Une galaxie nous sépare [Virgile - Terminé]

Ca y était, John, son père, était en voyage à Manchester pour les affaires ! C’était dans ces moments-là que Théodore détestait le plus… ou pas. Il ne savait réellement. Dans tous les cas, c’était du pareil au même. Avec ou sans son père. Quand celui-ci n’était pas là, c’était lui, Théodore, qui gérait la maison, qui faisait tourner le business… Tout se reposait sur lui. Et en cette soirée, c’était réunion avec les employés pour un bilan, notamment un bilan de la situation financière de l’hôtel, si tout allait bien ou non, si certains employés rencontraient des problèmes, ou tout simplement s’ils avaient des suggestions, par rapport aux gros « requins » qui venaient dormir dans son hôtel.

Au bout de cette table ronde, Théodore avait tout pouvoir. Il pouvait traiter ces employés comme de la merde, s’il le voulait. Quoique, ceux-ci n’oseraient peut-être pas. Etait-ce dû à sa froideur qui rebutait ? Théodore s’en fichait royalement. Il n’allait pas chercher midi à quatorze heures. La soirée n’allait pas finir de suite. Elle allait être longue. Il était certain que la réunion n’allait pas se finir avant 22h.

Le sujet commençait déjà sur les statistiques : la chose la plus barbante. Théodore écoutait Donovan d’une oreille débattre sur le sujet. Pour l’instant, il n’y avait pas d’urgence, ni d’alerte… il n’y avait pas de quoi s’inquiéter.

Great !

Bonnes nouvelles quoi ! Avant de passer à un autre sujet, Théo appelait le serveur - celui qui faisait tapisserie - d’un claquement de doigt.

Euh… machin ! Je ne sais plus ton nom ! Tu peux me servir un thé ! demanda-t-il avec son accent british habituel.

Le serveur en question était un blondinet. D’ailleurs, Théodore ne savait trop où il sortait. Habituellement, il avait affaire avec ce Gaston mais il semblerait que ce dernier s’était fait la malle – pour ne pas dire qu’il était en congé - alors il avait sous-entendu au directeur des ressources humaines de s’occuper vite fait de trouver quelqu’un d’autre, ce n’était pas ce qui manquait au sein de l’hôtel mais il semblerait que Gaston n’était pas le seul à être en congé. Bien, il y avait un virus dans l’hôtel pour qu’il manque du personnel ? Bref, la réunion pouvait reprendre.

Il est des fois ou, son salaire de serveur ne lui suffisait pas. Des fois, pour ne pas dire tout le temps. C'est que sa dose ne poussait pas sur les arbres ! … Enfin, vous voyez ce qu'il voulait dire. Le temps que ça n'arrive dans son organisme elle avait du chemin à faire. Et ce chemin était plutôt cher. En plus, c'est connu, ça ne remplir pas l'estomac. Et ne paye pas son loyer non plus. Alors, il lui arrivait de devoir faire des extra. Comme ce soir.

Avec la magie du bouche à oreille, Virgile avait entendu parler d'un remplacement de dernière minute dans un de ces hôtels huppés ou jamais de la vie il n'aura le fric nécessaire pour louer leur plus petite chambre. Juste pour jouer les serveurs auprès des dirigeants et du directeur, une connerie comme ça. Du coup, le voilà ! Son soir de libre, et bien il allait le passer à bosser. D'autant plus qu'il était vêtu d'une manière plutôt inhabituelle pour lui. Il n'avait pas spécialement l'habitude d'être tiré à quatre épingles comme il l'était aujourd'hui. En se regardant dans la glace avant d'aller prendre son service, il se dit que même un toxico comme lui faisait une parfaite illusion ! Ses fringues étaient nickel, prêtées par l'hôtel, sûrement leur uniforme. Des vêtements bien confortables il l'avouait. Ses cheveux étaient coiffés normalement. Il n'y avait qu'à la limite sur ses pointes ou on pouvait voir qu'ils étaient plus blancs, preuve d'une ancienne décoloration. Mais bon, il faisait l'affaire !

Nous disions donc, Virgile était la, dans cette salle de réunion. Il ne comprenait pas un mot de ce qui se disait. Certes, il n'avait pas fait de longues études, mais il était loin d'être crétin. Il n'aurait pas eu son diplôme alors qu'il était occupé à fumer des joints. Non c'est juste que tout ça était tellement compliqué ! Des trucs vraiment propre à l'hôtel tout ça … Donc il n'écoutait pas vraiment ce qui se disait. De tout de façon, il n'était pas payé pour ça. Seulement pour servir de quoi boire à ces types. Il tourna la tête vers le plus jeune d'entre tous. Le boss à ce qu'il avait compris. En plus, il devait avoir quel âge ? Virgile n'était peut être pas le meilleur pour deviner l'âge des gens, mais il ne lui donnait pas trente ans c'est clair. Celui-ci venait de l'interpeller d'une manière qui l'irrita profondément. D'ou il claquait des doigts les gens ? Machin ? Il voulait un thé ? …. Docilement, Virgile hocha la tête, et s'attela à préparer le thé du mec avec son accent british la … Mais intérieurement il fulminait !

*J'vais cracher dans ton thé tu me diras des nouvelles ! *

Bien sûr, il ne le fit pas. C'est qu'il avait besoin de fric, alors si ça signifiait jouer les guignols le temps d'une soirée, tant pis il pouvait le faire. Une fois le thé préparé dans les règles de l'art, il quitta son poste pour aller servir le thé de m'sieur j'me la pète.

Votre thé monsieur.

*Etouffe-toi avec au passage.*

Il le déposa sur la table près de lui afin que ce cher monsieur puisse boire son truc, avec en prime un sourire poli. Vous en faites pas, c'est pas parce qu'il déteste les gens qui sont toujours polis en toute circonstances qu'il n'arrivait pas à en faire de même. Ça lui coûtait juste un bras.

Le temps que le serveur prépare le thé, Théodore était concentré sur les échanges avec les collaborateurs. Quand le thé arriva, le directeur qu’il était pour la soirée ne le but pas toute suite ; mais il finit par récupérer la tasse qu’il monta jusqu’à ses lèvres après avoir répondu à Donovan… Ce fut là qu’il se rendit compte qu’il manquait quelque chose : le lait et le sucre.

Excusez-moi, lâcha-t-il en s’adressant à ce serveur. Le lait et le sucre, s’il vous plait !

Son regard bleuté sans émotion resta fixé sur ce gars jusqu’à ce qu’il lui apporte ce qu’il manquait. Pour la première fois de la soirée, il prenait le temps de le dévisager dans son costume singulier d’un employé de la maison, un employé qui n’était pas à la hauteur de ces messieurs rassemblés dans cette pièce… C’était une merde quoi ! Mais nécessaire pour faire tourner boutique…

Quand ce serveur vint lui apporter ce qui lui manquait, quand il fut enfin proche de lui, Théo le regardait toujours et ne put s’empêcher de lui demander :

C’est quoi ton nom déjà ?

Oui, parce qu’un peu plus tôt, il l’avait appelé « machin », ayant complétement zappé son nom… sauf s’il ne l’avait pas déjà dit, et on n’avait pas dû lui donner un badge avec son nom dessus. Le pire dans tout ça, c’était que cela avait effectivement attiré l’attention de tout le monde.

Oh, si Théodore réagissait ainsi, ce n’était pas pour l’enfoncer… Pas forcément ! A vrai dire, le blondinet était nouveau. Ne lui avait-on pas transmis ses habitudes ? Ne lui avait-on pas transmis comme il aimait son thé ? Et puis, à vrai dire, là n’était pas la question. Les employés comme ça, ça venait, ça s’en allait… Même si Théodore détestait son job, il avait ce pouvoir, cette autorité entre les mains et était-ce pervers de vouloir l’utiliser légèrement dans l’excès ? Pouvait-on le blâmer de voir si ses employés avaient du mental, s’ils étaient capables de garder leur propre sang froid dans ce genre de d’endroits luxueux ? Théo était sadique… Non, pas du tout ! Gaston lui manquait, dis donc ! Cela dit, si ce blondinet revenait, là, c’était sûr que la leçon lui rentrera dans le crâne… Si c’était humiliant pour ce merdeux ou non, c’était un point de vue qui se défendait.

Etonnant soit-il, Théo ne savait pas où on l’avait chopé mais celui-là, répondant au nom de Virgile Dickinson, gardait son sang-froid. Il restait poli. Cela dit, à sa dernière réplique, Théo sentit une pique. Même si ça avait dit d’une manière sans méchanceté, Théo sentait l’ironie là-dedans. Ce dernier devait lui admettre également qu’il était culotté. Intérieurement, cela lui faisait rire… Mais c’était surtout ce qui le marqua. Pour dire, c’était bon, ce cher Virgile avait doublement attiré sa curiosité. Personne jusque-là n’aurait osé véritablement lui parler comme il venait tout juste de le faire. Rien que pour … le charrier ? Allez savoir comment déterminer cela. Habituellement, il avait l’habitude des gens qui, soit se la fermaient ou soit s’énervaient pour un rien. Dans ce dernier cas, la sécurité les jetait dehors. Cependant, c’était tout de même assez rare.

Disposez !

Rien de mieux pour dire d’une manière « Merci et dégage » d’une manière … poli ? C’était également sur le même ton. La réunion pouvait reprendre. Quant à Théo, il pouvait porter de nouveau la tasse à ses lèvres. C’était parfait.

Pour le directeur de la soirée, la réunion lui semblait interminable. Celle-ci s’éternisa jusqu’à les 23 heures. Les employés s’en allèrent, les dossiers en main. Quant à Théo, il resta sur sa chaise, se frottant les yeux. Il était naze de chez naze. Regardant son téléphone, il pouvait remarquer qu’il avait un message sur son répondeur. Son père l’avait appelé un peu plus tôt – genre y’a 15 minutes. Mettant son portable à l’oreille, il l’écouta. En Angleterre, il devait être déjà 18 heures, dans ces eaux-là.

Seul (ou presque puisque Virgile continuait son boulot), Théo se leva et fit les cents pas, rappelant son père où la conversation ne durait même pas 5 minutes. En fait, c’était presque un coup de fil pour presque rien dire. Du moins, selon lui. John ne rentrera pas de si tôt. Oh ne vous inquiétez pas, le fils à Papa saura gérer sans lui.

Il finit par raccrocher, s’appuya d’une main sur le dossier d’une chaise et de son autre main, à l’intérieur de sa paume, il s’amusait à tourner son portable. Sortant de ses pensées, il remarqua la présence de Virgile qui finissait donc son boulot à ranger les tasses et verres qui trainaient.

J’imagine que c’est votre premier soir ici ? lança-t-il comme un cheveu sur la soupe.

Mais n'empêche, même s'il lançait une "conversation" avec une "merde de base", en fait, il avait peut-être une idée derrière la tête. Pour l'instant, il se contentait de jauger.

Une chose était sûre, ce type et lui n'allaient pas être potes. Même s'il choisit de ne pas répondre à sa pique pour une raison qui lui échappait totalement, il se contenta de hocher la tête lorsqu'il lui dit ( ou plutôt ordonna ) de disposer. Pas de problème. Son job était juste de servir tout ce petit monde ici, pas de lui tenir la jambe. Alors il reprit son poste, bien sagement.

Le reste de la réunion se passa sans encombre. Tout du long, il servit ces messieurs, en thé et en café surtout. Ils semblaient en avoir besoin pour rester éveillé. Tu m'étonne, ça avait l'air très barbant toute cette discussion ! Il n'y avait qu'à voir les têtes que certains tiraient. Le genre de réunion nécessaire, mais chiante. Qu'il était heureux de ne pas y avoir droit !

Cela dura jusque tard le soir. 23 heures. Enfin tard pour eux, mais tôt pour lui qui avait l'habitude de terminer son service vers 3h du matin environ. Il resta silencieux lorsque les types sortirent un à un, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le patron. Celui-ci vérifiait son téléphone. Il était temps pour Virgile de débarrasser tout ça. Du coup il quitta son coin pour se rapprocher de la table afin de ramasser les verres et tasses qui restaient, et de les mettre sur un chariot, destiné à aller dans les cuisines pour être lavés. D'une oreille il entendait le patron papoter au téléphone, mais sincèrement, il ne fit pas spécialement attention à ce qu'il disait. Il comprenait que c'était son père au téléphone, voilà tout. Enfin il s'en fichait, pour le moment il faisait juste son job.

Mais la voix du type prétentieux le sorti de ses pensées. Si c'était son premier soir ici ?

Tout à fait monsieur.

Ça se voyait non ? Il tourna la tête vers le brun et … euh minute ! Jusqu'ici, il l'avait vu assis, donc, ce détail lui avait totalement échappé mais … non attendez il fallait qu'il vérifie. Aussi, il passa non loin de lui pour ramasser la tasse ou il avait bu son foutu thé tout à l'heure, puis, en arrivant à sa hauteur, il eu tout le mal du monde à réprimer un fou rire monstrueux.

*Mais c'est un nain ! *

Du coup il opta pour la sage décision de se retourner et d'aller déposer la tasse sur le chariot, ne serait ce que pour ne pas lui montrer le sourire qu'il n'arrivait pas à cacher. Non sans rire il avait quoi ? Un mètre deux ? Oh elle était bien bonne tiens ! Et c'est qui qui regardait l'autre de haut ? Ah ça lui faisait sa soirée ça ! Puis, il se retourna, affichant tout de même un léger sourire, s'étant calmé, et ajouta :

Je suis bien plus habitué à servir dans des bars que dans de tels endroits.

C'était tout un monde ça …

Franchement, le fait que son père soit à Manchester en ce moment même ne l’enchantait guère. C’était assez étrange dans un sens car il ne l’avait pas dans les pattes mais d’une autre manière, tout revenait à lui pour diriger. Même quand son père était là, ce n’était pas le boulot qui manquait non plus … Mais il ne l’avait pas dans les pattes.

Et là, son père ne serait pas revenu avant la réception organisée à l’hôtel dans les deux jours. C’était la joie, quoi ! Mais n’empêche, ce n’était pas ça qui lui traversait l’esprit… et ce n’était pas ce qui expliquait pourquoi il conversait avec ce blondinet… Théo se mordit la lèvre inférieure, se mettant à rassembler ses dossiers et son merdier en un merdier. C’était effectivement son premier soir ? Hum. Intéressant… Il s’était plutôt bien démerdé pour un premier soir malgré son côté malicieux. Cela dit, ce n’était pas Théo qui allait le complimenter là-dessus… Ca lui écorchait presque la gueule d’en faire directement… Mais il en faisait implicitement, comme à ce moment même.

Vous avez quelque chose de prévu, après demain-soir ? questionna-t-il.

Dit comme ça, on dirait presque un rencard alors que ce n’était pas du tout le cas. Physiquement, s’il l’avait rencontré dans un autre genre de soirée, peut-être qu’il serait parti le draguer. Mais le fait qu’il soit dans l’entreprise, il se devait être professionnel et ne pouvait pas enlever le costume du directeur emmerdeur et froid. Il en était incapable… Mais n’empêche, malgré ce côté-là, il savait flairer chez une personne du potentiel à exploiter. Malgré la « bourde » de ce type, il avait été correct jusque-là. Cela dit, il y avait peut-être autre chose mais ça, Théodore n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

Quelque chose vous fait-il rire ? releva-t-il.

Avant de continuer quoique ce soit, il arrêta d’assembler ses dossiers, resta stoïque et croisa les bras contre son torse. Théodore se demandait s'il se faisait des idées ou non, et il aimerait savoir avant de pouvoir continuer son charabia, notamment lui proposer s'il était intéressé par un nouvel extra.

S'il avait quelque chose de prévu après demain soir ? Et bien, avec le fric gagné ce soir il pensait se cloîtrer chez lui et se fumer un joint ou deux vu qu'il ne bossait pas ce soir la. Même s'il était plus sage de dépenser cela en nourriture, son frigo faisait peine à voir. Heureusement que de temps en temps ils avaient le droit de ramener des trucs du bar, sinon il ne ferait pas un poids correct ! Mais pour cette soirée, il ne savait pas spécialement quoi faire, peut être que Natasha allait vouloir le voir qui sait. Enfin, officiellement, il n'avait rien prévu, il était libre comme l'air.

Rien du tout monsieur. C'est mon soir de libre, en plus de celui-ci.

Soir de libre passé à travailler. Mais qu'importe sur le papier il n'avait rien de prévu. Puis, il se demanda aussi pourquoi il lui demandait ça … Euh … Certes ils se trouvaient dans un hôtel dirigé par ce monsieur, mais ils restaient dans un hôtel ! Ce le p'tit brun, petit ou non, restait un homme. Et Virgile en avait vu d'autres … Raison pour laquelle, il releva la tête vers lui ( ou la baissa ) et ajouta d'un ton sérieux, mais toujours ce sourire léger sur les lèvres :

C'est un rencard ? Si c'est le cas je me verrais dans l'obligation de refuser.

Bon, il se doutait un peu que ce n'était pas pour cela qu'il posait cette question, mais il préférait préciser la chose ! Certes, il avait déjà batifolé avec un mec ou deux, mais c'était pour essayer. Il ne mangeait pas de ce pain la. Oh et puis il avait bien le droit de l'emmerder un peu, il avait si bien commencé tout à l'heure ! Du coup, il débarrassa la table de ce qui restait et mit le tout sur le plateau. Si quelque chose le faisait rire ? Virgile le regarda croiser les bras sur son torse, à le regarder très sérieusement. Oula, si ça n'avait pas été lui, il aurait eu un peu peur. C'est qu'il savait imposer son style. Monsieur le patron dont il ignorait le nom.

Absolument pas monsieur, pourquoi cette question ?

Oui certes, le fait que monsieur pète sec soit un minimoy le faisait bien rire, mais il attendra d'être sorti de la pour éclater de rire un bon coup. Oui, il lui en fallait peu !

Bien. Il était libre… Mais à sa nouvelle réplique, Théodore avait l’impression de se revoir un peu plus tôt dans la soirée, face à la première désinvolture de Virgile qui lui avait permis de l’apercevoir. Sinon au contraire, il aurait fini comme les autres, au fin fond des oubliettes. Et à cette réplique, était-ce lui ou parce qu’il était fatigué pour que Théodore ne soit pas tout à fait ouvert à l’humour ? Ouvert ou pas, ce genre d’endroit ne le changeait pas forcément grand-chose, il avait toujours ce mur de glace qui l’empêchait d’être chaleureux...

Je me suis dit qu’une nouvelle soirée en extra pourrait vous intéresser …

Ce qui voulait tout dire mais faisait genre un peu « couillon », dans le genre « tu fais le con, je peux très vite relever ma proposition ». Vraiment ? Ouais…

Je me doute que vous préférez ça un rencard ?

Théodore le scruta, essayant de voir à quoi ce type pouvait penser, comme s’il pouvait être un mystère. Habituellement, le patron se fichait royalement des employés, pour dire… Et pourquoi celui-là en ferait exception ?

Parce que pour ça, faudra passer par ma secrétaire…

Lui aussi était capable de faire de l'humour ? Allez savoir, car rare s’affichait un sourire sur ses lèvres et ce n’était pas le cas ici. Surtout qu’à savoir, si Virgile s’était intéressé à l’entreprise, il saurait Théodore avait une fiancée au nom de Lénore. Certes, ce n’était pas spécialement le grand amour comme on s’attendait à deux futurs mariés mais va-t-on dire que c’est toute une histoire. Ce n’était pas le grand amour mais ils ne se détestaient pas non plus. Pour résumé, ce sont deux bons amis. Après, c’était plus avec son frère Gaspard où c’était un peu plus compliqué. Cela dit, en attendant la réponse de ce cher Dickinson, Théodore rangea ses dossiers dans un petit carton dans le but de les transporter jusqu’à son bureau. Si Virgile refusait, ce n’était pas bien grave car nombreux sont les CV qui arrivaient en pile sur le bureau des ressources humaines.

En fait ce « charmant » type, lui proposait une nouvelle soirée comme celle-ci, un nouveau petit extra. Genre, une nouvelle soirée à faire le pingouin, à servir en boissons plein de types qui le prendraient pour de la pure merde, un peu comme le p'tit brun ? Mais quelle merveilleuse idée, Virgile ne demandait pas mieux ! Non mais en fait, il avait vraiment besoin d'argent ces temps-ci, et, si en temps normal il se serait offert le luxe de refuser, la, il ne pouvait pas vraiment se permettre ça.

Effectivement, c'est plutôt intéressant...

Et pas qu'un peu. Il aurait bien dit un truc du genre ça mettrait du beurre dans les épinards, mais dans son cas, c'était plus l'opportunité d'avoir les épinards ! Et oui il préférait largement ça à un rencard ! Parce que passer un tête à tête avec un type comme lui, non merci. Le genre prétentieux et aussi amical qu'une porte de prison, non merci. Terminant de tout ranger, il écouta le mec dire qu'il faudra passer par sa secrétaire.

Je n'y manquerais pas, monsieur.

Dit-il finalement avec un sourire poli. Alors vendu ! Pour sa part, il se mit derrière le chariot, et se dirigea vers la sortie, avant d'adresser ses salutations au p'tit brun.

Passez une bonne soirée monsieur.

*Et mangez de la soupe ! *

Pensa t-il en sortant. Ainsi, après être sorti de la salle de réunion, il alla aux cuisines déposer le chariot pour qu'ils s'en occupent. Ensuite, il alla voir directement la secrétaire citée plus tôt. Celle-ci le recontactera demain pour lui donner les détails, le laissant s'en aller, sa paye de la soirée entre les mains. Au moins, si passer une soirée entouré de types méprisants pouvait lui permettre de remplir son frigo …