Un intrus dans la fourmilière ? [Alex]

A New York qu'importe la météo les rues sont toujours pleines. Lorsqu'il pleut, la seule différence est le pas rapide des passants impatients de s'abriter. Sous cet armada de parapluie une jeune femme marchait sans se presser, gênants les personnes autour qui pestaient en la dépassant. Elle était trempée de la tête au pied mais ne semblait pas le remarquer. Son regard dérivait d'un building à un autre, d'une personne à une autre, c'est fou la diversité de caractère qu'elle pouvait croisait ! Alors elle souriait, elle sourirait presque comme une imbécile, car elle savait qu'elle n'avait pas envie d'être ailleurs à ce moment là. Alors Adélaïde avançait, elle tourna à une rue, puis à une autre pour ensuite revenir sur la route principale. Son cheminement n'était absolument pas logique, elle le savait parfaitement mais s'en fichait comme d'une guigne car il y avait tant de choses à voir, elle voulait tout voir ! Inconsciemment elle effleura du doigts la pochette de son appareil photo qu'elle portait en bandoulière. Elle ne s'en séparait jamais. D'ailleurs, elle ouvrit rapidement la braguette du sac, apercevant un mime aux allures gloutonnes. Quelques secondes plus tard, quelques clics et les premières images de New York lui vinrent. Son enthousiasme la saisit encore plus, elle avait presque envie de courir, de s'esclaffer, de sauter sur les flaques d'eaux, mais elle n'en fit rien, sachant parfaitement qu'elle n'était pas là pour ça. En effet, Adélaïde était sortie sans se soucier de la pluie pour chercher un appartement. Elle en voulait un au plus vite, elle ne pouvait pas loger à l’hôtel indéfiniment. Elle était déjà rentrer dans deux agences, mais les prix étaient bien trop élevés pour qu'elle puisse l'envisager. Alors elle avait opter pour la bonne vieille méthode des petites annonces. En y repensant, elle s'écarta du trottoir pour s'adosser à un mur et re sortir un journal où une annonce était encerclé d'un feutre rouge.Elle releva la tête pour regarder le nom des rues autour d'elle, elle se rendit alors à l’évidence et pesta contre elle même : elle était perdue.

La journée d'Alex avait été plutôt agréable. Toute la matinée il avait donné un cours à un parterre d'étudiants plus ou moins endormi. La faute à la météo sûrement. Ils étaient en milieu de semaine, ce n'était pas une fête qui était la cause de cette somnolence. La pluie qui battait contre les fenêtres de l'amphi y étaient sûrement pour quelque chose. Ah, voilà aussi pourquoi il préférait les salles sans fenêtres ! Aussi ils n'étaient pas tentés de regarder dehors. Il avait donc fait avec, au moins ils étaient calmes. Les cours n'avaient duré que le matin, ainsi il avait son après midi de libre.

Malgré le temps pourri il s'était décidé à faire un tour en ville. Avec un parapluie il pouvait bien affronter les intempéries. Ça ne le dérangeait pas. Alors il avait refermé son manteau sur lui, mis une écharpe autour du cou, parapluie à la main et il était prêt pour sa promenade. Son premier arrêt fut la librairie. Il parcourut les rayons de la boutique à la recherche d'un bon bouquin à lire. Ce n'était pas parce qu'on était féru de sciences qu'on ne pouvait apprécier les joies de la lecture. Son choix se porta sur le dernier Dan Brown. Cela faisait un moment qu'il souhaitait le lire, alors, il se fit plaisir. Il faut bien dans la vie non ?

Il ressortit et continua sa promenade dans les rues de la grande pomme, pensant qu'un bon café lui ferait du bien. C'est ce qu'il pensait faire, si son regard n'avait pas été interpellé par une personne. Alors qu'il attendait le bon moment pour traverser, il la vit du coin de l'oeil. Une jeune femme, totalement trempée un journal dans les mains. A la façon dont elle regardait autour d'elle, il semblait qu'elle soit perdue. Hum, Alex ne pouvait pas laisser une jeune demoiselle dans la merde alors qu'il pouvait peut être faire quelque chose pour l'aider. Raison pour laquelle il s'approcha d'elle. Il tendit un peu le bras afin de les abriter tous les deux de son parapluie. Puis il s'adressa à la demoiselle :

Besoin d'un coup de main ?

Adélaïde avait pourtant un bon sens de l'orientation. Durant ses nombreuses randonnées à cheval, jamais elle ne s'était égarée, malgré les chemins inconnus dans lesquels elle s'était aventurée. Même à Liverpool elle avait toujours su se retrouver. Mais les villes américaines étaient bien différentes des villes anglaises elle devait le reconnaître. Quelle idée de sortir ainsi sans s'être procuré une carte. Elle releva légèrement son col, sentant un frisson la prendre. Elle soupira

*Ma petite Adélaïde parfois je me demande ce qui se te passe par la tête*

Alors qu'elle songeait à demander son chemin, elle remarqua que des gouttes ne coulaient plus sur le journal. Elle releva la tête et vit qu'un parapluie l'abritait. Une voix s'éleva soudainement et ce fut dans un sursaut qu'elle se retourna. Elle l'homme qui se tenait derrière, elle lâcha alors un léger rire, la main sur la poitrine, puis releva une mèche de cheveux qui barrait son visage.

"ça se voit tant que ça ? Je cherche la Lexington Avenue dans le quartier de Carnegie hill."

Elle jeta de nouveau un rapide regard autour d'eux. Elle était certaine d'être à Manhattan mais étaient-ils à l'Upper East Side ? En reportant de nouveau son regard sur l'homme devant elle, elle prit soudain conscience de sa propre tenue : Les cheveux mouillés collant son visage, son manteau qui gouttait comme un prolongement de la pluie, les mains rougis qui tenaient son journal. Sa propre misère a fit sourire, c'est fou qu'elle ça lui était égal !

La jeune femme fut visiblement surprise lorsqu'elle le vit. Elle ne s'attendait peut être pas que quelqu'un puisse s'arrêter, dans cette ville d'égoïstes qu'est New York. Non il n'avait pas un complexe du super gentlemen à vouloir aider toutes les femmes du monde. Enfin, elle lui avait fait presque de la peine, et il s'en serait voulu de la laisser la, sous la pluie battante. Alex l'écouta lorsqu'elle lui indiqua sa destination. Ah, et bien elle y était presque, mais pas encore. Peut être 15 minutes de marche à tout casser.

Lexington Avenue ? Ce n'est pas trop loin d'ici.

C'était con, elle y était presque. En la regardant un peu mieux, Alex se demanda combien de temps elle avait bien pu passer sous la flotte. Elle était complètement trempée ! La jeune femme aurait très bien pu sortir fraîchement d'une machine à laver, elle aurait eu le même résultat. Brièvement, il se demanda si elle n'était pas une sans abri. Avant de se dire que non. A sa dégaine, elle devait être une touriste. Et une touriste heureuse tiens ! Malgré la pluie, sa dégaine qui faisait de la peine à voir, elle souriait. De quoi, il ne le savait pas. Il n'était que prof de chimie, pas un fin psychologue. Mais bon, si la demoiselle gardait le sourire, tant mieux vous me direz !

Vous voulez que je vous y accompagne ? J'ai tout mon temps.

Précisa t-il. Il n'avait rien d'autre à faire, alors il pouvait bien faire sa B.A du jour hein ? Qu'est ce que ça allait lui coûter ? Rien du tout, il pouvait bien faire ça pour quelqu'un, même s'il ne connaissait pas la personne. Et il s'en voudrait de la laisser en plan sans lui proposer un coup de main supplémentaire.

A ses mots une certaine forme de joie mais surtout de soulagement gonfla dans sa poitrine. Elle allait peut-être s'en sortir finalement, elle avait aucune envie de passer l'après-midi à tourner dans New York. Elle avait encore tant de choses à faire ! Qui plus est dans l'hypothèse que l'appartement lui convienne. Débarquer ainsi dans une nouvelle ville n'avait décidément rien de facile. Sentant les soucis lui retomber sur les épaules, elle retient un soupir et chassa ces idées d'une claque mentale, elle devait déjà s'occupe à se loger. Elle relativisa vite, quelle chance elle avait de tomber sur quelqu'un qui connaissait le chemin ! Elle fut néanmoins déconcerté par la proposition de son vis à vis, elle ne connaissait pas la mentalité New-yorkaise, mais elle s'attendait à ce qu'il lui indique simplement la direction à prendre. Enfin ça n'était pas pour lui déplaire, loin d'être impressionnée, elle se sentait tous de même toute petite dans l'immensité de New York, comme une intrus dans la fourmilière. Elle n'en était que plus pressée de s'intégrer! Elle rangea à la hâte son journal dans son sac et frotta vivement ses mains.

"Euh ça ne vous dérange pas ? Vous n’êtes surement pas dehors pour rien, je ne voudrais pas vous importunée"

Elle ne le reconnaîtrait pas mais ça la rassurerai qu'il l'accompagne. Non pas que les rues l'inquiétait, seulement elle se sentirait moins seule. Prendre un nouveau départ en s'aventurant vers l'inconnu était délicieusement effrayant mais elle n'était pas assez excentrique pour se jeter dans la fosse aux lions de façon irréfléchie. Et à le regarder il n'avait pas l'air de quelqu'un dont il fallait se méfier, faudrait-il déjà qu'elle se méfie de qui que ce soit. Elle mit ses mains dans ses poches, attendant sa réponse.

Alex haussa les épaules lorsque la jeune femme lui demanda si ça ne le dérangeait pas. Si c'était le cas, il aurait passé son chemin et puis voilà, fin de l'histoire.

Je suis juste dehors parce que j'ai terminé de travailler.

Il n'avait pas trop de boulot ne serait ce que pour les cours. Ses cours étaient prêts, il n'avait pas de copies à corriger, de ce coté la tout allait. Si on va du coté de ses recherches, oui, la il aura toujours du travail. Mais il avait bien envie de glander de temps en temps, ça faisait du bien. De tout de façon il n'avait pas grand chose de prévu pour aujourd'hui. Il aurait juste bu un café, serait rentré chez lui, aurait bouquiné, peut être un peu bossé, se serait fait à manger … Rien de très intéressant. Donc qu'elle ne s'inquiète pas pour lui mais plutôt pour elle ! Il fallait croire que la demoiselle n'était pas au courant que trempée comme elle était c'était un coup à tomber malade.

Donc je peux vous y accompagner sans soucis.

Et puis sincèrement, elle lui faisait de la peine. Une demoiselle à l'air un peu perdu dans le dédale de la ville de New York, totalement trempée sous la pluie battante … Oui elle faisait peine à voir, alors c'était bien volontiers qu'il lui proposait son aide.

Après si vous préférez que je vous indique le chemin …

Fit-il avec un sourire. Peut être qu'elle serait plus rassurée toute seule qui sait ? Un type qui déboule d'elle ne savait ou, parfaitement inconnu, qui lui propose son aide … Pour certains ça peut paraître louche c'est vrai. Enfin avait-il une tête à effrayer les gens ? Pas qu'il sache...

Adélaïde tiqua et se demanda vaguement quel travail cet homme pouvait faire. Elle ne le voyait pas serveur, homme de bâtiment ou quelque chose dans le genre. Oui ça ne se faisait pas de juger les gens ainsi sur leur physique mais ayant été élevée dans une petite communauté dans la campagne reculée de l'Angleterre, elle avait prit cette mauvaise habitude qui était monnaie courante là ba.

"Et bien pour être honnête si cela ne vous dérange vraiment pas, je m'en sortirai certainement mieux accompagnée..."

Un nouveau sourire s'afficha sur son visage, alors qu'elle parla d'une voix devenue légèrement timide, à y réfléchir cet homme agissait avec altruisme, la mentalité de New York n'était peut-être pas si différente qu'Angleterre. Cependant là dessus elle se trompait lourdement. Adélaïde recula de quelques pas pour rejoindre la rue principale, elle posa de nouveau son regard sur l'homme et avec son index indiqua la droite pis la gauche en l'interrogeant du regard pour savoir quel coté ils devaient prendre. Elle sourit intérieurement, elle aurait certainement prit à gauche, mais étrangement elle sentait quelle se serai trompée, quitte à se perdre, autant le faire jusqu'au bout. Soudain elle plissa légèrement des yeux, un rayon de soleil venait d'éclairer son visage pâle qui avait eu le temps de sécher sous le parapluie, elle remarqua alors que la lueur semblait percer à travers les nuages. Elle sourit puis se passa une mains dans les cheveux, elle en attrapa une poignée pour les essorer. Elle secoua brièvement ses bras, le reste pouvait être mouillé ça lui était égal. Elle releva les yeux prête à le suivre. C'est seulement à le voir ainsi sec qu'elle se fit la réflexion qu'elle aurai du prendre un parapluie. Mais elle se força à revenir à la réalité, voyant bien qu'elle s'égarait dans ses pensées.

"Je vous suis."
"Je vais devoir enregistrer le chemin, autant éviter de se perdre tous les jours" ajouta-t-elle dans un petit rire presque enfantin.

Alex hocha la tête lorsque la jeune femme accepta finalement son aide :

Alors allons-y.

Allons-y Alonso ! Abrités par le parapluie, Alex et l'inconnue trempée se mirent en marche jusqu'à destination. Lorsqu'elle lui demanda silencieusement la direction gauche ou droite, Alex secoua la tête. Non mademoiselle, il fallait prendre tout droit. Il lui montra simplement qu'il fallait traverser la rue pour en changer par après. Et après seulement, ils iraient vers la gauche. Ainsi donc ils commencèrent à marcher, se faufilant entre les passants qui ne voyaient pas plus loin que leur bout du nez.

Arrivés à hauteur du bord du trottoir, Alex se stoppa, attendant le bon moment pour emprunter le passage piéton et traverser la rue. Avec toutes ces voitures ils devaient juste attendre que les feux ne changent. Au moins le soleil semblait vouloir percer au travers de ces nuages bien gris. Peut être que ça annonçait le retour du beau temps ! Ce serait bien, la pluie, au bout d'un moment, c'est chiant. Il l'observa du coin de l'oeil s'essorer les cheveux.

Vous n'avez pas peur de tomber malade ?

Trempée comme elle l'était, si elle ne se réveillait pas le lendemain avec la crève, elle serait bien chanceuse. Parce qu'avec ce sale temps, la température qui devait être bien basse aujourd'hui, toutes les conditions pour tomber malade étaient réunies ! Enfin après c'était son problème vous me direz... Alors comme ça elle devait se rendre à cette adresse tous les jours ?

Vous êtes une touriste ? Ou bien une nouvelle arrivante dans la ville ?

Il aurait parié sur la touriste en premier lieu vu comme elle était paumée, mais si elle devait aller la tous les jours, ça changeait un peu la donne non ? Si elle était nouvelle dans la ville, qu'allait elle faire à cette adresse ? Nouveau job ? Nouvel appart ? Quelque chose comme ça ?