Come in my home... [Terminé]

Naëlle commença à émerger à son tour. D’ordinaire, elle n’avait pas autant de mal à ouvrir les yeux et à faire son petit train-train. Pourtant ce matin-là, elle eut toutes les difficultés du monde parce qu’elle avait mal au crane, mal aux yeux à cause de la luminosité et ce même, si elle était faible pour l’heure. Sans oublier que ça lui donnait la nausée et qu’elle avait la bouche toute pâteuse. Son premier réflexe fut de mettre sa tête sous l’oreiller pour se cacher et tenter de se rendormir.

Puis, elle se redressa subitement dans le lit. Elle n’était pas chez elle, ni dans son lit. Naé ignorait totalement où elle se trouvait. Pour faire passer la nausée – pour s’être relevé brusquement – elle mit sa tête entre ses genoux. Enfin, elle ne savait pas si ça fonctionnait ou non, mais c’était ce qu’on faisait dans les films ou dans les bouquins.

La lycéenne remarqua qu’elle portait une chemise d’homme. Est-ce qu’elle appartenait à Connor ou pas ? Elle se rappelait lui avoir envoyé un sms la veille mais le reste de la soirée : c’était le trou noir. Machinalement, la jeune femme porta le col de la chemise à son nez pour voir si elle reconnaissait le parfum mais le vêtement sentait la lessive.

Autant savoir de quoi il en retournait exactement mais avant, elle fit un crochet par la salle de bain. Histoire de se recoiffer un peu et de se débarbouiller un peu, il y avait de forte chance que son maquillage ait coulé. Elle alluma la lumière posée sur la table de chevet, afin d’éviter de se cogner dans les meubles. Elle fut soulagée de reconnaitre les lieux, il s’agissait de la chambre de Connor. Enfin soulagée jusqu’à ce qu’elle ne se voit dans le miroir et qu’elle constate qu’elle ne portait que la chemise du jeune homme et sa culotte.

La demoiselle finit par sortir de la salle de bain, se demandant ce qu’elle devait faire ou non. Elle soupira pour se donner du courage et sortit de la chambre de Connor pour le rejoindre. La jeune femme traversa la pièce, ayant l’impression de marcher sur des œufs de peur que ses jambes ne se dérobent sous elle. Elle le trouva assis sur un tabouret du bar de la cuisine, à lire les journaux. Naëlle fronça les sourcils parce qu’elle s’était plutôt attendue à le voir compulser des bandes-dessinées, plutôt que des quotidiens.

Ne sachant pas comment se comporter, vu qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il s’était produit durant la soirée. En fait, elle ne savait pas si elle devait l’enlacer comme Jo quelques jours auparavant ou agir tout autrement. Elle finit par se décider : elle s’assit sur le tabouret à ses côtés parce que c’était finalement le plus simple et le moins humiliant pour elle, si jamais il l’envoyait paitre.

- Coucou, finit-elle par dire, afin de briser le silence. Est-ce que tu aurais une aspirine ? Lui demanda-t-elle pour faire passer son mal de crane.

La jeune femme ne savait pas s’il allait lui répondre ou non, vu qu’elle ignorait s’il était du matin ou pas. Ou s’il fallait attendre qu’il ait bu son café avant de lui adresser la parole.

- Alors hier ? Voulut-elle savoir, étant donné qu’il était le seul à pouvoir la lui décrire.

Elle ne savait pas comment réagir parce qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il s’était produit. Foutu trou noir. C’était désagréable comme sensation, d’avoir cette impression qu’on lui avait reformaté son cerveau durant la nuit. Quoi qu’il en soit, elle avait des araignées au plafond et très mal aux cheveux. Peut-être que d’ici peu, elle irait jusqu’à se cogner la tête contre les murs.

Naé sourit à Connor quand il la salua à son tour, même s’il ne pouvait pas la voir. Tout comme elle, la jeune métisse ne put voir le sourire en coin qui se dessina sur les lèvres de l’Anglais. Naëlle soutint sa tête à l’aide de ses mains, le temps qu’il était à la recherche de l’aspirine.

- Merci !

La demoiselle prit un comprimé et l’avala avec une gorgée du verre d’eau. Comme elle ignorait si elle serait capable de prendre un petit déjeuner. Du moins si son estomac pourrait le supporter ou non, la jeune femme conserva son verre pour pouvoir le finir à sa guise.

Et la curiosité fut beaucoup trop forte. Il fallait qu’elle sache ce qu’il s’était passé la veille. Elle devait savoir ce qu’il s’était passé, entre eux, une fois qu’ils étaient arrivés à l’appartement. Autant dire que la réponse de Connor commença à la faire paniquer. Elle était en train de s’imaginer qu’elle avait enfin sauté le pas mais le pire, c’était de ne pas s’en souvenir.

Pourtant, elle poursuivit ses questions parce qu’elle voulait savoir. Curieuse jusqu’au bout des ongles. Naé devait savoir comment elle avait été, comment ils en étaient arrivés à coucher ensembles.

- Ah... et j'étais comment ?

Autant savoir. Comme elle savait que Connor n'était pas du genre à édulcorer la réalité, il lui dirait la stricte vérité.

Et autant dire que la situation n’allait pas en s’arrangeant. Les réponses de Connor étaient de plus en plus effrayantes. Naé se maudissait de plus en plus de vouloir ses informations, afin d’assembler les pièces du puzzle pour essayer de se souvenir. Peut-être que finalement ça n’en valait pas la peine, qu’elle se faisait plus de mal qu’autre chose.

- Ah… fut tout ce qu’elle put prononcer.

En gros, Connor était en train de lui dire qu’elle avait été une vraie nullité au lit. Déjà qu’elle n’en gardait aucun souvenir, maintenant ça. Autant dire que ça ne lui donnait pas très envie de recommencer, surtout si elle était aussi gauche que prétendue.

*Bon, il serait peut-être temps que je le visionne ce film !*

La métisse avait en sa possession un dvd mais elle n’avait pas encore osé le regarder. Elle l’avait acheté par curiosité et en apprendre davantage sur le sexe. Cela dit, elle ne s’était jamais sentie capable d’aller plus loin de l’achat de la vidéo. Finalement, il était peut-être temps d’approfondir la question.

- Connor, c’était horrible comment ?

Elle n’avait pas pu se résigner à lui dire « j’étais si nulle que ça ? ». Naëlle avait conscience qu’elle ne serait pas au top lors de sa première fois, parce qu’elle ne savait pas ce qu’il fallait faire, ni comment ni quand les faire.

Ce n’était pas qu’elle n’était pas satisfaite des réponses de Connor. Elle était simplement déçue de ne pas se souvenir. Bordel, c’était sa première fois et elle ne s’en souvenait plus. Il y avait de quoi pester contre elle. Dire qu’elle s’était fait des films sur cet événement : bougie, fleurs, musique douce, etc… Et là, elle avait droit à quoi ? Elle n’en savait rien. Est-ce que Connor avait été tendre ? Ou comme un sauvage ? Est-ce qu’il avait attendu qu’ils soient arrivés à l’appartement ? Est-ce que ça s’était produit dans la voiture ?

Le souvenir qu’elle avait encore à l’esprit, c’était l’épisode dans le jardin mais il était flou. Elle ne savait plus le pourquoi du comment, ni s’il était réel ou pas. Après tout, elle avait très bien pu rêver et croire qu’il s’agissait de la réalité.

- Il parait que sa première fois, ça n’est jamais le top ! Commenta la jeune femme. Il faut de la pratique pour apprécier !

Peut-être qu’il fallait qu’elle récidive pour pouvoir se créer un souvenir de sa première fois. Au moins, elle aurait la chance de ne pas revivre les hésitations et autres. Peut-être que les gestes lui reviendraient tout seul, que c’était comme le vélo « une fois qu’on sait en faire, ça ne s’oublie pas » ou encore « après la chute, il faut remonter en selle ».

Puis un détail de la première réponse de Connor lui revint en tête. Pourquoi ça ne l’avait pas percuté bien avant ? Dès qu’il les avait prononcés.

- Les autres ? Comment ça les autres ?

Elle était toute seule dans le lit quand elle s’était réveillée. Connor était seul quand elle l’avait rejoint. A moins, que les autres se soient barrés alors qu’elle dormait encore. Autant dire que c’était de pire en pire, qu'il s'agisse de la situation ou de son état. Elle commençait à avoir des sueurs froides, le coeur au bord des lèvres. Naé était en train de se demander si elle aurait le temps de courir jusqu'au toilettes.

Ce n’était pas qu’elle épiloguait sur la question mais elle était du genre à avoir besoin qu’on lui raconte tout, de A à Z. D’habitude, elle avait une mémoire sans faille mais là, il fallait dire qu’elle lui faisait défaut. Et elle n’aimait absolument pas ça, surtout pas quand il s’agissait de Connor.

Surtout parce qu’elle se posait beaucoup de question concernant le jeune homme. Naé avait beaucoup de mal à comprendre leur lien. Un coup ils s’envoyaient des horreurs à la gueule. Un autre coup ils se jetaient l’un sur l’autre pour s’embrasser, ce qui avait failli les conduire à coucher ensemble dimanche dernier. Si elle suivait son raisonnement, il était plus que probable qu’ils l’aient réellement fait.

C’était vraiment l’horreur. Du moins jusqu’à ce qu’elle ait un éclair de lucidité.

- Johanna ! Lacha-t-elle à haute voix, mais plus pour elle que pour Connor.

Il fallait qu’elle appelle sa copine. Elle se souvenait de l’avoir vu et d’avoir agi sottement en sa présence. Elle était probablement la seule à pouvoir lui éclairer sa lanterne.

- Enfin laisse tomber, je dois l’appeler pour savoir si lundi on a cour ou pas le matin !

C’était une excuse, et des plus lamentables il va s’en dire. Cela dit, il fallait dire que sa copine était une des personnes qui pouvait lui donner cette information. Bien sûr, elle aurait pu dire « Suzan » et il faut bien l’avouer ça aurait paru beaucoup moins louche que celui de son autre amie.

- Non merci mais c’est gentil de me l’avoir proposé ! répondit-elle à la question sur le café.

Naé voulait éviter de maltraiter son estomac. Déjà, il fallait qu’elle enraye de mal de tête et après, elle verrait pour son ventre. Non, Naëlle était plutôt préoccupée par les évènements de la nuit que par le reste. Elle voulait savoir qui étaient ses fameux « autres ».

- Connor, c’était qui exactement les autres ? On était combien ?

Naé savait qu’elle se posait trop de questions et qu’il fallait qu’elle apprenne à lâcher du lest. Elle savait que ça pouvait être usant pour ses interlocuteurs, surtout quand elle avait tendance à insister sur le sujet. Et apparemment, elle faisait une fixette sur les évènements de la soirée et de la nuit passée. Elle avait l’intention d’en apprendre plus sur Johanna mais cette dernière pourrait la renseigner que sur la soirée, pas sur le reste. Pas sur les questions qui importaient sur elle et Connor.

*Pfff… J’en ai marre qu’elle ait toujours raison !*

Oui, elle prenait conscience encore une fois que sa copine Johanna avait encore vu juste. Tout comme le père du jeune homme. Enfin, elle n’irait pas jusqu’à dire qu’elle était amoureuse de l’Anglais mais comme elle le lui avait dit, il était plutôt mignon. Il dégageait quelque chose mais elle n’arrivait pas à y mettre des mots dessus.

Et le véritable Connor commençait à faire sa réapparition. Il était de plus en plus cassant à chacune de ses réponses. Naé fronça les sourcils, mais c’était quoi enfin son problème à la fin. Qu’est-ce qu’il n’arrivait pas à comprendre à la situation ? Elle avait couché avec lui, c’était la première fois et elle n’en avait aucun souvenir. Et lui, il lui apprenait qu’ils n’avaient pas été seuls. Il y avait de quoi perturber un moine Tibétain.

- Mon dieu mais qu'est-ce que j'ai fait... Qu'est-ce que TU m'as fait faire! Commença par dire Naëlle, avant de poursuivre : Et dire que je commençais à me dire que finalement je t’aimais bien !

Non, elle ne lui en voulait pas pour l’alcool et le fait qu’elle soit si mal, présentement. Naé lui en voulait pour le reste comme le fait qu’ils aient couchés ensembles et qu’il prenait en malin plaisir à la faire tourner bourrique. Il aurait été beaucoup plus simple qu’il lui dise la vérité, elle saurait pour la prochaine fois qu’il faudrait qu’elle dise « non ». En même temps, il y avait quelque chose qui la chagrinait dans la situation, c’était qu’il était distant avec elle alors qu’il ne l’avait pas été avec Jo. Donc en fait, elle avait dû faire une piètre prestation.

Dans son emportement, Naëlle avait parlé beaucoup trop vite. A mois que ça ne soit sa bouche qui ait parlé plus vite que son cerveau. Mais elle aurait dû se douter qu’elle aurait fait une boulette à un moment donné, vu qu’elle se questionnait beaucoup depuis le dernier dimanche où ils avaient été interrompus par le père de Connor.

La métisse se fit toute petite quand Connor voulut savoir ce qu’il en était, par rapport à son « je t’aimais bien ». Elle aurait pu ignorer l’interrogation du jeune homme mais le connaissant, il aurait cherché à obtenir la réponse par des moyens détournés.

- Honnêtement ? S’enquit-elle. J’en sais plus rien ! Une fois tu es adorable et dans les dix minutes suivantes, tu es horrible ! Avoua Naé. Et si tu me disais pourquoi tu as fait le mort ces derniers jours ?

Naëlle sentait les larmes sur le point de poindre le bout de leur nez. C’était agaçant à la fin, de se mettre dans des états pareils pour elle ne savait pas quoi au final. Enfin si, c’était la faute de Monsieur Montgomery et de Johanna, avec leur « tu es amoureuse de Connor ». Certes, l’un et l’autre ne l’avaient pas formulé de cette façon mais ça voulait dire la même chose.

Pour ne pas craquer devant Connor, elle se leva de son tabouret dans l’intention d’aller se réfugier dans la chambre.

- Je vais m’allonger un peu, je ne me sens pas très bien ! Annonça-t-elle pour se donner une certaine contenance.

Vu qu’elle avait pris une aspirine, il fallait le temps que ça agisse sur son mal. Puis, ça lui ferait du bien de s’allonger dans le noir. Mais avant de quitter les lieux, elle se tourna vers le jeune homme pour lui dire ceci :

- Mais Connor c’était ma première fois et j’en garde aucun souvenir !

Elle ne criait pas, même si le ton commençait à monter. De toute façon, c’était fréquent chez eux. Naé était déçue qu’il ne soit pas souvenu de ses paroles au sujet de sa première fois. D’ailleurs la dernière fois qu’elle l’avait évoqué devant lui, il s’était refermé comme une huitre et il avait été horrible avec elle. Cela avait fonctionné parce qu’ils n’avaient pas passé du temps ensemble, c’était même tendu entre eux.

Il fallait reconnaitre qu’il n’avait pas totalement tort sur ce point. Elle lui reprochait d’avoir fait le mort après leur dernière prise de bec, mais elle n’avait pas cherché à aller vers lui. En même temps, il fallait dire qu’’il avait été de longue en compagnie de Johanna, autant dire qu’elle s’était doublement punie puisqu’elle avait évité l’une de ses meilleurs amies. Enfin quand elles n’étaient pas en cour, et encore elle avait du mal à communiquer avec cette dernière afin d’éviter de nouvelles retenues. Elle prit sur elle pour ne rien répliquer, car ce n’était pas la peine d’envenimer les choses plus qu’elles ne l’étaient déjà.

Surtout qu’elle savait déjà qu’elle ne se comportait pas comme une jeune adulte. La jeune femme avait également conscience qu’elle accordait beaucoup trop d’importance à des détails qui n’avaient pas vraiment d’intérêt. Et qu’elle insistait lourdement quand elle devait laisser tomber. Non là, elle n’aspirait qu’à une chose : aller sur cacher sous la couette de Connor et attendre que l’orage passe. C’était le mieux à faire. D’autant plus, que ça ne pourrait que lui faire du bien et faire passer la nausée.

Et bien sûr comme elle voulait avoir le dernier mot, Naé ne résista pas à ajouter une dernière couche. Elle lui fit savoir ce que n’allait pas en dramatisant un maximum pour qu’il la prenne au sérieux. Peut-être qu’elle devrait songer une carrière de comédienne.

Toutefois, elle n’avait pas prévu qu’il vienne comme une furie dans la chambre pour lui expliquer sa façon de penser. Naëlle ne se démonta pas pour autant, parce qu’elle s’assit en plein milieu du lit. Et en entendant les paroles de Connor, elle se mit à rire et à pleurer. Les deux à la fois. Contente et soulagée de savoir qu’elle s’était plantée sur toute la ligne.

Pour une fois, elle était plus qu’heureuse de ne pas avoir eu le dernier mot. Elle finit par se mettre debout sur le lit et à faire une espèce de dance de la victoire.

- J’ai pas couché, j’ai pas couché !

Pour une fois, elle se moquait royalement du ridicule et des paroles qui franchissaient ses lèvres. Cela dit, elle s’arrêta quelques instants pour observer Connor.

- Si tu ne l’as pas encore compris, quand tu as évoqué « la première fois » je pensais à une autre première fois !

Elle sentit ses joues s’empourprer à cette évocation. C’était plus ou moins la première fois, qu’elle les prononçait de la sorte devant lui. Elle savait pertinemment qu’il était au courant, d’autant plus que c’était lui qui l’avait initié aux baisers.

- Connor, je me posais une question : ton côté américain il embrasse comment ?

Aussi étrange que ça puisse paraitre, Naé s’était mis en tête que l’Anglais pouvait se comporter comme un gentleman, ou laisser s’exprimer son côté américain.

- Et c’est toi qui m’as entièrement déshabillé pour me mettre en pyjama ?

Oui, il y avait de quoi se poser des questions à la voir réagir de la sorte. Même elle, elle ne parvenait pas à comprendre comment elle réussissait cet exploit : pleurer et rire en même temps. Et dire qu’il y avait quelques minutes auparavant, elle était en train de se prendre la tête avec Connor à cause d’un quiproquo. Les deux jeunes gens parlaient effectivement de première fois mais pas de la même : première cuite pour l’un et première relation sexuelle pour l’autre.

- Je me réveille dans ton lit avec une de tes chemises sur le dos, j’ai pas été chercher plus loin !

Elle avait été tentée de le demander à ce qu’il aurait pensé, s’il s’était réveillé dans le lit d’une femme à moitié nue. Il aurait probablement tiré la même conclusion, surtout s’il ne gardait aucun souvenir de la soirée. Ceci-dit, elle était vraiment désolée de s’être comportée comme une parfaite idiote avant de retourner dans la chambre.

Puis, elle posa une question en toute innocence. Naé ne savait pas pourquoi, elle s’était mise en tête qu’il avait deux tempéraments : l’Anglais et l’Américain. Et elle se demandait lequel prenait le dessus quand ils se retrouvaient rien que tous les deux et quand il l’embrassait. Tout comme elle était curieuse de savoir lequel s’était exprimé lorsqu’il était avec Johanna. C’était assez pervers de vouloir savoir, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Je vous jure, il a des paires de baffes qui se perdent avec Naëlle.  

Elle faillit prendre les jambes à cou quand il grimpa également sur le lit afin de lui faire face, mais elle n’en fit rien. De toute façon, elle ne faisait que le chercher et il fallait bien qu’à un moment elle le trouve. Naé se retrouva dans les bras de Connor, les jambes autour de sa taille et plaquée contre le mur. Il l’embrassa plus intensément que le soir du diner au resto avec son père.

*Peut être qu’on est mort, en fin de compte !

Et qu’ils étaient en train de bruler dans les flammes de l’enfer. Il faisait de plus en plus chaud, le feu était attisé aussi bien à l’intérieur de son corps que dans la chambre de Connor. Et pourtant, elle ne portait que sa petite culotte et une chemise.

- Je suis contente d’avoir manqué mon coup ! Dit-elle quand l’Anglais laissa ses lèvres tranquilles le temps de s’occuper de son cou. De nous tuer, j’avoue que ça aurait été con de manquer ton côté américain !

Même si elle avait eu ce genre de pensée, Naé lui était redevable. Il avait décidé de la garder auprès de lui afin de lui éviter des ennuis en rentrant dans un état d’ébriété plus qu’avancer. En fait, il avait réussi à les repousser pour lui aussi. Il était évident que sa sœur ainée n’hésiterait pas à la questionner afin de savoir le déroulement de la soirée dans les moindres détails.

Enfin quoi qu’il en soit, si elle était punie à la suite de sa pseudo fugue elle en assumerait les conséquences. Autant qu’un des deux soit épargné, et à choisir, c’était à Connor de s’en sortir indemne. Surtout avec toutes les choses qu’elle lui avait faites depuis qu’ils se connaissaient.

Le jeune homme lui fit une confidence. Selon lui, s’ils avaient fait l’amour son corps s’en souviendrait, même si son esprit lui faisait défaut. A vrai dire, elle ne pouvait que le croire sur parole vu qu’elle ignorait ce qu’on pouvait reconnaitre de ce qu’on ne pouvait pas. N’ayant aucune expérience en la matière, c’était un peu difficile. Quoi que là, elle en avait plus ou moins la preuve, son corps réagissait à chacun de ses baisers vu qu’il traçait le même chemin que quelques jours auparavant. A croire que sa peau reconnaissait ses lèvres.

Naëlle fut surprise par son audace. Pourtant, ça ne l’étonnait pas plus que ça, quand elle se rappelait qu’il avait titillé sa poitrine dans cette même pièce mais pour une toute autre occasion. Et comme cette fois-là, ils n’iraient pas plus loin. Elle ferma les yeux alors qu’une de ses mains se glissa dans la chevelure du terminal. Naé lui donna également un baiser avant de mettre fin cet échange.

- Connor, je ne suis pas prête ! Tout comme tu ne l’es pas !

Certes, elle ne pouvait pas nier qu’il en avait envie. Elle avait senti la bosse dans son pantalon. D’ailleurs, c’était la seconde fois qu’elle la sentait cette protubérance.

- Je sais que ma première fois ne se déroulera pas comme je me la suis imaginée ! Dit-elle à Connor pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas totalement idiote. Mais je disais vrai au restaurant, je veux être amoureuse de cette personne et je veux que ce soit réciproque.

Elle laissa glisser ses jambes le long des flancs du jeune homme pour tenter de s’éloigner, même si elle était bien dans ses bras.

- Connor, si on venait à franchir ce cap tous les deux, est-ce que tu sens prêt à ne pas fuir au petit matin comme avec Johanna ?

C’était mesquin de sa part de se servir de sa meilleure amie, mais elle n’avait que cette exemple à portée de main. Tout comme elle tentait de lui faire passer un message par la même occasion.

- Je m'en fous de ne pas avoir de bougies, de musique douce, du moins que je sais qu'il y a des sentiments ! Et des draps propres aussi !

Oui, elle enfonçait le couteau dans la plaie mais elle avait au final besoin de savoir. Bien sur, elle n’attendait pas de réponse sur le champ.

Naëlle ne répondit pas à la question de Connor, quant à savoir s’il était prêt ou non à sauter le pas avec elle. Elle trouvait ça délicat de sa part de ne pas vouloir aller plus vite que la musique. Qu’il soit conscient qu’elle n’était pas prête à vivre sa première expérience sexuelle, sans ressentir des sentiments pour l’homme en question et réciproquement. C’était peut être naïf de sa part car de nos jours, les jeunes gens couchaient ensembles pour s’amuser et les sentiments entraient très rarement en ligne de compte.

La jeune femme parlait de choses qu’elle voulait et qu’elle avait conscience qu’elles ne se réaliseraient jamais. Pas une seconde, elle n’avait songé à demander à Connor ce qu’il voulait lui. Certes, elle avait conscience qu’il faisait preuve de courage en mettant un terme à leur échange. Tout comme pour la supporter vu qu’elle n’était pas tendre avec lui dans ses agissements et ses paroles. Un coup, elle disait blanc et un autre, c’était noir.

Alors qu’il était à présent allongé sur son lit, Naé était restée debout parce qu’elle ne savait vraiment pas comment elle devait réagir. Disons que les films ou les séries ne l’avaient jamais préparé à vivre cela. Elle n’avait jamais eu de petit copain, et encore, la seule fois qu’elle en avait eu un, c’était pour de faux. Juste un rôle de composition, pour son père à lui.

Naé finit par se laisser tomber sur ses genoux, à le regarder dans les yeux. Pour une fois, qu’ils avaient une discussion à cœur ouvert, qu’ils laissaient leur émotion et leur sentiment qu’ils ressentaient pour l’autre. Ce n’était pas le moment de laisser cette chance passer.

- Tu sais que je ne demandais pas de réponse ? Finit-elle par dire, sachant qu’elle pouvait briser ce moment. Je veux juste que tu y réfléchisses, c’est tout.

Toutefois, il fallait admette que le jeune homme était arrivé à la même conclusion qu’elle. Naé ignorait également ce que ça pourrait donner, eux deux ensembles. Ils étaient tellement différents, et n’avaient pas vraiment les mêmes attentes. Pourtant, elle se tournait toujours vers lui depuis quelques temps. Et elle devait bien reconnaitre qu’elle se sentait bien quand il était gentil, qu’il était attentionné.

Cela dit pour une fois la jeune femme ne se laissa pas démonter, même si les paroles étaient blessantes. Ces phrases faisaient mal parce qu’elles faisaient écho à ce qu’il lui avait déjà dit quelques jours auparavant. Elle se mit à quatre pattes pour s’approcher de lui – ignorant que ça pourrait évoquer sa sortie de voiture à Connor – puis, elle s’amusa à faire glisser ses doigts sur son torse et à les remonter jusqu’à son visage. Elle tourna son minois vers elle quand elle fut allongée près de lui. Elle effleura ses lèvres avec les siennes.

- Pourquoi ? Parce que tu n’en vaux pas le peine ? Se risqua-t-elle à lui demander.

La jeune femme venait de prendre conscience que finalement ce n’était pas vraiment elle le problème, que Connor ne se faisait pas confiance en la matière. Certes, elle le poussait probablement dans ses retranchements mais il n’était pas comme ses parents. Ce n’était pas parce que leur mariage avait pris l’eau, qu’il allait reproduire leurs erreurs. Pourtant, elle ne lui laissa pas le temps de répondre parce que cette fois, ce fut elle qui l’embrassa. Il n’y avait pas de raison pour qu’il soit le seul à prendre des initiatives.

- Connor, on fait quoi maintenant ?

Non elle ne voulait pas de réponses à ses questions, simplement qu’il réfléchisse à ce qu’elle tentait de lui dire. Certes, les phrases prononcées par Naëlle n’avait peut-être pas de sens, mais comme exprimer ces choses quand c’était une grande première. Enfin, la première fois qu’elle se retrouvait dans cette position et elle faisait de son mieux pour faire les choses correctement, sans brusquer le jeune homme. Pour éviter une nouvelle dispute, surtout que pour l’heure ils discutaient sans se crier dessus. Du moins, ils avaient besoin d’un ton et il fallait plus ou moins en profiter.

Ne dit-on pas « le calme avant la tempête » ? Si. Toutefois, les deux jeunes gens avaient besoin de parler de ce sujet. A vrai dire, ils l’avaient plus ou moins ignoré jusqu’à présent et il était peut-être temps d’y remédier. Bizarrement, ce n’était pas aussi facile qu’elle se l’était toujours imaginée. Ce n’était pas facile sachant qu’il fallait choisir les bons mots pour que ça ne parte en sucette.

La jeune femme venait de comprendre que Connor avait des réserves, alors qu’elle avait toujours cru que c’était son inexpérience qui le rebutait. Même si elle pouvait comprendre vu son vécu personnel, Naé recherchait une histoire qui ne prenne pas fin avec le lever du soleil. Elle avait besoin de plus, de beaucoup plus. Une histoire d’amour comme les filles de son âge en vivait, quoi qu’avec Connor il y avait de forte chance que ça n’ait rien de calme ou d’ordinaire.

Encore une fois, Naëlle se retrouva allongée sur Connor. Décidément, ça commençait à devenir une habitude mais ça n’était pas déplaisant. La jeune femme se cala comme elle put, de façon à ne pas être trop lourde pour lui ou de lui faire mal avec ses coudes ou ses genoux. La lycéenne sourit en entendant la réponse du jeune homme, et elle n’en fut pas grandement étonnée. Il ignorait la marche à suivre, tout comme elle de toute évidence.

Du moins, il devait avoir une idée derrière la tête vu la réponse qu’il posa. Il lui faisait comprendre – enfin Naëlle prit la question ainsi – qu’il avait besoin de réponse, d’avoir des certitudes. Peut-être que ça lui serait plus facile pour y voir plus claire. Cependant, la jeune femme n’en savait pas plus que lui, sur ses sentiments envers lui.

- Ca veut dire que je ne veux pas vivre ma première fois avec un type qui ne m’adressa plus la parole ensuite, commença-t-elle par répondre. Je sais c’est naïf mais je veux aussi que tu connaisses autre chose que ce que tu as vécu jusqu’à présent.

La jeune femme bougea légèrement pour pouvoir glisser ses doigts dans la chevelure de l’Anglais. Elle était en train de lui dire qu’il avait droit également au bonheur et qu’elle était prête à le partager avec lui. Maintenant restait à savoir s’il désirait la même chose qu’elle.

- Ce que je veux dire c’est que je ne veux pas d’un prince charmant, que je ne veux pas que cet homme change même si c’est un crétin à certain moment, parce que ses défauts et ses qualités font de lui ce qu’il est, déclara-t-elle pour lui dire qu’elle ne voulait pas qu’il change dans sa façon d’être. Je veux juste que cet homme soit amoureux de moi et qu’il me rende heureuse.

Oui, c’était digne d’un roman ce qu’elle venait de dire. Comme elle n’était pas certaine que ce soit la réponse qu’il attendait d’elle. Ni l’un ni l’autre n’était prêt à parler en premier. Quoi que techniquement parlant, Naëlle en avait beaucoup plus dit qu’elle ne l’aurait dû.

- Et si on commençait à sortir ensemble ? Je veux dire, aller au cinéma, au bowling, au restaurant du style fastfood, aussi bien que nous deux ou en groupe… On pourrait comme ça apprendre à mieux se connaitre dans différents environnements… Et si on commençait par faire un saut à la patinoire au Rockefeller Center ?