Deuxiène round... Deuxième Acte.... [Terminé]

Si une personne pouvait le comprendre, c’était bien elle. Si elle avait agi de la sorte ce n’était pas par compassion ou par pitié, simplement qu’elle savait ce que ça faisait. Même si les deux situations n’étaient pas identiques, ni semblable. La métisse n’avait peut-être plus de parents, mais elle avait une grande sœur qui lui tenait lieu de mère. Non, ça lui faisait de la peine de savoir qu’au finale, il y avait trop d’enfants dans leur situation et qu’il fallait faire en sorte de combler ce vide d’une façon ou d’une autre. Comment pouvait-on grandir sans amour ? Comment construire une histoire qu’elle soit amicale ou amoureuse ?

Alors quand il s’emporta contre elle, prononçant des mots plus blessants les uns que les autres, Naé opta pour le silence. Non, elle le savait crétin mais pas à ce point. La lycéenne n’aurait jamais cru qu’il lui fasse un coup aussi pendable. Elle était habituée par ce genre de comportement des autres, elle avait des oreilles et disons que ces autres étaient bien souvent peu discrets. La fille de la cinglée. Elle avait même entendu des gens se demandaient qui des trois enfants Sullivan finiraient comme leur mère. Toujours après eux, c’était une tare de famille et c’était héréditaire.

Autant dire, que le reste du trajet fut très long. Elle avait qu’une envie, qu’il la reconduise chez elle. Comme ça elle aurait tout et ce le plus vite possible. Non, elle allait chez Connor pour attendre une heure plus convenable pour un retour de baby-sitting.

Quand ils quittèrent le véhicule, Naëlle récupéra les affaires qu’elle avait mises sur le siège arrière. Pourquoi ? Peut-être qu’elle projetait de prendre la poudre d’escampette quand il aurait le dos tourné, pour sa prouesse. Autant dire, que Naëlle ne fit pas vraiment attention à tout l’étalage de richesse qu’offraient les lieux qu’elle traversait, aux côtés de Connor. C’était pour ça, aussi, qu’elle n’aimait pas les gens qu’elle côtoyait durant la journée. Ils étaient gentils avec elle que quand ils avaient besoins des services de la pâtisserie et une fois qu’ils n’en avaient plus besoin on l’oubliait.

Toujours silence, elle pénétra chez les Montgomery. La métisse se conduisit comme précédemment, elle ne s’intéressa pas aux apparences parce qu’elles étaient toujours trompeuses. Enfin, pas en ce qui concernait le jeune homme qui habitait ici.

Elle le suivit jusqu’à sa chambre. Naëlle remarqua bien la photographie dans le cadre. Connor et une brune. Ils formaient un joli couple. Peut-être qu’il était aussi désagréable parce qu’il avait dû la laisser en Angleterre. Elle se retrouva assez vite avec un change dans les mains, avant d’aller sous la douche, elle écouta Connor lui dire ce qu’elle devait faire.

Quand il tourna les talons, elle prit la direction de la salle de bain. Autant dire, qu’elle ne faisait rien pour arranger la situation, en gardant le silence.

Elle se déshabilla et verrouilla la porte une fois qu’elle eut déposé ses fringues comme demandé. Naëlle fit couler l’eau et les premières larmes trouvèrent une fissure pour rouler sur ses joues. Heureusement qu’elle était parvenue à ne pas craquer avant de se retrouver toute seule. Quand il y eut de la buée sur le miroir, elle se glissa dans la cabine de douche et se lava sans se presser. S’il n’était pas content c’était du pareille au même. Elle se laissa aller et n’en sortirait pas avant de s’être calmé.

Quand elle eut terminé de se doucher, et qu’elle fut vêtue des vêtements de Connor, elle quitta son refuge. Elle ignora royalement le jeune homme sur son passage, après tout il n'attendait probablement que sa sortie pour prendre possession des lieux. Non, elle prit la direction de la cuisine, se saisit d’une pomme et croqua dedans, avant de se diriger vers le salon. Naé se posta devant la baie vitrée et regarda l’animation que lui offrait la rue.

Naëlle avait bien vu que Connor était allongé sur son lit. Elle n’allait pas lui donner satisfaction, en allant le rejoindre. Surtout avec ce qu’il lui avait dit, malgré les excuses qu’il lui avait présentées. Sans compter, qu’elle ne souhaitait qu’il se fasse de fausses idées sur ses intentions ou sa personne. Bien sûr, elle avait conscience que c’était totalement puérile d’agir de la sorte mais pour l’instant, elle n’avait pas vraiment envie de discuter. Chose qui ne lui arrivait jamais. Naé avait toujours quelque chose à dire ou redire, même quand elle ferait mieux de la fermer.

Elle poussa même le bouchon un peu loin, il fallait bien le reconnaitre. Elle déambula dans l’appartement, un peu comme si elle était chez elle et totalement à l’aise. Il faut souvent se méfier des apparences. Pour l’heure, la métisse ne savait pas sur quel pied danser. Premièrement, elle se retrouvait tout seul dans l’appartement d’un inconnu. Deuxièmement, comme elle ne savait jamais ce qui lui passait dans la tête, elle se méfiait de ses emportements. Troisièmement, en fait, elle espérait qu’il n’y en ait pas.

Alors qu’elle était en train de déguster tranquillement sa pomme, regardant l’animation rurale, elle sentit le regard de Connor sur elle. Pourtant, elle ne fit rien pour lui faire comprendre qu’elle savait. Donc, elle ne fut pas étonnée de le voir s’approcher d’elle et lui adresser la parole. Oui, il avait fait ses excuses.

- T’en veux un bout ? Lui demanda-t-elle en levant sa pomme vers lui.

En effet, qu’est-ce qu’il pouvait faire de plus ? Peut-être se conduire en être civilisé. Il pouvait aussi s’adresser à elle comme si ça lui arrachait la gueule de discuter avec quelqu’un. Comme il pouvait aussi s’arrêter de jouer un rôle qui commençait probablement à peser lourd sur ses épaules.

- Si je suis aussi chiante, pourquoi m’avoir conduite chez toi ? Puisque tu cherches qu’à te débarrasser de moi, le plus vite possible pour aller retrouver tes pairs, tes semblables. Est-ce que vous passez vos soirées à vous épouiller ?

Elle s’avança vers lui, continuant à manger sa pomme. Elle était en train de bouillir intérieurement, mais pour l’instant elle réussissait à se contenir. Peut-être que c’était mauvais signe.

- A moins, que tu préfèrerais que je me déshabille pour que je devienne moins chiante et plus intéressante ?

Pourtant, elle n’en fit rien. Elle n’était pas de ces filles qui se conduisaient de la sorte. D’ailleurs, il lui avait dit qu’elle ne ressemblait en rien aux autres.

- Autant te dire tout de suite, que tu as ramassé la mauvaise fille dans la rue.

Naëlle finit par aller s’asseoir sur le sofa. Elle ne savait pas trop quoi faire pour le coup, et elle ne poserait jamais cette question. Pas folle, la guêpe. Non, pour passer le temps, elle continua à manger sa pomme. Activité très intéressante.

Quand elle eut fini sa pomme, elle se leva pour aller jeter le trognon. Pas question qu’elle le garde dans ses mains. Mais une fois dans la cuisine, où est-ce que se trouvait la poubelle ? Comme elle ne se trouvait pas chez elle, la lycéenne n’allait pas ouvrir tous les placards pour trouver. Ça ne se faisait pas.

- Euh… Connor, elle se trouve où la poubelle ?

Elle ne lui avait pas fait cette proposition pour le comparer à un chien. Naëlle n’était pas comme ça, c’était juste histoire de changer de sujet et de passer à autre chose. Certes, c’était maladroit de sa part mais bon, voilà, elle ne pouvait pas revenir en arrière. Tant pis, si cela était mal interprété, elle retiendrait la leçon pour une prochaine fois. Enfin, si prochaine fois il y avait.

Naëlle, toujours fidèle à elle-même, ne put s’empêcher de faire une pseudo scène. C’était plus fort qu’elle. Il fallait qu’elle la ramène sachant que ça n’arrangerait rien, que ça ne ferait qu’empirer les choses. D’autant plus que l’atmosphère pesant, c’était à cause d’elle. La métisse était la seule responsable, parce qu’elle n’avait pas ouvert la bouche depuis qu’il lui avait présenté ses excuses.

Quand elle entendit la première réplique de Connor, elle ne tipa pas un mot. Après tout, elle n’avait que ce qu’elle méritait. Cela dit, elle n’apprécia pas le sous-entendu. Evidemment, qu’il ne passait pas son temps à discuter ou à s’engueuler, parce qu’il ne faisait qu’une seule chose avec sa conquête du moment. Et c’était beaucoup plus facile à gérer que les relations humaines. La lycéenne se prit une nouvelle claque quand il lui dit qu’elle était conne. Peut-être qu’il avait raison, finalement. Peut-être pas.

Quoi qu’il en soit, elle se retrouva dans la cuisine pour jeter son trognon de pomme. Et comme, ça ne passe jamais comme ça le devrait dans la réalité, elle ne trouva pas la poubelle. Donc elle fut obligée de demander de l’aide, parce qu’elle ne voulait pas fouiller pour trouver. Peut-être qu’il n’aurait rien dit mais autant éviter de se faire remarquer encore plus.

- Merci, dit-elle quand il s’en chargea pour elle.

Heureusement qu’elle avait fait appel à lui, parce qu’elle n’aurait jamais pensé à ouvrir la trappe. Mais pour sa défense, elle n’habitait pas dans un bâtiment aussi modernisé que celui de la famille Montgomery.

Toutefois, elle ne s’était pas attendue à la suite. Comment aurait-elle pu le prédire ? Elle ne s’appelait pas Madame Soleil ni Madame Irma. Quand elle le vit s’approcher d’elle, elle avait tout de même eu le réflexe de reculer mais elle s’était vite retrouvée acculée contre le bar de la cuisine et elle ne serait pas assez rapide pour s’échapper. Et elle se retrouva coincée entre le bar et Connor, sans comprendre ce qui était en train de dérouler. Un coup, il était en train de l’incendier comme du poisson pourri et là, il faisait des avances. Enfin, ce fut ainsi qu’elle l’interpréta.

- Apparement, il n’y a que toi qui y prend du plaisir ! finit-elle par articuler.

Elle avait parfaitement conscience qu’elle aurait mieux de la boucler, mais encore une fois cela avait été beaucoup plus fort qu’elle. Naëlle commença sérieusement à paniquer quand il se recula avec un regard étrange. Tout ça pour dire, que c’était la première fois qu’elle se retrouvait confrontée à ce genre de regard.

Naëlle était restée dans la cuisine. Totalement incapable de bouger, parce que son cerveau était en train de se repasser le film. Néanmoins, elle réagit quand elle entendit ses vêtements tomber. Elle ne se fit pas prier pour aller s’enfermer à double tour dans la salle de bain et remettre sa tenue d’écolière.

Pourtant, elle ne put se résoudre à quitter l’appartement. Elle devait s’assurer qu’il allait bien. Derrière ses aires bravaches, il avait un petit quelque chose mais elle n’arrivait pas mettre le doigt dessus. Elle gravit une à une les marches qui menait à la buanderie.

- Connor, est-ce que ça va ?

Elle pouvait faire beaucoup mieux, mais c’était tout de même un début pour lancer une discussion.

Oui, elle aurait dû partir comme il le lui avait demandé. Oui, elle était effrayée par le comportement de Connor, parce qu’elle avait bien conscience qu’il serait capable de passer à l’acte vu la situation. Pourtant, Naé n’avait pas pu s’y résoudre. Certes, il n’avait pas passé beaucoup de temps ensemble sauf pour se jeter des horreurs à la tronche, la lycéenne avait cru percevoir quelque chose. Mais quoi ? Un homme capable de la tenir comme il l’avait fait à la plage, de lui réchauffer les mains quand elles avaient aux violacées, ne faisait pas une chose pareille… Sauf si quelque chose n’allait pas.

Elle avait gravi ses escaliers, c’était pour s’assurer qu’il n’allait pas faire une connerie mais également lui présenter ses excuses. Quand elle l’avait découvert assis, totalement parti ailleurs, dans un endroit lui étant totalement inaccessible Naëlle lui posa une simple question. D’ailleurs, la réponse tarda à venir parce qu’il mit du temps à se rappeler les évènements.

- Et toi, tu te comportes toujours comme un sale con ? Répliqua-t-elle, tout en commençant à reculer. J’étais juste venue m’assurer que tu allais bien, mais j’aurais mieux fait de me tirer.

La jeune femme joignit les gestes à la parole. Elle tourna les talons et commença à redescendre, sans se préoccuper davantage du son camarade d’école. Cela dit, elle s’arrêta quelques secondes pour entendre ce qu’il était en train de lui annoncer.

- Te donnes pas cette peine, lâcha-t-elle avant de continuer à redescendre. Vas retrouver les salopes que tu affectionnes tant, je vais prendre un taxi pour rentrer chez moi.

C’était la meilleure des solutions, ça éviterait surtout qu’ils ne passent leur temps à s’engueuler pour rien durant tout le trajet. C’était usant à force.

Et c’est toujours dans ses situations qu’il arrive une boulette. Dans les moments où l’on veut partir, la tête haute, et faire de son mieux pour éviter une nouvelle prise de bec.

Naëlle marcha sur son lacet défait et dégringola dans les escaliers. Une vraie cascadeuse… Ou pas. Elle se retrouva allonger sur le dos, avec les murs en train de bouger dans tous les sens. Avec Naé pas besoin de boire de l’alcool pour en connaitre les effets secondaires.

- Connor est-ce que tu peux arrêter de me secouer comme un prunier ?

En même temps, elle ne savait pas s’il était là ou non. C’était la seule chose qu’elle avait trouvé à dire, alors qu’elle essayait de savoir si elle avait mal quelque part. Enfin autre que sa fierté mal placée.