Une as du volant ft Hazel [Terminé]

Aujourd'hui j'avais travaillé toute la matinée sur la nouvelle caisse avec Bill mais l'après midi le boss m'avait demandé dans ses locaux. Il était le gérant d'une grande firme de casino et généralement on le trouvait la bas la plupart du temps. On devait parler des factures pour la voiture justement et je devais lui expliquer combien selon les calculs de Bill ça allait chiffrer.
Pour l'occasion j'avais du repasser à l'appart pour me changer et j'avais opté pour une tenue habillée mais décontractée.
Kameneff était le genre de parrain que l'on pourrait qualifié de "bon". Certes il était le chef d'une des plus grandes mafias du pays mais quoi qu'il en soit il avait qu'une parole et il n'était pas injuste dans ses jugements. Il n'était ni adepte de la torture et était même bien vu par les forces de l'ordre qui malgré leur position connaissaient parfaitement chaque mafia ainsi que chaque chef.

Il était respecté et c'était un homme d'honneur, malheureusement ce genre de profil se perdait de plus en plus dans le métier. (Avatar : Daniel Craig pour Kameneff)
L'entretiens était terminé et nous parlions maintenant de choses et d'autres autour d'un verre de scotch 18 ans d'âge. Il y avait d'autres types, plus ou moins amis à lui, et les discussions étaient décontractées.
Soudain je sentis dans ma poche mon portable vibrer. Je m'excusai auprès du groupe et partis m'isoler dans un coin de la pièce. je reconnu alors le numéro de Noëlia, bizarre...

- Oui ?

- Allo, Hazel ? C’est Noëlia. J’ai eu … J’ai eu un accident de voiture. Est-ce que tu…pourrais…Venir me chercher s’il te plait ?

- Un accident ? T'es blessé ? Je gardai mon calme et essayait de camoufler les bruits ambiants de ma main libre.

- Non ça va je crois...

- Ok t'es où ?

Elle m'expliqua tant bien que mal l'endroit heureusement je connaissais les routes par coeur et je repérai rapidement où elle pouvait être.

- Bien. Je viens te chercher, éloigne toi de la route.

Je raccrochai et je quittai le groupe promptement avant de grimper dans ma voiture. Je partis en trombe, faisant crisser les pneus sur mon passage. Elle était en dehors de New-York à environ une vingtaine de minutes d'ici. La nuit commençait à tomber et il était risquer qu'elle reste sur ce genre de départementale toute seule...

J'arrivai à destination en dix minutes autant dire que j'avais du brûler quelques feux rouges et que j'avais accéléré plus que de raisons. Je vis sa surprise à mon arrivée.

- Et ben t'as fais vite !

- Ouais j'étais pas très loin. Et ben dis donc comment t'as fais ça ?

- J'ai esquivé un animal qui traversait la route et voilà... Tu crois que c'est réparable ?

Je m'approchai de la voiture pour évaluer les débats. Elle avait bien emboutit le poteau mais le moteur n'était pas endommagé.

- Y'a rien de bien méchant à première vue... Je pense qu'il faut redresser l'essieu quand même... Enfin là comme ça en plus il fait sombre je peux pas te dire exactement mais le moteur n'a pas l'air touché. J'ai des chaines dans ma bagnole on va la tracter jusqu'à mon garage et puis je verrai ça demain ok ?

- D'accord...

Elle semblait vraiment sous le choc... Avec la nuit le froid arrivé et je la voyais greloté sous sa maigre veste. On était début novembre il fallait commencer à sortir les vêtement d'hiver !

- Tiens ! Je lui tendis ma veste de costard que j'avais enfilé par dessus un pull col en v noir.

- T'es sur... ? Merci...

Elle se blottit dedans mais je voyais bien que quelque chose n'allait pas... Je ne voulais pas me mêler de ce qui me regardait pas et puis ce n'était pas mon rôle après tout si elle avait envie de m'en parler elle le ferait toute seule.

- Grimpe dans la voiture je vais attacher la tienne.

Elle s'exécuta puis je montais dans la voiture emboutie. Elle avait laissé les clefs sur le contact et par chance elle démarra. C'était déjà une très bonne chose ! Je la reculai du poteau et la mit derrière la mienne. Là je coupai le moteur, mis momentanément le frein à main et allumai les phares histoire d'y voir quelque chose. J'ouvris le coffre et pris les chaines de tractation ainsi que la bras d'accroche qui permettait de garder la même distance entre les deux voitures. Heureusement mon petit bolide en avait sous le capot ! J'attachai les voitures comme il le fallait puis je me dirigeai vers la porte de Noe en lui faisant signe d'ouvrir la fenêtre.

- Tu peux démarrer ma voiture s'il te plait ? Tu laisses le frein à main et le point mort je vais enlever le tient de frein à main.

- Ok...

Elle passa du côté conducteur et s'exécuta tandis que j'enlevai le frein de sa voiture. La chaine se tendit légèrement mais heureusement la route était plutôt plate. Je laissai les phares allumés et montai au volant de la mienne où Noëlia me laissa la place.

- ouf putain ça caille !

Je mis le chauffage et passa la première. La voiture força légérement mais les deux se mirent en route. Je roulai prudemment histoire de ne pas créer encore plus de dégât.

Hazel arriva en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. En moins de deux, je me retrouvai au chaud, dans sa voiture, m’exécutant docilement lorsqu’il me demandait quelque chose. Une fois qu’il eut fini, il revint à mes côtés et enclencha la première.

-Tu mets pas ta ceinture ? demandais-je à peu près calmé.

-Euh…Si, si. dit-il précipitamment en s’exécutant.

Je l’observais à la dérobé, me demandant pourquoi il se sentait si mal à l’aise avec cette ceinture. Puis, bien vite, j’oubliais tout ça, pour me blottir un peu plus dans sa veste chaude. Je devais l’avouer, c’était plutôt agréable. Je gardais le silence quelques minutes, avant de me tourner vers mon colocataire.

-Merci d’être venu me chercher…

-C’est rien, je t’assures. Je vais te déposer à la maison pour que tu te reposes et ensuite j’irai déposer la voiture.

-C’est sur le chemin, on peut d’abord déposer la voiture non ?

-Oui mais t’as l’air …Enfin t’as besoin de repos.

J’avais le sentiment qu’il ne voulait pas m’emmener à son travail mais je n’étais pas en état de combattre. J’avais refusé de voir ma mère et ça me trottait dans la tête. Etais-je vraiment ce genre de fille, qui oubliait sa mère dans un souvenir, payant ce qu’il fallait payer et refusant même jusqu’à  dire son nom ?

-Haz…

-Hum…

C’était bête mais pour une fois j’avais besoin qu’on me dise que j’agissais bien, qu’il n’y avait pas de soucis avec moi.

-Tu sais, quand tu m’as posée des questions sur mes parents…Et bien ma mère est dans un hôpital psychiatrique et…

Voilà, j’ouvrais à nouveau les vannes

Elle fondit en larme en un instant ! Je ne savais pas comment réagir, je n'étais pas du tout dans l'affectif ou l'émotionnel et gérer celles des gens était encore pire pour moi. Je regardais droit devant, me concentrant sur la route et la laissant pleurer dans ma veste. Me sentant quand même mal à l'aise dans ce silence je décidai alors d'intervenir :

- Je suis désolé pour toi... Tu reviens de l'hôpital là ?

Elle hocha la tête en signe d'approbation et pleura d'autant plus.

- Et ton père...? Je suppose qu'il... Il est plus là ?

Encore une fois elle acquiesça en essuyant ses larmes d'un revers de manche. Elle renifla bruyamment puis articula un semblant de phrase.

- Il... Il est m...mort, tué par... des braqueurs de banque... Il allait déposé son argent quand l'attaque a eu lieue...

Je déglutis difficilement... Ce genre de quotidien je connaissais bien et moi même j'avais participé à pas mal de braquage. Putain si elle connaissait ma vie... Il ne fallait pas que je montre mon malaise alors très vite j'enchainai sur une autre phrase :

- Ah... Et ils ont été coffrés ces enculés ?

- Non... Ils faisaient partis d'un gang apparemment autant dire que la police n'a rien fait.

Et dire que je connaissais probablement les gars ! Dans ce genre d'histoires il y avait très souvent des victimes innocentes et ça malheureusement même si on essayait de limiter les débats bah des fois on n'y pouvait rien...

- Tu sais... Ils le payent tous un jour ou l'autre...

J'avais dis ça naturellement mais qu'est ce que je foutais ?! sérieusement c'était quoi cette phrase pourrie, ouais certains le payer mais franchement c'était rare.

Tu sais... Ils le payent tous un jour ou l'autre...

J’étais septique. Pour le coup j’avais le sentiment que toute la famille avait payé et que le tueur vivait sa vie comme si de rien n’était. C’était égoiste mais en ce moment je n’arrêtais pas de me dire que ma vie à moi avait été gâchée et que je n’avais rien demandé. Je ne comptais plus le nombre de fois où j’avais eu envie de prendre mes affaires pour me barrer loin de tout….

J’essuyais mes larmes avant de m’excuser. Depuis quand étais-je devenue cette fille incapable de garder ses soucis pour elle ? Pauvre Hazel, il n’avait rien demandé et parce que je n’étais plus capable d’emmagasiner , il se trouvait mêlé à tout ça.

-Je suis désolée, je t’embête avec des histoires de famille dont tu te moques. En fait, j’espère que je t’ai pas dérangé,demandais-je en me tournant vers lui.

-Euh…Non, non ça va

-Et tu penses que ça va coûter combien ? Je veux dire les réparations ?

J'étais un peu angoissée. Je n'avais pas le droit aux imprévues et si la facture était trop élevé, je devrais faire des choix.

-Là comme ça, je peux pas te dire mais t’inquiètes, je m’en occuperai.

Je hochais la tête, pas certaine de comprendre mais je lui souris quand même.

-Ce soir, je te traite comme un roi. Entrée, plat, dessert, je te fais ce que tu veux.

C’était le moins que je puisse faire pour me faire pardonner et le remercier d’être venu aussi vite à mon secours.

-Et si t’as rien de prévu après, tu pourras même choisir le film de ce soir.

A dire vrai c’était plus parce que je redoutais d’être seule qu’autre chose. C’était comme ça à chaque visite à ma mère. Sortie de l’HP, je me posais un bon nombre de question et au final, avait toujours peur d’être seule comme si cette solitude me mettrait en face de démons que je n’étais pas prête d’affronter. Non, je ne voulais pas être seule. Natéo était partie pour un stage et Naëlle passait la soirée au cinéma. J’avais juste besoin de me changer la tête et avec Hazel, on s’entendait plutôt bien.


-Enfin, t'es pas obligé d'accepter hein...

Je savais mon colocataire avide de sortie et je me doutais que passer la soirée avec un sol pleureur ça n'avait rien de très emballant.

Heu... "Entrée, plat, dessert, Je te fais ce que tu veux !" merde ça voulait dire quoi cette phrase ?! Bon ok Haz elle n'a pas les idées tordues comme toi donc tu te calmes !

Je souris tout de même à l'écoute de cette phrase, je suis sur qu'elle même ne se rendait pas compte de l'énorme double sens dont il était question. Je crois qu'elle n'avait également pas compris que je m'occupais des réparations ET des frais de la caisse. Je connaissais parfaitement sa situation financière et si je voulais garder ma colocation je devais les aider à tenir le cap. En plus c'est pas comme si ça allait me revenir cher... Tout frais payer par la boite dirons nous !

Nous arrivions alors devant l'appartement.

- Un bon ptit plateau repas devant un film ça me va très bien ! Je te laisse préparer tout ça pendant que j'amène la voiture au garage. Je te rejoins vite.

- Ok super !

Elle était plus souriante, ressaisie de ses émotions et bizarrement je ressentais comme de l'affection pour elle à ce moment là. Une affection que l'on pourrait qualifier de protectrice... Très vite je chassai cette idée de mes pensées. "Aucune affection Haz c'est mort t'oublie ça tout de suite !" Je ne pouvais pas me le permettre et puis de toute façon je n'y connaissais rien en terme de sentiments quelconque.

Elle descendit de la voiture, récupéra rapidement quelques affaires puis monta les escaliers avant de rejoindre l'immeuble. Je l'avais suivi du regard avant de partir amené cet imprévu à Bill.
Il habitait la maison juste à côté du garage mais je n'eus pas besoin de le déranger car j'avais les clefs du portail. Rapidement je déposai le colis sur le parking puis je laissai un mot sur un bout de post-it que j'accrochai à un établi. " Je m'en occupe demain ! Haz"
Avant de partir je me dis qu'il serait bien de ramasser les affaires de Noëlia qu'elle avait pu laisser dans sa voiture. Certes c'était un parking fermé, mais sait-on jamais je préférais la jouer sécurité. Surtout qu'il y avait peut être des choses dont elle aurait pu avoir besoin.

Je fouillai alors le coffre, rien à part des sacs de courses, du produit pour le lave vitre et de l'huile. A l'arrière rien d'intéressant non plus... Dans les portières non... Je pris la radio et quelques cds dans la boite à gant mais c'était là les seules choses qui paraissaient importantes.
Mais c'est alors qu'un papier tomba lorsque je refermai la boite. Je la récupérai et fut figer par l'horreur de l'image. C'était une photo... Une très belle photo de famille en soi. Il y avait les frangines, le frère, la mère, et... lui, le père...

Soudain comme des flashs je fis alors le lien immédiat. Je me rappelais son visage chaque jour dans mes cauchemars. Oui son regard remplit d'espoir me hantait encore aujourd'hui et je n'avais pas pu faire le deuil sur cette faute lors du braquage. Cet homme, son père, était mort sous mes yeux, tué par balle par ma faute alors qu'avant tout je voulais le sauver...
Ce jour là notre opération avait foiré à cause d'un gang rival qui avait ramené leur cul plein de merde ! Et ce civil c'était retrouvé au milieu de notre règlement de compte... Je m'étais approché de lui pour le sortir de cette fusillade et le secourir mais on m'avait tiré dessus avant. Je suis tombé et le coup sorti tout seul de mon arme en percutant le sol. Ses yeux qui m'observaient encore alors que son cadavre gisait sur le sol me hante chaque jour de ma putain de vie... Ce type que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam avait été une des rares personnes pour qui j'avais éprouvé beaucoup d'émotions en quelques secondes.

La photo entre les mains je tremblai comme une feuille. Appuyé contre la portière je me laissai glissé jusqu'au sol où je sentis ma respiration s'emballer à tout rompre. Mes yeux étaient révulsés d'horreur et je rigolai nerveusement face à ce cruel coup du destin. Oui, ce destin même qui riait de moi ce soir là.
Soudainement paniqué je repoussai la photo dans la boite à gant avant de faire claquer violemment le clapet. Je fermai la portière, puis la voiture et remontai dans la mienne avec le lecteur radio et les cds.

Ce soir là je compris toute l'affaire. Ce soir là je compris que j'étais le type qui avait fait plongé cette pauvre famille en enfer. Pris à la gorge je ne savais plus comment réagir. Je pris une profonde inspiration avant de me calmer et d'arriver à me reconduire jusqu'à l'appartement.