Les retrouvailles entre deux complices [Terminé]

Non, elle n’en croyait absolument pas ses oreilles. Caroline était complétement abasourdie à cette nouvelle quand sa mère la lui annonça : sa cousine éloignée, Jordan, venait tout juste de débarquer, ici à New York, chez son père et de ce fait, elle sera ici de manière permanente. Ni une, ni deux, Caroline n’allait pas se faire prier : elle allait accourir jusqu’à le cousin de sa mère, Will, pour accueillir Jordan, telle qu’on devrait l’accueillir. Mais surtout, oui, Caroline devait voir ça de ses propres yeux. Cette nouvelle l’enchantait. Vraiment ! Il n’y avait rien de mieux pour la rendre heureuse à un moment pareil.

En empruntant les rues New Yorkaises, ainsi que les métros, Caroline était déterminée à s’incruster. Et comment ! Cependant, la jeune adolescente s’était demandée pourquoi on ne lui avait pas dit toute cette histoire plus tôt : pourquoi personne lui avait prévenue que sa cousine chérie allait débarquer ici de manière permanente. C’était quoi ce souci ? On avait peur qu’elle devienne une petite chieuse impatiente ? Possible. Ou est-ce qu’il y avait un petit souci quelque part qu’on négligerait à le lui avouer ? Qu’importait puisque désormais, elle était en route pour la retrouver afin de l’accueillir comme il se le devait.

L’adolescente arriva enfin à destination devant l’immeuble. Elle entra à l’intérieur limite en courant, et emprunta alors les escaliers afin de monter les étages. Bientôt arrivé, dans sa course, voilà qu’involontairement elle bouscula une personne.

Oh, excusez-moi ! Je suis navrée !

Caroline se retourna alors pour dévisager la personne qu’elle avait bousculée. Qui savait si ce n’était pas une vieille personne ou quoi, si elle avait pu faire mal involontairement car ce n’était absolument pas son intention. Mais ce qu’elle découvrit pouvait être tout à fait déconcertant parce qu’elle venait tout simplement bousculer un beau gosse, ce qui lui fit un effet sourire colgate à ses lèvres. Bon heureusement, il ne le prit pas mal ! Caroline le laissa continuer sa route mais le sourire qu’elle avait aux lèvres ne la quitta pas.

Pas mal… lâcha-t-elle à elle-même. En plus, il a un joli petit cul !

Cela dit, Caroline n’était pas là pour ça mais avant tout pour autre chose, et c’était derrière cette porte qui n’était même pas à un mètre d’elle. Positionnée devant, la jeune adolescente appuya alors sur la sonnette pour manifester sa présence. D’ailleurs, elle n’appuya pas qu’une fois, il fallut qu’elle appuie plusieurs fois d’une manière à ce qu’elle fasse une jolie mélodie entraînante dans le genre « vive le vent, vive le vent d’hiver…. Mais ce n’est que moi ! ».

En attendant patiemment que la porte s’ouvre sur une quelconque personne, Caroline aurait sans doute dû se dire qu’elle aurait dû téléphoner avant de se précipiter ici, tête la première, mais c’était elle tout crachée. Son oncle – qu’elle considérait comme tel – et sa cousine étaient peut-être partis se promener, sauf si on avait appelé son oncle pour le travail, ce qui était bien plausible. La porte s’ouvrant, Caroline pouvait s’attendre à voir un grand baraqué - pour ne pas dire qu’il faisait le double de sa taille - mais non, en face d’elle, Caroline ne rêvait pas.

Jordan ? C’est bien toi ?

C’était bien elle qui se présentait face à elle ! Certes, dans un état pas spécialement des plus réveillés mais c’était bien Jordan. Heureuse, sans crier gare, Caroline sauta dans ses bras.

Aaaaaaaahhhhhhhh ! Tu es là ! cria-t-elle.

Et oui, on pouvait bien le voir, Caroline ne lui laissait même pas réaliser l’attaque qu’elle venait d’effectuer. Elle se détacha un peu plus d’elle pour que sa cousine respire. Oui, Caroline était en train de se ressaisir.

Ah, je suis tellement contente de te voir ! Tu ne peux pas savoir ! Quand ma mère m’a annoncé la nouvelle, je ne voulais pas y croire qu’il fallait absolument que je vois ça de mes propres yeux ! Comment est-ce possible tout ça ? Pourquoi on ne m’a pas mis au courant plus tôt ? En tout cas, c’est une belle surprise ! Hanlala, j’n’en reviens toujours pas !

Un vrai moulin à paroles, une vraie pipelette ! Caroline ne pouvait pas contenir sa joie. Elle se pinça la lèvre inférieure, réalisant qu’elle avait été trop loin, sûrement. Elle plissa deux secondes sa jupe en jean, puis passa une mèche de cheveux derrière son oreille avant de continuer avec un grand sourire :

Désolée, je me suis emportée !

Parce que rien de voir la tête de Jordan et de la manière dont elle était habillée, elle venait sans aucun doute de se lever.

Ah, que ça me fait plaisir de te voir ! reprit-elle.

Quelle véritable joie de la trouver là ! En plus de la voir que pendant les vacances, il n’y aurait plus cette sensation lorsque les derniers jours s’approchaient. Il n’y avait plus ces textos qui s’interposaient. C’était vrai : lorsqu’elles étaient en même temps en vacances chez les grands-mères, ce n’était plus du tout ennuyeux et la fête était bien plus folle. Sauf quand il y avait Steve qui gâchait un peu tout ça mais c’était le rôle d’un frère après tout. Bon, à part ça, Caroline avait un super frère.

Oh, ce n’est pas grave ! Maintenant que je suis là, que je le sais, et que … tu es là ! On ne peut pas rêver de mieux ! Surtout que j’ai plein de choses à te raconter. Tu as fait bon voyage ?

Bon, la Caroline allait calmer sa joie, mais bon, on n’allait pas lui en vouloir d’exprimer sa joie. La jeune adolescente suivit alors sa cousine jusqu’à la cuisine pour ainsi dire continuer à discuter.

Et ton père… ?

A jeter un coup d’œil, enfin surtout à entendre l’eau qui coulait dans la salle de bain, elle ne pouvait que deviner que son oncle Will était sous la douche. Bon, ça attendra pour le saluer. Enfin qu’il prenne bien son temps, excepté s’il avait entendu son arrivée express et qu’il finisse sa douche en mode ninja.

En tout cas, Caroline en profita pour s’asseoir sur une chaise de la table de la cuisine. Dans pas longtemps, elle aurait le résumé de ce qui pouvait la faire venir vivre ici, soudainement. Tout en sachant qu’elle avait des problèmes de famille – comme tout le monde – pouvait être la première raison plausible ou comme une envie de faire ses études à New York… Oui mais non ! En gros, sa mère avait préféré l’argent à sa fille dans l’histoire.

Ce n’est pas possible ! pesta d’un coup la jeune Caroline. On dit que l’amour est aveugle mais l’argent le rend tout aussi.

Comment pouvait-on négliger son amour pour sa fille ? Ca, Caroline avait du mal à le comprendre. Bon, les soucis d’argent, par contre ça, si ! Vivant avec un père qui vivait de pêche et une mère dans le secrétariat, la famille Baker ne roulait pas sur l’Or. Cependant, ça ne les empêchait pas de vivre heureux et dans l’amour. Jamais sa mère ne l’abandonnerait. Ni son père. En tout cas, c’était bien une chose qui la mettrait en colère.

Heureusement que Will est là.

Bon, à savoir s’il était au courant de tous les détails l’étonnerait mais Caroline serait muette comme une tombe parce que, même si elle était un bavarde, ce n’était pas à elle de s’expliquer. Et de cette triste histoire, le meilleur était que sa cousine soit là et qu'elle pouvait profiter d'elle. Cela dit, apparemment, elles seraient dans la même école.

Oh, c’est trop super ça ! s’excita-t-elle. Bon, tu vas voir, c’est génial, enfin bon, ça reste quand même un lycée normal ! Et puis, excepté l’uniforme au début où on a du mal à s’habituer mais on s’habitue très très vite, tu verras et ce n’est pas le plus important ! Je sais tout ce qu’il se passe, tous les petits potins. Les gens sont fous ! Et puis il faut dire qu’il y a quand même de sacrés beaux garçons dans le lot ! Surtout un, il a des yeux à croquer et à tomber par terre ! Tu verras avec moi, tu ne seras pas perdue ! Et ceci dit, j'espère qu'on sera dans la même classe ! Ca serait vraiment bien !

Bon, même si Caroline pouvait sembler bavarde, elle savait faire deux choses en même temps : parler et suivre le cours ! Même si certains profs ne l'entendaient pas de cette oreille.

Caroline pouvait imaginer, oui. Quoique, elle n’avait jamais réellement eu l’occasion de prendre l’avion pour venir jusqu’à New York. Originaire d’une petite ville assez proche de Portland dans le Maine, elle n’avait que 4h à 5h de route en voiture, et d’ailleurs, elle ne venait jamais seule, donc bon. Sa famille avait toujours été très unie.
Ce qui était totalement différent de Jordan malheureusement ! Avec le coup que lui avait fait sa mère, hey, tu parles d’une mère ! Bon, Caroline voulait bien croire que les gens n’étaient pas parfaits mais quand même, parfois, il y avait des réactions qu’on pouvait avoir du mal à comprendre.
Sur ce, c’était parti pour parler potins, rattraper le temps perdu autour d’un thé. Et n’empêche, rattraper le temps perdu oui, mais de se dire qu’elle allait pouvoir créer des souvenirs pendant un bout de temps sans penser qu’il y aurait une fin à cela l’enchantait. Etre dans la même école signifiait se voir tous les jours – ou presque – échanger des expériences, se donner des conseils, beaucoup de choses pour nouer encore et encore des liens, et tout pleins de choses de leur âge.

J’avoue ! Au début, j’ai cru à une blague, que le lycée n’avait pas de goût en question de mode et surtout pour que tu finisses par croire que tu fais un mauvais remake d’Harry Potter – évidemment sans la magie - mais finalement, la petite jupette ne rend pas si mal que ça !

Ca ne ressemblait pas forcément aux uniformes de pompom girl mais bon, comme elle le disait, on finissait par s’habituer ! Et quand elle disait apprécier la jupe, ne pensez pas que la jeune adolescente soit une jeune fille superficielle mais elle adorait tout simplement les vêtements et le shopping. Elle passait pratiquement tout son argent là-dedans en plus de quelques produits cosmétiques comme les vernis, et tout ça.

Et au passage, bien sûr qu’elle savait tous les potins ! Et comment ! Cela ne semblait pas surprendre Jordan. Sur ce sujet, Caroline n’avait absolument pas changé. Caroline récupéra au passage sa tasse de thé : un peu de chaleur ne faisait pas de mal.

Attends ! Et comment ! Tu ne vas pas t’ennuyer crois-moi ! Ca peut paraître strict mais on se croirait facilement dans la série Dallas. Je ne suis dans cette école que depuis septembre mais tu repères déjà tout ce petit monde, tu sais qui sort avec qui, qui trompe qui et encore ! On en voit de toutes les couleurs ! Mais je te dirais tout ça en temps voulu ! En plus, y’a à peine quelques mois, y’a un anglais qui a débarqué ! Il est en dernière année, mais qu’est-ce qu’il est beau ! Je te jure ! Tu ne pourras pas le louper. Certes, il paraît un peu rustre... mais c’est sûrement son côté anglais. Il est sûrement tout mignon tout plein si on le connaît… Quoique… ! Cela dit, il n’a pas le même charme que ton voisin !

Caroline lui sourit.

Je l’ai croisé tout juste avant que j’arrive, continua-t-elle, gardant ce charmant sourire aux lèvres. Oui, elle était véritablement infernale, la Mistinguette. Une chose était certaine, Jordan n’allait pas non plus s’ennuyer et en plus, elle ne devait pas appréhender.

J’imagine mais au moins, tu as moi !

Oui, bon, Caroline pouvait se la péter et tout ça, mais c’était sa manière pour rassurer la belle. Sur ce, sans se rendre compte, elle n’avait pas fait gaffe que l’eau dans la salle de bain ne coulait plus. Will sortit de la salle de bain, tout propre, tout habillé.

Il me semblait bien avoir entendu des voix ! Salut Caroline !

A détourner son attention, Caroline pouvait remarquer que sa présence n’étonnait guère son oncle.

Hey, salut ! salua-t-elle à son tour.

Elle se leva de sa chaise et se dirigea vers Will pour lui faire la bise. Il remarqua qu'il n'y avait pas Steve.

Ah, mais il est avec Papa à la pêche !

Sur ce au passage, Will leur fit part qu’il allait en profiter pour chercher du pain et quelques bricoles, laissant à ces deux filles de profiter de leurs retrouvailles.

On sera sage comme des images ! lâcha Caroline, droit comme un "i", comme un bon matelot, avant que Will s'en aille.

Caroline pencha la tête sur un côté, et regarda sa cousine d’un air suspicieux : genre, le cliché qu’il y avait des pédophiles qui pouvaient nous attendre à la sortie du lycée existait à tous les coins de rue. Quoique, ce n’était pas réellement faux !

Maintenant que tu le dis, j’ai cru en avoir vu un ces derniers temps…

Peut-être que ce type cherchait absolument Jordan, hein ! Mais en tout cas, un sourire s’afficha sur les lèvres de l’adolescente pour montrer qu’elle plaisantait et qu’elle venait tout juste de sortir une grosse connerie. Non, elle ne se moquait absolument pas de Jordan. Absolument pas.

Bon, elle avait beau peut-être la charrier, c’était assez réciproque puisque à son tour, elle commentait son anglais. Elle imitait même l’accent british pour le coup : un mauvais accent selon elle … Enfin qu’importait car cela avait pour effet de la faire éclater de rire.

C’est ça !

Mais quand sa cousine le verra, elle comprendra de qui elle parlait et du pourquoi elle disait cela. Ca, ça ne se faisait aucun doute.

Mais n’empêche, je t’ai pas dit … je rêverais de passer une année en Angleterre. Non parce que c’est son pays d’origine à ce type, hein…

Oui, la jeune adolescente avait de l’ambition. Allez savoir si ce n’était pas l’accent british qui lui donnait cette envie mais Caroline avait envie de partir à l’Etranger, découvrir de nouveaux horizons mais ce n’était pas forcément au plaisir de ses parents qui ne voulaient absolument pas la lâcher dans la nature – et encore moins sur un autre continent – et d’autant plus qu’ils ne pouvaient pas se le permettre, n’ayant pas les moyens. Ce n’était pas une pensée qu’elle sortait à la freestyle mais bien une pensée mûrement réfléchie… Après, qui savait si elle aurait la possibilité d’y aller lorsqu’elle sera majeure mais ça lui semblait tellement si loin.

Malgré cette rêverie placée au milieu comme un cheveu sur la soupe, Caroline était sûrement la seule fille à dériver du bel anglais jusqu’au voisin pour ne pas dire qu’elle passait facilement du coq à l’âne.

Il est p’tête nouveau !

Enfin, sans doute, mais vous voyez Caroline demander à son oncle combien de temps son voisin était là ? Will allait voir rouge. Mauvaise idée ! Cela dit, Jordan lui avait raconté au passage ce qu’ils allaient fait la veille à son arrivée. Le côté japonais ne l’étonnait guère mais pour le film… non plus !

Film ? Dis-moi qu’il ne t’a pas refait le coup d’Indiana Jones !!!

Au final, on connaissait le personnage. Chacun avait une manie, un tic… Comme le fait peut-être de voir que Jordan n’appelait toujours pas son père « Papa ». La vie était déjà assez compliquée ainsi, les relations aussi bien qu’ils étaient loin d’être en conflit. Evidement, Caroline était au courant et il fallait être aveugle pour ne pas voir l’évidence.

Tu crois qu’il va nous faire des pâtes à la carbonara ? lâcha Caroline quand Will fut parti.

Oui, c’était d’un naturel chez la jeune adolescente, pas qu’elle s’imposait mais presque. Et puis il fallait dire comme déjà dit, son père et son frère étaient partis à la pêche. Quant à sa mère, elle avait elle-même son activité de la semaine.

Le fait d’entendre sa cousine dire de « kidnapper » l’anglais et aller en Angleterre comme ça, Caroline ne put s’empêcher d’avoir un sourire débile sur les lèvres. Pour dire vrai, une fois à l’œuvre, lorsqu’elle aura posé le pied sur le continent, elle n’aurait pas un meilleur guide ! Mais il ne fallait pas trop rêver, non plus…

Non mais tu vois ma mère me laisser partir ? finit-elle par lâcher lorsqu’elle redescendit sur terre. Déjà pour Las Vegas, ce n'est pas la peine d'avoir un accord alors imaginer qu'il y aurait un océan entre elle et moi, ce n'est pas possible.

Bref, non, Caroline n’était pas légèrement blasée. Bon, son père ne serait pas sans doute contre mais quant à sa mère, un peu mère-poule. Et ça, ça l’agaçait ! Caroline se résiliait à cette idée d’y aller à cause de ça… sauf si elle arrivait à avoir une bourse qui savait, elle savait qu’elle pourrait obtenir une aide… Pourquoi pas ? Mais connaissant sa mère, elle ne laisserait pas partir sa dernière – et unique – fille. En tout cas, Jordan s’intéressa à cet anglais. C’était sûr de le voir ici, si loin de son pays était peut-être surprenant.

D’après mon enquête de détective, son père serait américain et il serait venu vivre ici. Tout simplement. Ca fait quand même si loin que ça doit bien le dépayser, tout ça !

Et voilà que le coup d’Indiana Jones par Will ne l’étonnait guère ! Franchement, Caroline adorait son oncle mais de là, à remettre régulièrement ce film pouvait être agaçant. Parfois, elle avait l’impression qu’il voulait créer une secte, à convertir à tout le monde à sa religion ! Fallait-il rappeler qu’il fallait changer d’aventurier, parfois ? Comme Batman… Bon, c’était un superhéros, certes…

Non mais sérieusement, il n’a pas bien changé ! Déjà à Noël quand on avait décidé de se faire une soirée film, on a passé trois heures à débattre … Au final, c’est Maman qui a gagné sur Dirty Dancing ! lâcha Caroline fièrement.

Bon, ça restait un vieux film mais au moins, c’était tout un autre genre et les filles avaient gagné. Elles avaient été les plus fortes ! En tout cas, Jordan s’étonnait de voir Will cuisinier.

Oh oui ! Ca lui arrive bien sûr de faire la cuisine ! C’est même lui qui nous a fait la dinde de Thanksgiving !

Mais comme son oncle passait la plupart de son temps à la caserne plus que chez lui, normal qu’il faisait peu de courses et qu’il ne semblait pas être un amateur de cuisine.

Maintenant que t’es là, ça va p’tête changer, les placards seront peut-être régulièrement rempli … Quand Steve et moi avons passé une semaine ici, on avait eu aussi la chouette surprise de trouver les placards vides mais ça s’est très vite arrangé…  Et j’ai adoré la fois où il nous avait fait ses pâtes … Ah c’était bien bon … En fait, tout simplement, j’ai envie de pâtes !

Oh, marchander sa mère, à voir si Caroline n’en serait pas capable mais au bout de deux jours, elle se mettrait à lui passer un coup de fil. Quand ses parents avaient pu prendre un weekend tous les deux en amoureux, pour dire, sa mère lui avait manqué et qu’elle lui avait sauté dans les bras en arrivant, si on ne parlait pas qu’elle l’avait harcelée de textos tout le weekend !

Cela dit, dans sa tête, elle en parlerait à Will ou même à sa tante, quelqu’un proche de sa mère et qui aurait de l’influence, pour que son projet puisse se réaliser…  Enfin, elle verrait comment ça se passera mais dans le pire des cas, elle serait bien obligée de se plier aux règles… Malheureusement ! Pas que Caroline était du genre très obéissante. En grande partie, oui, bien entendu mais… il y avait toujours un peu d’égarement.

Caroline ne put s’empêcher de faire une petite moue dans le genre : « mais tu continues à te moquer de moi, hein ? ». Non mais ça suffisait ! Oui, bon, Caroline était un peu commère et très curieuse dans son genre mais elle avait le droit de se nommer détective, étant toujours à la pêche de l’information. Si un jour, elle devenait flic, ça ne sera sans doute pas étonnant, au final.

Oh, ne t’en fais pas ! Tu me connais, je suis pleine de ressources !

C’était sûr, elle lui montrerait les joies de l’Amérique, peut-être que le rendra moins rustre à ce bonhomme… Hum, à imaginer la débauche avec ce gaillard, oh, Caroline ne dirait pas non ! Ca la laisserait bien rêveuse là à essayer d’imaginer ce qu’il avait en-dessous de ses vêtements. Oh certaines avaient eu cette chance là au lycée. Pour elle, ça resterait sans doute qu'un fantasme.

Caroline raconta alors les prestigieux talents culinaires du daron, ce qui semblait un peu surprendre sa cousine.

J’aurais mes pâtes ! lâcha-t-elle déterminée dans un sourire.

Oui, bon, elle s’excitait un peu comme un rien, puis se ressaisit, devenant un peu plus sérieuse.

Je suis bien heureuse de te retrouver ! confie-t-elle. Vraiment, c’est le top. Ca m’avait manqué tout ça…

En cette matinée, il s’était levé assez tôt. A vrai dire, l’habitude en même temps… Cela dit, il avait pu vaguement prendre le temps de prévenir Agathe au téléphone des nouvelles, soit l’arrivée de Jordan… Will imaginait déjà comment la nouvelle pouvait vite faire le tour mais il n’imaginait pas à quelle point ça irait vite. Enfin il ne s’était pas rendu compte lorsqu’il avait décidé de prendre une douche mais dès qu’il en sortit, qu’il n’avait pas été d’entendre des voix et surtout celle de Caroline. Sa présence ne l’étonnait guère. Même si elles se voyaient peu, les deux gamines avaient un réel lien, une telle complicité, et ça se voyait ! Will en était plutôt fier qu’elles s’entendent à merveille.

Cela dit, vu comme elles venaient de se retrouver, il prit le temps de s’éclipser un temps pour du pain et quelques broutilles car il avait remarqué ce matin qu’un tuyau dans la cuisine fuyait légèrement, et comme il y avait la boulangerie et un magasin de bricolage au coin de la rue, il en profita alors.

Sur ce, quand il revint à l’appartement, il ne s’attendait pas forcément un tel accueil ! Une agression même ! Ou pas, mais les voyant bien complices… Non, il ne valait p’tête pas mieux chercher à comprendre le délire.

Que dois-je en déduire ? lâcha-t-il avec le sourire.

Il déposa ses courses sur le plan de travail de la cuisine.

Ca vous dit qu’on sort ? On va manger vos pâtes et après courses ?

Il regarda bien sûr Caroline parce que dans le lot, il l’invitait, évidemment. Cela ne le dérangeait absolument pas puisqu’il appréciait beaucoup Caroline. Cette dernière d'ailleurs jeta un coup d'oeil vis-à-vis de Jordan, comme si elle pouvait comprendre ce que cela pouvait signifier, dans le genre "j'ai gagné le pari ! j'avais raison"

Des retrouvailles comme celles-ci, Caroline en voulait tous les jours, parce que là, à rire comme cela, comme deux bons enfants, tout cela n’avait pas prix et elle n’échangera cela pour rien au monde… Et voilà que lorsqu’elles entendirent l’arrivée de Will, ni une ni deux, comme il n’en fallait peu pour qu’elles se comprennent l’une et l’autre, elle crièrent à l’unisson « Des pâtes ! Des pâtes !! ». Il fallait bien croire que c’était le mot du genre parce que depuis tout à l’heure, Caroline faisait effectivement une fixette dessus à mettre le mot « pâtes » le plus souvent sur le tapis.

Sur ce, après ce délire, son oncle Will accueillit cette idée à bras ouvert qu’il proposait même de sortir pour manger un bout en ville avant de faire les courses. Dans le « vous » et le « on », cela signifiait que Caroline était dans le coup. Elle lança un regard à Jordan en disant « qu’est-ce que je t’avais dit ? J’ai réussi à m’incruster ! »… Enfin, bon, ce n’était pas comme si Will était du genre à la jeter dehors comme du poisson pourri, non plus…

Cela dit, laissant Jordan se préparer tout en passant à la douche, Caroline en profita pour discuter un peu de tout et de rien avec son oncle jusqu’à ce que Jordan finit par être prête à partir, et ni une ni deux, c’était parti à l’extérieur pour manger des pâtes. Si on voulait une aventure d’Indiana Jones, c’était de cette manière-là qu’il fallait la concevoir ! D'ailleurs, Caroline ne s'en gênait pas en faire une critique à son oncle...

Les pâtes, c'est le Graal !

Et puis, c'est tout !