Quelles sont les nouveautés ? [Virgile] [Terminé]

Comme chaque soir avant d'ouvrir le bar il faut tout mettre en place, tout préparer. Tandis que les filles se préparaient, les serveurs mettaient en place la salle. Derrière le bar, Virgile nettoyais quelques verres, mettait un peu d'ordre la dedans. Ça faisait un moment maintenant qu'il était employé ici. Le boulot lui plaisait, il n'avait pas à se casser la tête. Il n'était pas comme d'autres mecs à rapporter leurs soucis du boulot à la maison. Lui, son boulot ça restait le boulot et n'y pensait plus une fois rentré. Et puis il avait pu y faire la connaissance du fils de son patron. Un pote? Pas vraiment. En fait il lui procurait de la drogue de temps à autre lorsqu'il avait de quoi lui vendre. Une belle affaire. Et dire que le boss ne se doutait pas que son petit rejeton dealait avec l'un de ses employés, si c'était pas fort ça? Enfin Virgile s'en tapait pas mal. Tant qu'il avait sa dope, le reste il s'en foutait. Ledit fifils à papa était la avant l'ouverture. D'ailleurs Aymeric lui commanda une Margarita.

De suite.

Il laissa son chiffon sur son bras, il continuera plus tard à essuyer le comptoir pour aller lui préparer sa boisson. A part lui il y avait un autre barman derrirère le comptoir plus quelques uns dans la salle à arranger les chaises, les tables et tout le tralala. C'était calme pour le moment, mais attendez de voir une fois le club ouvert, ça bougera d'avantage. Et il aimait bien ça, au moins pas le temps de s'emmerder.

Et une Margarita.

Dit-il en lui posant la boisson en face de lui. Il reprit le chiffon qu'il avait posé sur son bras pour continuer d'essuyer devant lui des verres :

Alors, comment vont les affaires?

Si quelqu'un les entendaient parler, ils pourraient facilement croire que Virgile demandait comment se passait son boulot de disquaire. Mouarf mouarf! Comment il s'en foutait de ça! Même si c'est le fils du boss on va pas non plus aller faire du lèche. Non non, il demandait les affaires, les affaires qui l'intéressaient lui, genre la dope.

Les affaires vont bien alors. Tu m'étonne, aussi triste que ce soit, la dope est toujours un business qui rapporte, et qui rapporte gros lorsqu'on sait se démerder. Mais jamais Virgile n'ira dealer dans la rue, à revendre aux toxicos de base de quoi planer. Il restait un petit acheteur avec la dose qu'il lui fallait pour lui, point à la ligne. Chacun sa merde. Donc en bon consommateur il serait impoli de décliner l'offre d'Aymeric :

Volontiers.

L'autre serveur passa près d'eux en allant aux chiottes et salua Aymeric au passage. Virgile le regarda passer avec amusement puis plus tard pensa à voix haute :

Lèche botte.

Par ce qu'en disant bonjour au fils du boss il espérait avoir une promotion? Mouarf la blague ouais. Les seules personnes ici qui puissent avoir une promotion de cette façon sont les strip teaseuses. Pas eux. Eux, ça se comptait aux litres de sueur déversées pas autrement. Enfin c'est aussi qu'il savait ce que lui pensait du job et du reste, comme quoi il ne comptait pas rester tout ça, par ce qu'il était étudiant et faisait ça pour payer ses études en attendant de trouver mieux. Bon au moins il avait compris comment les choses marchaient en général. L'une des effeuilleuses, Shirley sorti des coulisses, histoire de papoter avant que le club n'ouvre. Elle passa derrière le comptoir pour claquer une bise à Virgile :

Bonsoir Virgile, tu es tout beau ce soir !

Merci t'es pas mal non plus.

Une fois ceci de fait, elle retourna à l'avant et, prit une chaise à coté d'Aymeric :

Bonsoir ! Comment ça va?

Virgile regarda les deux du coin de l'oeil, faisant genre il ne regardait pas.

Son interlocuteur acceptait bien sûr l’offre… Comme d’habitude, Aymeric avait toujours un échantillon sur lui, qu’il cachait bien sûr à l’intérieur d’un album, entre les pages du petit livret qui contenait les paroles et tout ça. Le jeune homme le sortit alors l’album en question et le déposa alors sur le comptoir.

Ecoutes-moi ça et tu m’en diras des nouvelles !

Et du genre, ouais , je t’en livrerais d’autres dans le même genre comme groupe. Il n’y avait pas plus discret que de sous-entendre de faire découvrir la musique quoi… Aymeric ne put s’empêcher de sourire quand le coco là fit une remarque concernant l’autre barman. « Lèche-botte »… Si le barman savait qu’Aymeric en avait rien à cirer des employés ici… Qu’on ne compte pas sur lui pour faire des promotions à ces gars-là…. Mais en ce qui concernait à la créature qui venait d’apparaître derrière le comptoir, c’était autre chose. En même temps qu’un autre sourire s’accrochait à ses lèvres, Aymeric éteignit sa cigarette dans le cendrier… Quand Shirley s’assit à côté de lui…

Hey, ma beauté ! Tout roule, et toi ?

Bien, merci !

Je t’aurais bien proposé un verre mais…

Pas en service ! firent-ils tous les deux en même temps.

En tout cas, ça les amusait tous les deux, ils avaient tous les deux cette étoile dans les yeux et ce sourire … Choses qui trompaient réellement. La jeune Shirley s’approcha ensuite d’Aymeric pour lui souffler quelque chose à son oreille… Non non, ils n’étaient pas en train de flirter les deux gugus. En tout cas, Shirley lui donna un rendez-vous plus tard dans la soirée pour passer un bon moment ensemble. Aymeric se contenta seulement d’hocher la tête comme signe d’approuvement… Et ce fut là que le second Barman, Tobby, refit son apparition… Quant à Shirley, elle se leva de sa chaise…

Le devoir m’attend…

Elle fit un signe de la main pour saluer les collègues et se dirigea alors vers les coulisses pour faire ce qu’elle devait faire, elle était venue au comptoir car elle avait vu son blondinet et avait sauté sur l’occasion pour lui souffler des choses! Aymeric la suivit du regard avant de reporter son attention sur les deux mecs devant lui… avant de finir son verre cul sec.

Tout va bien, Monsieur Hewson ? Vous voulez un autre verre ?

Non, merci, ça ira, Tobby…

Punaise, qu’il était casse-pied ce type, mais heureusement, il s’en alla pour passer à autre chose. Aymeric ne s’empêcha pas de lui lancer un regard non attendrissant, ce n’était pas le même regard qu’il avait posé sur la jeune femme un peu plus tôt. Puis Aymeric sentit derrière lui une main sur son épaule… C’était John, son père.

Aymeric… Quel plaisir de te voir…

Père… salua Aymeric à son tour.

Je voulais te voir justement…

John se retourna vers Virgile.

Un Scotch… Et un autre verre pour Aymeric, également…

Qu’y a-t-il ? demanda Aymeric à l’attention de son père.

Quand ça commençait comme ça, ça devenait inquietant… ou pas d'ailleurs. La dernière fois, il avait envoyé Aymeric et un des employés chercher une des danseuses chez elle car elle n'était pas à l'heure et elle ne répondait pas à son portable... Et aucun de ses nounours ne pouvaient aller la chercher pour voir ce qu'il se passait... Une fois là-bas, en réalité, la danseuse, elle était complétement évanouie au sol... C'était à ce moment là que tout le monde apprit qu'elle était enceinte et qu'elle venait de perdre son bébé

Même stratégie que d'habitude. Tout en faisant mine de parler du boulot officiel d'Aymeric, en fait ils discutaient de choses un peu plus intéressantes, genre des affaires illicites qui leur vaudraient bien des ennuis s'ils étaient découvert. Surtout Aymeric, Virgile restera un simple consommateur. Qui se serait douté de quoi ils parlaient d'ailleurs? Qui le pouvait? Un album innofensif, qui contenait un véritable petit trésor. Et il ne se fit pas prier pour le prendre ça non. Il faudrait être fou et ça il ne l'était pas. Il le cacha ainsi de la vue d'un éventuel fouineur :

Je n'y manquerais pas. Aucun doute que ce soit de qualité cependant.

Faut bien tenir au courant des choses son fournisseur tout de même, histoire de savoir si ça vaut le coup. Enfin... Les messes basses, même si il n'aimait pas ça, il était habitué maintenant. Donc de voir une de ces strip teaseuse chuchoter il ne savait quoi à l'oreille d'Aymeric, il s'en foutait maintenant. C'était pas ses oignons de tout de façon. Revint ensuite son collègue qui en profita pour faire un peu de lèche. Le patron fit ensuite son apparition derrière Aymeric. Et visiblement ils avaient à causer tous les deux. Ça semblait sérieux. Un scotch alors? Et un autre verre pour son fiston?

Entendu.

Père... Virgile se retourna alors pour préparer la boisson du boss et du fiston. En fait c'était juste histoire de faire passer son fou rire. Père.... Incoyable y'a encore des gens qui appellent leur paternel : père? Oh le gros délire! Virgile se faisait littéralement mal aux côtes à force de réprimer son fou rire. Aymeric faisait son gros rebel de la vie à dealer tout ça, mais quand papounet est la, on se fait tout petit et on l'appelle : père! Oh vraiment il y repensera demain matin lorsqu'il aura terminé son service ça lui donnera l'occasion de se marrer un bon coup! Punaise quel délire! Il était content d'avoir assez vécu juste pour voir ça! Il aurait carrément dû l'appeler papounet la il se serait vraiment écoulé par terre. Bon. Le scotch était versé ainsi que la deuxième margarita et il se retourna, le visage impassible afin de servir son patron et son fiston. Pour qu'il commande deux boissons pour les deux, et vu leurs tronches, ça devait être quelque chose de sérieux. Pourquoi il avait l'impression qu'il allait bien se marrer? Bon, pareil qu'avant faisont celui qui n'entends pas. Il se déplaça derrière le comptoir pour continuer de mettre en ordre, laver, essuyer, mais gardait une oreille attentive à ce qu'il se disait. Alors en attendant qu'ils aient terminé leurs papotages, il préféra emmerder un peu Tobby:

Hé Tobby, qu'est ce que t'as ce soir à faire de la lèche à gauche à droite? Ton salaire n'est pas assez bien pour toi?

De quoi tu cause?

Oh aller pas de ça entre nous! Mais si tu veux mon avis, c'est pas comme ça que tu y arrivera, passe plutôt sous le bureau du boss si tu vois ce que je veux dire....

Lui dit-il avec un léger coup de coude. Tobby eu alors une grimace :

Oh mec c'est deg! J'ai une petite amie je te signale!

Et alors l'un n'empêche pas l'autre.

Qu'il était délire ce mec vraiment, Virgile se marrait toujours bien avec lui! Les cons c'est toujours marrant. Suffit de savoir comment jouer avec et c'est plus amusant que n'importe quoi. Surtout celui la, une vraie petite ingénue.

Mais c'est vrai que j'aimerais bien une augmentation.

A ces mots, Virgile pouffa de rire. Quelle soirée de pure marrade! Lui qui était la depuis plus longtemps que lui n'avait pas vu son salaire augmenter d'un centime, alors lui qui était le nouveau il espéait quoi? Devenir riche avec ce job? L'espoir fait vivre dit-on. Cependant, Tobby ne capta pas pourquoi il riait ça se voyait à sa tête :

Tu crois toujours au père noël hein? Avoue.

Une chose était sûre, c’était qu’Aymeric respectait ce père, même si bien souvent, il n’approuvait pas tellement ses décisions. Ce Mister Hewson pouvait être un homme tout à fait puissant. Après son service militaire, il ouvrait évidement cette boîte de trip-tease, une chose tout à fait logique et pourtant, les affaires marchaient. Mais ce n’était bien sûr qu’une image d’un homme d’affaires, il pouvait paraître clean mais pourtant, ce n’était pas le cas. Ce n’était pas un homme de moral. C’était de là qu’Aymeric apprenait les ficelles, rien qu’en observant. Tel père, tel fils, non ? Sauf que le fils, lui, quand les emmerdes le suivaient, bien sûr, Papa était là. Bref, le vieux croûton demandait un autre verre pour lui mais Aymeric ne le toucha pas. Il était plutôt attentif dans ce que ce père allait lui raconter, enfin plutôt ce qu’il allait lui demander comme service.

C’est à propos de Valéry.

C’était la dénommée danseuse qui était tombée enceinte. Bon heureusement, elle avait perdu le bébé. Heureusement ? Vous voyez une danseuse trip-teaseuse enceinte ? En plus, elle était plutôt chanceuse que le propriétaire des lieux acceptait de la garder. Enfin, faut dire qu’Aymeric en était pour quelque chose. La jeune femme avait déjà un gamin de six ans à nourrir et comme elle était proche de Shirley… Enfin, plus maintenant, puisqu’elles étaient en froid… Mais passons, il ne fallait jamais chercher les histoires de filles, c’était incroyable comment elles peuvent se prendre la tête pour un rien.

J’aimerais que t’ailles la surveiller.

Comment ça ?

J’ai promis à un client qu’elle danserait pour lui chez elle.

Seulement ? Aymeric levait un sourcil, il n’était pas stupide…

Et elle semblait très réticente et je ne veux pas qu’elle me fasse perdre ce contrat.

Evidement, ce contrat avait sûrement été effectué avec une grosse « baleine »… Et il fallait vraiment que son père l’entraine là-dedans.

Un des gardes ne peut pas aller jeter un coup d’œil ?

J’ai besoin de tous les avoir auprès de moi ce soir et Clark s'est cassé la jambe.

Surtout qu’ils étaient vendredi soir, il y aura bientôt du monde… Enfin passons, c’était l’excuse.

Virgile, appela-t-il en claquant des doigts. Ca vous dit une petite augmentation ?

Ca allait, il traitait les gens comme des chiens, comme d’habitude… Et d’ailleurs, le père avait demandé de la boisson pour son fils mais il fallait qu’il sorte. Aucune logique là-dedans… Et oh Aymeric n’avait pas besoin d’un baby-sitter… On avait confiance en Aymeric ou pas ? Et dans ce genre de situation, il ne fallait jamais contredire le boss.

Tout en mettant tout en ordre et en discutant avec Tobby de tout et de rien, il prêtait une oreille attentive à ce que disaient les deux hommes au comptoir. Sa curiosité avait été piquée à vif et il n'y pouvait rien s'il n'était qu'un homme après tout. Visiblement il avait des soucis avec les filles, enfin une en particulier. C'était celle qui avait fait une fausse couche. Même s'il trouvait ça triste, il s'était dit que ça vallait mieux pour le gamin. Celle qui aurait été sa mère n'était pas dans une situation financière excellente, ça aurait été difficile pour elle, ça ne fait aucun doute. Bref donc il n'était pas sûr qu'elle n'honore son contrat en allant danser chez un client, ça se comprenait. Du coup il demandait à son fils de jouer les Men in Black pour aller voir si elle y allait bien. Ah la bouffe à livrer on ne sait jamais si elle arrive à destination ou pas. Et il voulait qu'il y aille avec quelqu'un, et il se demanda qui pourra aller avec lui. Il eu la réponse peu de temps après se l'être posée en entendant le boss l'appeler. Enfin, si on appelle ça comme ça. L'appeler en claquant des doigts. Comme un chien. Bordel rien que pour ça il lui aurait fait gober son verre. Et pas par la bouche. Il ravala difficilement sa fierté :

Si c'est aussi facilement qu'un claquement de doigts volontiers.

Dit-il avec un brin de sarcasme. A peine, un petit peu seulement. Il n'était pas fou et n'allait pas cracher sur du fric. Il sentait le regard dépité de son collègue derrière lui. Hé, le p'tit Vivi il était la depuis longtemps et le boss avait il jamais eu le moindre soucis avec lui? Non, jamais. Bon après il pensait que c'était surtout un coup de chance qu'il soit juste sous ses yeux pour avoir attiré son attention.

Qu'ais je à faire? Je vous écoute.

Après tout il n'avait rien entendu de leur conversation. Lui entendre quelque chose? Jamais quelle idée! Pourquoi ils disaient quelque chose?

Il n'était pas fou, juste shooté, il n'allait pas rater une occasion d'augmenter son salaire. Alors il allait le suivre, bien gentiement. Une fois sortis de la boite, manteaux sur les épaules Virgile s'adressa à Aymeric :

J'ignorais que la boîte faisait dans l'espionnage également.

Dans le genre relation de confiance il avait vu mieux. Quand on vous dit que le monde est pourri c'est pas des craks. Ok la boite de strip tease c'est pas le lieu le plus reglo du monde c'est certain. Mais de la à vérifier si une des filles va bien se trémousser à domicile, tout de même. Tant que le boss n'allait pas fouiller dans ses affaires à lui, il pouvait bien mettre sous surveillances toutes les filles qu'il voulait, rien à foutre.

Pas la peine de me raconter ce qu'il se passe, j'ai tout entendu.

Il entendait tout ce qui se disait ici. Tout, absoluement tout. Vous n'imaginez pas combien de vies de clients il connaissait à force, combien de trucs qu'il n'aurait pas du entendre qu'il a cependant entendu, combien de choses aussi il avait vues.... Un truc de dingue quoi. Oh après, ça lui prouvait qu'il n'était vraiment pas à plaindre. Pas qu'il se considérait ainsi loin de la, mais si quelqu'un pensait de lui qu'il était un pauvre garçon malheureux et si mal dans sa peau au point de se droguer, cette personne n'avait pas encore mis les pieds derrière le comptoir du club. Les premières fois Tobby fut aussi surpris de voir comment les gens pouvaient se souler sans raisons. Pauvre innocent, s'il savait qu'il en fallait encore mois à Virgile pour se shooter!

Je capte juste pas pourquoi je devais t'accompagner... Sérieux tu es un grand garçon qui peut se débrouiller tout seul. Et je vois mal en quoi je puis être utile.

Il était loin d'être un champion d'arts martiaux, n'avait pas de flingue caché, n'était pas un super héros non plus... Histoire de vérifier que son fils fasse bien ce qu'il lui a dit? C'est tout.

Bon c'était que pour la tchatche qu'il avait demandé à Virgile de l'accompagner. Ou bien si ça tournait mal il aurait quelqu'un à faire porter le chapeau. Et puis quoi encore? Enfin passons, ce n'était que question d'aller espionner une nana, rien de plus simple au monde. Débile selon lui, mais simple. Lui un soucis? Il releva les yeux vers Aymeric et ne retint pas un sourire sarcastique :

Je vais avoir une augmentation pour tenir compagnie au fils du boss juste pour voir si une de ses putes fait bien son job et basta.

Parfait, et simple résumé des choses. Il se contenta d'hausser les épaules avant d'ajouter :

Où y'aurait-il un souci ?

Il faudrait, des cons être le roi pour avoir un problème avec ça, sérieux. Quand à la manière dont il avait appelé les danseuses, des filles de joie, il n'en pensait pas moins. Se trémousser à poil devant des inconnus, ou était la dignité la dedans? Et c'est pas comme si c'était fait de façon plus sensuelle, plus féminine. A la Dita Von Teese quoi! Ça au moins, ça faisait rêver. Certes elle se déshabillait aussi. Mais d'une façon si classe, si féminine, si sensuelle, qu'on ne pouvait être que subjugé. Pas comme les nanas à la boîte. Des morceaux de viandes qui se baladent en string voilà ce qu'elles étaient pour lui.

On y va ou on se regarde dans le blanc des yeux?

Dit-il avec une bonne humeur non feinte. Quoi? Bien sûr que Virgile était de bonne humeur nom di diou. Ok, il râlait souvent, n'aimait pas grand monde, mais le peu qu'il aimait et avait lui suffisait. Un type simple quoi. Sur ces belles paroles, il ouvrit la portière et prit place dans la voiture d'Aymeric. Lorsque celui ci fut également en voiture, il ajouta :

Au fait je me fiche de ce que ton père ou toi pouvez bien faire, dans le sens ou ça ne me regarde pas.

Dans le sens ou il n'ira pas faire sa fouine pour savoir ce qui se passait, ce qu'ils faisaient, pourquoi ils le faisaient et tout... Il n'y voyait pas d'intérêt pour lui même alors pourquoi devrait il faire ça? Donc il ne fera pas son emmerdeur envers Aymeric à lui poser telle ou telle question. Il savait que ça pouvait être chiant. Surtout qu'ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde quoi. Juste un vendeur et son client, rien de plus.

On pouvait dire qu’il avait parfaitement résumé les choses, le coco. Mais bon, passons, ils n’allaient pas rester là à commenter du fait comment marchait le boss, non ? Même si on le comprenait pas toujours, même si on ne comprenait pas le comment et le pourquoi il réagissait ainsi, le pourquoi il avait tant d’argent à dépenser… qu’est-ce qu’ils pouvaient s’en foutre ! C’était leur problème ? Ca tournait dans leur faveur ! Enfin dans sa faveur à lui, quand même, c’était de l’argent donné. C’était clair et net qu’il n’allait pas s’en plaindre et il n’y avait pas de soucis. Nulle part. Evidement. Et c’était également évident le fait qu’ils n’allaient pas rester planter là à se regarder le blanc des yeux. A ça, Aymeric ne put s’empêcher d’émettre un sourire amusé.

Allons-y !

Il pénétra alors à l’intérieur de sa jolie Chevrolet Impala, tranquillement. Il était enfin prêt à conduire et partir en direction de chez Valéry qui vivait seulement à même pas cinq kilomètres de la boîte. Mais tout juste avant de démarrer, Virgile lui assura que quoique son père et/ou lui faisait, il en avait rien à cirer. Ben tant mieux d’un côté, Aymeric détestait les petites fouines. La pire des fouines : les flics. Et puis, le jeune homme ne se voyait pas lui raconter sa vie en lui faisant sa biographie, comme le ferait sans doute une personne lorsqu’elle venait de rencontrer quelqu’un et qu’ils feraient connaissances.

Alors, on est sur la même longueur d’onde ! répondit-il avec plaisir.

Egalement pour Aymeric, il se foutait pas mal de ce que pouvait faire Virgile. Il lui vendait de la dope, ça s’arrêtait là. Après, il n’irait pas chercher à savoir pourquoi il dopait, etc… Tous les détails de sa vie, il n’en avait rien à faire. C’était réciproque.

Alors les deux jeunes espions pouvaient maintenant partir à leur mission. Aymeric démarra alors et quitta donc le parking de la boîte pour se diriger chez la danseuse à surveiller. Le trajet se passa alors sous un silence. Aucun des deux ne discutait. Déjà que le blondinet là, n’était pas du genre bavard. L’autre ne l’était pas également. Il n’y avait pas non plus la radio… En tout cas, les pensées d’Aymeric vagabondaient un peu tout en matant toutes ces lumières et les feux de la ville. Ca bougeait pas mal encore à cette heure-là. Evidement, tout le monde sortait, enfin pas trop, c’était surtout le weekend. Là, ils étaient le milieu de la semaine donc c’était un peu différent.

Passons, Aymeric finit alors par tourner dans une rue et se mit alors à se garer dans un coin un peu sombre pour être légèrement discret… Et pour être discret, hum. Heureusement qu’il était assez loin car franchement, on se demandait bien ce qu’il se passait dans la rue. Et en fait, il n’y avait rien à expliquer, il y avait tout à comprendre. Il y avait les fouineurs, les saletés de bagnoles de flics avec leur gyrophare allumé et qui tournait… Un coroner… Aymeric et Virgile étaient alors témoins d’une sacrée scène… La « baleine » sortait sur une civière… Suivi des flics et d’une Valéry menotté… Il n’y avait donc pas photo sur ce qu’il venait de se passer, non ? C’était logique…

Et merde ! s’énerva Aymeric, en tapant d’une main sur son volant.

Et dire qu’il avait de la sympathie pour deux trois danseuses et voilà que la danseuse pour qui il lui avait donné une seconde chance pour qu’elle soit reprise dans la boîte, il fallait qu’elle réagisse de la sorte. Hey, il fallait le dire si elle voulait arrêter. Va-t-on plutôt dire qu’Aymeric allait avoir des emmerdes, ça allait lui retomber dessus. En plus, elle avait un gosse de six ans à nourrir. Où était-il ? Chez sa sœur, peut-être ?!
Bon, le portable d’Aymeric sonna, c’était évidement son père. Il décrocha.

Yep ! […] On est dans une sacrée merde ! Elle l’a descendue ! […]

On vérifiait si tout allait bien, hein ? Et ben non, rien allait ! On pouvait voir qu’aux paroles du père, là, Aymeric était en train de ruminer. C’était mauvais tout ça. Surtout que c’était une baleine en moins là, donc ils perdaient du fric… Et deuxio, ils perdaient une danseuse, bon, ce qui était facilement remplaçable mais ça craignait, ça faisait mauvaise publicité là.

[…] Oui, père […]

Il raccrocha et jeta son portable devant lui, agacé.

Fait ch**r.

Les nerfs étaient à vif.

Virgile ne dit mot durant le trajet. Pas qu'il n'aimait pas Aymeric, mais il n'était pas du genre bavard et qu'aurait il pu bien dire sinon des banalités? Non dans ce cas la mieux vaut le silence. Ce qu'il fit. Regarder les lumières de la ville défiler sous ses yeux était bien plus distrayant. Il regarda un instant également l'intérieur de la voiture. Lui n'en n'avait pas. Pas qu'il ne pouvait pas se le permettre, il n'était pas du genre dépensier donc avait de quoi faire de coté et avait son permis. Mais s'il en avait une à quoi ça lui servirait? Pour se déplacer il préférait largement prendre les taxis ou le métro. Au moins dans le dernier pas de soucis de circulation, sauf quand bien sûr un couillon utilisait les rames pour mettre fin à ses jours. Une voiture lui semblait futile. S'il habitait ailleurs, plus loin peut être qu'il l'aurait envisagé. Mais pas maintenant, ce n'était pas la peine, elle dormirait dans le garage. De l'argent dépensé inutilement quoi. Enfin il préféra regarder devant lui tranquillement. Qui dirait que ce type bien sagement assis s'adonnait de temps à autre à des plaisirs illicites? Oh aller, lorsqu'il était défoncé il restait chez lui, donc aucun risque pour les autres n'est ce pas? Ah semblerait ils qu'ils soient arrivés à destination. Minute. C'était quoi toutes ces voitures de police? Et le corps qu'ils emmenaient sur une civière? Et la pute qui sortait menottée?

Ah ouais carrément....

Certes Aymeric pesta mais Virgile dû faire appel à tous les efforts du monde pour ne pas se marrer. Décidement la soirée était plus qu'amusante! Oh que oui! Ils voulaient juste vérifier qu'elle fasse bien son strip, et voilà qu'elle avait déscendu le type! Enorme mes amis! Tout simplement énorme! Idem lorsque Aymeric téléphona à son papounet. Père et fils n'étaient pas très contents. Oh il pouvait le comprendre, bonjourla pub! Venez au bar des strip teases tueuses! Frissons garantis! Il laissa un peu de temps à Aymeric pour se calmer, avant de dire :

Perso j'vois pas pourquoi vous seriez dans la merde. C'est pas toi ou ton père qui l'avez descendu ce type.

Plus qu'évident. Voyons les choses du bon coté un moment voulez vous?

Une fille de joie comme ça, y'a qu'à faire le trottoir pour les recruter, et des meilleures que celle la, qui seront bien mieux contentes d'avoir à danser plutôt qu'à baiser. Et pas toutes ne sont des psychopathes en puissance.

Pas des nanas prêtes à buter un type pour X raison. D'ailleurs il lui avait prit quoi ? Par ce qu'il voulait peut être plus qu'une petite danse et qu'elle a refusé? Possible oui.

Et un client, ça se retrouve toujours. Tu fais un peu de pub sur internet et les types trop coincés pour aller aborder une fille ou ceux qui se sentent seuls verront ça, et hop, le tour est joué.

Combien de types comme ça existaient à New York? Trop pour les compter c'est plus qu'évident. Enfin Virgile eu un bref sourire amusé:

J'aurais dû ouvrir ma propre boîte tiens.

Vu comme il avait débité des trucs pour recruter et faire de la pub. Oh ouais on rigole hein, c'est pas par ce que la baleine s'était faite descendre et que la fille allait finir sa vie au trou qu'il fallait croire que la terre s'était arrêtée de tourner. Elle a tourné avant et trournera bien après. Et vu que Virgile ne voyait pas en quoi ça pouvait leur poser problème, s'en tapait royalement.

Il ne voulut pas cette fois ci retenir le sourire qu'il avait aux lèvres lorsqu'il lui dit qu'il n'allait pas lui apprendre le métier :

J'ignorais que tu bossais dans la boîte.

Comme quoi on en apprends chaque jour. Bien sûr tout n'était qu'ironie. Ils savaient tous les deux qu'Aymeric faisait bien autre chose que ça...

Oh aller pas de ça entre nous, si t'es juste disquaire je me fais nonne.

Et lui qui avait une sainte horreur de ces trucs la, c'était dire! Il n'y avait personne pour écouter leur conversation, pas de collègue trop curieux, pas de patron ou de papounet en susucre qui serait pas content si son cher fiston adoré dealait de la drogue sous son nez, dans son propre bar. Oh il savait qu'on pouvait en trouver dans la rue des serveurs, il ne lui apprenait rien le p'tit coco. Il se tourna alors vers lui et, ajouta:

Les bars en manque de serveurs aussi.

Lui fit il avec un clin d'oeil. Faut pas non plus rêver, sa vie ne dépendait pas de ce bar la. Bar dont il commençait à se lasser. Dans le sens ou il avait le sentiment qu'il avait mieux à faire que de servir des verres. Ça allait pendant un moment, mais il ne voulait pas faire ça toute sa vie. Mais quoi d'autre? Il n'avait pas de diplôme particulier et n'avait pas fait d'études très longues. Ah passons! Virgile revint sur les voitures de police devant eux, qui s'apprêtaient à partir. Et eux? A quoi bon rester?

Bon, maintenant qu'il n'y a plus personne à surveiller, tu compte faire quoi?

Faire demi tour? Rester ici à regarder les rues ou à discuter de choses et d'autres? Faire un bouquet de fleurs tant qu'on y est.

Ah, c’était un cas celui-là. Aymeric se demandait s’il ne regrettait pas de plus en plus Godric, mais bon, comme il ne bossait plus dans la boîte celui-là. Virgile avait cette pointe d’ironie qui agaçait grandement le Aymeric. Il faisait genre étonner qu’il ignorait qu’il bossait dans la boîte. Non, du tout.

Tu veux quoi ? Qu’on ne se cache rien et qu’on soit les meilleurs du monde ? Fais pas chier !

Non mais grave quoi !

Non, allez, pas de ça entre nous ! continua Aymeric avec ironie. Juste pour reprendre ce que ce Virgile avait dit et surtout pour qu’il ferme sa gueule celui-là.

Même s’ils savaient tous les deux qu’Aymeric n’était pas seulement disquaire mais il faisait quelque chose de pas très légal à côté mais passons, tous les deux devaient avouer qu’ils n’étaient pas mécontents de leurs affaires… Aymeric lui apportait de la bonne dope, et lui, Virgile lui filait du fric. Ca faisait deux heureux. Même si Aymeric savait que ce n’était pas le seul dealeur au coin de la rue, et que c’était vrai, en parlant de serveur aux mêmes coins de rues, la boite n’était pas le seul lieu qui cherchait des serveurs.
Aymeric se mit alors à regarder devant lui, posant ses mains sur son volant, tout en tapotant avec deux trois doigts. Il regardait la scène devant lui mais également, il se demandait bien ce qu’il pouvait bien faire là… Vu que le client n’était plus de ce monde et Valery se faisait embarquer, les deux zigotos n’allaient pas rester comme deux glandus là !

On retourne à la boîte… Mais avant…

Le jeune homme détourna son regard vers lui, tout en faisant une pause, pour voir s’il avait toute son attention.

Je ne veux plus t’entendre. Tu la boucle !!!

Est-ce que c’était clair ? Oui, ça semblait ! Le trajet de l’aller avait été sous un silence donc ça ne semblait pas très sorcier ce qu’il demandait. Bref, Aymeric refit alors ronronner sa Impala et c’était reparti pour faire demi-tour.