Deuxième round... [Terminé]

Naëlle avait vécu l’enfer toute cette semaine. Maintenant que c’était enfin le week-end, elle n’aspirait qu’à une chose : se glisser sous sa couette pour l’oublier. D’autant plus que le lundi viendrait bien trop vite à son goût et qu’elle allait devoir recommencer. Dire qu’elle en avait jusqu’aux vacances de Noel à devoir faire des TIG pour le Lycée.

La semaine avait était infernal parce qu’elle n’avait eu aucun moment de répit. Même durant ses heures de TIG parce que l’autre abruti d’Anglais ne trouvait pas mieux que de venir l’emmerder. Naé faisait tout son possible pour ne pas répondre à ses provocations mais c’était tout bonnement mission impossible. C’était plus fort qu’elle. Néanmoins, il fallait admettre qu’il partait vaquer à ses occupations une fois qu’il avait obtenu ce qu’il était venu chercher.

Vous n’avez pas idée comment elle a pu se maudire à chaque fois, qu’elle avait laissé libre court à sa colère. Elle se maudissait d’être aussi faible.

Il ne fallait pas oublier qu’une fois sa journée terminée au lycée, ça continuait à la maison. Elle avait subi le savon de sa vie quand elle s’était retrouvée face à Noëlia. Elle avait déçu cette dernière et il y avait fort à parier que leur frère et leur colocataire en pensent tout autant. La benjamine de la maisonnée faisait tout son possible pour se faire toute petite et exécutait chaque requête sans protester.

En ce vendredi, Naëlle s’était vu confier d’aller gratter tous les graffitis présents dans les toilettes des garçons. Mais le pire dans ce fait, c’était l’odeur présente. Ca puait l’urine, quand ce n’était pas autre chose. Et dire, qu’elle aurait à remettre en peinture la semaine suivante et il lui faudrait à acheter des mouchoirs à l’eucalyptus pour faire barrage aux odeurs.

Une fois qu’on lui ait donnée l’autorisation de rentrer chez elle, Naëlle ne se le fit pas dire une seconde fois. Elle attrapa son sac à dos après avoir enfilé son blazer et prit finalement la direction de la sortie. Il va sans dire, qu’elle avait qu’une envie : se glisser sous de l’eau bouillante pour enlever cette odeur qui l’avait suivie. Et se glisser sous la couette venait en seconde position. Dormir durant deux jours non-stop, c’était le rêve de la demoiselle.  

Naé accéléra le rythme quand elle entendit un bruit de moteur se rapprocher d’elle. Elle n’avait pas envie de se faire enquiquiner par un abruti. Une fois dans la semaine avait été largement suffisant. Monsieur Populaire et la Reine des Garces, s’étaient déjà foutus de sa gueule en la comparant avec Cendrillon. Ce que les lecteurs ne savent pas encore, c’est que la jeune femme avait été peinée. Elle avait fait de son mieux pour se réfugier dans l’une de cabine des toilettes, pour qu’on ne la voie pas pleurer. C’était déjà assez humiliant qu’on sache qu’elle faisait des TIG parce que tout arrive à se savoir, même si on ignorait la cause.

Bref, elle voulait arriver à son arrêt de bus sans encombre. Elle faillit se mettre à hurler quand elle reconnut la voix. Elle se demanda s’il ne pouvait pas l’oublier et aller s’en prendre à quelqu’un autre, parce que Naëlle saturait et pas qu’un peu.

- Non, je ne monte pas en voiture avec un inconnu ! Commença Naé. Surtout s’il est doublé d’un abruti et d’un crétin fini.

*Mais pourquoi tu perds ton temps à lui répondre !* se rabroua-t-elle dans sa tête.

D’ailleurs, elle n’avait pas tort sur ce point. Il arrivait toujours à faire en sorte qu’elle ouvre la bouche en sa présence, et ce par n’importe quel moyen. Tout comme elle maudit ce foutu Proviseur pour ne pas avoir fait en sorte à ce que l’un et l’autre ne se retrouvent en présence de l’autre. Ca éviterait bien des étincelles et de feux à éteindre.

Naëlle aurait bien aimé se confier à un adulte mais elle ne savait pas à qui faire confiance. Il était évident que sa frangine ne l’écouterait d’une oreille discrète parce qu’elle était dans une bulle. Natéo n’était pas la meilleure personne à choisir, parce qu’il serait capable de la féliciter. Il ne lui restait que Hazel mais elle n’osait pas toquer à sa porte. Il fallait aussi avouer qu’elle en avait légèrement la trouille parce qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion d’apprendre à le connaitre. Enfin en même temps elle comprenait, elle n’était qu’une gamine. Peut-être qu’elle pourrait aller voir Chris, le garagiste qu’elle avait rencontré au Zoo. Mais il lui faudrait attendre que sa punition soit levée et ce n’était près d’arriver avant un long moment.

Presque arrivée à son arrêt de bus, Naé avisa les personnes présentes. Autant dire que voir des mecs en train d’emmerder les femmes qui attendaient leur bus et leur faire des gestes obscènes, eurent raisons d’elle. Naëlle s’approcha de la voiture et attendit qu’il stationne pour ouvrir la portière pour s’installer.

- Ne te fais aucune idée sur ma personne ! Je ne suis pas d’humeur à me faire enquiquiner, j’ai passé une sale semaine ! Elle attacha sa ceinture. J’habite au-dessus de la pâtisserie familiale, annonça-t-elle au jeune homme comme s’il connaissait le chemin.

Si elle avait été de bonne humeur, elle aurait volontiers ri à sa remarque. Mais elle était épuisée par toutes ses heures que travaux d’intérêt général. Et il fallait ajouter qu’elle ne jouait aucunement la comédie à ce niveau. Il ne fallait pas s’imaginer que c’était des taches de tout repos ni qu’on avait la belle vie, parce qu’il en était tout autre. C’était plus que soulant d’avoir tout le monde sur son dos qui bavassait sur son passage.

Bref, elle n’avait vraiment pas eu l’intention de monter dans sa bagnole. Elle ne lui faisait pas confiance pour lui confier sa vie. Avec sa chance, il se mettrait à jouer avec sa vie en faisant des accélérations et de forte chance pour qu’elle finisse au commissariat. Et dire qu’elle avait promis à sa sœur de ne plus s’approcher de cet énergumène. Là, elle était en train de se jeter dans la gueule du loup en montant dans cette bagnole. Tout ça pour ne pas se faire emmerder par une bande de mec plus que louche.

Cela dit, une fois assise sur le siège passager Naëlle avait fait comprendre qu’elle n’était absolument pas d’humeur. Puis elle lui donna lui indiqua qu’elle habitait au-dessus de la boutique de sa famille.

- Ah oui, j’oubliais que tu débarques d’Angleterre ! Répondit-elle à l’Anglais. Tu as peut être entendu parler de la boutique « Sullivan’s Pastry » ? Ce n’est pas grave, je t’indiquerai la route à suivre.

La jeune femme se laissa aller contre le siège. Si elle n’était pas sur ses gardes, elle aurait pu fermer les yeux et se laissait aller jusqu’à destination. Si elle le faisait, elle risquait de s’endormir et de se retrouver à Trifouillis-les-Oies.

L’ambiance dans l’habitacle était lourde et pesante. Naëlle se rendait bien compte que quelque chose clochait pour Connor, comme elle avait vu son œil au beurre noir. Il fallait dire que les rumeurs allaient vite au sein de l’établissement scolaire, elle savait qu’il s’était battu avec un type et que son père avait été convoqué. Et bien sûr, l’Anglais n’avait eu aucune retenue pour avoir tabassé une personne. Ceci dit, elle ne lui ferait pas ce plaisir à l’interroger sur le sujet parce que ça reviendrait à dire qu’elle accordait de l’importance aux bruits de couloirs.

Et elle avait peur d’engager la discussion parce qu’avec lui, on ne savait jamais dans quoi on s’embarquait, ni comment faire ni quel sujet aborder. Toutefois, il fallait admettre que ce n’était pas de sa faute parce qu’ils avaient passés leur temps à se crier dessus ou à se chercher des noises depuis leur première rencontre.

Et évidemment, ça ne loupa pas. Naëlle se mit à lui crier dessus quand il prit un tout autre chemin, que celui de la pâtisserie.

- Mais putain Connor quand est-ce que tu vas arrêter tes conneries ? Ton détour va me couter cher et me priver de vie sociale durant une éternité.

Ce n’était pas parce qu’il était libre de ses mouvements et qu’il en était de même pour tout le monde. Naé devrait donner une explication à sa frangine qui avait passé ses dernières semaines à l’engueuler. Et honnêtement la lycéenne n’aimait pas décevoir les gens qui avaient pleinement confiance en elle. Elle sortit son téléphone portable et envoya un sms à Noëlia pour tenter de se couvrir, même si ce n’était pas très crédible.

Citation :

Ai un baby-sitting de dernière minute, je rentrerai en taxi directement quand j’aurais fini !

Elle ne lui dit pas qu’elle pouvait la joindre à tout moment sur son téléphone, parce que ça coulait de source. Ceci dit, elle espérait qu’elle ne le ferait pas à un moment où elle aurait du mal à expliquer les bruits environnants, ni à répondre à certaines questions comme l’heure approximative de son retour ou qui était l’enfant qu’elle gardait.

Naëlle finit par fermer les yeux parce qu’elle ne savait plus quoi faire ni que dire à Connor. Comment lui faire entendre qu’elle était mineure et qu’elle avait des horaires à respecter ? Lui dire qu’elle était punie et qu’elle ne voulait pas aggraver la situation ? Ce n’était pas parce que son père se moquait bien de savoir si son fils faisait comme demander, qu’il en était de même pour elle. Connor ne risquait pas de se retrouver dans un foyer d’accueil à la moindre incartade, ou à cause du ras le bol de son ainée par rapport à son comportement. La seule chose qu’il pouvait encourir, c’était de se retrouver derrière les barreaux pour avoir enlevé en quelque sorte une mineure.

Avant de sortir de la voiture à son tour, elle hésita à envoyer un second sms. Elle voulait prévenir Hazel, même si elle en avait la trouille. Il était un homme et il serait de taille à lutter contre Connor si elle avait besoin de son aide. Cela dit, elle n’était pas certaine qu’il n’ira rien dire à son amie et colocataire avant d’agir. D’autant plus, elle serait obligée de tout lui raconter de l’histoire et ce dans les moindres détails. Elle décida que le plus sage était d’attendre un peu avant d’agir.

Elle glissa l’appareil dans la poche de son blazer, puis finit par sortir de l’habitacle. S’il l’avait conduit ici, c’était pour une raison pas pour faire du tourisme. Naé faillit se casser la gueule à plusieurs reprises en voulant le rejoindre.

- Connor, tu pourrais au moins m’attendre ! Râla-t-elle.

Déjà qu’elle était déjà ici contre son gré et qu’elle était en train de le suivre comme un petit chien en laisse. La demoiselle fut parcouru d’un long frisson, parce qu’il ne faisait pas très chaud en bord de mer à cette heure-ci. Elle ferma donc sa veste d’uniforme et se mit à regrette qu’il ne soit pas encore l’époque pour mettre ses affreux collant blanc en lainage.

- Est-ce que tu pourrais avoir la gentillesse de m’expliquer ce que je fais là ? Le questionna-t-elle, quand elle fut à son coté.

Après tout, elle était en droit de savoir.

La jeune femme fut désarçonnée par la question de Connor. Autant dire qu’elle s’était attendue à toutes les questions possibles et inimaginables, mais certainement pas à celle-ci. Elle n’y répondit pas immédiatement parce qu’elle n’en savait strictement rien, même si elle était certaine de ne pas le porte dans son cœur et qu’il l’horripilait à un point. En fait, c’était le seul mec de sa connaissance qui l’insupportait autant. Elle prenait aussi son temps, parce qu’elle était légèrement essoufflée à avoir du accélérer le pas pour pouvoir le rejoindre.

Elle était sur le point de lui répondre quand il reprit la parole. C’était à croire qu’elle avait atterri dans une autre dimension durant le trajet jusqu’à la plage. A moins que le coup qu’il avait pris sur le coin de la gueule durant la semaine, avait été donné avec force et lui avait déclenché une perte momentanée de la mémoire.

- Honnêtement je n’en sais rien, je ne suis pas du genre à dire lui je l’apprécie ou lui je ne peux pas le sentir sans le connaitre. Pour l’instant, tu m’as juste montré ton coté crétin, abruti, d’enfant pourri-gâté qui compte sur le fric et le nom de son père pour se tirer des mauvais pas dans lesquels il s’est fourré.

Les paroles de Naé confirmaient celles de Connor. Elle avait beau enragé dès qu’il apparaissait dans les parages, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il y avait peut-être autre chose à découvrir. Qu’il suffisait de gratter la carapace, même s’il fallait y aller à coup de burin ou de scie sauteuse.

- Connor, comment t’expliquer… commença par dire Naëlle. Je ne sais pas encore qui je suis parce que je n’ai que 16 ans, mais je fais de mon mieux pour être une fille dont sa famille peut être fière, même si ton arrivée a mis à mal la confiance que sa sœur avait en moi et que je suis punie pour une durée indéterminée à cause de mon comportement. Après tout, je le mérite amplement et j’en assume entièrement la responsabilité. Et heureusement que cette histoire n’est pas sortie du bureau du Proviseur parce que Noëlia aurait pu perdre ma garde.  

Elle savait qu’elle en avait trop dit mais elle ne se sentait pas capable de poursuivre dans sa lancée. Toutefois, avoir mis des mots sur ce qu’elle avait fait lui permit de comprendre qu’elle avait réellement trop loin. Qu’elle avait encore une fois pensé à sa pomme et pas aux conséquences que ça auraient eu sur les membres de sa famille. Et comme lui avait judicieusement fait remarquer son ainée, ils étaient tout ce qui restait de la famille Sullivan tous les trois et qu’ils devaient se serrer les coudes.

- Mais l’histoire est trop longue à raconter et il est encore trop tôt pour que je te la raconte, dit-elle pour lui faire comprendre qu’elle ne voulait pas en discuter pour l’instant. C’est à toi de me montrer que tu es plus qu’un gosse de riche qui se moque éperdument des conséquences de ses actes sur les autres. Et ne compte pas sur moi, pour t’applaudir ou approuver ton comportement.

En gros, elle voulait qu’il lui montre et qu’il lui donne envie de percer le mystère. Parce que depuis le début de la semaine, si elle avait eu que dans l’idée de le baffer et de lui faire avaler sa langue.

Tout comme elle, l’Anglais changea de sujet de discussion. Et il ne trouva pas mieux que de lui proposer un deal. Elle fut parcouru d’un frisson quand il annonça la température de l’eau, déjà qu’elle n’avait pas très chaud et qu’elle rêvait d’une bonne douche chaude, d’enfiler un pyjama bien chaud et de paresser devant la télévision ou jouer à un jeu de société avec les personnes vivants à l’appartement. En somme, un truc bien ridicule pour une jeune femme de 16 ans et bien plus pour des adultes.

Et il commença à se déshabiller. Naëlle perdit momentanément sa voix, parce qu’elle ne comprenait pas. Enfin, jusqu’à ce qu’elle regarde en direction de la mer.

*Non, il ne va quand même pas oser ?* s’interrogea-t-elle, tout en continuant à le voir enlever ses pelures.

Naëlle n’avait pas perçu son regard joueur, parce qu’elle était concentrée sur ses pensées pour tenter de comprendre ce qui était en train de lui passer par la tête.

*Ah… Bah… Si !* finit-elle par conclure.

En gros, soit elle acceptait de jouer avec lui, soit elle tournait les talons pour rentrer chez elle. Est-ce qu’il était conscient de la situation ? Il était à moitié à poils et il lui demandait d’en faire de même. Certes, ça revenait un peu à dire qu’ils étaient en maillot de bain sur la place ou encore à la piscine. Mais Naëlle l’était surtout en présence de son frère ou de sa sœur, les autres autour d’elle, elle s’en moquait parce qu’elle ne les connaissait pas. Là, c’était différent : premièrement c’était un mec autre que Natéo, deuxièmement elle n’aimait pas son corps donc elle le cachait autant que possible et l’uniforme était parfait, et pour finir elle ne savait pas quoi penser de Connor.

Alors qu’il était en train de gagner la rive, elle s’assit dans le sable les genoux repliés et une main sous sa jupe pour qu’on ne puisse rien voir. Elle alla jusqu’à se demander ce que Noé aurait fait dans cette situation, mais c’était tout simplement impossible. Noëlia avait eu ses propres expériences, donc elle ne pouvait pas se comparer à elle. Il fallait qu’elle vive les siennes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises comme ça quand elle aurait une enfant adolescente, elle pourrait l’aider au mieux.

Bref, sans jeter un coup d’œil en direction vers Connor, elle commença à délacer ses chaussures, à retirer ses chaussettes et à le mettre dans ses chaussures. Ensuite, elle retira son blazer, l’espèce de cravate, son pull sans manche et déboutonna sa chemise blanche, sans pour autant la retirer parce qu’elle ne pouvait pas se résoudre à le faire. Cependant, elle se leva mais ne retint pas sa chemise pour se cacher. De l’endroit où il se trouvait, il pouvait voir ce qu’elle cachait prodigieusement avec ses uniformes de lycéenne. Elle se décida à faire tomber sa jupe - se répétant en boucle que c’était comme si elle était en maillot de bain - qui tomba à ses pieds. Elle enjamba le bout de tissu tout en retirant sa chemise.

Elle finit par aller retrouver Connor. Elle avait fait le chemin tête baissée, parce que ce n’était pas évident de se retrouver en dessous face à un homme.

- Si je tombe malade, tu vas devoir jouer les gardes malades ! dit-elle en arrivant près de lui.

Naëlle s’enroula dans ses bras, parce qu’elle avait froid et qu’elle ne se sentait pas de faire trempette. Elle faisait de son mieux pour ne pas claquer des dents et se mordre la langue. Ce n’était pas évident quand on avait la chair de poule.

Naëlle ne savait pas vraiment comment réagir face à cette demande ni quoi faire. De nos jours, les bruits de couloirs allaient tellement vite, qu’il fallait faire attention à ce qu’on faisait en public. Pourtant à cette heure-ci, il n’y avait plus personne et il y avait aucune chance qu’ils croisent un lycéen de leur lycée. Pourquoi ? Parce qu’ils étaient beaucoup trop occupés à se préparer à la fête d’untel ou d’unetelle. Soirée, où elle n’était jamais conviée parce qu’elle n’était pas assez bien pour les autres. Une fille de pâtissier avec une mère zinzin, ça faisait drôlement tâche sur son CV. En même temps, elle s’en fichait royalement parce qu’elle trouvait plus intéressant de faire des baby-sittings que de voir les autres se souler la gueule et à mettre deux jours à s’en remettre.

Cela, la lycéenne avait pris le temps de la réflexion avant de se décider. La seule fois où elle n’avait pas pris le temps de peser le pour et le contre, remontait au lundi. Donc autant prendre ses précaution, surtout quand il était question de Connor.

La métisse aurait mieux fait de se taire. Bien sûr, qu’il n’avait aucunement l’intention de s’occuper d’elle si elle tombait malade. Il serait même capable d’envoyer sa nurse ou sa bonne pour le faire à sa place. Lundi, elle ne pourrait pas quitter son lit parce qu’il avait de forte chance qu’elle soit malade, vu la température de l’eau. Connor était vraiment cinglé dans sa tête, elle ne voyait pas d’autres explications.

Elle était en train de trembler de froid alors qu’elle avait de l’eau au niveau des mollets. La remarque de son camarade la réchauffa légèrement parce qu’elle sentit ses joues prendre feu. Mais ce fut bien trop éphémère. Naé n’avouerait jamais qu’on venait de lui faire ce compliment pour la première fois. Enfin, que ça ne venait pas de sa sœur ou de son frangin mais de quelqu’un extérieur à sa famille.

- Connor, je t’interdis ! Dit-elle après avoir criée à s’en faire mal à la gorge. Poses moi ! Lui demanda-t-elle, quand elle sentit l’eau monter de plus en plus qu’il avançait.

A peine sa dernière phrase énoncée, elle se mordit la lèvre inférieure. Oui, avec Connor il fallait s’attendre à tout et surtout au pire. Du coup, elle commençait sérieusement à avoir peur qu’il la jette comme un sac de patate à la mer. Elle n’était pas certaine de pouvoir remonter à la surface. Pourquoi ? Elle risquait de se transformer en glaçon tout en s’enfonçant dans l’eau. Elle était sur le point de le supplier de la lâcher, parce qu’elle avait vraiment trop froid et qu’elle avait l’impression d’être mal.

Bref, quoi qu’il en soit Naëlle regagna la terre ferme suivi de peu par Connor. Elle était en train de remettre sa chemise quand il lui prit la main. Son premier réflexe avait été de retirer sa main parce qu’il était qui pour se conduire comme ça envers elle. Pourtant, elle n’en avait rien fait parce qu’il était en train de réchauffer ladite main dans la sienne.

- Attends ! Lui dit-elle.

Elle se baissa pour récupérer ses vêtements, en faisant de son mieux avec une seule main vu qu’elle avait laissé l’autre au chaud. Durant ce laps de temps, la chemise de Naé avait eu le temps d’être mouillé à cause de son soutien-gorge mouillé et ses cheveux. Donc il était devenu transparent.

Naëlle profita du fait qu’il fasse le tour de la voiture pour remettre sa jupe. Autant éviter de trop mouiller le siège passager. Elle n’avait pas réellement les moyens de payer un nettoyage. Alors que le chauffage était en train de monter petit à petit, elle en profita pour faire passer son sac à dos sur le siège arrière avec les affaires sèches. Ensuite elle remit ses chaussettes puis ses chaussures.

- Après la tentative de viol, la tentative de noyade ! Tu fais fort à chaque fois qu’on se retrouve que tous les deux !

Elle plaisantait à moitié. Et s’il était chauvin avec elle, il pouvait lui retourner la pareille.

- Oooooooooooh ! fut tout ce qu’elle trouva à dire.

Elle était étonnée par le geste du jeune homme. Ce n’était pas à une chose qu’on pouvait associer à ce dernier.

- Dis, tu n’aurais une couverture dans le coffre ? Déjà que je suis de nature frileuse, et ça, elle baissa la tête vers son chemisier pour tenter de lui faire comprendre, Enfin, mon chemisier trempé n’arrange pas les choses.

Et heureusement, qu’elle s’était arrêtée là parce qu’elle aurait été capable de parler d’une bonne bouche chaude.

Elle aurait bien ri à sa remarque mais elle était tellement frigorifiée, qu’elle avait l’impression de ne plus avoir de lèvres. Ceci dit, elle laissa échapper un son de surprise quand il avait fait preuve de délicatesse envers elle. Après tout, comment ne pas réagir de la sorte après une semaine des plus horribles, qu’il venait de lui faire vivre. Conner ne lui avait pas laissé une seconde de répit, et elle avait bien failli craquer plusieurs fois devant lui.

Bon, elle savait aussi qu’il n’avait pas eu cette attention. Autrement il n’aurait pas pris autant de précaution, il l’aurait tiré par les cheveux avant de maintenir sa tête sous l’eau. Surtout qu’il ne s’était pas mis à lui courir après quand elle était repartie vers la berge. Non, elle devait admettre qu’il avait été du genre prévenant avec elle. Et il y avait de quoi être déboussolé par la situation.

- Toi romantique ? Laisse-moi rire, commença par dire Naé. Déjà je ne pense pas que tu saches ce que ça veut dire, de plus le jour où cela arrivera les poules auront des dents et les cochons des ailes.

Non mais qu’est-ce qu’il croyait ce type ? Qu’elle était tellement folle de lui, qu’elle prenait des photos de lui dès qu’il passait à côté ou quoi. Non, Naëlle était déjà amoureuse… Mais elle devait bien avouer qu’elle n’avait pas pensé à Tyler jusqu’à présent. Est-ce qu’il pensait réellement qu’elle attendait que ça ? Il ne fallait pas qu’il oublie que c’était lui qui l’avait kidnappé pour l’emmener ici.

Honnêtement, elle n’arrivait plus à le suivre. Un coup il était infecte, un autre sympathique, pour revenir devenir un abruti. Naëlle commençait sérieusement à en avoir assez de faire les montagnes russes avec lui. D’ailleurs il lui jeta quasiment sa veste à la figure.

- Merci, fit-elle en passant la veste.

Le blazer pour mec du Lycée, était beaucoup trop grand pour elle mais avait emmagasiné assez de chaleur pour lui tenir chaud durant un moment. La lycéenne se laissa aller d’aise contre le dossier de son siège. Elle avait décidé qu’il ne servait à rien de rester sur ses gardes, s’il avait réellement voulu lui faire du mal il aurait agi depuis longtemps.

- Aucune chance que je bouge d’ici, dit-elle alors qu’il avait déjà quitté l’habitacle.

En fait, il y avait aucune chance pour qu’elle aille se promener dehors alors qu’elle était bien au chaud. Elle ouvrit les yeux quand il la secoua comme un pruneau. Naé le regarda faire sans vraiment comprendre ce qu’il voulait faire. Elle rougit une première fois, puis une seconde. Quand il fut reparti, elle se maudit en se cognant la tête à plusieurs fois sur l’appui tête. C’était impossible, pourquoi fallait-il qu’elle réagisse aussi connement à chaque fois, quand elle était avec lui ? Elle avait un grain, y avait pas d’autres solutions. Si elle continuait ainsi, elle finirait probablement par tenir compagnie à sa mère à l’hôpital psychiatrique.

Mais elle fit encore pire… Naëlle se mit à humer le col de sa veste. En fait, l’eau froide ne lui réussissait pas du tout. La veste de Connor sentait la clope, le shampooing et un parfum qu’elle ne connaissait pas. En même temps, qu’est-ce qu’elle y connaissait en mec et en leur gout en la matière ? Absolument rien, et dans ce cas l’excuse du grand frère n’était pas plausible.

Naé se redressa sur son siège quand elle entendit la portière s’ouvrir. Elle était rouge pivoine à cause de son comportement. Elle fit celle qui était en train de regarder hors, pour se donner une certaine contenance.

- Merci, dit-elle en saisissant son hot-dog, avant de l’ouvrir pour vérifier quelque chose. T’as pas craché dedans ?

Après tout, il aurait pu lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle avait bien craché dans son plat quelques jours auparavant.

- Non merci, Connor ! J’ai déjà assez eu d’ennuis comme ça, je ne vais pas en rajouter une couche, déclina-t-elle l’offre du jeune homme de boire dans sa bière.

Non, elle savait être raisonnable et tant pis, s’il se foutait de sa gueule. Elle avait fait assez de bêtises en l’espace de quelques semaines, qu’elle ne voulait pas rajouter une couche et causer des soucis supplémentaires.

Elle mangea donc son hot-dog en silence. Avant de se retourner vers Connor, avec un peu de moutarde à la commissure des lèvres, et pourtant elle avait passé la serviette en papier pour s’essuyer la bouche.

- Connor, tu veux bien m’expliquer… Non, en fait laisse tomber, je préfère ne pas savoir.

Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas tenter l’expérience juste que c’était vraiment le moment. Elle ne se sentait pas assez en confiance pour le faire. Puis elle préférait le faire à l’appartement familial, comme elle n’aurait pas un long trajet à faire pour trouver son lit.

Naëlle préférait jouer la carte de la sagesse, même si ça revenait à ce qu’il se foute de sa gueule. Un peu plus ou un moins, il n’y avait pas de grande différence après ce qu’il lui avait fait vivre depuis lundi. Naé ne répondit pas à sa remarque parce que ça n’aurait fait provoquer une nouvelle catastrophe.

- Merci, dit-elle quand il finit par lui donner une bouteille d’eau.

Décidément, elle n’arrêtait pas de le remercier depuis plusieurs minutes. Le ciel allait finir par lui tomber sur la tête si ça continuait comme ça.

Naëlle n’eut pas un mouvement de recul quand elle vit la main de Connor approcher de son visage. Cela dit, elle ne put s’empêcher de se demander ce qu’il lui passait par la tête. Peut-être qu’il voulait lui tordre le coup, après tout ça ne serait pas vraiment une surprise. Il aurait juste endormi la méfiance de sa proie avant de lui assener le coup final.

Et non, la lycéenne piqua une nouvelle un fard mais c’était quoi son problème à la fin. Elle ne s’attendait pas à un geste de la sorte de sa part. Et encore moins à ce qu’il ne se foute pas d’elle en lisant qu’il aurait dû prendre un bavoir. Après avoir retiré sa main de sa joué, bu une gorgée de sa boisson, il questionna la jeune femme.

- En fait, je ne sais pas vraiment ce que je ne veux pas savoir !

Oui, elle était totalement contradictoire pour le coup. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui demander ? Qu’est-ce qu’il était en mesure de lui fournir comme explication ? Et ce sans ce que ça retourne contre elle à un moment donné.

- Toute à l’heure, est-ce que tu étais sincère quand tu m’as laissée penser que j’étais jolie ?

Naëlle se mordit la lèvre, un peu comme si elle regrettait déjà sa question.

- En fait, qu’est-ce qui fait que je pourrais considérer comme telle ? Je n’ai rien des filles de l’école et je suis plutôt banale.

Naëlle ne se formalisa pas sur l’attitude de Connor, au sujet de la fumée de cigarette. Elle essayait de ne pas avoir de réactions sur certaines choses pour ne pas qu’il s’en amuse à ses dépens.

La lycéenne fut bien embêtée quand il lui demanda ce qu’elle ne voulait pas savoir. La seule question qu’elle trouva à poser, était celle qu’elle aurait mieux fait de taire. C’était à croire qu’elle voulait savoir ce qu’il pensait d’elle, que ça avait de l’importance à ses yeux. C’était du grand n’importe quoi, parce qu’elle n’en avait rien à faire.

- Peut-être parce que je ne sais jamais avec toi, répondit-elle d’une toute petite voix.

D’autant plus, qu’elle ne faisait qu’énoncer une vérité. Elle n’arrivait pas à savoir quand il était sérieux ou non. En même temps, comment savoir quand il passait de l’un à l’autre d’un claquement de doigts.

Cela dit, il prit le temps de lui répondre. Et encore une fois, elle fut surprise par les mots qui jaillirent de sa bouche. D’un côté, elle était contente qu’il le fasse et dise qu’elle n’avait rien à voir avec les autres lycéennes. D’un autre côté, elle se demandait si c’était bien ou non. Alors qu’elle était en train de se poser cette question, Connor lui fit clairement comprendre qu’elle s’en posait beaucoup trop.

- Pardon, dit-elle. Je suis comme ça, mais je vais tenter de faire un effort.

Même si elle n’y parvenait pas, elle pouvait bien tenter de ne plus s’interroger dès qu’elle était avec lui. De plus, Naëlle avait l’impression d’être imbue de sa personne quand elle réagissait de la sorte. Chose qu’elle n’était pas parce qu’elle faisait toujours les autres avant elle, restait toujours en retrait et dans l’ombre de ses aînées.

- Non, pas encore ! Déclara Naëlle. J’ai envoyé un sms à ma sœur toute à l’heure, en lui disant que j’étais en baby-sitting. Si je rentre maintenant, elle va se poser des questions.

Mais ce qu'elle ne lui dirait pas, c'était qu'elle n'était pas pressée de rentrer. Elle était en train lui dire que la fée du mensonge avait encore fait son apparition. Enfin, en même temps, elle ne pouvait pas l’empêcher de prendre la voiture pour la reconduire chez elle.

- Puis, je pense que ça serait mieux si on attendait que mes vêtements sèchent ! lui avoue-t-elle, pour lui rappeler ce détails.

Même si elle devait reconnaitre qu'elle rêvait de plus en plus de sa douche bouillante. Elle voulait retirer le sel qui la tiraillait, et lavait ses sous-vêtements pour éviter qu'ils ne s'abiment plus tôt que prévu. Alors qu'il avait mis le contact, Naé se décida à lui poser deux petites questions :

- Est-ce que l’Angleterre te manque ? Et ta mère ? voulut-elle savoir.

Dire que par sa faute, ils avaient failli avoir un accident. Oui, Naëlle était en train d’extrapoler là. Elle avait juste un peu crié sans prévenir ce qui avait foutu la trouille au chauffeur. Si son cœur n’était pas aussi affolé, elle aurait pu éclater de rire face à cette réaction.

- Tu sais qu’il y a un autre moyen que d’envoyer chier les gens, lui dit Naé. Elle commençait à en avoir plus qu’assez qu’il se conduise ainsi avec elle. Je ne suis pas idiote, je peux comprendre que tu aies d’autres projets en me l’expliquant normalement.

Elle n’insista pas sur le fait, qu’elle avait 16 ans et qu’elle comprenait les mots qu’il employait pour s’exprimer. Elle n’était plus une gosse. Ca n’aurait servie à rien surtout avec Connor.

La lycéenne était sur le point de lui dire qu’il n’avait qu’à la déposer devant la pâtisserie, quand il lui proposa de venir chez lui. Il lui apprit qu’elle pourrait prendre une douche chaude, et mettre ses fringues à sécher pour moins éveiller les soupçons de Noëlia. C’était toujours ça à prendre.

- Merci Connor, répondit-elle.

Naé était amusée par la situation parce qu’elle avait bien compris que ça ne l’enchantait pas vraiment. Qu’il avait une certaine gêne de ramener une roturière au domicile de son père. Puis, elle s’imaginait qu’elle pourrait mieux le comprendre, mieux se faire une idée de la vie du jeune homme. Certes, elle ne pourrait pas se mettre à sa place n’ayant aucune idée d’avoir vécu dans une famille aisée. Pas que la sienne ait manqué de quoi que ce soit, parce qu’elle ignorait les difficultés que traversaient sa famille.

Ensuite, elle avait questionné le jeune homme sur ses sentiments d’avoir quitté son pays natal et sa mère. Puis c’était aussi une façon de voir, comment un autre vivait une situation un peu similaire à la sienne. La réponse fut plus qu’évasive, ce qui ne fit qu’attiser sa curiosité. Cependant, elle laissa le conducteur suivre le fil de ses pensées et attendit patiemment qu’il reprenne la parole.

- Mes parents me manquent, lâcha la jeune femme. Ce qui fait le plus mal, c’est d’oublier le rire qui a bercé une partie de ton enfance, l’odeur de parfum de ma mère quand elle venait me réveiller le matin.

Elle avait posé machinalement la main sur celle de Connor, sur le levier de vitesse. Elle était peinée de comprendre qu’il avait manqué de quelque chose depuis sa plus tendre enfance. Naëlle n’avait peut-être plus tout cela, ni pas aussi aisée financièrement que Connor, mais elle n’avait jamais manqué d’amour. Sa sœur qui veillait sur elle, la punissait et avait des discussions avec elle. Apparemment, les géniteurs de Connor s’en fichait et se renvoyait le bébé quand il devenait trop gênant.

- Comment as-tu récolté ce joli coquard ? S’enquit-elle. Une vieille dame qui voulait ton taxi ? Une petite fille qui ne voulait pas te donner sa sucette ? Une adolescente qui ne voulait pas t’embrasser ?