Waiting for you [PV]

Une vie de merde, aucune personne à qui ne me confier … personne. Non. Je lâche un long soupire puis je tire sur ma clope, regardant les gens passer dans la rue. C’est mon troisième client que j’attends. Je suis las, fatigué et j’ai qu’une envie c’est de m’en aller loin … mais sans papiers ni rien, je ne peux pas faire grand-chose. Je lâche un long soupire et glisse mes doigts dans mes cheveux. Je suis devenu accro à ce que l’on appelle la mutilation, ça me fait un bien fou, vaincre le mal par le mal. Je me sens mieux, en l’espace de quelques heures, jusqu’à ce que je ne sente plus la douleur et après rebelote, je me sens de nouveau mal. Comme là.

J’ai sûrement tout perdu, Castiel doit être furieux contre moi par le fait que je suis venu sans lui avoir demandé, mais ne sachant pas lire grand-chose, voir même rien du tout et avoir tenté de l’appeler en appelant tout mon répertoire… voilà. Tant pis, ça m’apprendra à vouloir me lier d’amitié avec quelqu’un, finalement je suis bon pour rester seul. J’entends la sonnerie de mon téléphone, je fronce les sourcils puis je le prends et je reconnais le cigle qui m’indique que j’ai un message vocal. J’appuie sur le bouton et je l’écoute avant de me sentir rassuré en entendant la voix de mon amant. Ca me fait drôle, je pensais qu’il m’avait oublié. Je pensais qu’il m’en voulait … me voilà rassuré.

Je regarde autour de moi ensuite avant de me lever et de m’enfuir, en gros avant de me diriger vers l’appartement de Castiel, au pire si je suis suivi ou, si Loreleï est dans le coin, je suis un peu dans la merde mais je me dis que je ne serais pas seul au pire. Je me dépêche, faisant tout de même attention en regardant autour de moi avant d’arriver à l’appartement du brun puis je soupire, prenant mon courage à deux mains. Je veux pour sonner mais une dame m’ouvre, je la remercie puis me dirige à l’étage où se trouve Castiel avant de me retrouver devant sa porte. Je l’observe, silencieusement puis je presse le bouton de la sonnette. J’attends avant qu’il ne m’ouvre et je lui affiche un petit sourire. « Hey … »

J’ai tellement envie de partir, plus que d’habitude d’ailleurs. Mais malheureusement je sais que je ne pourrais pas, surtout qu’en plus je ne sais ni écrire, ni lire. Je ne pourrais aller bien loin, puis je n’ai pas non plus d’expérience dans un seul métier, si ce n’est la prostitution, mais je ne vois pas dire à mes patrons que je me suis prostitué, c’est mal vu puis après s’ils m’embauchent c’est sûrement seulement que pour mon cul et qu’ils savent que je ne pourrais rien leur dit, en cas d’agression. Triste vie, n’estce pas ? mais je remercie ma mère de s’être lancé là dedans, je remercie aussi Loreleï d’avoir eu la gentillesse de me prendre avec lui, de ne pas me laisser dans la merde. J’aurai préféré cependant, je pense que je m’en serais bien mieux sorti. Mais je ne me plains pas non plus, je suis son préféré, je suis logé et bien traité … j’aurai pu tomber sur bien pire. Mais bon, ça ne me plait quand même pas d’avoir cette sensation d’être sale tout le temps, que tout le monde pose ses mains sur moi et que je n’ai le droit de rien dire.

Au message de Castiel, je n’ai pas pu m’empêcher de venir, de venir rapidement. Ca fait tellement longtemps que l’on ne s’est plus vu, et l’ange commençait à me manquer, je ne le cache pas. Puis quand je suis avec lui je me sens bien. Je me sens humain et surtout je sais que je n’ai rien à craindre de lui. C’est un homme tellement gentil. J’attends qu’il vienne m’ouvrir et je lui adresse un petit sourire. Je sens mes pommettes rougir à sa remarque. Pas ma faute si j’aime être en sa compagnie ? « J’étais dans le coin …c’est pour ça » Mensonge. Hm. Lorsqu’il se pousse pour me laisser entrer, j’entre et je regarde autour de moi, voir s’il n’y a pas ses enfants, étant plutôt méfiant, comme un animal se sentant en danger. « Je suis sûr que le tapis est quand même confortable ! » Dis-je amusé. Oh, un peu d’humour voyons, ça n’a jamais tué personne. Je retire ma veste puis la dépose ensuite sur la tête du canapé et il me parle de la dernière fois, présentant ses excuses. Je secoue la tête. En effet ça n’a été agréable pour personne, on a juste pas eu le même mal aise. « Non … c’est à moi de m’excuser. J’aurai dû prévenir au lieu de débarquer comme ça … c’est juste que j’ai pas trouvé ton numéro dans mon répertoire. Enfin, j’ai essayé … » Mais ne sachant pas lire, ça complique le tout. Et ca m’énerve beaucoup. Je souris lorsqu’il me dit qu’il est content de me voir puis je m’approche de lui et je glisse mes bras autour de lui et embrasse son cou lentement. « Moi aussi je suis content de te voir … »

Car quand je suis avec lui je me sens bien mieux, je me sens moi, je me sens humain et non un déchet ou juste un jouet que l’on prend et que l’on jette quand on n’en veut plus. Il me comprend, il m’aide, il ne me juge pas. Du moins, pas en face de moi après dans mon dos, je ne sais pas. IIl aurait pu me rejeter, il aurait pu ne vouloir me voir qu’une fois mais non. J’ai de l’importance pour lui … je suppose, et ça fait longtemps qu’une personne ne m’en avait pas accordé, pas de la même façon que Cas. Loreleï c’est juste parce que je rapporte beaucoup et que tout le monde veut m’avoir, Castiel s’est sûrement attaché à l’être que je suis vraiment. Je me détache de lui, souriant faiblement puis je m’installe dans le canapé, puis je ne bouge plus, comme si j’avais peur de bouger et de me faire engueuler. « Ca va, sinon ? Je suis sûr que depuis le temps tu as des choses à me raconter … »

J’apprécie que Castiel soit comme ça avec moi. Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un soit gentil avec moi, m’accueille sous son toit sans me voir forcément comme un bout de viande que l’on a envie de dévorer sur le champ. Au moins il m’apprécie, peut-être pour ce que je sais faire de mes doigts, de mon corps mais au moins je peux sûrement dire que je fais parti de son cercle d’amis. Du moins je l’espère. Des amis je n’en ai pas, il y a seulement lui. Je n’ai pas le droit d’en avoir en même temps. Je n’ai le droit d’avoir seulement que Loreleï dans ma vie, lui et seulement lui. C’est triste à dire, mais c’est comme ça. Je m’approche de lui et je glisse mes bras autour de son cou. Une étreinte, ça me fait du bien. De la tendresse, c’est quelque chose que j’avais oublié, l’effet que ça pouvait provoquer. Je me sens bien. Réellement bien. J’y resterais volontiers des heures. Ca me change de la violence, de la sauvagerie. De la tendresse, de l’affection… j’en ai besoin. Comme tout être humain. Mais je n’en ai plus eu depuis bien longtemps et, Castiel m’en donne. Je l’apprécie, cet homme et je le protégerais coûte que coûte même s’il faut que Loreleï me tabasse à mort, je m’en fiche, je ne lui dirais jamais tout ça.

Je file m’asseoir puis il me parle de ce qu’il y a de nouveau dans sa vie. Bien sûr que ça m’intéresse, ça me permet de penser à autre chose. Je souris à son annonce puis je ne peux m’empêcher de rire un peu. Bien sûr que je m’en souviens de ce Alex, je pense que je m’en souviendrais jusqu’à la fin de ma vie. « C’est cool ! Pour combien de temps ? J’aimerais bien voyager aussi … » Dis-je soudainement pensif, mais je reviens bien vite sur la planète terre. C’est impossible, je suis coincé ici, jamais je ne partirais … jamais. Je relève les yeux vers lui lorsqu’il s’intéresse à mon tour à moi et je lui adresse un faible sourire. Devrais-je lui dire ? Il doit en avoir rien à faire, de toute façon, je pense que tout le monde s’en fiche ici. Je secoue furtivement la tête. « Non … Rien du tout, même de ce que je peux pas te raconter. C’est plat … d’un côté je me dis, tant mieux ! » Dis-je en me forçant à sourire et je joue nerveusement avec mes doigts et je pince mes lèvres entre elles. J’aimerais me confier, m’ouvrir mais j’ai tellement peur. Peur que Loreleï le découvre et le sache, peur que ça me mette dans la merde. J’ai tellement peur de m’attirer des ennuis, encore plus que maintenant. C’est tellement difficile de tout garder pour soit, c’est beaucoup trop pour une petite personne.

Je regarde le sol et je souffle. « En fait … j’ai envie de partir … loin d’ici. Je veux dire, dans un autre monde où peut-être j’aurai la paix. Un monde où peut-être je reverrais mes parents … ou plus aucune personne ne pourra me toucher et m’utiliser comme bon lui semble. Un monde sans violence …un monde où je serais enfin heureux, sûrement. C’est ridicule, tu dois le penser … mais tu sais, rien ne me retient ici. J’ai tout perdu, depuis bien longtemps. » Dis-je en déglutissant difficilement et je pince mes lèvres entre elles, glissant mes doigts dans mes cheveux, me décoiffant un peu.

C’est une bonne chose qu’ils partent ailleurs qu’ici, qu’ils se retrouvent un peu. Peut-être que ça va améliorer leur relation, peut-être que ça va tout arranger entre eux. J’ai l’impression que ce n’est pas tout rose tout le temps, qu’il y a une petite tension mais bon après je peux me tromper. Je sais juste voir les problèmes là où il y en a, car en vivant dans le monde de la prostitution, il y a beaucoup de choses que l’on sait voir que les autres ne voient pas. Je ne m’ouvre pas tout de suite, disons que je reste silencieux avant de lui dire. Il n’a pas l’air de comprendre où je veux en venir. J’ai abandonné. Oui, j’ai abandonné depuis longtemps car je n’ai plus aucun espoir. Ils sont tous autour de moi, à me tourner autour comme des vautours prêts à bondir sur leur proie au mauvais faux pas. Ils n’attendent que ça, me briser encore plus. Du moins, est-ce possible ? Au point où j’en suis, je me dis que même les tortures physiques ne me briseraient plus. Je suis au fond, dans le gouffre. Je ne sais pas si j’arriverais à en sortir. Je relève les yeux ensuite vers lui. C’est peut-être ça, mon but. Être heureux ? Ce n’est qu’un doux rêve, je ne sais pas pourquoi je tente d’espérer encore. Parce que de l’espoir, je n’en ai quasiment plus.

« Non Castiel je … » Je lâche un long soupire. Comment lui dire ? Cette preuve de lâcheté. Je ne sais même pas si je compte pour lui au final, même si je me dis qu’il y a des signes qui ne trompent pas. Mais je ne sais pas. On me ment tellement de fois, on me fait toujours espérer alors qu’au final, il n’y a rien. « Ne m’apprend plus … Je te mets en danger. Il l’a vu … il a voulu savoir mais je ne lui ai rien dit … » Je déglutis difficilement et je me lève ensuite. « Même si je pars et si je change de vie, je ne serais jamais heureux parce qu’il me retrouvera. La meilleure solution c’est … certainement de me donner la mort. Je … Je ne manquerais à personne, de toute façon. Je me dis que plus rien ne me retient ici. Je N’ai plus le courage, ni la force de me battre. Je me bats depuis trop longtemps et j’arrive à un stade où je n’y arrive plus parce que, c’est pire de jour en jour. Je ne vois pas le bout. Je n’arrive pas à m’en sortir et je n’y arriverais probablement jamais. Quoique je fasse, il me retrouvera … il a des hommes qu’il envoie pour chercher ceux ou celles qui tentent de fuir … Ils sont partout …Je suis sûr que même l’un d’eux fait parti de tes amis… » Je serre les dents. C’est beaucoup trop dur.

Je l’observe et je viens caresser sa joue lentement avant de déposer un tendre baiser contre ses lèvres, puis je me détache. « Mais je ne suis pas venu ici pour que tu m’en empêches, pour trouver une solution … Je suis venu te dire au revoir… » Parce que je le devais. Parce que Castiel est le seul homme en qui, je pense, que je puisse faire confiance. Le seul homme qui s’est réellement intéressé à moi, non pas pour mes compétences sexuelles, mais pour ce que je suis vraiment. Je me détache et je m’éloigne, me dirigeant vers la porte, glissant ma main sur la poignée puis je me tourne vers lui. « Je m’appelle Anton, Anton Ponatchevnaïa. » Autant lui dire la vérité. Autant me dévoiler car on ne se reverra probablement plus.

C’était peut-être trop dur, peut-être trop vite mais je ne peux pas rester ici une seconde de plus. Il va me retenir, m’en empêcher et au final ça restera pareil parce que je sais que je vais finir par me laisser aller dans ses bras, l’écouter alors que peut-être il est comme les autres. Je suis trop naïf. Je m’apprête à partir puis e lui révèle ma véritable identité. Plus rien ne me retient ici de toute façon, puis autant qu’il sache qui je suis. Loreleï ne le saura jamais de toute façon, parce que Castiel ne le connait pas, j’en suis sûr. Sinon il ne m’aiderait pas comme il le fait là. Il ne chercherait pas à vouloir mon bonheur. Il ne me manipule pas, s’il aurait voulu me livrer à Loreleï ou autre, il l’aurait déjà fait. Je fronce les sourcils lorsqu’il me dit qu’il ne peut pas me laisser partir comme ça. Bien sûr que si. Je lui ai dis au revoir, je lui ai dis presque tout ce que je pouvais lui dire alors, pourquoi il ne pourrait pas ? Je soupire un peu en l’entendant avant de secouer la tête. « Tu peux me laisser partir, oui. C’est ce que je souhaite. Me retenir encore ici, c’est égoïste de ta part. Je n’ai plus l’envie de rester … dans ce monde une seconde plus. » Dis-je en soupirant. Je baisse ensuite mes yeux. « Bien sûr que si je te mets en danger, en restant ici. Il sait que j’apprends à lire et écrire, il a voulu savoir qui c’était, je ne lui ai rien dit et même sous toutes les tortures qu’il pourra me faire, je ne lui dirais pas. Mais je sais qu’un jour, il enverra quelqu’un me suivre jusqu’à chez toi … Je n’ai pas envie qu’il t’arrive malheur … tu as des enfants, une vie de rêve … toi, tu ne le mérites pas. T’es quelqu’un de bien. » Il m’affirme que je peux avoir confiance en lui. Je me sens bien. J’ai l’impression qu’un poid s’enlève de mes épaules. Il dépose ses mains sur mes joues lentement. Je plante mon regard dans le sien ensuite avant de baisser mes yeux, embués de larmes. « Moi-même je ne sais pas qu’il existe une solution … parce que pour moi, il n’y en a pas … » Dis-je dans un murmure, la voix tremblante. Non, il n’y a pas de solutions pour me sortir de là. Il n’y en a aucune car partout où j’irai, il me retrouvera et me le fera payer. Peut-être qu’il ne me tuera pas non, puisque vivre semble être la pire des punitions pour moi.

Je baisse mes yeux et je renifle avant d’essuyer mes larmes et de regarder autre part, me sentant quand même honteux. J’ai tellement envie d’en finir, tellement envie de connaitre la paix et le bonheur. De ne plus ressentir cette envie de partir à longueur de journée, ce manque de motivation et d’envie. J’en ai marre de faire semblant, de dire que tout va bien alors que non. J’en ai marre de vivre dans la peur. J’en ai marre de tout. Je plante à nouveau mon regard dans les yeux bleus ciels de mon interlocuteur puis je pince mes lèvres entre elles. « Pourquoi tu me retiens … ? Pour ne pas avoir de mort sur la conscience ? Personne n’est censé savoir que l’on se connaissait. Ce n’est pas ta faute, tu n’auras pas à te sentir coupable. Parce qu’en me laissant, t’auras apaisé mes souffrances. » J’enlève lentement ses mains et je déglutis difficilement, les serrant un peu, comme si c’était la dernière chose à laquelle je voulais me raccrocher pour ne pas sombrer encore plus. « Personne n’a jamais été comme ça avec moi … Depuis toutes ces années… » Dis-je en finissant par craquer, laissant les larmes dévalées le long de mes joues sans plus aucune retenue, en sanglotant même, mon corps étant secoué de tremblement. Je glisse mes bras autour de son corps et je ne bouge plus, fermant mes yeux.

Je ne peux pas croire qu’il y ait une solution. J’ai tant cherché, depuis bien longtemps et je n’ai jamais trouvé parce que quoiqu’il arrive il saura où je suis, même dans le fin fond d’une forêt j’en suis sûr. Il sait à chaque fois où je suis. Je ne sais pas comment il fait, j’ai sûrement une puce ou un radar sur moi. Mais le seul truc qui m’handicape est que je sois illettré, que je ne connaisse pas bien la langue anglaise/américaine. Je pense je n’irai pas bien loin comme ça. Je serre les dents en entendant Castiel. Pour moi, c’est la meilleure solution parce qu’au moins j’aurai enfin la paix que j’ai tant rêvé, et je n’aurai plus Loreleï à mon cul. Peut-être que la seule façon c’est de le tuer, et de me retrouver en prison. Une sécurité, certainement. Je pense que même là-bas, c’est rien à côté de l’enfer dans lequel je vis. Je ne dis rien à Castiel, je veux le laisser croire qu’il a raison, bien que dans ma tête, ce soit la meilleure solution. Je l’observe et je serre les dents. « Aventure magnifique … pas pour tout le monde. J’essaye de m’en donner la peine, mais je ne suis pas libre, je n’ai pas le droit de faire tout ce que je veux. Je n’ai pas le droit d’avoir une famille, quelqu’un dans ma vie. Je vis un enfer … et même à mon pire ennemi je ne lui souhaite pas de vivre ça. Personne ne mérite de vivre cette vie là. C’est inhumain. » Ce sont tous des bêtes sauvages, des êtres malfaisants, et sans de grandes bonnes intentions. Je me glisse dans ses bras et finalement, je me laisse aller. Je ne bouge plus, m’y sentant bien, comme en sécurité. Du réconfort, chose que personne depuis bien longtemps ne m’a donné.

J’aimerais y rester, là, dans ses bras. J’aimerais réellement ne plus bouger, rester auprès de lui parce qu’au final, c’est ici que je me sens bien, à ma place. Je finis par me détacher, et je m’excuse dans un murmure avant d’essuyer mes joues et je hoche faiblement la tête. Il me dit alors des mots touchants … ça aurait pu m’effrayer, me dire que j’ai entrainé quelqu’un avec moi dans mes emmerdes mais, non ça me fait plaisir que quelqu’un tienne à moi, de me dire que finalement je dois compter, même si ce n’est que pour une seule personne sur des milliards. « Ca fait longtemps que quelqu’un ne m’a pas dit de gentilles choses comme ça … » Dis-je en me sentant drôle. J’en avais presque perdu le goût. Je me mords lentement la lèvre inférieure et je viens ensuite lentement contre lui à nouveau et le serre un peu plus franchement contre moi cette fois-ci. Je hume son odeur, et ça m’apaise un peu plus. Je me détache un peu et je glisse ma main à sa joue, la lui caressant de mon pouce, pinçant mes lèvres entre elles avant de rapprocher mon visage du sien, déposant un tendre baiser contre ses lèvres, lentement, mais ne me détachant pas aussitôt. Je me mets à prolonger le baiser. Parfois, ça suffit plus qu’un simple merci, ou de simples paroles.

J’aimerais que pour moi, la vie soit une belle aventure. J’aimerais que ma vie soit belle, que je redécouvre le bonheur. J’ai envie de me sentir bien, de me sentir bien dans ma peau et pas sans cesse sale. J’en ai marre de me sentir mal à chaque fois que je sors, de regarder autour de moi pour voir si je ne suis pas suivi. Je regarde Castiel et je hoche faiblement la tête. Il ne peut pas se l’imaginer car ce qu’il imagine, à côté, ce n’est rien. Je pince mes lèvres entre elles, hochant faiblement la tête. « Malheureusement c’est comme ça … » Dis-je faiblement puis je baisse mes yeux. Ca devrait être puni, oui je sais qu’un jour on punira Loreleï pour ça, je sais qu’un jour il va payer et ce jour là j’aurai peur. J’aurai peur de plonger aussi, d’avoir des répercussions. Je ne sais pas trop quoi faire, car de toute façon je sais que si je vais dénoncer, personne ne me croira. Tout le monde croira mieux quelqu’un qui sait s’en sortir dans la vie, lire et écrire plutôt qu’un pauvre gigolo qui ne sait même pas lire et écrire son prénom.

Je lui fais remarquer que ça fait bien longtemps que personne ne m’a dit quelque chose de gentil. Mes parents me l’ont déjà dit, mais ça fait des années, j’ai même l’impression que ça fait une éternité. Je souris à ce qu’il dit. Ca me fait bizarre, ça me fait drôle. Ca me touche même, ça prouve que j’ai de l’importance pour lui. Et ça me va droit au cœur, ça me fait du bien. Mais je me demande bien ce qu’il me trouve parce que je n’ai rien d’attachant, je suis un nid à emmerdes, je suis un grand paumé et tout ce que je sais faire de bien, c’est soulagé les autres à l’aide de ma bouche, de mes mains, de mon corps. Je viens glisser mes lèvres contre les siennes, tendrement et je soupire de bien être. De la tendresse, ça me change, ça me fait du bien. Je me détache de ses lèvres ensuite et je ris un peu, sentant mes pommettes rougirent. « Pardon, je le fais pas exprès … c’est un tic… » Quand je suis nerveux, ou stressé. Je referme automatiquement mes yeux lorsqu’il repose ses lèvres contre les miennes. Je glisse l’une de mes mains à sa joue et je prolonge notre baiser, tendrement, ma langue rejoignant la sienne puis je me détache et le fait asseoir sur le canapé, venant me poser sur lui à califourchon puis je me glisse contre lui, déposant ma tête contre son torse et je ferme lentement mes yeux, ne bougeant plus. « J’aime beaucoup ton parfum … » Dis-je faiblement puis je me redresse et glisse mes bras autour de son cou, mes doigts venant caresser ses cheveux, remettant certaines mèches en place.

Une étreinte, des baisers presque chastes… ça me change de mon quotidien. Et ça ne me déplait pas, au contraire. Je pince mes lèvres entre elles puis je dépose un baiser contre sa mâchoire. « Pendant deux semaines, tu vas me manquer. » Je ne pourrais pas me réfugier chez lui quand ça n’ira pas, je ne pourrais pas passer un peu de temps avec lui mais je comprends, il en a besoin, ils en ont besoins. Je caresse sa joue de mon pouce lentement. « Tu sais … j’ai envie de le dénoncer à la police mais je me dis … que je vaux rien à côté des gros témoins qu’il aura, de son avocat et même de lui. J’suis qu’un gigolo, un déchet de la société, une personne qui dérange… »

Castiel est vraiment le seul qui est ici, pour moi. Il m’aide, il tente de me comprendre, il me protège, il me soutient. Je ne pourrais jamais le remercier, je pense qu’il me faudrait plus qu’une vie pour ça. Ca me va droit au cœur ce qu’il fait, il me donne confiance en l’être humain, en les hommes. Ils ne sont pas tous vils, cruels, pervers et obsédé. Il en existe des bons, ils ne courent pas toutes les rues mais, il en existe encore. Dont Castiel. Bien sûr, je ne dis pas qu’il n’est pas pervers, mais c’est quelqu’un de bien, malgré toutes les erreurs qu’il a pu faire. Je pince mes lèvres lorsqu’il me dit que deux semaines, ça peut passer vite. Je n’en serais pas aussi sûr … enfin pour eux oui, mais, pas pour moi. Ce sera une éternité. Je n’aurai aucun refuge, je ne pourrais aller me cacher chez personne et je serais obligé de rester cloîtré entre quatre murs, me rassurant moi-même, me soutenant moi-même. J’espère que ces deux semaines ne vont pas être difficile, je ne sais pas … si je tiendrais le coup. Certes, ça fait des années que j’ai tenu jusqu’à aujourd’hui, mais aujourd’hui je suis à bout. Pour preuve, je n’aurai pas dit tout cela à Castiel. « T’es bien le seul à voir ça comme ça… j’dégoûte les gens. Presque toute la ville m’est passée dessus. Je suis sale. Je ne vaux rien. Je l’entends souvent, et même dans la rue. Plus ça va et moins j’arrive à supporter … c’est tellement difficile … » Dis-je en soupirant, jouant nerveusement avec mes doigts. De toute façon, je n’ai jamais voulu de cette vie, on me l’a imposée. Il me l’a imposée, je n’ai pas eu le choix. Combien de fois, on a abusé de moi ? Combien de fois, je me suis forcé ? Plus d’une centaine de fois. « Certaines personnes aiment beaucoup ce métier … mais pas moi. Si je pouvais changer, je le ferais. » Certaines ont le choix et décident de s’orienter là dedans. Certes, il nous traite tout de même bien –du moins il se donne bonne conscience. Mais un seul mot, un seul pas de travers et c’est fini. J’ai de la chance de ne pas être dans son collimateur, j’ai de la chance d’être son ‘préféré’. Je m’applique, je ne dis … pas grand-chose. C’est une façon de survivre.

Je veux le dénoncer oui, j’y pense depuis longtemps mais je sais que je ne vais pas réussir à aller loin. Tout ce que je vais récolter, c’est sa colère. Il me punira, peut-être qu’il me tuera. Je pince mes lèvres aux paroles de Castiel, baissant mes yeux. « Personne ne voudra le faire … Tout le monde a peur. Parce que, si on y arrive pas, il nous tuera probablement … moi je m’en fiche, parce que rien ne me retient ici. » Je relève les yeux vers Cas’ et lui fait un faible sourire avant de glisser ma main à sa joue, lentement, caressant cette dernière de mon pouce. « Si je pars, je te manquerai ? » Je plante mon regard dans le sien, l’observant, le détaillant. Détaillant chaque trait de son visage, les redécouvrant, encore et encore. Je rapproche mes lèvres des siennes lentement, déposant ces dernières contre elles avant de l’embrasser tendrement, yeux clos. Je soupire d’aise puis je viens mêler ma langue à la sienne lentement, glissant ma main sur sa nuque. J’apprécie être avec Castiel, j’aime beaucoup sa compagnie et … je sais qu’il ne me laissera pas tomber. Je me rapproche un peu plus de lui, collant même mon corps contre le sien.