My Mind Rebels At Stagnation [PV]

Il arrivait que, de temps en temps, Carmen puisse prendre une demi journée de libre. Histoire de souffler un peu. Et très franchement ça ne lui plaisait pas ! A choisir elle bosserait tous les jours jusqu'à ce que mort s'en suive ! Mais son chef avait insisté alors … Elle était rentrée chez elle, dans son petit deux pièces toute seule. Après s'être fait à manger, la jeune femme avait décidé de faire un peu de ménage, de ranger des trucs qui traînaient depuis trop longtemps, de faire une lessive … Bref, des choses qu'elle ne pouvait pas faire en temps normal. Au moins ça l'occupait. Rester tout ce temps assise devant la télévision ? Non merci. Cette activité ça allait quand elle mangeait par exemple, histoire d'avoir un bruit de fond.

Puis, elle se dit qu'elle n'allait pas tourner en rond tout l'après midi. Dehors, il y avait un joli soleil qui pointait le bout de son nez. Même s'il faisait toujours froid, ça donnait envie de sortir. Alors c'était décidé. Carmen alla troquer son tailleur et ses talons contre un jogging noir et une paire de baskets. De la musique dans les oreilles, ses clés et papiers dans une poche, la voilà prête pour courir. Elle sortit de chez elle et se dirigea vers Central Park. Le bitume pour courir c'était moyen, donc elle allait faire comme tous les joggeurs, et aller la bas. Une fois sur place, elle eu la confirmation qu'elle ne fut pas la seule a avoir eu cette idée la.

*Bon, c'est parti !*

Elle se mit alors à courir d'un rythme régulier sur les chemins du parc, croisant au passage quelques autres personnes. Concentrée sur sa course et sa respiration, elle ne pensait à rien d'autre. C'était toujours ça quand elle faisait du sport, elle se vidait complètement la tête, et ça lui faisait un bien fou. L'action y'a que ça de vrai. Carmen ne pouvait comprendre ceux qui restaient enfermés chez eux toute la journée à ne rien faire. Comment faisaient ils pour ne pas être complètement débiles par après ? Oh, sûrement qu'ils l'étaient mais ils ne le remarquaient pas. Ça la tuerait elle de devoir rester enfermée chez elle. Si il n'y avait pas eu de soleil, elle serait sûrement allée à la salle de sport. Quoiqu'il en soit, elle serait tout de même sortie.

Les mercredis Naëlle avait cours que les matins, les après-midis elle les passait à l’extérieur. Elle ne rentrait pas chez elle, parce qu’elle avait prétexté des cours de soutien. Du moins lesdits cours de soutiens n’avaient plus lieu comme au début de l’année.

Ce pourquoi elle déambulait dans Central Park, en tenue de Lycée contrairement à son habitude. Logiquement, la métisse prévoyait une tenue de civil pour ne pas attirer l’œil mais là, elle les avait oubliés sur son lit. Disons que depuis quelques jours, la demoiselle n’était plus vraiment elle-même. Elle n’était pas malade, ni n’avait oublié de prendre ses médicament pour une quelconque maladie mentale. Non, elle était déboussolée parce qu’elle ne savait pas si elle avait été plaquée ou pas par Connor.

Elle avait choisi le parc parce qu’elle n’avait aucune envie de faire les boutiques. Elle n’en avait ni l’humeur, ni les moyens. Puis, être un peu seul de temps à autre ne pouvait pas faire de mal. Au moins ici, malgré le froid, elle sentirait le vent sur son visage tout comme le soleil qui commençait à se réchauffer pour fêter le printemps. Sans oublier les secousses pour lui arracher son sac à dos…

Quelqu’un essayait de lui dérober son sac à dos… Ça, ça n’était pas dans l’esprit du la prochaine arrivée du printemps, de la renaissance des choses endormies comme les animaux en hibernation, les fleurs qui commençaient à éclore. Elle se retourna pour voir si ce n’était pas une farce, après tout, il s’agissait peut être d’une connaissance.

- Mais… Mais qu’est-ce que vous faites ? Demanda-t-elle le plus sérieusement du monde.

Naé tira également sur son sac à dos. Bah oui, elle avait ses affaires et ses bouquins de cours, et sa famille n’avait pas les moyens de racheter ceux qu’elle se ferait dérobés.

- Ta gueule grognasse ! File le blé et les bijoux, petite princesse à son papa ! Répliqua-t-il en tirant de plus belle.

Et bien entendu, les citoyens de New-York faisaient en sorte de ne pas voir ce qu’il se passait devant leur yeux.

- Tu peux bien être généreuse ? C'est pas quelques centaines de dollars qui vont te manquer ! rajouta-t-il avant de se mettre à rire, comme s'il venait de dire quelque chose d'hilarant.

Cela faisait dix bonnes minutes que Carmen avait commencé son jogging. Dans les oreilles, la musique lui donnait la pêche pour garder le rythme, aussi longtemps qu'elle le pourra. Les effets de la course étaient déjà la. La sensation de vider son esprit, de ne penser à rien de spécial. Au début si, les pensées allaient et venaient, mais ne restaient pas. Au final, elle était complètement détendue, l'esprit vidé, calme. Cela faisait du bien finalement, les après midi de libre.

Au loin, elle vit une scène pour le moins inattendue. Mais pas rare pour autant. Une jeune fille qui semblait avoir des ennuis, avec un autre homme. Semblait-il donc qu'il en veuille à ses affaires. Et bien sûr personne autour qui n'ait envie d'aider la jeune fille. Pour sûr il pouvait avoir un couteau ou quelque chose … Chiffes molles ! En voyant ça, Carmen ne réfléchit pas, comme bien souvent. Elle continua de courir droit sur les deux personnes, et, arriva bien vite à leur hauteur. Elle ignorait si le mec l'avait vue venir, mais se doutait que non. Il devait être concentré sur sa tâche, soit voler la jeune fille. Puis, il fut à portée de main. Avec la surprise, l'élan que sa course lui avait donné, Carmen releva le poing droit pour le faire attérir sur la joue du type. Celui-ci lâcha automatiquement le sac de la demoiselle vacillant sous le choc, un peu sonné. Carmen arrêta alors sa course, et regarda la jeune fille :

Est ce que ça va ?

A première vue, il n'avait pas non plus levé la main sur elle, c'était déjà ça.

Ce type ne vous as pas trop embêtée ?

Et tous ces gens autour qui n'avaient rien fait ! Ça ne l'aurait même pas étonnée de voir un mec sortir un portable pour filmer la scène. De nous jours c'est hélas monnaie courante. Peu de gens seraient prêt à aider un inconnu se faisait agresser par un autre sous leurs yeux. Pourquoi ? Ça, elle n'avait pas la réponse. Ne demandez pas pourquoi Carmen avait réagit. L'envie de se défouler sur quelqu'un ? L'occasion de cogner ? Ou juste l'envie d'aider son prochain ? Peut être tout ça à la fois. Puis elle se tourna vers le mec et lui dit sèchement :

Et toi p'tit con, tu en as eu assez?

Ou il fallait appeler les flics ? Bon elle n'allait pas aller jusque la non plus hein ! D'autant plus qu'après ça pourrait être de la faute de Carmen, sait on jamais. Mais histoire de calmer le type et qu'il ne recommence plus, on peut lui sortir ça. Enfin, généralement, se prendre une droite sortie d'on ne sait ou, ça calme.

Naëlle était toujours en train de batailler pour ne pas se faire dérober son sac à dos. L’homme devenait de plus en plus grossier. Enfin, il valait mieux cela qu’à l’agressivité. Surtout connaissant la jeune femme, elle n’aurait pas hésité à en faire autant de son coté au lieu de fuir la scène. D’ailleurs, c’était plus ou moins ce qui était en train de se produire. D’autres filles auraient abandonnés leur sac à ce malotru plutôt que d’essayer coute que coute pour le conserver.

- L’habit ne fait pas le moine, crétin ! dit-elle entre ses dents.

En fait, ce qui l’agaçait prodigieusement ce n’était pas qu’on veuille lui dérober son sac d’école. C’était qu’on la prenne pour ce qu’elle n’était pas. Tout ça à cause de son uniforme de son fichu de Lycée privé. Il n’avait pas à dire, le Lycée St James était réputé pour accueillir les mômes des plus riches de la ville, des PDG et autres. Ce débile n’avait pas été cherché plus loin que le bout de son nez.

Naé n’avait pas vu sa sauveuse arriver, ce qui explique pourquoi elle fit quelques pas en arrière quand l’idiot du village lâcha sa prise. Toutefois, elle réussit à retrouver son équilibre avant de finir sur les fesses. Au moins, elle évitait la corvée de lessive pour avoir son uniforme propre pour le lendemain. Elle répondit à la question par simple automatisme.

- Oui, oui !

Mais est-ce que c’était la vérité ? Hmmm… Aucune idée. Ses jambes étaient flageolantes mais ce n’était pas anormal vu les efforts qu’elle avait dû fournir.

- Non, ça peut aller ! Déclara-t-elle après avoir réfléchi quelques instants.

Naé était plus ou moins choquée par ce qu’elle venait de vivre. Et elle ne pouvait que s’en prendre à elle-même, combien de fois lui avait-on dit de ne jamais aller se balader seule pour éviter de se retrouver agressée ? Trop de fois pour être compté. Pour elle, il y avait peu de chances qu’on s’intéresse à elle vu qu’elle ne portait pas de vêtements hors de prix, ni de bijoux de luxe, ni ne possédait aucun appareil dernier cri.

Le temps que sa sauveuse était en train de questionner l’homme qui s’en prenait à d’innocente petite fille, Naëlle réajusta sa tenue. Même dans ses circonstances, il fallait faire attention à l’apparence. C’était ridicule mais elle avait acquis cette habitude depuis ses années lycées, à cause des pimbêches qui lui riaient parce qu’elle ne faisait pas partie de leur monde.

- Laissez-le partir, il en avait juste après mon sac à dos ! Commença-t-elle par dire, parce qu’il avait peut-être agi de la sorte pour nourrir sa famille. Il ne m’a pas blessé, ni tenté d’abuser de moi.

Oui, ça ne servait à rien de créer des ennuis à un pauvre type qui avait agi par désespoir. Non, Naé n’était absolument pas crédule et naïve. Elle voulait voir les choses ainsi pour ne pas imaginer qu’il aurait pu lui arriver pire. Elle espérait aussi que si l’envie lui reprenait qu’il pourrait sur une personne qui lui donnerait la correction méritait pour ne plus qu’il récidive.

Toutefois, son agresseur ne se le fit pas redire une seconde fois. Il détala comme un lapin qui aurait un renard à ses trousses.

- Merci beaucoup Madame, dit Naé quand elle reporta son attention sur la rouquine. Les cours d’autodéfense s’imposent dorénavant.

La dernière phrase lui avait échappé. Naé avait eu l’intention de lui demander comment elle pouvait la remercier pour son aide, pas évoquer des cours d’autodéfense.

Bien au moins la jeune fille n'avait rien. C'était juste un petit con qui en voulait à ses affaires et rien d'autre. Il l'aurait violentée, les gens autour n'auraient quand même pas été capables de bouger et de donner un coup de main à la jeune fille. Bien au moins ça a fait à Carmen une petite activité qui défoule pour la journée ! Enfin, jusqu'à ce qu'elle s'ennuie de nouveau. Elle avait encore tout un jogging à faire, et s'était déjà bien éloignée de chez elle. Quand à l'agresseur, il ne répondit rien, ce fut la jeune fille qui fit en sorte qu'il puisse s'en tirer facilement. Sa bonté la perdra ! Effectivement, l'agresseur s'en alla sans demander son reste. Il ne s'attendait sûrement pas à ça. C'est con hein ? Il devait sûrement penser que ce sera bidon de voler les affaires d'une jeune fille sans défense. Dommage qu'un membre du FBI passait par la.

Carmen le regarda s'en aller à toutes jambes, avant de reporter son attention sur la jeune fille. C'était pas très cool pour elle que de subir ce genre de choses, quand on y est pas préparé ça a tendance à secouer un peu. Puis la demoiselle la remercia, tout en se faisant la réflexion que des cours d'autodéfense seraient judicieux. C'est pas faux !

Ce n'est rien. Et les cours d'autodéfense semblent être une bonne idée.

Surtout pour une fille, qui sont plus souvent des victimes de vol ou de violences que les hommes, pour la seule raison qu'elles sont moins fortes physiquement.

Mais la plupart du temps, tout ce qu'ils apprennent, c'est à viser les joyeuses et s'en aller le plus vite possible. Mais … c'est un très bon début.

Soyons hônnetes, un homme reste plus fort physiquement qu'une femme, sauf à un endroit. Donc, ces cours apprenaient à donner un coup bien placé et à s'en aller pendant que l'agresseur serait sonné. C'est pas la que la jeune fille apprendra à donner des coups de poing comme elle venait de le faire. Mais ce serait effectivement de bonnes bases à apprendre !

Carmen regarda la jeune fille puis avisa son uniforme, celui d'une bonne école de la ville. On étaient mercredi après midi, et ça lui semblait bizarre qu'une jeune fille apparemment étudiante se promène dans le parc.

Vous n'avez pas cours ?

Peut être pas, elle ne connaissait pas les horaires de tous les lycées et autres écoles de New York.

Naëlle avait parlé de cours d’autodéfense mais elle ne savait où ils avaient lieux dans New-York. Certes, elle pensait bien qu’ils devaient y avoir plusieurs endroits pour cela mais il se pouvait très bien qu’il n’y en ait aucun dans son coin. Après il était clair qu’elle n’avait pas l’intention de péter à des kilomètres de chez elle, sachant que ça lui ferait perdre encore du temps avant de rentrer après les cours.

Toutefois, elle ne perdait rien à s’informer quand elle aurait un moment. Ou alors elle irait regarder sur le net, des fois on obtenait les informations plus rapidement que de la bouche d’une hôtesse. Sur la toile, elle aurait le nom de tous les lieux, les horaires ainsi que les tarifs. Elle pourrait peut-être aussi voir s’il y avait un formulaire à imprimer afin de le remplir pour l’apporter au moment de l’inscription, les documents nécessaires pour être couverte en cas de blessure et le traditionnel certificat médical à fournir (ce qui occasionnerait une dépense supplémentaire).

- Vous savez, il faut bien apprendre à les donner ses coups ! Répondit Naëlle. Comme apprendre à viser et à doser la force de son coup. Ça serait bête d’achever son agresseur pour avoir viser juste dans ses valseuses.

Peut-être qu’il serait plus judicieux qu’elle apprenne la boxe ou un autre sport de combat. Elle avait conscience que les senseï enseignaient leur art dans le but d’apprendre à se défendre mais pas de tuer autrui. Enfin bref, elle verrait bien en temps et en heure avec les sports qui seraient à sa portée. Déjà que le sport et elle ça ne faisait pas vraiment bon ménage, par exemple quand elle jouait au soccer Naé trouvait toujours le moyen de marcher sur le ballon et de se casser la binette. Si elle se mettait au karaté, elle risquerait de se péter la main avec l’exercice des planches.

- Non pas les mercredis après-midi, répondit-elle à la question. D’habitude, je prends toujours un rechange mais je l’ai oublié ce qui explique l’uniforme, expliqua-t-elle.

Bien sûr, elle aurait pu rentrer chez elle pour se changer et partir en vadrouille par la suite. Mais elle aurait dû donner des explications et ses mercredis après-midis de liberté n’auraient plus eu lieu d’être.

- Dans mon lycée les mercredis après-midi on y trouve que les sportifs, se justifia-t-elle. Avant il y avait aussi les cours de soutien mais ils ont été annulés pour que les tuteurs choisisse leur horaire en fonction de leur élève.

C'est pas faux, il est toujours bon de savoir donner des coups. Ne serait-ce que pour ne pas se blesser soi-même. Il serait dommage de se péter des doigts ou la main en voulant se défendre non ? Parce que ce genre d'accident arrive souvent. Généralement, on ne pense pas trop à l'autre quand on donne un coup. Du moins, on ne pense pas à son bien être ! Mais il était encore possible que si un abruti portait plainte, ce soit encore la faute de la personne qui ait voulu se défendre. Triste monde !

A voir si la jeune fille allait vraiment suivre des cours d'auto défense. Chose qui serait pourtant bien. On vit dans un monde ou on ne peut compter que sur soi même, hélas. Carmen esquissa tout de même un léger sourire :

Vous me surprendrez beaucoup si vous tuiez votre agresseur d'un coup de poing.

Ou l'envoyer à l'hôpital. Certes, on dit qu'il ne faut pas sous estimer la force d'une femme, sur le papier ça sonne bien. Dans la réalité il en est autrement. Il n'empêche que, bien placé, un coup de poing pouvait faire des dégâts. Au niveau de la temps par exemple. Enfin, Carmen n'avait jamais vu quelqu'un tuer une autre personne d'un seul coup. Tout le monde n'était pas Bruce Lee. L'agresseur de tout à l'heure ? Certes il s'en était prit une en pleine face, mais a part la surprise, il n'avait rien subi de plus.

Carmen hocha la tête lorsque la demoiselle lui expliqua pourquoi elle était la. Qu'elle n'avait pas cours cet après midi, pas de rechange ce qui expliquait qu'elle avait encore son uniforme. Elle était belle la vie des étudiants ! La brune l'aurait presque oublié. La belle vie ! Et dire que certains s'en plaignaient.

Vous alliez quelque part ou vous profitez juste du beau temps ?

Lui demanda t-elle en étirant ses bras, de gauche à droite. Pour une fois depuis longtemps, New York bénéficiait d'un beau soleil. Certes il ne faisait toujours pas bien chaud, mais ça remontait le moral, et encourageait les gens à sortir. Un peu. C'était un début. Euh … c'était elle ou elle venait de sentir une goutte de pluie ?

Certes elle irait se renseigner sur les cours en question mais quant à savoir si elle y participerait, c’était une autre question. Tout dépendrait des horaires et du prix. Naëlle était lycéenne mais elle n’était pas certaine d’avoir assez pour se les payer même avec ses baby-sittings. Enfin, elle ne le saurait qu’une fois pris les renseignements mais il était plus qu’évident qu’il fallait qu’elle fasse quelque chose et qu’elle apprenne à se défendre. Ce qu’il venait de se produire ne serait probablement pas la dernière fois.

Ça pourrait aussi l’aider à se défendre contre les abrutis du bahut qui l’emmerdait tous les jours de la semaine. Quoi qu’avec sa chance légendaire, il y avait de forte chance que ça se retourne contre elle.

Il fallait avouer qu’il fallait suivre la jeune métisse parce qu’elle avait tendance à passer du cop à l’ane quand elle était sur le coup d’une forte émotion. Néanmoins, elle restait plus ou moins cohérente même si elle grossissait les choses à certains moments.

- J’ai lu quelque part qu’on pouvait tuer quelqu’un avec un coup de boule au nez, ou un coup de pieds dans les cacahuètes, dit Naé. Il fallait avouer qu’elle avait oublié où elle avait lu ces deux points. Mais comme je n’ai pas testé, ça peut être faux.

Elle reconnaissait qu’elle avait probablement tord dans ses propos. Après tout, on lisait de nos jours tellement d’âneries ici et là, qu’on ne pouvait pas en être certain. Elle avait même lu dans un vieux magazine dans une salle d’attente qu’un nouveau-né aurait tué le sage-femme en lui donnant un coup de pieds dans la tempe.

Ensuite, Naëlle lui expliqua pourquoi elle était ici et la raison pour laquelle, elle portait encore son uniforme. C’était peut être ridicule mais ce n’était que la plus stricte vérité. Elle n’était pas du genre menteuse, et l’une des seules fois qu’elle l’avait fait, ça s’était retournée contre elle.

- Je voulais profiter du beau temps, aucune envie de m’enfermer chez moi et besoin de m’aérer la tête, répondit la demoiselle.

Certes ses soucis d’adolescente n’étaient pas bien important à rapport à ceux des adultes. Par exemple, si elle évoquait le froid avec Connor on lui dirait « tu es jeune, tu as tout le temps devant toi pour trouver un amoureux », ou encore « comme ça tu pourras te concentrer sur tes études ». Au sujet de l’école on pourrait lui dire « tu ne travailles pas assez ». Pour les histoires entre lycéens «  ça t’apprendra à t’afficher ».

- Je dois dire que pour m’aérer la tête, ça m’a plutôt chamboulée ! avoua-t-elle.

Elle leva sa main pour regarder et constata que ses doigts étaient en train de trembloter. Elle était légèrement secouée mais pas au point de faire un malaise. Un bon bain une fois rentrée, ça irait mieux après.

- Vous faîtes l’école buissonnière ? lui demanda Naëlle pour la taquiner.

Il n’y avait rien de méchant dans la question, juste une once de curiosité. Elle avait senti quelque chose s’écraser dans sa chevelure mais elle n’avait pas relevé de peur que ce soit une fiente d’oiseau. Mais elle porta sa main à son visage quand une goutte atterrit sur son visage.

- Est-ce que vous saviez si la météo avait prévu de la pluie pour aujourd’hui ? voulut-elle savoir.

L'école buissonnière ? Et bien elle avait une comique en face d'elle ! Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas eu une telle occasion. Et puis même, elle était du genre studieuse, alors ce n'était pas son genre. En fait elle ne se souvenait pas d'avoir une seule fois manqué les cours. Sauf si elle était trop malade. Carmen lui adressa un sourire amusé avant de lui répondre :

Non, au contraire je me suis fait mettre dehors par mon patron ! Trop d'heures sup.

Elle haussa alors les épaules. Et oui c'est possible ! Même au FBI. Enfin on lui aurait dit ça il y a quelques années elle ne l'aurait pas cru elle non plus.
Pour la météo ? Euh …

Aucune idée en fait … J'ai juste vu qu'il faisait beau et j'en ai profité.

A savoir si le temps allait tourner, c'était une autre affaire ! Un peu plus tôt, il faisait encore bien beau, le temps se prêtait à une petite sortie. Enfin elle aurait dû se méfier, ces temps ci la météo avait tendance à virer rapidement. Un peu trop même. Du coup elle ignorait si ça allait virer au mauvais temps. Cependant, le ciel lui répondit de lui même. Quasi soudainement, la pluie se mit à tomber. Ce n'était pas une grande averse mais comme elle était arrivée, elle se disait que ça risquait de s'empirer.

Je propose qu'on aille s'abriter !

Il y avait un petit kioske juste à coté, cela fera l'affaire le temps que la pluie ne passe. Carmen y alla afin de se protéger de la pluie, laissant libre court à la jeune femme d'en faire de même. A moins qu'elle n'aimait être complètement trempée !

Au fait, moi c'est Carmen, et vous ?

Tant qu'à patienter autant discuter un peu non ?

Aujourd’hui, il était de plus en plus fréquent d’entendre ici et là qu’un patron avait donné des congés à un emploi afin de ne pas lui payer ses heures plus. Cela dit, parfois les jours de repos ne pouvaient pas compenser donc les boss étaient obligés de donner une prime pour les heures supplémentaires non utilisées. La crise encore et toujours. La crise de l’immobilier. La crise pour les ménages. La crise, la crise…

Enfin quoi qu’il en soit, la politique et l’économie du pays n’étaient pas leur sujet de conversation. Naé n’avait pas voulu se montrer insolente ou autre avec ses propos, heureusement que son interlocutrice ne l’avait pas mal pris. La métisse ne trouva rien à redire au sujet du repos forcé ni sur la météo.

- Volontiers !

Il n’y avait pas beaucoup plus à dire à ce sujet non plus. L’adolescente suivit donc sa sauveuse jusqu’au kiosque pour éviter une sévère pneumonie et par la même occasion une hospitalisation. Elle y alla d’un pas tranquille parce qu’elle aurait été trempée si elle avait couru. Elle déposa son sac à dos sur le sol, bien en vue, avant de prendre appui sur la balustrade. Evidemment, elle fit en sorte de ne pas tomber ou de basculer avant de tomber tête la première et de rouler dans la gadoue.

- Moi, c’est Naëlle ! Répondit-elle à la question.

La pluie se mit à tomber comme vache qui pisse, au loin elles pouvaient entendre les sirènes d’un véhicule de secours mais lequel ? Police, pompier ou ambulance.

- Avec ce temps, la police et les hôpitaux vont avoir du travail ! Déclara la jeune femme. Les premiers parce que les gens victimes des pickpockets dans le métro, les seconds avec les accidents.

Ce n’était qu’un constat de sa part, mais il était vrai que c’était ce qui se produisait généralement par ces temps. Enfin en même temps, Naëlle regardait beaucoup la télévision donc elle pensait comme telle dans certaines situations.

- Vous faites partie de la police ? Finit-elle par demander suite à l’intervention d’un peu plus tôt.

Ainsi les deux femmes allèrent s'abriter de la pluie, histoire de ne pas crever de froid ou d'attraper un truc. Ce serait ballot aussi. Le plus jeune disait s'appeler Naelle. Et bien enchantée ! Carmen lui adressa un petit sourire lorsqu'elle se présenta à son tour, afin d'être un peu polie. Et puis c'était elle qui lui avait posé la question. Puis, au loin, vinrent à leurs oreilles le bruit caractéristique d'un véhicule de secours, presque en même temps que la pluie était tombée. Comme s'ils se préparaient à partir à chaque instant, il devait y avoir eu quelque chose. Elle approuva les paroles de Naëlle. Effectivement, il y en a qui auront du boulot !

Oh hélas ils ont toujours du boulot ! Le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ne volent pas leur salaire.

Contrairement à d'autres trop payés. Genre les sportifs. Non pas que tout le monde ne le méritait pas, mais y'a des fois pour les footballeurs par exemple c'était juste abusif. Enfin pour en revenir à leur temps de merde, à tous les coups il y avait eu un accrochage sur la route, surpris par la pluie battante sûrement. C'est bien dommage d'ailleurs, Carmen aurait bien voulu continuer son petit jogging. Et bien elle allait devoir le reporter. Elle était un peu barge mais pas au point de se rendre volontairement malade. Elle pouvait éviter la pluie, elle le faisait. Au contraire des gens qui passaient devant eux à toute vitesse pour trouver un endroit ou s'abriter.
Carmen adressa un léger sourire à la jeune femme suite à sa question.

En fait je suis du FBI pour tout vous dire.

Elle n'avait pas tapé bien loin. C'était la façon dont elle s'était interposée entre Naëlle et l'autre gus de tout à l'heure c'est ça ? Elle avait raison de penser comme ça du coup.

Dans la branche de la lutte contre le terrorisme si ça vous intéresse.

Parce qu'il y avait plusieurs sections, plusieurs branches au sein de cet organisme, qu'on pouvait des fois se demander ce qu'ils faisaient réellement des fois. Plein de choses à vrai dire.

Et vous, savez-vous déjà ou vos études vont vous mener ?

A l'époque du lycée, Carmen ignorait bien ce qu'elle pouvait faire de sa vie pour être franche !

Naëlle approuvait les paroles de son interlocutrice en ce qui concernait le salaire du personnel hospitalier, de la police ou des pompiers. Ces personnes n’étaient pas vraiment payées pour le travail effectué par rapport à d’autres professions où il suffisait d’être beau et de sourire ou encore agresser des paparazzis, se faire arrêter en état d’ébriété sur la voie public. Cela dit, il fallait aussi reconnaitre que des médecins étaient aussi traduits en justice tout comme ces célébrités et qu’ils devaient purger une lourde peine de prison, contrairement aux stars qui finissaient trop souvent un cure de désintoxication qu’en prison. Hélas, les deux jeunes femmes ne pouvaient rien faire face à cette injustice mais peut être qu’un jour un politicien tiendrait ces promesses et leur rendrait la vie meilleure. Quoi qu’il en soit, les secouristes seraient encore plus demandés que d’ordinaire à cause des accidents de la route.

Les deux filles étaient à l’abri, de leur refuge elles pouvaient remarquer que les badauds étaient devenus rares. Ils devaient s’être mis à l’abri, elle était contente d’être ici plutôt que de travailler à la pâtisserie. Naëlle finit par poser une question, simple déduction de sa part suite à l’intervention de sa sauveuse. Après, elle avait une chance sur une multitude de possibilités. Carmen était tout simplement du genre à intervenir quand elle voyait un individu en mauvaise posture : telle une héroïne des temps modernes.

La métisse faillit se mettre à siffler en entendant le mot « FBI », mais se contenta de faire les gros yeux. C’était dû à la surprise plus qu’à autre chose, elle n’aurait jamais cru rencontrer un jour une personne ayant la plaque de cette institution, pour elle ça n’arrivait que dans les films. C’était d’autant plus surprenant qu’elle n’était pas la victime d’un tueur en série, juste à un pauvre type. Naé ne trouva rien à y redire, d’autant qu’elle resta muette suite à la seconde révélation de l’agent du FBI. Elle avait juste l’impression de nager entre la série Bones, Les Experts et NCIS, ou encore Esprit Criminel. Est-ce qu’elle verrait Horacio Caine, Derek Morgan ou Gibbs débarquer si elle fermait les yeux ? Ceci dit, la lycéenne était admirative du choix de carrière de sa sauveuse. Pas vraiment étonnée parce qu’il y avait beaucoup plus de femme qu’on ne pouvait l’imaginer, simplement parce que ces métiers demandaient souvent beaucoup de sacrifice : les heures interminables, les déplacements d’un coin du pays à l’autre, les divorces à cause des longues séparations suivant les missions, le fait de ne pas devenir parents afin de ne pas les voir devenir des cibles pour les criminels.

- Vous avez du beaucoup voyager, fut tout ce qu’elle trouva à dire, sachant que c’était totalement déplacer. En effet, Carmen se déplaçait pour le travail pas pour visiter. Enfin, pour vos missions je veux dire ! Après ça dépend aussi si vous allez sur le terrain ou pas ! Finit-elle par se justifier.

Elle imaginait que ça se déroulait un peu comme dans les films ou les séries. Elle savait que les producteurs demandaient conseils à des professionnels pour que ce soit cohérent au niveau du jargon et de la façon de procéder lors d’une enquête.

Ensuite, elle prit le temps de réfléchir à la question que l’adulte lui avait posée. Même si elle avait encore une année pour y prendre sa décision, Naé y avait beaucoup réfléchi afin de trouver une voie qui lui correspondrait et qui l’aiderait à s’épanouir.

- Il y a quelques mois je vous aurais répondu que je n’en avais aucune idée, mais aujourd’hui je sais que je veux travailler avec les enfants, dit-elle. Après, ça sera en fonction des matières demandées pour poursuivre mes études. Peut-être que je pourrais être institutrice, puéricultrice, éducatrice auprès des enfants difficiles.

Tellement de possibilités qu’il lui était impossible de choisir à l’heure actuelle.

- Allez savoir, peut être qu’un jour j’aurais à collaborer à l’une de vos affaires pour sauver la vie d’un enfant !

Elle n’y croyait pas du tout, mais la vie était bizarrement faite qu’on ne pouvait pas vraiment savoir. Naé savait qu’il y avait des experts formés pour parer à ce cas de figure qu’on n’aurait pas besoin de ses services.

- Et comment vous êtes-vous dirigée dans cette branche ? Demanda-t-elle simplement. C’est en rapport avec votre histoire, enfin vous n’avez pas à me répondre.

En effet, il n’y avait pas forcément de cause à effet dans cette décision. Tout le monde ne choisissait pas une profession ayant un rapport avec son vécu. Naé voulait travailler avec les enfants pour leur éviter de vivre ce qu’elle avait vécu, de les accompagner à traverser les diverses crises ou tragédies.