Un monstre sous le lit... [Terminé]

Les semaines avaient défilés, Naëlle ne les avaient pas vu passer. En même temps, avec les contrôles de fin de trimestre, les vacances de fin d’année, les baby-sittings et les sorties. Et là, on était déjà au mois de février, avec un sujet qui commençait à faire son apparition sur les bouches. Autant dire que ça n’allait pas tarder à être le principal entre les murs du lycée : la St Valentin. Pour une raison inconnue, Naëlle y prêtait beaucoup plus d’intérêt que d’ordinaire. Même si elle tentait de se convaincre du contraire et qu’elle restait discrète sur le sujet.

Enfin si, elle savait pourquoi cette année elle y songeait à cette fête des amoureux. Le responsable répondait à nom de Connor Montgomery. Les deux lycéens sortaient – plus ou moins - ensemble depuis quelques semaines mais rien de sérieux. Cependant, la métisse ne pouvait pas s’empêcher de rêver comme toutes les jeunes femmes de son âge, surtout à l’approche de cette fête. Mais elle savait qu’il ne fallait pas prendre ses rêves pour la réalité. Il fallait qu’elle se concentre sur ses études, sans trop se disperser.

Quoi qu’il en soit, Naëlle s’enferma dans sa chambre après les cours et fit ses devoirs avec de la musique en bruit de fond. Pas trop forte, histoire de ne pas se déconcentrer et de ne pas se mettre à danser. Une fois qu’elle eut terminé, elle se fit à diner pour elle seule. En rentrant, elle avait eu la surprise de lire qu’il n’y aurait personne d’autre qu’elle, ce soir.

Avant de filer sous la douche, elle remplit les gamelles des chats. Naé avait laissé Dunvel sur son lit –Môssieur avait pris ses aises et donnait l’impression d’être un pacha - tandis que le second était sur le canapé.

Une fois en pyjama, Naëlle regagna sa chambre pour y regarder la télévision. Après avoir zappée plusieurs minutes, elle hésitait entre plusieurs films ou se faire une soirée dvd. Mais là encore, elle se retrouva face à un dilemme : lequel choisir ? Et elle avait également la possibilité d’en regarder un second si elle n’était pas trop fatiguée.

Elle était sur le point de sortir de son lit pour aller regarder les films entreposés dans le salon, quand elle entendit des bruits étranges dans l’appartement. Naé respira plusieurs fois pour faire disparaître la panique qui l’avait envahi suite à cela. Elle n’avait pas totalement repris ses esprits qu’elle entendit à nouveau ces mêmes bruits. Cette fois, même Dunvel réagit, en crachant avant de disparaître sous le lit.

- AAAAAAAAAAAHHH !

Elle avait poussé un cri sans s’en rendre compte, et c’était probablement son cri qui avait effrayé son chat. Naëlle s’empara de son portable avant de – presque – sauter sur son lit. Et elle envoya un sms à Connor, c’était plus facile d’écrire un message avec des doigts tremblants que de parler au téléphone.


La lycéenne n’avait pas voulu paraitre pour une trouillarde en disant qu’elle était effrayée par les bruits. Comme elle n’avait pas compris que son message pouvait être interprété autrement.

Quand elle reçut le message de confirmation de Connor, Naé fut soulagée. Elle n’allait plus être toute seule chez elle. Elle se décida à redescendre une nouvelle fois de sur son lit pour aller à la pèche au matou peureux. Quand elle eut récupéré Dunvel, elle lui caressa la tête entre les deux oreilles, jusqu’à l’entendre ronronner.

Elle finit par se lever pour fermer son volet. Se dirigeant vers la fenêtre, elle fit la grimace. Elle portait son pyjama Bob l’éponge, alors que son amoureux allait arriver dans quelques minutes. Naëlle fut tentée d’aller fouiller dans les tiroirs de sa sœur ainée mais ne prit pas le risque. Elle fouilla dans ses placards. Elle finit par y dénicher un caraco avec de la dentelle au niveau de la poitrine et un shorty dans les mêmes tons.

*Ma vieille, il faut que tu penses à investir dans des pyjamas un peu plus féminin !* pensa-t-elle avant d’ajouter tout aussi silencieusement *Pour les situations comme celle-ci*.

Comment aurait-elle pu savoir ce qu’il fallait faire ou non dans ce genre de situation ? Connor était son premier petit-copain, elle était encore qu’au stade de la découverte sur certain point. Et autant dire, qu’elle avait conscience que l’un d’eux devenait de plus en plus dur à supporter pour le jeune homme. Pour l’instant, il continuait à accepter la situation mais si elle tardait trop, elle avait peur qu’il aille voir ailleurs si l’herbe était plus verte. Même si elle se disait à chaque fois « Allez, cette fois c’est la bonne ! » quand ils se retrouvaient en tête à tête chez lui, à chaque fois et bien, elle prenait peur et elle se sentait paralysée par son inexpérience et le nombre de conquête de Connor. Certes, elle ne savait pas combien il en avait eu (et ce n’était pas plus mal, d’ailleurs) mais elle ne pouvait s’empêcher de les compter par centaine. Du moins, une bonne partie d’entre elles vivaient sur un autre continent.

La jeune se déshabilla pour pouvoir enfiler les habits qu’elle avait trouvés à la dernière minute. Elle était en caraco et shorty quand il sonna à l’interphone. Elle passa à nouveau son pyjama avant qu’il ne toque à la porte. Elle était en train de descendre son haut quand il le fit mais elle ne bondit pas sur la clenche. Non, elle passa ses mains dans ses cheveux pour se maitriser. A moins que ça ne soit pour maitriser les battements de son cœur.  

C’était une chose de se retrouver toute seule, dans l’univers de Connor et de son appartement. Mais c’en était une toute autre de se retrouver dans la même situation dans l’appartement familiale avec son chéri.

Naëlle finit donc par lui ouvrir mais elle fut horrifiée par son comportement. A moins que ça ne soit de se retrouver toute seule, avec pour seule défense deux chats qui fileraient sous le lit à la moindre terreur. Et certainement, elle avec eux.

Sans réfléchir, elle s’élança derrière lui pour lui saisir la main :

- Connor, s’il te plait ! dit-elle comme une supplique.

Certes, elle ne voulait pas qu’il sache qu’elle avait la trouille de dormir toute seule dans l’appartement vide. Surtout que ça n’était pas la première fois. Elle était sur le point de lui dire la vérité, après tout, c’était peut-être ce qu’elle aurait dû faire depuis le départ.

Elle tira sur sa main pour lui faire faire un pas un arrière. Autant dire, qu’elle aurait pu tenter de pousser la statue de la Liberté, que ça aurait eu exactement le même effet. Naëlle finit par lui lâcher la main et faire un pas vers la porte d’entrée. Il n’y avait pas à dire, il faisait froid sur le palier.

- C’est bête pour toi ! Tu ne découvriras pas ce qu’il se cache derrière Bob l’éponge, finit-elle par lui dire. Mais merci d’avoir fait le déplacement. Bonne nuit, Connor ! Fais de beaux rêves.

La lycéenne avait eu envie de lui dire, qu’il allait retrouver un lit froid et sans personne qui l’attendait. Alors qu’il aurait pu rester ici, avec elle. Mais elle s’en abstint. Surtout qu’elle ne savait pas s’il allait revenir sur ses pas.

A l’aide de sa main, elle toucha le battant de la porte pour le fermer. Elle n’avait pas donné un coup fort, juste pour lui faire croire. Il n’aurait plus à la pousser et la refermer derrière lui s’il désirait rester.

Ne sachant pas trop comment réagir, elle commençait à se demander si elle n’avait pas fait une erreur. Elle aurait peut-être dû envoyer un sms à Jo ou Suzan pour que l’une d’elle vienne lui tenir compagnie. Voir, les deux afin de passer une soirée entre filles, comme elles aimaient le faire de temps à autre. Néanmoins, elle ne pouvait pas se plaindre vu que c’était elle qui l’avait cherchée. Une jeune femme qui est normalement constituée, aurait enfilé un déshabillé, une tenue plus sexy, pour accueillir son amoureux.

Ceci dit, il fallait reconnaitre qu’elle ne comprenait pas sa réaction. Ce n’était pas comme si elle ne lui avait jamais dit, qu’elle avait des pyjamas affriolants ou autres. D’ailleurs à chaque fois qu’elle allait dormir chez lui, elle dormait dans une de ses chemises. En même temps, elle s’était toujours arrangée pour oublier ledit pyjama pour ne pas se retrouver dans ce genre de situation.

Néanmoins, elle gagna une petite victoire parce qu’il finit par entrer dans l’appartement. Même si elle était déçue que ce soit plus pour savoir ce que lui cachait Bob l’éponge, que pour elle. La métisse grimaça en entendant les paroles de son copain. Si elle n’avait pas encore compris que la situation lui était de plus en plus pesante, c’était qu’elle était stupide et idiote.

- Connor, commença-t-elle par dire mais elle ne termina pas phrase, parce qu’elle n’avait pas les mots, ni les arguments.

De toute façon, que pouvait-elle dire pour désamorcer la situation ? Elle ne le savait pas. Elle pourrait faire quelque chose mais elle savait que ça ne changerait pas grand-chose, si elle acceptait juste pour lui faire plaisir ou ne pas le voir quitter l’appartement. En même temps, il valait mieux qu’elle tienne sa langue parce qu’elle risquerait de le regretter par la suite.

La lycéenne finit par lever les yeux au ciel avant de tourner les talons. Premièrement, s’il voulait regarder d’un peu plus près ça serait à lui de venir voir. Deuxièmement, elle savait qu’il était inutile de discuter quand il était dans cet état. Troisièmement, il fallait qu’elle s’occupe si elle ne voulait pas avoir un comportement déraisonnable.

- Choisis un dvd, ils sont dans le salon ! Pendant ce temps, je vais faire du pop-corn ! Réussit-elle à articuler.

Joignant les gestes à la parole, Naëlle se rendit à la cuisine pour faire du pop-corn. Elle sortit en sachet du placard et le fourra dans le micro-onde. Pendant que les grains de maïs éclataient joyeusement, la jeune femme sortit un saladier pour pouvoir le verser dedans avant d’aller dans sa chambre.

Elle fit un détour par la pièce où elle avait laissé le jeune homme. Elle l’observa quelques instants, sans rien dire mais elle finit par prendre la parole :

- Quand tu auras choisi, viens me retrouver dans ma chambre ! Elle tourna pour aller dans la pièce annoncée, mais elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Je serai la fille au pop-corn sur le lit, un sourire se dessina sur ses lèvres. Enfin, c’est si tu veux me dire bonsoir convenablement !

Elle se mit presque à courir pour aller dans sa chambre. Autant éviter de se faire coincer par Connor contre un mur, et aussi éviter que l’un des habitants actuellement absent ne revienne de sa soirée plus tôt que prévu. La demoiselle s’assit sur son lit, posant son saladier à un endroit où il ne tomberait pas et à l’abri de son chat.

Elle se mit à caresser l’animal mais elle n’était pas vraiment tranquillisée pour autant.

- Dunvel, tu crois qu’il est parti ?

« Miaouu » ! Répondit le chat de la jeune femme.

- Ouais, tu ne m’aides pas vraiment ! Râla-t-elle.

Connaissant le jeune homme, elle ne s’attendait pas à le voir débarquer aussi vite dans la chambre. Peut-être que la prochaine fois, elle lui demanderait de lui lire un bouquin. Disons qu’elle avait plus ou moins une petite idée sur la question. Il lui faudrait un roman sentimental de la belle-mère de Suzan, elle mettrait des marques post-it pour marquer les pages qu’elle avait en tête. Les passages en question seraient les scènes d’amours détaillés. Cela dit, il y avait de forte chance que ce soit elle la plus mal à l’aise des deux. Elle le savait pour avoir emprunté quelques mois auparavant quelques livres de la fameuse collection. Dommage qu’elle les lui avait rendus parce qu’elle aurait pu mettre cette idée en pratique dès ce soir.

Elle était sur le point de rouspéter quand Dunvel se prit le dvd sur le coin de la gueule. Un vrai homme de Cro-Magnon ce Connor. Il ne lui manquait plus que la peau de bête et le tour serait joué. Peut-être qu’il était un descendant de la famille Pierrafeu. Quoi qu’il en soit, elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit parce que Connor l’embrassa, comme elle lui avait fait la remarque avant de venir ici. Par réflexe, la jeune femme passa ses bras autour de son cou.

- Oui, d’autant plus que j’en rêvais depuis ce matin ! lui confessa-t-elle.

Comme leur relation n’était pas officielle, il n’était pas facile de se retrouver au sein du lycée pour passer un peu de temps ensemble. Dans un sens ce n’était pas plus mal, parce qu’ils n’avaient pas les mêmes horaires et qu’ils ne fréquentaient pas les mêmes personnes. Mais parfois, c’était pesant de juste se croiser dans le couloir, sachant qu’il lui faudrait attendre la fin de la journée pour avoir quelques minutes avec lui. Et ça leur évitait également de se retrouver dans une situation telle que celle-ci.

Connor était prêt pour passer à l’étape suivante, pas Naëlle. Disons, qu’elle avait compris qu’elle avait beaucoup plus à perdre que son innocence. Pourtant, même si elle avait mis des mots pour ses sentiments pour lui, elle n’était pas prête à les prononcer parce qu’ils le feraient fuir.

Elle se laissa guider par les gestes de Connor. Tout comme elle replia une jambe quand il fut allongé sur elle. La métisse ne saurait dire pourquoi, mais elle aimait bien sentir le poids de l’Anglais peser sur elle. Enfin bref, il ne fallait pas chercher puisqu’il s’agissait de Naëlle et pas d’une autre personne.

Comme à chaque fois qu’il l’embrassait dans le cou, le cœur de la jeune femme commença à s’emballer. Ce qui pouvait expliquer qu’elle ferme les yeux, histoire de calmer ses battements. Autant dire qu’elle n’osait pas imaginer les réactions de muscle cardiaque dans d’autres situations.

- Pour le savoir, il va falloir que tu me déshabilles ! répondit-elle à l’interrogation de son amoureux. Mais tu risques d’être déçu, préféra-t-elle le prévenir.

Elle souhaitait qu’il ait conscience que ça ne serait pas quelque chose de folichon. Elle avait mis ce qui était le plus potable et d’à peu près sexy dans son armoire. Et vu la réaction face à son pyjama autant l’avertir.

- Et n’oublie pas que ce je suis frileuse et que je vais avoir froid, dit-elle à Connor. Tu veux peut être que je te donne un pantalon de pyjama de mon frère ?

Elle avait glissé ses doigts dans la chevelure brune du jeune homme. Tout comme elle continuait à lui tendre ses lèvres. La demoiselle décida de descendre ses mains lentement dans le dos de Connor, afin de tirer sur sa chemise coincée dans son pantalon. Ensuite, elle glissa ses mains pour qu’elle se retrouve au contact de sa peau.

Elle savait qu’elle n’aurait pas dû faire cette proposition à Connor. Ca reviendrait une nouvelle fois à jeter de l’huile sur le feu. Elle avait beau sentir que ses craintes fondaient comme glace au soleil, toujours un peu plus à chaque fois qu’elle se retrouvait dans ses bras. Il ne fallait pas croire qu’elle restait insensible à ses baisers, à ses caresses. D’ailleurs, ils allaient toujours en plus loin à chaque fois. Connor aussi devait bien se douter que les défenses de Naëlle s’amenuisaient petit à petit.

Notamment ses petits coups de bassin. Apparemment il n’en était pas conscience mais Naëlle les ressentait. Normal, vu qu’ils éveillaient quelque chose d’inconnu. L’expression la plus connue était avoir des papillons dans le bas ventre, quand ça n’était pas des frissons mais qui n’avait rien à voir avec la température de la pièce. Autant dire, qu’elle n’en avait parlé à personne.

Pour l’instant, elle pouvait se permettre cet interlude amoureux. Ce n’était pas trop risqué pour elle. Connor n’était pas à sa première fois qu’il la déshabillait, que ce soit à sa demande ou à de sa propre initiative.

Repensant aux paroles qu’elle avait utilisées, elle se mordit la lèvre inférieure. Oui, elle n’avait pas pensé au fait qu’il pourrait aller beaucoup plus loin, comme ignorer shorty et caraco quand il virerait son pyjama. Là, elle pourrait se retrouver en très mauvaise posture. Néanmoins, il savait ce qu’elle était capable de supporter ou non, mais parfois il fallait bousculer les habitudes pour en obtenir un peu plus. Cela dit, il joua le jeu.

Il s’occupa du bas de pyjama en premier. Naé ferma les yeux quand il déposa un baiser sur son ventre. La surprise provoquée par ce geste, fit qu’elle en oublia de respirer. Elle se redressa un peu, les jambes toujours enroulées autour de sa taille, pour lui faciliter les choses quand il passa au haut.

Elle faillit se mettre à rire quand le chat fut à nouveau agressé par son amoureux. Pauvre Dunvel, il n’allait pas se remettre de sa rencontre avec Connor. Si seulement il avait l’idée d’aller se mettre sur son coussin au lieu de vouloir faire des câlins et des ronrons avec le jeune homme. C’était presque à croire qu’il voulait faire comme sa maitresse, et montrer qu’il était là également.

- La prochaine fois, je mettrai une grenouillère en plus ! l’informa-t-elle.

Oui, il devait encore exister des pyjamas à la Charles Ingalls mais remis à la mode d’aujourd’hui. Ou alors, pourquoi pas les culottes à froufrou porté par les femmes dansant le french cancan.

Elle voulait également dire par là, qu’elle aurait une couche supplémentaire avant qu’il ne parvienne à ses fins. Maintenant, il se pouvait qu’elle le mette en application une fois qu’elle aurait croqué le fruit défendu. Enfin façon de parler.

Quand il parla de l’acheter dans cette tenue, elle ne put retenir son rire. Elle avait l’impression d’être à vendre sur le marché comme du bétail.

- Tu testes la marchandise avant d’acheter ? Demanda-t-elle amusée. Ca peut te donner une petite idée de cadeau de St Valentin, ajouta-t-elle, cette phrase était sortie sans même y songer.

Cela dit, il faut dire quand elle sentit son aplomb, ou du moins le peu qu’elle avait reflué quand elle comprit le sous-entendu. Ce n’était pas le premier fois qu’il le faisait et un jour ou l’autre, et bien, il arriverait ce qu’il devrait arriver.

- Ca veut dire que tu vas me servir de radia… euh, je veux que tu vas me tenir chaud cette nuit ?

Elle s’était reprise juste à temps. Elle avait failli lui demander s’il voulait bien lui servir de radiateur pour la nuit. Ce n’était pas vraiment un compliment, mais elle avait toujours un peu plus dans ses bras. Pour tenter de lui faire oublier ses paroles maladroites, elle fit ce qu’elle put mais il était certain qu’il les avait enregistrées. Comme il était encore habillé, Naé glissa à nouveau ses mains sous sa chemise. Cette fois, elle les fit glisser vers la ceinture de pantalon pour tenter d’atteindre ses fesses. Certes elle n’irait pas loin, que le vêtement était boutonné mais elle espérait que ça pourrait détourner ses pensées quelques instants.

Encore une fois, sa bouche débitait des paroles avant même que son cerveau ait réfléchies. Autant dire qu’elle n’avait aucunement conscience de leur porter, ni de l’interprétation que pourrait en faire Connor. Il ne fallait pas oublier qu’elle était novice en la matière. Autrement dit, elle apprenait sur le tas et de ses erreurs. Pourtant, même si ce n’était que la stricte vérité, Naé savait qu’elle ne pourrait pas se cacher éternellement derrière son inexpérience.

La lycéenne fut surprise de l’entendre répliquer qu’il voulait son cadeau en avance. Pourquoi avait-elle songé qu’il aurait une toute autre réaction ? Peut-être qu’elle ne le connaissait pas aussi bien qu’elle ne le pensait réellement. Cela dit, il y avait quelque chose qui la chiffonnait parce qu’elle avait effectivement pensé à lui en offrir un, mais elle avait oublié si elle l’avait déjà acheté ou pas. Et si oui, où il se trouvait.

Cette pensée s’évanouie à la vue de son torse. Il n’y avait pas à dire : Connor était à tomber. Il avait sa place dans les romans à l’eau de rose de la belle-mère de Suzan. Il avait tout du guerrier Highlander, la carrure et le charisme. Il pouvait se montrer prédateur pour fondre sur sa proie mais également tendre quand il s’agissait de ne pas l’effrayer. Même devant tous ses refus. Néanmoins, Naé ne savait pas s’il serait encore patient et s’il allait revêtir ses peintures de guerre pour y parvenir.

La respiration de Naëlle se fit plus difficile. Son sang était en train de tambouriner à ses tempes. Son cerveau était de plus en plus ramolli, un peu en l’état de guimauve. Elle se mit à trembler quand il referma ses lèvres sur l’un de ses seins. Cette fois, ce fut elle qui donna un coup de reins tout en se cramponnant à sa crinière.

Une sonnette d’alarme qu’elle seule pouvait entendre se manifesta, mais elle était très faible. Elle recouvra ses esprits, du moins une bonne partie, quand le bruit se fit à nouveau entendre.

- Le téléphone, finit-elle par articuler dans un premier temps. Je dois répondre !

Elle tenta de se soustraire à l’étreinte de Connor mais ce ne fut pas facile. Déjà parce que son corps était en train de jouer les traitres et qu’il en demandait plus. Après, parce qu’elle ne devait pas montrer qu’il s’agissait d’un piteux mensonge.

- Si je ne vais pas répondre, soit ça va insister, soit la personne va appeler les flics !

La demoiselle réussit à se lever mais une fois sur ses jambes, elle commença à tanguer. Elle avait l’impression d’être complétement ivre. Elle fut obligée de se tenir à quelque chose pour  ne pas s’écrouler. Puis quand elle fut plus ou moins stable, elle quitta la chambre sans un regard en arrière parce qu’elle ne voulait pas découvrir le visage de son amoureux.

Une fois dans la cuisine, elle fit style de prendre le combiné et de parler à un interlocuteur imaginaire. Autant donner le change. Puis, l’adolescente prit appui sur ses deux mains, près de l’évier. Il lui fallait prendre quelques minutes avant de retourner dans sa chambre. Elle devait retrouver contenance pour s’expliquer avec lui.

Elle savait qu’il fallait qu’elle retourne dans sa chambre, mais pas de suite. Elle ne pouvait pas, c’était encore trop tôt. Naé ouvrit le robinet afin de laisser couler un peu l’eau avant d’aller prendre un verre pour le remplir. Elle avala quelques gorgées mais l’eau termina dans l’évier ainsi que le verre.

Avant de rejoindre Connor, elle prit une bouteille d’eau pour lui et fit un détour par le salon pour récupérer son blouson. Non, elle n’avait aucunement l’intention de le foutre à la porte. Elle voulait juste éviter un réveil en fanfare pour l’un des absents de la maisonnée en découvrant le vêtement. En même temps, ce n’était pas comme s’ils ignoraient qu’elle sortait avec Connor mais disons qu’ils ne lui accorderaient pas la palme de d’or pour les ennuis qu’elle avait eus avec lui.

Puis, elle entra dans sa chambre. Elle referma la porte derrière elle, après s’être assuré que Dunvel était dans la pièce. Le chat avait tendance à miauler quand il se retrouvait à la porte de son antre, parce qu’il régnait en maitre en son absence. Le chaton était installé sur le haut de son pyjama vu qu’il n’avait pas eu accès au lit avec Connor.

Elle posa le manteau sur son siège de bureau avant de le regard vers lui :
- Je t’ai apporté une bouteille d’eau ! dit-elle en lui tendant ladite bouteille.

Naëlle l’avait bien vu lire la jackette d’un dvd mais elle pensait qu’il s’agissait de celui qu’il avait rapporté du salon. Et ce fut l’horreur quand elle le découvrit sur le lit. Il avait fouillé dans ses tiroirs et était tombé sur celui qu’elle avait acheté quelques mois auparavant. Vidéo qu’elle n’avait jamais eu le courage de regarder.

- Ce n’est pas ce que tu crois ! Déclara-t-elle avant même qu’il ne lui pose une seule question.

Pour le coup, elle était au bord de l’affolement. Elle finit par aller s’asseoir sur son lit, de replier ses genoux pour les encercler de ses bras et y déposer son menton.

- Je ne l’ai même pas ouvert, finit-elle par dire.

Oui, il y avait de forte chance qu’elle subisse un interrogatoire et qu’il n’apprécie pas certaine réponse. Non, elle ne l’avait pas regardé parce qu’elle avait estimé qu’il serait plus judicieux d’apprendre à son rythme et par elle-même, plutôt qu’à des images et à des scènes jouées par des acteurs.

Elle se justifiait sans savoir les questions qu’il pouvait bien se poser. Ce n’était pas évident de les appréhender parce qu’il avait tendance à se replier et à s’enfermer dans son mutisme. Parfois, elle regrettait cette réaction parce qu’il était toujours bon de s’engueuler un bon pour repartir du bon pied. Du moins, c’était toujours ce qu’elle avait entendu dire autour d’elle.

Cela dit, il finit par lui poser une question afin de savoir ce qu’elle pensait :

- Que je me joue de toi ! lui répondit-elle.

Après tout, elle aurait probablement pensé la même chose si elle avait été dans son cas. Enfin en même temps, Naé n’était pas du genre à aller fouiller sous son lit pour savoir s’il y avait des playboys ou des sms coquins sur son téléphone.

Toutefois, elle n’était pas fière d’elle et de son achat sur un coup de tête. La lycéenne savait bien qu’elle aurait dû s’en débarrasser depuis belle lurette.

- Je l’ai acheté quand j’ai cru être amoureuse de Tyler !

*De mieux en mieux !* râla-t-elle silencieusement. Pour le coup, elle aurait mieux fait de fermer son clapet. Mais en même temps, ça faisait mal de penser qu’il ne lui faisait pas confiance à ce sujet alors qu’elle ne lui avait toujours dit la vérité.

Elle finit par se lever afin de lui faire face. Naëlle fit en sorte qu’il la regarde avant de reprendre la parole. Et tant pis, si ça ne plaisait pas à monsieur.

- Tu ne crois pas que tu es injuste avec moi ? Lui demanda Naé avant de reprendre la parole sans lui laisser le temps de répondre. Connor tu ne t’es jamais demandé pourquoi je me refusais à toi ? Ce n’est pas parce que je n’ai pas envie de toi, juste parce que j’ai à perdre que cette fichue virginité. Comme mon cœur par exemple. Que ça te plaise ou non, je suis tombée amoureuse de toi.

Et par la même occasion, elle était en train de lui faire un petit rappel de ce qu’elle voulait pour sa première fois. Que lui aussi soit amoureux mais apparemment, ce n’était pas le cas. Elle était juste un passe-temps pour lui, même s’il y mettait les formes. Une fille parmi tant d’autres sur son tableau de chasse.