-ce pas ? Mais en tout cas, ça avait son effet. Il était comme peu déstabilisé...

A ce que je sache, vous ne devriez pas être ici, non plus... Non ?

Là, qu'est-ce qu'il pouvait répliquer ? Aymeric lui, de sa main libre, avait récupéré les poignets de la jeune femme pour les enlever de sa nuque... et avait toujours son regard sur le videur.

N'est-ce pas, Paul ? Continua-t-il.

Oui ! Monsieur Hewson... Désolé de vous avoir dérangé.

Ouais, il avait l'air grave désolé et les avoir déranger... Mais en même temps, ça lui donnait peut-être une fière chandelle à Aymeric... Mais passons, après le regard de celui-ci, Paul n'avait plus rien à dire, ou pas d'ailleurs....

Euh... Monsieur Hewson ? Wesley voudra que vous lui rapportiez le cd des Rollings Stone...

Aymeric hocha seulement la tête. Il avait compris le message. L'autre videur voulait sa dose... et le blondinet donnait de temps en temps des échantillons dans les albums. Comme il était disquaire, c'était facile et discret. Mais bon, il ne l'utilisait pas à chaque fois comme couverture puisque ça ferait louche, mais passons... Qu'il retourne bosser, et voilà que le gros muscle fit demi-tour. Le blondinet soupira et regardait un peu sa main... Les gens l'exaspéraient plus que tout... Surtout là, les gars qui léchaient les bottes mais en plus, ne faisaient même pas leur boulot correctement.

Quand ils feront leur boulot correctement, je serais la vierge Marie.

La bonne blague... En tout cas, il essayait de bouger un peu ses doigts là, mais c'était gonflé. Il fallait que ça se dégonfle.

Tu veux peut-être rentrer chez toi ? Demanda-t-il à la jeune femme.

Comme apparemment, elle voulait plutôt rester ici que de retourner travailler, donc qu'elle prenne sa soirée alors... A moins qu'elle voulait continuer à le faire chier, mais bon... Il ne fallait pas chercher. Quant à lui, il prendra sa chère Impala, et vu un peu l'état de sa main, il se débrouillera pour conduire et rentrer chez lui, tranquillement.

Décidément le pauvre Aymeric, il avait rien compris. Bien sûr qu’elle avait été agressée et c’était justement pour ça qu’elle voulait oublier ce qu’il venait de se passer. Elle voulait oublier, tout en continuant le petit manège qu’ils avaient eus il y avait quelques semaines auparavant. Donc, si on suivait la logique, elle voulait se détendre un peu sans aller trop loin non plus. Elle n’était pas folle la fille. Juste, ça l’amusait ce petit jeu entre elle et le blondinet. Alors, ça lui faisait oublier certaines choses. Mais ça apparemment, le jeune homme ne l’avait pas compris. Il fallait donc tout lui expliquer? Ah ces hommes, non de dieu.

- Réfléchis avec ta petite tête! Justement, j’ai envie d’oublier ce qui vient de me passer, mais t’arranges pas les choses…

Ouais à tirer une gueule de deux mètres et en se montrant froid, ce n’était pas ça qui allait aider la demoiselle. Où étaient passés son côté charmeur et joueur? Son humeur changeait comme de chemises apparemment. Et voilà que Monsieur voulait être réaliste. Bon sang de bonsoir. Elle n’était pas sortie de l’auberge la pauvre Krystin.

- Mais arrête de te prendre la tête. Arrête d’être négatif ou réaliste, ou ce que tu veux! Laisses faire.

Et c’est sur ses mots, qu’elle continua d’avancer vers lui. Bah oui, qu’il la laisse faire s’il ne voulait pas bouger le petit doigt de pied. Quelle mouche l’avait piqué? Etait-ce parce que c’était elle, et qu’il en avait un mauvais souvenir? Ou le fait de s’être battu avec un gros muscle et d’avoir la main à présent aussi grosse que son pied? Ouais, elle ne savait pas trop. Mais en tout cas ce n’était pas le Aymeric qu’elle avait connu, et elle allait vite remédier à tout ça. Et il disait qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’ondes. Quel comique celui-là. Surtout qu’elle aimerait bien qu’il la ferme un peu et qu’il participe à autre chose, comme ce que Krystin avait l’intention de faire. Posant ses mains sur lui, les remontant jusqu’à sa nuque, s’approchant un peu trop de lui et… Rien. Bah oui rien, parce qu’il y a toujours un balourd qui s’approche pour tout casser. Et dans ce cas là, c’était un des gardes. Paul, selon le petit Hewson. Et non, il ne s’était pas perdu, il voulait avertir le gentil Aymeric qu’il ne devait pas se trouver avec la danseuse. De quoi je me mêle? Sale fayot. Et pendant que les deux hommes parlaient, Aymeric trouva aussi le moyen de prendre les poignets de Krystin pour les enlever de derrière sa nuque. Même si la demoiselle se laissa faire, elle afficha une petite moue sur son visage. Décidément, il ne voulait rien savoir d’elle ce soir.

Mais ce n’était pas ça qui allait décourager la belle. Loin de là. Quand elle veut quelque chose, elle fait tout pour l’avoir. Coûte que coûte. Alors ce n’était pas un petit gosse blond qui allait changer la chose. Elle laissa donc les deux jeunes gens finir leur conversation, jusqu’à que le costaud reprenne son poste. Ses poignets toujours sous l’emprise d’Aymeric, elle tira légèrement dessus pour les dégager. Elle passa sa main droite dans sa tignasse blonde puis reposa ses yeux sur le jeune homme. Vierge Marie il avait dit?

- Vierge Marie? Ca n’arrivera jamais.

Dans Vierge Marie, il y avait vierge. Donc aucune chance qu’il fasse partie de cette chose là. Quoique, elle ne connaissait pas sa vie. Mais vu sa gueule d’ange et son côté joeur –quand il le voulait-, il y a longtemps qu’il devait avoir vu passer ce genre de choses. Et maintenant voilà que l’envie lui prenait qu’elle rentre chez elle. Qu’est-ce qu’il pouvait être lourd à la longue celui là.

- Non merci, je n’ai pas envie de rentrer chez moi.

Elle marqua une pause un instant puis se rapprocha une nouvelle fois de lui. Mais pas trop près non plus, elle n’exagérait pas. Enfin, après ça dépendait de la distance qu'Aymeric voulait avoir par rapport à elle.

- A moins que tu veuilles me raccompagner?

Dit-elle avec un petit sourire en coin. Bah oui, elle venait toujours à pied ou en bus. Alors ça aurait été sympa qu’il la raccompagne, au moins une fois. Mais bon, il ne fallait pas trop rêver avec lui non plus. Depuis qu’il a soudainement changé de caractère, elle pouvait s’attendre à tout. D’ailleurs la demoiselle ne manqua pas de lui faire remarquer :

- Tu as changé de caractère depuis la dernière fois qu’on s’est vus… Qu’est-ce qui s’est passé? Je ne te plais plus?

Oui, il fallait que tout se ramène à la demoiselle. Mais Krystin voulait tout de même se faire une raison. Elle voulait savoir ce qui se passait dans la petite tête du blondinet. Alors autant le lui demander directement.

Oh elle ne le prenait pas pour un pigeon, loin de là. Enfin si peut-être un peu en fait. Le fait qu’il réagissait de cette façon commençait à déplaire la demoiselle. Donc oui, sûrement au fond, elle le prenait comme tous les hommes sur cette maudite Terre : des pigeons. Mais elle ne répondit pas à cette affirmation, non elle n’allait pas le rabaisser une nouvelle fois. En temps normal elle aurait enfoncé encore plus le couteau dans la plaie, mais là vu les circonstances, elle allait s’arrêter ici. A la place, elle lui fit un beau sourire lui montrant ses dents bien blanches. A lui de l’interpréter comme bon lui semble. C’était vrai que maintenant, ils ne pouvaient plus se taquiner ou se chercher comme la dernière fois. Le blondinet qui avait des sauts d’humeurs incontrôlables et la jeune femme qui venait de se faire agresser. Ca changeait soudainement certaines choses. Comme là, maintenant. Krystin essayait de renouer ce contact étrange qu’ils avaient eu la dernière fois, et l’autre Aymeric quand à lui, continuait à la repousser. Il fallait être dingue pour repousser une fille telle que Krystin. Fallait qu’à voir son corps. Elle l’avait quand même pas mal travaillé pour en arriver à être strip-teaseuse. C’était quand même dur, fallait pas croire. Donc le fait qu’il l’éloigne de lui, cela semblait anormal à la jolie blondinette. Oh il venait d’avoir une mauvaise journée? Le pauvre chou.

- Ah bah ça mon petit, ce n’est pas mon problème tu vois. Ce n’est pas parce que tu as eu une mauvaise journée que je dois en faire les frais!

Ouais surtout qu’en parlant de mauvaise journée, on pouvait dire que la demoiselle en avait eu aussi une de mauvaise journée. Non mais, et l’autre qui se plaignait. Elle aurait bien aimé qu’il soit à sa place, pour voir ce qu’elle avait enduré. Non mais il croyait qu’il n’y avait que lui dans le monde? C’est sûr qu’être fils de patron ça devait être très très, mais très dur dit donc. Vraiment, pauvre chou. Il était presque à plaindre. Et maintenant il disait qu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait? Il fallait donc tout lui expliquer? Bon, il était blond mais à ce point quand même.

- Excuse-moi? Je sais très bien ce que je veux tu sais. Je suis désolée si la dernière fois je t'ai laissé un mauvais souvenir, mais j’avais mes raisons!

Normal quoi, elle était avec quelqu’un lorsqu’Aymeric l’avait embrassée. Alors la logique était que la demoiselle le repousse, ce qu’elle avait plutôt bien fait en fait. Même si après le pauvre blondinet n’avait pas vu cela comme il l’aurait souhaité. Hé, quand on à affaire avec Krystin, ce n’est pas à moitié! Tiens, il acceptait de la ramener chez elle? En soupirant néanmoins.

- Vive l’enthousiasme.

En fait, elle non plus ça ne lui faisait ni chaud ni froid qu’il la ramène chez elle. C’était plutôt la flemme qui marquait ce genre de choses. Elle ne voulait pas rentrer encore une fois chez elle seule, en bus ou à pied. Oui parce qu’elle habitait presque à côté du club. Enfin, il fallait bien vingt minutes de marche, mais c’était déjà pas mal qu’elle puisse aller travailler sans rencontrer les bouchons de New York. Donc où elle vivait? Facile.

- A même pas dix minutes d’ici, je te donnerai les indications au fur et à mesure.

Dit-elle en le suivant jusqu’à la supposée voiture. Supposée voiture qui se révélait être une belle voiture. Elle ne s’y connaissait pas trop dans ce genre de choses, mais elle savait reconnaître quand elle voyait une belle carrosserie. Il devait être fier de cette machine vu la façon dont il avait de faire. Contrairement à la demoiselle qui elle, n’avait pas de voiture. Pas qu’elle n’avait pas son permis, mais juste qu’elle avait dû vendre sa dernière automobile alors qu’elle partait pour les Etats Unis. Normal, elle ne pouvait pas l’amener avec elle, malheureusement. Et puis elle n’en avait pas trop besoin dans la Big Apple, tout se trouvait à proximité. Ou au pire, elle prendrait le métro.

- Tu as une très belle voiture en tout cas.

Dit-elle en caressant la carrosserie du bout des doigts. Et elle était sincère, alors profitez-en! Elle continua son petit manège jusqu’à la porte du côté passager de la Chevrolet. Alors qu’Aymeric ouvrait la voiture, Krystin entra tranquillement de son côté, s’asseyant sur le siège et bouclant sa ceinture.

- Tu crois que ton père m’en voudra si je m’absente ce soir?

Dit-elle en tournant les yeux vers lui. Elle ne lui avait même pas laissé un petit mot pour lui dire qu’elle ne continuerait pas à travailler cette nuit. Une autre danseuse fera le boulot à sa place. Et puis, ce n’était pas son problème, elle avait été agressée tout de même. Elle passa une main dans sa tignasse blonde puis soupira un moment en regardant par la fenêtre alors qu’Aymeric démarrait.

- J’aurais jamais cru en arriver là…

Maintenant qu’ils étaient dans la voiture et comme Aymeric avait en quelques sortes refuser ses avances, la demoiselle recommençait à penser à ce qui lui était arrivé quelques heures auparavant. C’est ça quand on ne pense à rien, il y a toujours des choses qui reviennent dans la tête. Et à ce moment là, dans le silence de la voiture, c’était ça.

Oui, il avait qu’à se refaire tous les proverbes ou les citations qu’il connaissait, ça ne fera pas changer la petite Krystin. Certes pour dénoncer les torts d’autrui, il fallait être soit même irréprochable, mais ça ce n’était pas le problème de la demoiselle. Et même si elle avait tort, elle ne l’avouerait jamais donc pourquoi autant s’acharner dessus. C’étaient deux vraies têtes de mules qu’on avait ici. Aussi fous l’un que l’autre. Alors pour ne pas lui donner raison, la jeune femme ne lui répondit pas et fit semblant de s’intéresser à autre chose. Même si il n’y avait rien d’intéressant dans cette ruelle sombre. Mais c’était efficace pour échapper au regard du blondinet, alors soit. Et sur le fait qu’elle avait ses raisons? Bah oui monsieur, la dernière fois elle avait bien ses raisons la jeune femme. Elle avait un copain, donc la règle qui suit c’est : fidélité. Bon après ce n’était pas sa faute si les hommes ne contrôlaient pas leurs hormones, c’était pour cela qu’elle avait bel et bien répliqué dans une partie très précise de l’anatomie d’Aymeric. Hé, simple défense. Et là ses raisons de ce soir?

- Je dois te le répéter combien de fois, sérieusement petite tête?

Punaise, c’était une mémoire à court terme qu’il avait? Pire qu’un poisson rouge. Elle voulait oublier, point à la ligne. S’éclater, penser à autre chose, donc comme elle avait Aymeric sous la main et qu’elle n’avait plus de petit copain, quoi de mieux? Et comme par hasard, le jeune blondinet était réticent à ses avances. Et mince alors, son plan tombait à l’eau. Elle passerait alors sa soirée à se maudire et à se morfler de tout en commençant par sa vie. Ou alors elle irait se souler tranquillement chez elle jusqu’à qu’elle tombe endormie. Bonne idée, la deuxième option. Parce que là, comme le disait notre cher Hewson, il avait ses raisons ce soir.

- J’avais compris.

Oui pas besoin de lui rappeler qu’il la repoussait. Parce que s’il n’avait pas eu ses raisons, là il n’y avait aucune raison pour qui se jette sur elle comme lors de leur dernière rencontre. Ca les hommes savent bien le faire. Enfin bref, maintenant qu’il se proposait de la ramener chez elle, elle n’allait pas refuser. Alors elle le suivit jusqu’à dans sa voiture, qui au passage, était bien belle. Une fois à l’intérieur, elle l’observa faire. Sa main était toujours aussi enflée, ça allait se révéler compliquer de conduire. Elle le regarda déchirer un morceau de sa chemise pour faire office de bandage à sa main. Wow, à la sauvage le mec. Ensuite, il répondit à sa question. Ce n’était pas qu’elle était préoccupée de laisser la papa Hewson en plan, mais elle voulait quand même savoir. Elle ne voulait tout de même pas se retrouver à la porte! Et puis, vu l’air sérieux qu’il avait lorsqu’elle avait passé son entretien avec lui, il était bon d’avoir l’opinion de son fils.

- Oui, au pire je rattraperais mes heures une prochaine fois.

Cette réplique, elle l’avait sortit sans trop de conviction. Elle savait quand même négocier un minimum, et elle remportait souvent la mise. Donc la prochaine fois qu’elle irait travailler, elle irait faire un tour dans le bureau du patron, histoire de s’expliquer. Et là comme la tension était soudainement redescendue, Krystin ne put s’empêcher de repenser à ce qui venait de lui passer. Et comme pour se rassurer et ne pas se sentir seule, elle évoqua cette sensation à voix haute. Ouais, jamais elle n’aurait cru en arriver là. D’habitude, on penserait à croire que ça n’arrivait qu’aux autres. Jusqu’à que ça vous arrive. Ouais, si seulement…

- On ne sait jamais ce que la vie nous réserve… Je vais m’en souvenir toute ma vie de ce truc.

Dit-elle, toujours les yeux fixés par la fenêtre tandis que le pauvre Aymeric essayait tant bien que mal d’effectuer un quelconque mouvement avec sa voiture. Elle soupira une nouvelle fois. C’est vrai que ça allait se révéler compliqué que toutes ces images s’effacent de sa mémoire. Elle devrait faire avec. Alors qu’elle regardait toujours au dehors, la mine triste, elle remarqua qu’ils avaient un peu du mal à sortir de la ruelle. Aymeric aurait-il des problèmes? Elle tourna ses yeux verts vers lui, puis dit d’une voix calme :

- Je sais que tu vas refuser, mais j’essaye quand même : veux-tu que je conduise à ta place? Parce qu’avec ta main mal en point, on ne va pas aller bien loin.

Elle avait tout le temps pour rentrer chez elle, mais s’ils allaient faire un accident à cause de cette maudite enflure! Mieux valait prévenir que guérir. Même si la demoiselle savait par avance que le blondinet ne la laisserait jamais conduire sa voiture à lui. Elle n’était pas folle, les mecs c’était ça : les nanas et les caisses. Pas bien compliqué. Mais bon, au moins elle aurait essayé!

Hein ? Non mais, quelle folle, celle-là. Elle n'avait pas compris qu'il était tout à fait ironique. Mais bon, autant ne pas répondre, il n'avait pas tellement envie de continuer à l'entendre piailler. D'ailleurs, son peu de générosité du fait qu'il allait la ramener, ça le perdra.

Passons, pour ses heures perdus, la jeune femme se débrouillera avec le boss. Avec son père, quoi ! Car ce n'était pas lui qui gérait la boîte. Même s'il pouvait avoir une petite influence sur la décision qu'il pouvait prendre au sujet des danseuses, il ne défendrait peut-être pas la miss blondinette. Elle saura être convaincante. Elle était grande, non ? En tout cas, Aymeric ne s'en préoccupera pas... Et en plus, de son truc de ce qui venait de se passer, il pourrait être un peu plus indulgent... La pauvre fille, elle sera martyriser.... Mais étant rancunier, il faudrait négocier... Et d'autant plus qu'il ne pouvait rien changer à ce qui s'était passé en cette soirée... A part le mec qui s'était fait arrêté là, il ne pouvait que se concentrer s'il sera condamné, ou qu'est-ce qu'il aurait comme punition.

Et m**de, il préférait à ce moment-ci se concentrer sur sa conduite, qu'autre chose... Au milieu de ce silence. Il était peut-être d'allumer la radio ? Il n'allait pas se gêner, puisque c'était sa voiture. Voilà la réponse d'Aymeric : allumer sa radio. Et sur ce, sur la chanson des cranberries : « Zombie ». Ca lui donnerait peut-être la bonne idée de se taire, à la mistinguette... Mais comme il la ramenait chez elle, ce n'était sûrement pas une bonne idée. Il fallait qu'elle parle un minimum...

Et nan mais le pire dans tout ça, dans ce qu'elle parlait, elle voulait rouler à sa place. M**de, c' était sa bagnole, non mais le pire, sa BELLE BAGNOLE ! Sa Chevrolet Impala. Mais elle était folle la blondinette. Non mais il se débrouillait très bien. Ce n'était pas sorcier de conduire, non ? Il aura juste un léger souci pour changer les vitesses, mais sinon pour tourner le volant et appuyer sur l'accélérateur, il n'y avait aucun problème. OH !

Tu sais que je vais refuser ? Alors ne poses même pas la question...

P'tin, parce que c'était vrai. Il n'accepterait jamais. OH dieu grand jamais. Il n'y avait que lui qui conduisait sa voiture. Et personne d'autres. Et encore moins une femme. Et encore une femme qu'il connaissait peu et qui lui avait foutu un sale coup entre.... vous savez où et qui lui avait fait des avances. D'autant plus, il se savait comment elle était au volant et tout. Non, il n'y avait pas encore cette confiance... Et elle était passée où cette magie, qu'il y avait entre eux ?

Bon, je vais où ? Demanda-t-il, tout en sortant du parking.

Bon, au lieu de causer, qu'elle le guide... Avec en fond, toujours les Cranberries.

Krystin avait posé cette question juste par simple curiosité. Elle savait pertinemment ce qu’Aymeric allait répondre : non. Et c’est ce qu’il répondit, plus ou moins. Sa réaction fut assez comique dans le fond, comme si il avait peur qu’elle fasse quelque chose à sa pauvre Chevrolet. Certes cela faisait longtemps que la demoiselle n’avait pas prit le volant mais elle savait tout de même conduire voyons. On n’oublie pas ce genre de choses. Et puis ce soir, elle n’avait pas vu une seule goutte d’alcool. Alors il n’y avait pas de risques, pas vrai? Mais Aymeric était formel, on ne touche pas à sa petite voiture chérie. Pauvre mec. Il n’avait pas de copine, alors il se rabattait sur la première bagnole qu’il trouvait. Laissons-le dans ses folies alors.

- Ca va, je voulais juste t’aider. Pas besoin de le prendre comme ça.

Répliqua-t-elle d’un ton froid. Punaise, on ne pouvait rien lui dire à celui là. Et vu le silence qu’engouffrait la voiture, il avait cru bon allumer le poste de la radio. Heureusement que la musique qui passait, plaisait à la jeune femme, sinon elle ne se serait pas gênée pour l’éteindre avant que le jeune homme n’ait pu s’en rendre compte. Ah enfin, ils réussissaient à sortir de ce trou à rats. Tant bien que mal, il fallait l’avouer. Où il allait? Sur la route mon petit, ça serait pas mal. Non sérieusement, la demoiselle se pencha légèrement en avant pour regarder où est-ce que le blondinet devait tourner. Elle n’était jamais sortie par là, alors laissez lui le temps de se retrouver. Après deux secondes de réflexion, elle répondit :

- Tourne à droite.

A vrai dire, elle ne savait pas trop où il fallait tourner, mais elle ne préféra rien dire à Aymeric de peur qu’il lui fasse un caca nerveux. Elle verrait bien où ils arriveraient de toute façon, elle saurait s’y retrouver. Quoique ça faisait à peine un mois qu’elle habitait ici, et vu que l’orientation et elle ça fait deux… Je vous laisse imaginer la suite.

- Je ne sais pas si je devrais continuer à faire…ça.

Dit-elle doucement en reprenant place sur le siège, confortablement. Le ça, sous-entendait le boulot de strip-teaseuse évidemment. Depuis que Tekken lui avait sortit ce genre de choses sur la dignité et tout, ça n’arrêtait pas de tourner dans sa petite tête. En fait, comme elle avait toujours plus ou moins exercé ce travail, elle ne s’en rendait même plus compte. Elle ne différenciait plus le bien du mal. Et vu ce qui venait de lui passer, ça la travaillait vachement plus. Dur comme situation.

- Je crois que c’est encore tout droit.

Ils venaient d’arriver à un feu rouge, et Krystin commençait à reconnaître le quartier. Vaguement, mais elle reconnaissait. Pendant ce temps la musique des Cranberries avait laissé place à celle de The Police avec Roxanne. Sans demander l’avis du blondinet, la demoiselle porta ses doigts vers le poste augmentant nettement le volume du son. Ah ça faisait du bien. Elle appuya sa tête sur son siège puis ferma un instant les yeux. Limite elle pourrait s’endormir, sauf si ces images restaient encore graver dans sa mémoire. Et quand elle fermait ses paupières, elle se revoyait dans cette salle avec l’homme muscles. Elle rouvrit brusquement les yeux, laissant le regard fixé mais un peu vague sur le paysage de la ville américaine devant elle. Oui, elle serait marquée à vie.

Quel don de générosité, ma parole. C'était à voir s'il n'allait pas commencer à regretter de l'avoir embarquer avec lui. Il aurait très bien pu la laisser seule, dans cette ruelle sombre, agonisant à sa charmante douleur et à ses sombres pensées de cette soirée. Mais passons, il préférait ne rien dire, et qu'elle ne lui casse par les bonbons. Il préférait se laisser guider pour la laisser chez elle...

Non mais le pire dans tout ça, c'était que même, malgré la musique de la radio, elle continuait à parler. Un vrai moulin à paroles. Non mais le pire, c'était pour laisser échapper ses hésitations. En cette soirée, aucun des deux étaient comme leur première rencontre. Les masques qu'ils avaient porté étaient tombés. Le côté charmeur et amuseur n'était plus là. La jeune femme déterminée et sûre d'elle, non plus. Ils n'étaient que deux êtres humains avec leurs ressentis.

Arrivés à un feu rouge, Aymeric s'arrêta... Regardant le quartier, ou plutôt le carrefour, et il hocha la route devant lui, là où il devait continuer son chemin. Tout ça, au rythme de la musique, ça venait de passer à une autre chanson qu'est Roxanne. De la bonne musique qu'il aimait... D'ailleurs, rien que d'y penser, il l'avait en vinyle dans son magasin. Le fait que la jeune femme monte le son ne le dérangeait guère, même ça lui faisait plutôt du bien, si ça pouvait l'empêcher de causer. Mais passons, ses doigts dansaient sur le volant... Attendant patiemment que le feu passe au vert. Il y jetait régulièrement des coups d'oeil...

C'était bon, il pouvait appuyer sur le champignon. C'était un peu plus silencieux. Il y avait quelques voitures, par-ci, par-là... Des taxis jaunes... La vie bougeait. Ca vivait autour d'eux.

Si tu commences à hésiter, c'est que tu devrais tout plaquer. Fit-il doucement.

Ouais, car sûrement, elle valait mieux que ça. Ou peut-être pas. Mais en tout cas, Aymeric en voyait tous les jours. Il en voyait des jeunes se lancer dans strip-tease, ou encore tomber dans la drogue. Ils finissent toujours par se prendre dans un engrenage, dans un tourbillon qu'ils finissent par ne plus en sortir, et qu'ils se disent qu'ils ne valent pas mieux que ça. Et il fallait avoir cette force pour sortir de tout ça. Etait-ce le cas d'Aymeric ? Il n'était pas tomber là-dedans mais il était plutôt le maître du jeu, si on pouvait dire ça, comme ça. Il avait des cartes en main et jouait des plus faibles, plus ou moins.

En tout cas, ces sages paroles devraient peut-être étonner la petite blonde là. Oui, il était calme. Oui, il avait un autre caractère. Oui, il avait sûrement un caractère à la con. Mais il était comme il était, et heureusement qu'il avait ce caractère. Il valait mieux, non ?

Si tu as l'occasion de te lancer dans autre chose.

Oh, Lui, s'il pouvait se lancer dans autre chose... Sûrement pas.

Voilà qu’elle se mettait à parler de ses problèmes au jeune blondinet. Elle était vraiment désespérée à ce point? Certes, elle n’avait pas d’amis, c’était une vraie solitaire, mais quand même. Non, un jour il fallait que ça sorte. Et Krystin avait choisit que cela se passe dans la voiture d’Aymeric. Elle s’en contre foutait qu’il l’écoute ou ne l’écoute pas, qu’elle le fasse chier ou pas… Elle voulait juste sortir de sa bouche tout ce qui lui préoccupait depuis quelques jours. Et ce qui venait de lui arriver ce soir, ne lui arrangeait pas les choses. C’est vrai que dès qu’on commence à doute, c’est mauvais signe. Krystin n’était plus sûre de rien. Elle ne savait pas comment s’en sortir. Il lui fallait bien un boulot pour payer son appartement, sa bouffe, ses fringues. Ce n’était pas facile d’en chercher quand on n’avait pas beaucoup d’expérience. Et là, c’était le cas de la demoiselle. Elle était sortie avec le dernier examen final du lycée. Voilà ce qu’elle avait comme qualification. C’est tout, niet. Elle s’était tout de suite lancée dans le théâtre, c’était ça son talent. Après le fait d’être strip-teaseuse, c’était pour arrondir ses fins de mois. Et comme elle avait un corps et une tête à faire tourner les têtes, quoi de mieux pour gagner de l’argent? Hé, on fait avec ce qu’on a. Et là avec ce que venait de lui dire la jeune homme, le doute la gagnait de plus en plus.

- Tu crois?

Dit-elle dans uns souffle. Elle venait tout juste de s’apercevoir qu’elle parlait sérieusement pour la première fois avec Aymeric. Dit donc, avec eux c’étaient les montagnes russes! Une fois on se cherche, on se trouve, on s’engueule, on pleure puis on discute calmement. Ouais, c’était bizarre.

- C’est pas facile de trouver un autre boulot…

Rien n’était facile dans la vie. Souvent on enchaîne déception sur déception, ou victoire sur victoire. On parlait de chance alors, pour ceux qui y croyaient. Krystin faisait partie des personnes à ne pas y croire, même si pourtant, elle avait eu une chance immense d’avoir été repérée par des producteurs de Broadway. Ah, ce détail, elle avait oublié de le mentionné à Aymeric. Si elle pouvait se réorienter sur autre chose? Elle avait déjà la réponse bien en tête.

- En fait, je ne t’ai pas dit. Je ne travaille pas seulement dans le club de ton père. Je suis aussi comédienne, à Broadway.

Et ça, c’était quelque chose dont elle était fière. Vraiment fière. Ce n’était pas donné à tout le monde de sortir un truc comme ça. Alors si elle pouvait impressionner toutes les personnes qu’elle croisait. Tant mieux. Et dans ce cas là, c’était Aymeric. Ca lui en boucherait peut-être un coin. Il ne l’aurait sûrement pas imaginée comme ça. Mais l’habit ne faisait pas le moine.

- Je ne sais pas quoi faire, je suis complètement perdue.

Dit-elle en soupirant. Puis remarquant qu’ils arrivaient presque à destination, elle s’empressa d’ajouter :

- C’est la prochaine à gauche, et on y sera.

Ca y’est, elle arriverait dans son chez elle, où elle pourrait désormais vaguer à ses occupations, même si ses pensées seraient toujours fixées au même endroit.