Fiancés sans l'être [Caleb - Terminé]

Dans sa salle de bain, Evelyn était en train de se pomponner devant son miroir. En ce jour, elle se motivait pour être présentable et surtout pour essayer de ne pas se morfondre. Ces derniers temps, elle voyait un peu les choses d’un autre œil après, certes, ces deux séances de psy, et encore… Ce qu’elle avait fait, c’était sûr qu’elle garderait ce moment de faiblesse en mémoire mais elle se devait continuer à vivre d’une manière ou d’une autre.

Elle vivait encore alors elle devait se cantonner à vivre. La mort ne la voulait pas de suite. Encore. Ou si ce n’était pas sa sœur Irene qui veillait sur elle, tout simplement. Pensée un peu bête peut-être mais au moins, ça lui donnait un peu de courage. Ca lui avait permis d’échanger son maudit pyjama avec une petite chemisette et une jupe noire. Vu la période de l’année, la chaleur se faisait quelque peu sentir. Cependant, elle laissa ses cheveux ondulés retombés sur ses épaules.

Puis Evelyn sortit de son appartement pour avant tout aller faire les courses. Au passage, la jeune femme croisa vite fait la voisine du dessus, Romy, paraissait-il, elle se sauvait rapidement pour aller en cours, ce qui fit plutôt sourire Evy. Cette voisine semblait adorable, cependant, l’hôtesse d’accueil ne se doutait absolument pas qu’elle puisse être au courant de certaines choses. Deux étages plus bas, par curiosité, la jeune femme fouilla dans sa boîte aux lettres pour voir ce qu'elle avait reçu et elle découvrit alors que certaines lettres ne lui étaient pas du tout destinées, mais plutôt à Caleb. Ben tiens ! C’était la meilleure, ça ! La jeune femme se dirigea vers la boîte aux lettres de Caleb et hésita : pourquoi ne pas lui donner en main propre, après tout ? Ca serait l’occasion d’aller le voir. Comme si elle ne l’avait assez vu ces derniers temps ! Au diable, les courses! Elle irait les faire plus tard.

Sur ce, la jeune femme monta trois étages au lieu de deux, sac à main sur l'épaule et les courriers en main. Elle était presque devant la porte de l’appartement de Caleb, et à son grand étonnement, la porte était légèrement mal fermée. Evy pouvait entendre des voix à l’intérieur de l'appartement de son voisin, notamment celle d’une femme qu’elle ne connaissait pas… Peut-être un peu trop concentrée sur les voix qu’Evy se mêla les pinceaux sur le paillasson et pour le coup, bascula en avant, s’accrochant à la poignée de la porte… Et finalement, se retrouvait entrer dans l’appartement … Oups.

Caleb était en train de faire la vaisselle quand Romy et sa mère – celle du jeune homme, précisons-le pour éviter toute confusion – vinrent lui faire un petit coucou. Les deux femmes lui firent un bisou sur la joue avant de prendre place autour de la table de cuisine. Il finit ce qu’il était en train de faire comme ça il n’aurait pas à remettre plus tard, avant de servir du café à ses visiteuses.

Elle avala d’une traite sa tasse avant de prendre la parole :

- Ce n’est pas je ne vous aime pas, mais je suis déjà à la bourre ! Elle se leva, déposa un baiser sur la joue de sa tante de déguerpir à toutes jambes.

Décidément, on ne la changerait pas. Pourtant, plus jeune il avait tout essayé pour y remédier mais rien à faire. Même en mettant l’alarme du réveil, une heure en avance, elle trouvait le moyen d’être en retard. Pourquoi ? Parce qu’elle arrêtait la sonnerie et se rendormait aussi sec.

- Maman, tu vas bien ? voulut-il savoir.

Il la trouvait bien silence depuis le départ de sa cousine. Sans oublier qu’elle n’arrêtait pas de l’observer. Elle étudiait ses moindres mouvements.

- Oui, bien sur ! Répondit-elle. J’étais en me dire que j’avais fait du beau travail avec toi, avait-elle dit avec une certaine fierté.

Il n’y avait pas à dire, elle avait fait du bon travail avec lui. Elle avait de quoi être fière. Et davantage quand on voyait le résultat de la première union de son père. Son frère était vraiment une ordure, et ce dans tous les domaines. Heureusement qu’il n’avait quasi aucun contact avec lui.

La mère et le fils avaient commencé à discuter. La discussion était des plus banals : Tess, l’école, le travail. Généralement ça commençait comme ça entre eux, après il y avait l’évocation des souvenirs. Sa mère avait toujours le chic de faire appel à ceux, qui allait donner le thème de la discussion pour plus sérieuse.  

La visiteuse allait prendre la parole quand un bruit se fit entendre dans l’entrée. Bizarre, il n’attendait personne. Caleb se leva pour aller voir ce qu’il se passait. Et ce fut-là, qu’il découvrit Evy accrochée à la poignée, réflexe qui lui avait évité la chute.

Il se dirigea vers la jeune femme pour l’aider à se redresser.

- Ca va ? Tu ne t’es pas fait mal ?

- Qui est-ce ? Demanda la grand-mère de Tess.

- Maman, je te présente Evelyn. Evelyn, ma mère !

- Enchantée de faire enfin la rencontre de la fiancée de mon fils, dit-elle. Mon Chéri ne fait pas cette tête, j’ai mes sources !

Pour dire, Evelyn ne s’y attendait pas à celle-là : se casser la figure – ou presque - et entrer en effraction, ça lui ressemblait totalement, alors que tout était involontaire ! Tout était dans la discrétion et… l’art ! Pendant qu’elle se ressaisissait, Caleb apparaissait à l’entrée, lui demander si ça allait. La jeune femme leva les yeux vers lui un peu gênée, prise en flagrant délit.

Euh … C’était ouvert ! Je …

Bon, ça devait se voir qu’elle ne l’avait absolument pas fait exprès, mais elle voulait absolument se justifier.

J’ai ton … courrier ! fit-elle en tendant le courrier qu’elle avait dans la main et qui avait la chance de ne pas être tomber par terre et avait bien sûr baissé d’un ton lorsqu’une voix apparut au milieu de tout ça, demandant qui elle était. A ce moment là, Evelyn se rendit compte qu’elle s’était fait griffée à son avant-bras gauche… bien ! Super ! Merci la porte !

Elle n’avait pas forcément été très attentive lors des présentations mais elle finit par lever les yeux vers la mère et lui sourire, jusqu’à ce qu’elle entende le mot « fiancée ». Il n’y a rien qui pouvait la laisser penaud.

What ?

Evelyn devait se pincer ou non. N’était-elle pas réveillée ou vivait-elle une supercherie ? Elle plissa les yeux et regarda Caleb d’un œil interrogateur. Soit, c’était une supercherie ou soit Caleb s’était véritablement trouvé une fiancée et que sa mère était véritablement en train de se tromper de personne.

Je suis enchantée de faire votre connaissance, Madame mais je crois que…

« …vous faites fausse route » voulut-elle terminer mais il fallait bien croire que la mère de Caleb ne l’entendait pas de cette oreille et ne voulait pas la laisser finir, très heureuse de pouvoir la rencontrer :

Appelez-moi seulement Gemma. Pas de Madame avec moi ! fit-elle en lui prenant les mains et en l’entrainant dans la cuisine, là où Caleb et sa mère devaient être au départ. Je suis enfin ravie de pouvoir rencontrer ma future belle-fille, enfin !

Evelyn se retrouva assise à une chaise de la table de la cuisine sans comprendre vraiment pourquoi. Son sac à main passa de son épaule au bord de la chaise.

Surtout que mon fils n’a pas de quoi me cacher une magnifique jeune femme qui prend soin d’elle… En bonne santé!

What ? Rien de pire pour la perturber ou quoi ? Surtout que pour le moment, ce n’était pas forcément la bonne image qu’elle avait vis-à-vis d’elle mais cela ne concernait qu’elle. Cela dit, Evelyn se demandait si elle arriverait à en placer une.

Honnêtement, il était beaucoup plus inquiet par le fait qu’elle ait failli se blesser que par celui qu’elle ait tenté de rentrer par effraction chez lui. Caleb savait très bien qu’elle ne se serait pas permis d’entrer si la porte n’avait pas été entrouverte ou mal fermée. Elle n’avait pas à s’inquiéter pour cela. La responsable de ce méfait était blonde et était sa cousine, pas de doute parce que Romy était partie il y a peu de chez lui.

Le jeune homme n’en croyait pas ses oreilles, quand sa génitrice prit Evelyn pour sa fiancée. Certes, il l’avait lui dit mais pour la seule raison qu’elle était toute seule à New-York, et qu’il n’avait pas su comment joindre la famille de l’hôtesse d’accueil. Il pouvait aisément comprendre la réaction de cette dernière. C’en était effrayant, même. Qui avait pu le dire à Gemma Hayes, les seuls à savoir étaient : l’hôpital, Evy, Romy et lui.

- Maman, tu veux arrêter s’il te plait! Là, tu es en train de faire honte ! Déclara-t-il.

Il avait eu envie d’ajouter « de ma vie » après honte, mais il avait estimé que ça ne se faisait pas et qu’il lui devait du respect. C’était sa mère.

- Mais je suis tellement heureuse pour toi, si quelqu’un le mérite bien, c’est toi mon chéri ! poursuivit-elle dans sa lancée.

Il se passa une main sur son visage avant de la glisser dans sa chevelure, ébouriffant ses cheveux par la même occasion.

- Maman, j’aimerai bien savoir qui t’as raconté une histoire pareille ?

- Une de mes amies aux Bridges, tu sais Mrs Gonzalez ! Sa sœur est infirmière, c’est elle qui m’a dit que ta fiancée avait été hospitalisée pour une indigestion ! Finit-elle par expliquer. C’est pour ça que je suis venue voir Romy, qui m’a confirmé que vous étiez ensembles. Enfin ça c’est après avoir demandé à Tess. Tu n’as pas honte de ne pas lui avoir dit ? Tu attends quoi pour le faire.

Et voilà, qu’il se faisait engueuler pour quelque chose d’anodin et qui avait fini par prendre une ampleur hallucinante.

- Chéri, tu as dit à ta tante que tu venais accompagner au mariage ? Elle se tut quelques instants avant d’ajouter la dernière couche : Ta tante risque de vouloir que tu annonces vos fiançailles durant le repas, à moins que ça ne soit à ton père de le faire.  

Il n’osait même plus parler parce qu’il était sur le cul, ni même regarder Evelyn parce qu’il était bel et bien le seul responsable de la situation.

Après tout, que ça traverse l’idée d’une mère, ça pouvait très bien se comprendre : toutes les mères ne souhaitaient que leur bonheur de leur enfant et qu’un jour, ils puissent avoir une famille, se marier … avoir des enfants, etc. Pour le moment, Gemma avait déjà la chance d’être grand-mère mais Caleb restait un père célibataire.

Mais pourquoi ? Comment ? Pourquoi en faire tout un plat ? Rien n’avait de sens. Evelyn n’avait rien pu placer car direct, elle s’était fait … « agresser » par la gentillesse et la satisfaction de la belle-maman qu’était Gemma. Elle semblait ravie, certes, Evelyn ne voulait pas la décevoir mais il était peut-être temps de mettre les pendules à l’heure, non ?

Gemma expliquait comment elle l’avait su, et voilà que ça parlait en fait, par une infirmière ? Une indigestion ? Et le secret professionnel alors ? Rien qu’à l’idée d’avoir été hospitalisée… non, c’était plus grave que ça. Ca se voyait au teint que le visage d’Evy blêmit. Romy qui confirmait les dires.… Romy ? Il lui fallut un temps pour la jeune femme de calculer de qui on parlait là. Cette Romy qu’Evy connaissait à peine et qu’elle n’avait pas vraiment adressé la parole jusque –là ? Cela démontrait bien que les gens pouvaient parler sans savoir de quoi ils parlaient ?

Toujours assise, Evelyn n’en croyait pas ses oreilles, et à réaliser tout ça. Comment une chose aussi futile ait pu prendre une ampleur pareille ? Que soudainement, elle se retrouvait fiancée à son voisin ? Ca, c’était la meilleure.

Franchement, tu aurais pu me le dire plus tôt au lieu de me confirmer vos fiançailles comme ça !

En fait, elle en déduisait ainsi alors que c’était en réalité dans l’autre sens.

Excusez-moi, Mada… Gemma, fit Evelyn doucement en la regardant. En fait, vous faites erreur, nous ne sommes pas … fiancés.

Autant mettre les choses aux clairs… Ce qui était vrai véritable. Cela dit, ça lui paraissait peut-être improbable pour la mère car Evelyn se retrouvait toujours avec le courrier en main, ceux de Caleb mélangés au sien, et le pire dans tout ça, c’était que sur les enveloppes, il n’y avait pas le numéro d’appartement d’écrit, seulement les noms et… la même adresse. Dont la manière comment Evelyn avait fait son entrée, tout laissait à envisager qu’elle vivait ici.

Evelyn regarda la mère de Caleb et elle avait l'impression que Gemma n'en croyait pas un seul mot, qu'Evy racontait seulement une bonne blague pour lui faire peur. Et à la regarder, Evy espérait que Gemma ne fasse pas une crise cardiaque sur place.

L’idée de se jeter par la fenêtre était plus que tentante. Surtout qu’elle était ouverte afin de faire entrer un peu de fraicheur – ce qui était peine perdue – parce que le soleil était encore de l’autre côté. Comment aurait-il pu imaginer qu’un tout petit mensonge de rien du tout, prendrait une telle proportion ? Il ne l’avait fait que pour rendre service à une amie, voilà que ça se retournait contre lui. Tout comme il ne savait pas que la sœur de Mrs Gonzalez travaillait dans cet hôpital. D’ailleurs, c’était qui cette Mrs Gonzalez du club de Bridges ? Depuis quand sa mère pratiquait ce jeu de carte ?

Peut-être qu’il était mort finalement. Une rupture d’anévrisme, c’était radical… Mais non, il était bel et bien vivant. Déjà qu’il était mal à l’aise vis-à-vis d’Evelyn et qu’avec les imbécilités de sa mère, il n’osait plus la regarder. Il ferma les yeux quand elle évoqua le plus naturellement le passage à l’hôpital, encore heureux que l’infirmière s’était trompée sur la raison de sa venue. Et encore qu’elle n’ait pas sorti « La fiancée de Gemma a été hospitalisée pour une fausse couche ». Parce qu’il n’était pas sorti de l’auberge.

En revanche, s’il n’avait pas déjà été assis il en serait tombé sur le cul. Comment avait-elle osé mêler sa fille dans cette histoire ? Il ne pouvait pas vraiment le reprocher à Romy, elle avait tenu sa langue parce qu’il lui avait expliqué la situation. Si elle avait lâché l’info sur ses prétendues fiançailles, il y avait une raison. Pas qu’il soit en train de prendre sa défense, parce qu’il était clair qu’elle aurait dû se taire. Il se promit d’avoir une sérieuse discussion avec la blondinette de l’appart d’à côté, il demanderait à Evelyn si elle voulait se joindre à lui.

Le fait que la jeune femme prenne la parole lui donna du courage pour en faire de même. Gemma Hayes voulait une histoire à raconter au club de Bridges, et bien, elle en aurait une.

- Ah ouais ? Et toi, tu n’aurais pas dû mêler Tess et Romy à cette histoire. Cette fois, tu es allé trop loin maman, répliqua Caleb. Tu voulais connaitre la vérité, tu n’avais qu’à venir me poser directement la question.

Il se leva puis se rassit. Il ne savait pas quoi dire ou quoi faire pour expliquer la situation, que sa chère maman venait de compliquer. Et dire, qu’il pensait que ça ne se produisait que dans les films ou les séries. Pas qu’il les regarde mais il voyait certain passage quand il zappait d’une chaine à l’autre avant de s’arrêter un programme qui l’intéressait.

- Maman, Evelyn a raison nous ne sommes pas fiancé ! Si c’était réellement le cas, tu le saurais depuis le temps, Dit-il pour appuyer les dires de la jeune femme.

Il était sur le point d’ajouter quelque chose quand sa mère se leva pour aller, dans une autre pièce. Peut-être pour digérer les informations. Quand il fut seul dans la cuisine avec sa voisine, il lui dit :

- Je suis vraiment désolé, Evely, je ne savais pas !

Il n’eut pas le temps d’en dire d’avantage, bien qu’il n’en ait pas réellement besoin, vu que la mère de Caleb refit son apparition.

- Chéri ressers donc un café à ta mère, dit-elle à son fils avant de se tourner vers la jeune femme. Parlez-moi un peu de vous, ma petite Evelyn !

Si elle s’attendait à ça, … Evelyn aurait évité tout ce cirque. Elle serait véritablement partie faire ses courses comme convenu mais il fallait croire que des petites choses comme le fait d’avoir trouver le courrier de son voisin mélangé au sien ou encore qu’elle se retrouve à se mêler les pieds dans un paillasson et défoncer une porte moitié ouverte involontairement la faisaient se retrouver dans cette situation… En fait, c’était un rempli de petits riens, et peut-être un peu trop de petits riens … Si c’était le hasard ou le destin, Evelyn ne le savait réellement car elle ne savait comment interpréter tout ça. C’était confus.

Sur ce, il fallait mettre les points sur les « I », soit dire ce qu’il en était : la vérité véritable. Caleb et elle n’étaient pas fiancés et encore moins ensemble. Gemma devait le croire même si involontairement, tout pouvait pousser le contraire… Il fallait qu’elle enlève cette idée de la tête. Et de toute manière, même si c’était vrai, Evelyn avait cette pensée négative qu’elle ne méritait absolument pas quelqu’un comme Caleb…

Au passage, Caleb s’excusait. Oh, Evelyn n’allait pas lui tenir rigueur car ce n’était pas de sa faute… Enfin, à la base si mais Evelyn avait compris que ce n’était pas pour la laisser seule à l’hôpital… mais que tout ceci grossisse à un point pas possible, c’était cette infirmière bavarde … Le monde était trop petit quoi… Et comme l’avait très bien dit Caleb, elle aurait dû lui demander… Enfin, c’était quand même eux deux les mieux concernés par la situation, non ?

Je ne suis peut-être pas venue au bon moment…

Mais elle ne pouvait pas le deviner… Gemma revint là où ils étaient et il semblerait avoir avaler la pilule… mais cela dit, elle voulait en savoir plus pour elle, sans pour autant lui demander si elle avait affaire… Evelyn voulait plisser les yeux, cherchant une logique à tout ça, ce qu’elle pouvait réellement penser.

Et bien pour tout dire, je travaille au Musée d’Histoire Naturelle… Je suis arrivée ici il y a quelques mois déjà. A la base, je viens de Kentucky.

Les grandes lignes de sa vie, quoi !

J’allais faire les courses ! Je ne vous ai pas dérangés au moins ! préférait-elle s’assurer car elle imaginait qu’ils avaient besoin d’intimité et qu’elle interrompait quelque chose. Et non, elle ne tentait pas de fuir. Absolument pas du tout. Mais n’empêche, l’air de rien, Evelyn n’enfonçait pas le clou, comme si elle pouvait déranger, et que cette rencontre n’était pas prévue… Pas comme ça.

Des fois, les parents je vous jure. On n’avait qu’une envie, être à des milliers de kilomètres d’eux. Pourtant, Caleb n’avait jamais regretté ces choix comme le fait d’être resté à proximité des siens. Il l’avait fait pour sa fille et également pour lui parce qu’il était agréable de pouvoir leur donner Tess. Le jeune homme avait chose qu’il ne pouvait pas faire avec une fillette avec lui, comme aller à certains rendez-vous.

Mais pas à cet instant. Il ne supportait l’idée que la grand-mère se soit permis de l’interroger longuement sur le sujet. Tout comme il ne comprenait pas pourquoi sa fille n’était pas venue le voir. De toute évidence, elle avait dû lui promettre quelque chose pour toutes les réponses qu’elle lui avait fournies.

Il ne put lui répondre parce que sa mère était déjà revenue. Fraiche comme une rose, comme si elle n’avait pas appris que son fils avait été fiancé et dans la foulée qu’il ne l’était pas. Un digne épisode des Feux de l’Amour, une histoire à la Victor et Nicky Newman, avec leur traditionnel « je t’aime, moi non plus ». Caleb lui aurait dit, qu’elle ne le dérangeait pas parce qu’il n’avait rien de prévus hormis les lessives.

- Ah d’accord ! dit-elle en ce qui concernait les réponses de sa vie. Mais non, vous avez tout ce qu’il faut et puis, mon fils est un vrai cordon bleu, avait-elle poursuivi tout en tapotant la main de la jeune femme.

Caleb regarda sa mère mais ne comprenait pas où elle voulait bien en venir exactement.

- Maman, tu ne m’as pas dit que tu avais un rendez-vous avec ton esthéticienne ? Demanda-t-il dans l’espoir de la faire sortir de chez lui au plus vite.

Gemma Hayes balaya la question de son unique enfant de la main.

- Vous savez qu’il est célibataire ? Comment le trouvez-vous ? Il ne vous plait pas mon Caleb ?

Et là, il comprit mieux l’expression « vouloir être une petite souris pour aller se cacher dans son trou ». Tandis que sa mère était en train de se dire « ils me feraient de beaux petits enfants tous les deux ! ».

Evelyn se demandait ce qu’il s’était passé dans le salon pour que la mère change radicalement comme si elle n’avait absolument pas vécu un ascenseur émotionnel à l’instant via la nouvelle, ou du moins via la vérité révélée.

Lorsque la jeune femme avait suggéré sur l’attention de ce qu’elle aurait voulu faire, entre autre, elle ne put s’empêcher d’être dubitatif envers Gemma avec sous-entendu. C’était elle où elle n’avait pas entendu ce qu’ils avaient dit auparavant ? Elle faisait semblant d’avaler la pilule pour mieux attaquer plus tard ? Pas sûr qu’Evelyn aurait la patience de ces attaques… A regarder Caleb, il ne semblait pas non plus apprécier la blague… Et comme attendu, la mère revenait comme une fleur pour mieux charger dans le but de vendre son fils… Certes, ces nouvelles questions pouvaient la prendre au dépourvu parce que, que répondre à ça ? Surtout que Gemma attendait une réponse attentivement.

C’est un ami extraordinaire… commença-t-elle, puis levant les yeux vers Gemma, devenant un peu plus ferme sans pour autant lui manquer de politesse : Je suis sûre qu’il saura choisir la personne qui lui conviendra, lui et pour Tess… Non la première venue pour éviter ce qu’il a déjà vécue…

Devrait-elle rappeler les faits ? Bien qu’elle ne savait pas forcément les détails mais les grandes lignes … Son ex, la mère de Tess, l’avait quitté abandonnant lui et l’enfant. Une tragédie. Et puis, pas qu’Evelyn se considérait comme n’importe qui mais ce n’était pas le sujet, la réalité étant que Caleb et elle n’était pas ensemble. Et ça, elle cherchait bien à le faire comprendre à Gemma dans sa fermeté de ses paroles sans pour autant être agressive. Evelyn était peut-être dans un état fragile psychologiquement en ce moment mais cela n’empêcha pas qu’elle sorte un peu ses griffes à cet affront. Encore un peu, elle prendrait la poudre d’escampette.

Je suppose que c’est ce que personne ne veut… ajouta-t-elle avec un petit sourire.

Elle, la première.

Il avait été idiot de croire que sa mère s’excuserait pour avoir utilisé sa petite fille pour obtenir des informations sur Caleb et Evelyn. Il l’était également pour avoir cru que celle-ci accepterait facilement leurs explications sur leur non-fiançailles. Le jeune homme n’allait pas ne pas tenir sa promesse envers Evelyn pour lui faire entendre raison. A savoir, la raison qui l’avait poussé à dire qu’il était son fiancé, de toute façon s’était une histoire entre les deux jeunes gens. Même si sa cousine en savait plus qu’elle ne l’aurait dû, elle était peut être tête en l’air et souvent ne faisait pas attention à ce qu’elle racontait, il lui faisait confiance quand il s’agissait de quelque chose de sérieux.

Et voilà que Gemma Hayes se mettait à agir de façon étrange. Sur le coup, il eut l’impression d’être à la foire aux bestiaux et que la bête n’était autre que lui. Oh mon Dieu ! Il ne manquait plus que ça. Le jeune homme se passa la main sur le visage, encore plus mal à l’aise que deux minutes avant.

- Maman ça suffit, dit-il quand Evelyn eut répondu à ses questions, flatté par ses paroles mais il ne l’avouerait jamais. Ne va pas croire que j’hésiterai une seconde à te mettre à la porte de chez moi ? C’est ce que tu veux ? finit-il par la menacer.

Il fallait savoir que ça n’avait jamais fonctionné avec son père, alors il y avait de forte chance qu’il ait autant de chance que lui. Même s’il fallait reconnaitre que ses parents aimaient bien se conduire de la sorte parce qu’ils étaient vraiment épris l’un de l’autre et qu’il s’agissait d’un jeu entre eux.

- Quel fils ingrat tu fais, mon Caleb ! Rétorqua-t-elle à son fils unique avant de reporter son attention vers la jeune femme. Il ne se rend pas compte qu’il fait de la peine à son vieux papa, et à sa vieille maman ! Commença-t-elle en tapotant l’avant d’Evelyn. Son vieux papa, ne souhaite qu’une chose avant de mourir vous savez. Il veut marier son fils chéri, vu que le frère de notre Caleb est les pire des idiots et qui ne pense qu’au chèque qu’il aura à sa mort, et aussi pouvoir tenir d’autres petits enfants dans ses bras.

L’instituteur regarda sa mère attentivement pour s’assurer qu’elle n’était pas saoule ou pire, qu’elle n’avait pas perdu la tête.

- Aux dernières nouvelles, Papa n’avait qu’un petit rhume de rien du tout ! Annonça le père célibataire parce qu’il avait eu son père au téléphone pas plus tard que trois jours plus tôt.

- Chéri, j’ai juste dit que nous n’étions plus très jeune pas que ton père était mourant !

- Hmmm… Je vois mais dis-moi, où en sont tes grands projets pour dénicher l’homme de sa vie à Romy ?

- Justement vous n’auriez pas des amis célibataires à me présenter pour je m’entretienne avec eux ? J’ai fait le tour de toutes mes connaissances et elle leur a trouvé que des défauts : vieux, gros, chauve, aucune conversation, ne parle que sa maman ou vit chez sa mère… Elle soupira avant d’ajouter : Sa pauvre maman, a peur de mourir sans avoir vu son bébé se marier et mettre au monde son premier enfant.

Sacrée rencontre, il fallait le dire… Evelyn n’aurait jamais imaginé rencontrer un jour la mère de Caleb, même par pur hasard. Et pas que Gemma pouvait être mauvaise, bien au contraire, mais son côté mère-poule pouvait se laisser à désirer que ça en pouvait être étouffant. Etait-ce à son tour d’assister à une partie de la vie de Caleb ? Ils pourrait presque quitte et à être sur le même pied d’égalité… Quoique, Caleb ne savait rien sur la vie de famille qu’avait vécu Evelyn. Peut-être qu’elle le lui raconterait un jour…

Les laissant discuter entre eux deux, Evelyn, dans le fond, n’aurait pas voulu être mêlée à leur conversation familiale… Et il fallait croire que Caleb n’était pas le seul souffre-douleur dans cette histoire puisqu’on cherchait à caser cette fameuse Romy. Si Evy pouvait dire le fond de sa pensée … simplement les laisser vivre … Enfin, ça, elle l’avait bien sous-entendu dans la manière dont elle avait répondu à Gemma un peu plus tôt : Caleb était assez grand pour faire ses propres choix. Bien que réservée, Evelyn était un livre ouvert en ce moment même pour savoir ce qu’elle pouvait penser de tout ça.

Cela dit, au moment où Gemma demanda si les deux gaillards ne connaissaient pas des célibataires pour Romy car les mecs qu’elle avait déjà fait présenté… Mon dieu, on frôlait la catastrophe. Au fond, Evelyn voulait se moquer, presque mourir de rire, et comprenait tout à fait pourquoi Romy - ou même une simple femme censée – les rejetait. Pour dire, pour présenter ce genre de mecs, il fallait vraiment être… désespérée. Surtout que selon Evelyn, si on parlait bien de la même Romy, Romy lui semblait jeune, pleine de vie et était une jolie fille alors elle aura tout son temps pour rencontrer son bonheur. Evelyn voulait véritablement ressentir de la compassion pour ce côté-là.

J’ai peut-être une idée ou deux mais je ne promets rien…

Evelyn pensait à quelques collègues, peut-être… mais ce n’était pas comme si elle connaissait milles personnes depuis qu’elle est à New York…

Si ça vous rassure, je m’occupe de cette affaire …

Bon, le plan, c’était qu’Evelyn disait ça pour soulager Gemma et peut-être espérer qu’elle lâche l’affaire. Sur ce coup, Evelyn ne pouvait se montrer compatissante car elle détesterait qu’on lui foute un homme dans les pattes. En fait, c’était un peu ce qu’elle venait de … subir.

Il faudrait inventer sa mère, si elle n’existait pas encore. Honnêtement, Caleb avait du mal à comprendre pourquoi son père était tombé sous son charme. Même si ce n’était pas vraiment compliqué, Gemma était différent et en même temps une bouffée d’air fraiche. Et surtout totalement différente que sa première épouse si on en jugeait le comportement de son frère, Cliff.

Enfin bref, il réussit à changer la cible tout en gardant le sujet de discussion actuel. Même s’il avait cru que ça ne fonctionnerait pas. Au moins, ils auraient un peu la paix avant qu’elle ne remette Caleb et Evelyn sur le tapis.

Le jeune homme ne fut pas vraiment étonné d’apprendre que Romy avait trouvé quelque chose à redire, sur les prétendants envoyés par sa mère. Hélas, elle n’avait peut-être pas prévu qu’elle demanderait à son fils et sa voisine de l’aide pour trouver la perle rare.

- Tous mariés et fiers de l’être, répondit-il.

Il était vrai que les amis de Caleb étaient quasiment tous mariés et heureux en ménage. De plus, il se donnait la peine de répondre alors qu’elle les connaissait tous plus ou moins. Et ceux qui n’avaient pas cet honneur, il voulait leur épargner un interrogatoire en bonne et due forme… Et surtout qu’ils arrêtent de lui parler après… Voir, qu’elle se mette en tête de les marier également. Il connaissait les filles de ses amies pour avoir dû les accompagner à des soirées de gala, à des repas. Sa mère avait tenté de le caser avec l’une d’elle pour que Tess ait une maman pour s’occuper d’elle. Autant dire, qu’à chaque fois il avait cru mourir d’ennui parce que leur discussion favorite était l’achat de leur nouvelle robe, du dernier bijou offert à unetelle, etc…

- Merci beaucoup ma petite Evelyn, dit Gemma.

Elle avait jeté un coup d’œil à son fils, celui-ci signifiait « Tu pourrais faire des efforts ! ». Oui mais sur quel sujet ? De lui donner une belle-fille et un nouvel héritier ? D’être compréhensible afin de l’aider dans sa quête de marier Romy ? Et bien, non. Que ce soit pour Romy ou lui, c’était le même bateau. Ca arriverait quand ça arriverait, il ne servait à rien de forcer le destin.

- Oh, excusez-moi ! dit-elle à leur intention avant de répondre à son portable.

L’enseignant en maternelle n’essaya même pas de tendre l’oreille pour savoir de quoi il en retournait. Il n’agirait comme elle, à vouloir se mêler de sa vie.

- Dis dans tes connaissances tu n’aurais pas un vieux garçon, qui se trimballe avec le col ouvert de sa chemise pour laisser apparaitre les poils de son torse ? Tu sais le genre de type qui se croit irrésistible alors qu’on a envie de lui coller des baffes ?

Ça lui apprendrait à sa cousine de lui avoir collé sa mère sur le dos. D’autant plus que ce genre de mec, les femmes avaient du mal à s’en débarrasser.

- Je dois vous abandonner, leur annonça-t-elle en récupérant son sac. J’avais oublié que j’avais rendez-vous avec ton père pour lui trouver son costume pour le mariage de ta tante. Elle embrassa Caleb sur le front avant de tendre la main vers Evy. J’ai été enchantée de faire votre connaissance Evelyn, elle lui sourit avant de s’adresser une nouvelle fois à son unique fils. Tu devrais l’inviter à venir manger à la maison un dimanche !

Gemma n’attendit pas leur réponse avant de s’éclipser. Le jeune homme commença à se détendre quand la porte se referma.

- Désolé, ne put-il s’empêcher de dire à la jeune femme face au comportement de sa mère.

Evelyn essayait de voir Gemma autrement, si elle avait toujours été comme ça ou elle réagissait tout simplement ainsi pour voir de l’amour de partout… Mais trop d’amour, trop forcer les choses… le trop tuait tout. Un vrai tue l’amour. Les rencontres arrangées ne marchaient généralement guère. C’était un fait.

Bon, peut-être que cette lubie lui passerait ou que le fait qu’Evelyn propose son aide pourrait apaiser ce délire pour que tout rendre ça plus supportable. Que ce soit pour Caleb ou plutôt… pour elle… Si Gemma ne faisait pas trop de fixation sur elle. Quelle idée ! Surtout le « ma petite Evelyn », ça lui foutait un sacré frisson dans le dos. Pourquoi ? Elle ne savait réellement mais en tout cas, elle n’appréciait pas vraiment ces manières-ci. Sur ce, si Dieu les écoutait, le portable de Gemma sonnait, les laissant un peu souffler. A la dévisager, Evelyn se disait que de toute manière, cela sera sans doute la première fois et la dernière fois que ces deux-là se croiseraient… Quoique.

C’était à ce moment-là que Caleb lui suggérait une idée, du moins lui demandait si elle connaissait un type dans les détails qu’il décrivait …

Non, pas à ma connaissance ! répondit-elle après réflexions.

Et il n’y avait pas à réfléchir, ce n’était pas comme si elle côtoyait ou gardait contact avec ce genre de type. Elle avait sûrement croisé dans sa vie mais sans plus que ça.

La mère revint et plus ça allait, plus quelque chose répondait aux prières… Gemma s’en allait. Oh non, pas qu’Evy en était enchantée et qu’elle ne l’aimait pas mais cette situation émettait un sacré malaise. Gemma lui dit « au revoir ».

Moi aussi .. Ma… euh Gemma.

Evelyn ressentit un soulagement, enlevant ce malaise, quand Gemma s’éclipsa. La tension tomba, et la jeune hôtesse n’était pas discrète pour le coup : on pouvait sentir son soulagement. Au passage, Caleb s’excusait.

Oh… c’est rien…

Elle leva les yeux vers lui et continua avec un petit sourire pour le rassurer.

Je crois qu’on a tous nos bizarreries dans la famille…. Moi la première.

Mais ça, ses propres bizarreries, elle n’oserait pas trop en parler. Du moins, pas tout. En partie. En fait, tout dépendait ce qu’il y avait à dire. Mais… pas maintenant. Surtout que là, elle était venue pour autre chose.

Euh… J’étais venue à la base car j’ai trouvé du courrier pour toi dans ma boîte aux lettre… je me suis dit que je devrais passer pour te les donner en main propre… mais par contre – tout en désignant la porte, démontrant au passage son bras un peu rouge vu com

C’était mesquin de sa part de vouloir rendre la monnaie de sa pièce, à Romy. Et de la pire des façons : en lui mettant un abruti dans les pattes. Elle ne mérite pas vraiment cette petite vengeance de sa part. Bon tant pis, Evelyn n’en connaissait pas mais il n’avait pas dit son dernier mot, peut être que Chris, Drew et quelques autres en avait un dans leur liste d’amis. Mais chaque chose en son temps, il verrait plus tard parce qu’il devait surveiller sa mère qui était en pleine crise de folie.

Quoi que non quand elle réapparut, elle leur annonça qu’elle avait rendez-vous avec son père, pour l’achat du costume pour le mariage. Mince, il n’avait rien à se mettre pour l’occasion et n’avait pas encore fait les magasins pour trouver une petite robe pour Tess. Il se mordit la langue pour ne pas le clamer haut et fort autrement, il aurait été bon pour suivre celle qui l’avait mis au monde. Il n’avait pas eu le temps de la saluer et de lui demander d’embrasser son père pour lui, qu’elle avait déjà quitté l’appartement.

Il avait envie d’aller s’assurer qu’elle était bien partie, et non pas fait semblant mais s’en abstint, préférant s’excuser auprès de sa voisine. Parce qu’il était vraiment mal à cause de sa mère et son cirque pour prêcher le faux pour avoir le vrai.

- Je le reconnais, enfin pour les bizarreries, il va s’en dire ! Confirma Caleb, précisant le point sur lequel il était d’accord avec elle afin qu’il n’y ait pas de confusion.

En fait, il ne savait pas quoi dire pour excuser sa mère – parce qu’il estimait que c’était à lui de le faire, vu que la principale concernée n’était plus là – et commençait sérieusement à se demander si elle était excusable. Alors il se tut, se concentrant sur Evelyn et sa bouche. Elle avait une très jolie bouche. Il secoua la tête pour écouter ce qu’elle lui disait réellement, évitant son regard d’aller se porter sur ladite bouche.

- Merci pour m’avoir apporté le courrier, fit-il en tendant la main pour le récupérer, tout en examinant son bras. La porte, c’est du Romy crachée. Heureusement que j’ai la clef de chez elle pour la fermer quand elle est trop pressée.

Il posa donc ses lettres sur la table afin d’aller chercher du désinfectant pour nettoyer les marques rouges. Ce n’était rien, juste de petite griffure du au bois de la porte. 7

- Ça pique un peu, fit-il avant de tamponner le bout de coton imbibé de nettoyant sur le bras de la jeune femme.

Enfin seul en tête à tête, ils pouvaient parler sans pour autant qu’il y ait des parasites qui puissent déformer tout propos. Pas que ce soit méchant loin de là, mais pour l’instant, vu les circonstances, c’était tout ça. Cela dit, Evelyn expliqua alors le pourquoi du comment de sa venue bien que ça aurait pu se deviner jusque-là… Mais après, la jeune femme n’avait pas totalement réfléchi à ce qu’il aurait pu se passer ensuite. C’était vrai : elle avait trouvé son courrier dans sa boite aux lettres et elle avait décidé un peu sur un coup de tête de le lui apporter, sans pourtant y réfléchir ce qu’elle ferait ou ce qu’elle lui dirait par la suite.

Sur ce, vu les griffures qu’elle s’était faite au bras, elle les avait carrément oubliés sur le moment, qu’elle en fit attention que lorsqu’il décida de la « soigner » en gros. Chose dont il n’était pas obligé, surtout que ce n’était absolument rien de grave.

Merci … J’avais même pas fait attention…

Pendant qu’il désinfectait sa blessure un peu ridicule, Evelyn eut une pensée … Du moins, par rapport à Romy. Certes, elle en avait entendu parler jusque –là , elle savait qui elle était dans les grandes lignes et avait pu la croiser parfois dans les couloirs.

Dis-moi, ôtes-moi d’un doute.. commença-t-elle doucement en levant les yeux vers lui et en les plantant dans les siens. Ta mère a dit… par rapport à Romy… qu’elle a confirmé des choses sur nous… Pourquoi n'a-t-elle pas dire le contraire?

Evelyn voulait comprendre car elle se posait des questions vis-à-vis de cette fille... Il lui semblait avoir le souvenir que lorsqu'elle avait été à l'hôpital, Caleb avait envoyé Romy chez elle pour des affaires de rechange donc elle savait des choses, mais peut-être qu'elle ne voulait pas l'embêter avec ça, mais n'empêche, ça turlupinait la jeune Evelyn.

C’était un geste naturel de sa part, quand il avait nettoyé la blessure. Bien sûr, ce n’était pas grand-chose mais on n’était jamais trop prudent. Il suffisait qu’une saleté vienne se poser dessus pour que ça empire. Pas que l’appartement de Caleb soit sale, parce qu’il prenait soin de son intérieure vu qu’il avait une fillette de cinq ans. Et puis, ce geste ressurgissait parce qu’il était papa et instituteur, mais pas seulement, il en aurait de même avec n’importe qui.

Il ne lui dit rien quand elle le remercia, il n’en avait pas besoin. Il savait qu’Evelyn avait conscience que ça ne le dérangeait pas. Il tamponna encore un peu ici et là, il sourit à l’idée qu’il lui traversait l’esprit. Caleb était sur le point de sortir la boite de sparadrap dont il se servait avec Tess, il ferait choisir à Evy : Hello Kitty ou les princesses. Hélas, il n’en eut pas le temps parce qu’elle lui posa une question.

- Parce que c’était le meilleur moyen pour ma chère cousine de me mettre ma mère dans les pattes, répondit-il tout simplement.

Comme il avait fini de jouer les infirmiers, Caleb se leva pour jeter le coton qui avait servi dans la poubelle. Ensuite il se lava les mains avant de commencer à ranger le matériel dont il ne servirait plus. Du moins, jusqu’au prochain bobo de sa fille.

Il reprit place sur sa chaise avant de reprendre la parole :

- Elle n’a pas démenti parce que je lui ai expliqué que je m’étais fait passer pour  ton fiancé à l’hôpital, reconnut-il, même s’il lui semblait déjà lui avoir expliquer au moment des faits. Je ne voulais pas qu’elle dise une bêtise à l’une des infirmières et que tu retrouves seule, et ce n’était que la stricte vérité, rien de plus. Ne t’inquiètes pas, elle ne dira rien de ce qu’elle sait. J’ai confiance en elle.

Il faisait de son mieux pour la rassurer. Caleb savait que sa voisine ne voulait pas que ça se sache dans l’immeuble. Et comme dit, il avait confiance en Romy même si elle laissait croire qu’elle parlait à tort et à travers.

- Mais j’irai lui parler ! Lui promit-il pour éviter tout quiproquo.

Par la même occasion, Evelyn avait demandé à Caleb de lui éclaircir quelques détails qui lui traversaient à l’esprit par rapport à Romy sur le pourquoi du comment elle n’avait pas démenti les faits, soit pourquoi elle n’avait pas dit tout simplement la vérité : elle était la fiancée de personne. En fait, que Romy lui envoie sa mère dans les pattes était un fait qu’elle pouvait comprendre mais ce qu’elle n’aimait guère était de se trouver mêler à tout ça.

Sans offenser, j’aurais apprécié ne pas en être mêlée à ces histoires… avoua-t-elle.

C’était ce qui la faisait un peu sortir de ses gonds, d’être mêlée à des taquineries sans qu’elle ait son mot à dire, sans pour autant penser aux conséquences et aux répercussions. Evelyn voulait être franche là-dessus. Pendant que Caleb était parti ranger son matériel et se laver les mains, Evelyn le suivit un peu du regard, pensive. Caleb était un homme fort sympathique, agréable, attentionné… en plus d’être un homme beau et charmant. En toute franchise, si une femme mettait la grappe sur lui serait une chanceuse. Vraiment. Il était ce qu’on pouvait espérer. Quant à elle, Evelyn pensait honnêtement qu’elle n’en était pas digne, même de son amitié et de tout ce qu’il avait pu faire pour elle. Depuis qu’elle était à New York, Evy était tout bonnement en train de basculer. La preuve : dernièrement, en suivant Phoebe à une fête, Evelyn avait trouvé le moyen de se bourrer la gueule … d’ailleurs, elle n’avait pas vraiment réellement de souvenirs de ce qu’elle avait pu faire, même avec ce gars, l’hôte de la fête… Les relations amoureuses n’étaient pas non plus en bonnes formes. Elle se considérait presque comme une épave. Au milieu de tout ça, face à elle, Caleb lui apparaissait comme un ange.

Je crois qu’il faudrait bien que je trouve un moment pour lui parler … fit-elle en plantant ses yeux dans les siens. Après tout, il semblerait qu’elle en sache un peu plus sur moi de ce que je sais d’elle.

Un peu d’humour dans ce triste monde ! Elle avait dit ces dernières paroles avec un petit sourire.

Il serait temps que je fasse amplement sa connaissance, et ce, dans les règles… Après tout, bien que j’apprécie ton aide, tu en as fait suffisamment pour moi ! Je pense que tu auras déjà assez de soucis avec Tess sur les épaules si elle s’imagine qu’on est ensemble…

Oui, Caleb en avait déjà fait énormément et ça, Evelyn appréciait beaucoup. Pour le coup, elle lui ôtait toute responsabilité, car elle était tout autant responsable de tout ça : c’était elle qui s’était mise dans cette état, et non lui. Même si c’était un peu dur pour le moment, elle ne pouvait pas comme si rien ne s’était passé et comme si elle n’avait rien fait… La seule chose dont il devait se préoccuper pour lui d’abord était effectivement sa fille.

Ce que j'ai pu dire à ta mère, je le pense réellement ! ajouta-t-elle avec un sourire et évidement, elle faisait référence de ses pensées sur Caleb. Ce "fameux évènement" restera sans doute encore frais dans nos esprits encore un peu mais j'espère vraiment qu'on arrivera à le mettre loin derrière nous. Vraiment...

Il fallait du temps pour passer l'éponge mais ça, ils réussiront sûrement. Certes, ils en avaient déjà parlé et le mieux maintenant était de changer de sujets et de vivre d'autres évènements.

Ca va Tess à l'école ?

Oui, en parlant de Tess un peu plus tôt, Evelyn pensait à elle et se demandait comment allait la petite.

- J’avoue que moi aussi, reconnut-il.

Il voulait par-là, il aurait souhaité que sa voisine et amie ne se retrouve pas au milieu de cette histoire. Certes, Romy n’aurait jamais pu prévoir qu’Evelyn viendrait lui remettre son courrier en main propre, et encore moins qu’elle se retrouvait prise au piège par sa tante. D’autant plus, qu’il n’y avait jamais moyen de prévoir comment sa mère allait réagir. Enfin, du moment qu’elle ne se mettait pas en tête de caser Evy avec l’un des prétendants rejetés par Romy. Peut-être qu’un jour, Gemma parviendrait à marier les enfants de ses amis, mais pour cela il lui faudrait apprendre à mettre en contact ceux qui avaient des points communs au lieu de se baser que le traditionnel « il ferait un beau couple ensemble ! ».

Le jeune homme s’abstint de s’excuser une nouvelle fois, parce qu’il l’avait déjà fait. Et ce, même si la situation était dérangeante parce que sa mère risquait de mettre en péril la relation amicale qu’avait construit les deux jeunes gens.

Quoi qu’il en soit Caleb lui annonça qu’il irait parler avec Romy. Après tout, il pouvait bien faire ça pour son amie, même si pour cela il devait la menacer de démembrer Bones morceau par morceau. Peut-être qu’il trouverait pire… Enfin non, ce n’était pas son genre et il savait que ça n’aurait aucun effet sur sa cousine. Quant à Evelyn, elle lui annonça qu’il serait temps pour elle qu’elle fasse connaissance avec la blonde vivant dans l’appart juste en face de celui de Caleb.

- Si tu veux savoir quoi que ce soit sur Romy, n’hésite pas à te servir de moi ! Déclara-t-il.

Il sous-entendait par-là, qu’elle pouvait l’interroger sur l’autre jeune femme afin qu’elle en sache un peu plus sur elle. Il trouvait cela normal afin que les deux femmes soient sur le même pied d’égalité. C’était gentil de sa part d’être inquiète de la réaction de la fillette si elle apprenait que son père était le fiancé d’Evelyn. Et ça risquerait de ne pas tarder vu ce qu’il avait appris de la bouche de sa mère, un peu plus tôt.

- Evelyn, tu en aurais fait autant pour moi ! Répondit-il sur le fait qu’il en avait fait beaucoup pour elle. Ne t’en fais pas pour Tess, si elle vient à me poser des questions à ce sujet, je trouverai quoi lui dire.

A moins, qu’il ne l’envoie à sa mère pour qu’elle gère la situation qu’elle avait créé avec ses questions. Il était sur le point d’ajouter qu’elle n’était pas encore venue le questionner à ce sujet, même après l’interrogatoire de sa grand-mère qu’elle avait subi mais n’en eut pas le temps parce que la jolie Evy avait repris la parole.

- Euh… Bah… Je ne sais pas quoi répondre… Fit-il mal à l’aise, le feu aux joues aux souvenirs des paroles de la demoiselle assis en face de lui. Même si elle n’avait fait que dire, qu’il méritait une femme bien, pour lui et sa fille. On y arrivera Evelyn, on en a déjà fait du chemin depuis.

De plus, ils étaient adultes donc capables de communiquer quand les choses dépassaient les limites de l’autre. C’était ce qu’elle avait fait avec sa mère, la remettant gentiment à sa place, et avec lui quand elle lui avait avoué qu’elle aurait aimé ne pas être mêlée à leur histoire de famille.

Ensuite, Evelyn demanda des nouvelles de la petite Tess.

- Elle passe dans la classe supérieure mais son instituteur m’a dit que c’était une vraie pipelette. Et elle me parle déjà du sac qu’elle veut pour la rentrée alors que l’école n’est pas encore finie, lui confia le jeune homme, omettant de parler des affaires de classe et des tenues qu’elle se voyait porter, bien qu’il y aurait une nouvelle mode à ce moment-là. Evelyn est-ce que je peux te demander un service ? Se risqua-t-il à lui demander. Tout à l’heure, ma mère a parlé du mariage de ma tante et je n’ai pas encore eu le temps d’aller les boutiques. Avec la fin de l’année qui approche, samedi je dois aller bosser afin de préparer un peu la rentrée, et je me demandais si tu pouvais faire les magasins avec Tess pour lui trouver une petite robe.

Bien sur, il lui donnerait sa carte bleue pour les achats parce que « Robe » voulait également dire « Chaussures » et « Accessoires ». Ou alors il lui rembourserait les achats si elle avançait l’argent. Il savait aussi que sa fille serait contente de passer du temps avec la jeune femme et qu’elle apprécierait la sortie entre filles.

Faire connaissance avec Romy, il serait peut-être temps… Pas qu’Evelyn n’en avait pas déjà entendu parlé puisque Caleb lui en avait touché deux mots à l’hôpital, et cela dit, depuis qu’elle était rentrée de l’hôpital, Evelyn n’avait pas vu grand monde, pour dire qu’elle voulait voir personne… Cependant, à part Caleb, elle avait pu voir Phoebe qui lui avait rendu visite récemment et qui l’avait fait sortir et voir du monde mais sinon à part ça, Evelyn n’était pas venu d’elle-même… Et comme elle avait du temps devant elle, elle trouverait bien un moment : mieux vaut tard que jamais, disait-on.
Cela dit, Evelyn sourit à sa proposition, si elle avait besoin de savoir quelques informations sur Romy. Peut-être que l’hôtesse finirait par en demander si jamais elle sympathisait ou non avec la cousine. Tout dépendrait après si les choses évoluaient et que Romy et elle finissaient par se voir ou si ça resterait qu’une relation amicale… Enfin, elle ne savait. Déjà, première mission : aller la voir.

En tout cas, le fait que Caleb pouvait avoir autant foi en elle pouvait presque la surprendre mais c’était aussi à la fois touchant, car ils se connaissaient plus ou moins. Le fait de penser qu’elle pourrait en faire autant pour lui … Peut-être que si les rôles étaient échangés et que c’était elle qui le trouvait à moitié suicidaire, elle n’avait aucune idée de sa réaction pendant ou après l’événement.. Elle ne savait… Mais ce n’était pas comme ça que c’était arrivé. Et peut-être qu’un jour réussirait-elle à lui rentre la pareille. Enfin, elle ne lui souhaitait qu’il se suicide, non … Mais de pouvoir être présente en cas de besoin…

Sur ce, c’était un peu tout. Caleb en avait déjà assez fait selon elle et devrait se concentrer un peu plus sur Tess, bien qu’elle ne doutait absolument pas qu’il saurait gérer sa fille. Et c’était un peu en parlant d’elle qu’Evelyn demanda les nouvelles de la petite, depuis le temps qu’elle ne l’avait pas croisé… Elle fut ravie d’apprendre que tout allait plutôt bien pour elle… Et d’ailleurs, par la même occasion, Caleb lui demanda de lui rendre un service, soit de la garder pour faire les boutiques car il n’aura pas le temps de s’en occuper.

J’en serais ravie…

La jeune femme avait bugué un peu sur ce service. C’était à elle qui le demandait. Il fallait croire que Romy était peut-être occupée pour ça…. Ou que savait-elle vraiment ? Evelyn ignorait la raison mais elle n’hésita pas. Après tout, ce n’était pas comme si elle n’était pas en congé pour quelques jours et qui savait si ça ne lui ferait pas du bien… Après tout, faire du shopping n’était pas un souci pour elle et ça pouvait se voir à son apparence. Elle ne suivait pas toujours la mode mais Evelyn avait toujours tendance à bien s’habiller, à être féminine… Il n’y avait rien de mal à se mettre un minimum en valeur.

Tu la déposes chez moi quand ça t’arrange… Je suis encore en congé pour quelques jours, donc…

Evidement, congé maladie avant d'être de nouveau sur pied ... Sur ce, il était peut-être temps de s’en aller : Evelyn ne voulait pas trop s’imposer. Après tout, elle était seulement venue pour lui apporter son courrier… Et malgré l’épisode avec Gemma un peu plus tôt, quelques échanges en tête à tête avec Caleb lui firent plutôt du bien.

Pour le coup, Evelyn finit par prendre congé. Elle récupéra son propre courrier à elle, salua Caleb, et finit par s’en aller, tout en sachant qu’ils allaient se retrouver bientôt.