Lifeline [Piers - Terminé]

Depuis quelques jours, Evelyn avait l’impression d’avoir vécu une bonne tempête de neige si on pouvait dire ça comme ça. Un ouragan avait trépassé et elle, Evelyn, avait dévasté. Il y avait un tout : sa fausse-couche entre autre et… entre autre. Et la chute avait été qu’elle avait tenté de s’ôter la vie, et ce, ce n’était que pour stopper cette douleur qui l’envahissait dans la poitrine comme une hémorragie interne. Ce mal-être qui pourrissait la vie,  Evelyn avait rêvé de l’amputer. Elle avait essayé en prenant une option. Pas forcément la meilleure des options mais n’était-ce pas une option comme une autre ?

Le temps de remettre un peu d’ordre dans sa vie, Evelyn faisait un séjour dans une maison de repos. Là, elle ne serait pas spécialement seule. Elle était entourée… Et si ce n’était pas l’un des meilleurs moyens pour la dépayser, voir autre chose et surtout se reposer, mettre un peu d’ordre dans sa tête. Pour sûre, à sa sortie, elle mettrait à régler les choses une par une… Notamment annoncer à Castiel et à Dorian qu’il n’y avait plus de bébé, qu’il n’y aurait plus de potentiel père… que tout ceci était envolé… Puis, une seconde chose : Piers… Mais ça, elle verrait plus tard.

Pendant la journée, Evelyn avait pu avoir son rendez-vous chez le psy, puis par la suite avait pu profiter des quelques activités avec d’autres habitants (pour ne pas dire patient) de la maison. Comme il faisait plutôt bon, (l’orage de la journée avait rafraichi) Evelyn profita de l’extérieur en étant assise sur cette balancelle, avec une infusion au creux de ses mains.

Tentative de suicide. Les mots qu'avait prononcé l'ami d'Evelyn au bout du fil résonnaient dans sa tête, comme un coup de fusil. Tentative de suicide. Evelyn avait tenté de se suicider. Sans voix, il avait écouté celle, faible, du type qu'il avait rencontré un soir. Virgile, l'copain, comme il avait dit, bien bourré. Celui-ci cette fois, était visiblement clean, et avait des choses à lui dire …

Alors écoute. Je sais que c'est ta cousine, tout ce joli bordel et compagnie. Mais c'est mon amie aussi, et c'est moi qui voit quand elle est mal depuis un an. C'est moi qui l'ai trouvé gisante dans sa baignoire. Alors je m'en fous de ce que t'as à me dire, la de suite pour ta défense. Ta gueule donc. Le fait est que depuis que t'es revenu dans sa vie, en mode grand prince, c'est de pire en pire ! Peut être que tes intentions sont louables, mais la, ça lui fait plus de mal qu'autre chose. Du coup, mec, t'as même pas intérêt à ramener ta tronche sans y avoir été invité.

Sur ces mots il avait raccroché, laissant Piers dans un profond état de choc. Il ne savait pas à quel point ça allait mal dans la vie d'Evelyn, au point ou elle en arrive à souhaiter la mort! Les jours suivants, il les avaient passés à la ramasse totale. Il faisait son boulot, vivait sa vie … Mais ne pouvait se sortir Evelyn de la tête. Qu'est ce qu'il avait raté ? Que s'était il passé dans la vie de sa cousine pour qu'elle en arrive la? Il avait tellement de questions, et aucune réponse.

Il avait tenté de rappeler le pote d'Evelyn à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'un jour celui ci daigne décrocher. D'une voix froide, le mec avait finalement lâché l'info qu'Evelyn était en maison de repos. Virgile lui indiqua le lieu, mais en ajoutant que s'il faisait encore du mal à son amie, il viendrait personnellement se charger de son cas. Ok, pour se souvenir de lui, le type était certes grand, autant que lui, mais niveau carrure … Après il ne savait rien du type, peut être que dans sa tête c'était un grand malade …. Oh Evelyn avec qui tu traîne ?

Le lendemain, petit paquet en main, il s'était rendu à l'endroit indiqué. Il demanda à voir Evelyn Morgan, précisant qu'il était son cousin au personnel, qui le conduisit jusqu'à elle. Il la vit alors, dehors, assise sur une balancelle, une tasse en main. Piers eu mal au cœur en la voyant ainsi. Il s'en voulait sans dire pour autant pourquoi. Aussi, il hésita légèrement, les mots de son ami revenant en tête. Lui faisait il donc autant de mal que ça ? A ce point ? Mais qu'est ce qui clochait chez eux ….. Soupirant et prenant son courage en main, il avança vers elle. Doucement, il vint la rejoindre, se posant à coté de la balancelle, sans s'imposer à son champ de vision.

Bonjour Evelyn.

Avait-il dit d'un ton calme. Certes Virgile lui avait donné son accord pour venir mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle même était d'accord pour le voir …

Le jardin était plutôt calme. Quelques personnes se promenaient pour profiter de la fraicheur, offerte généreusement par l’orage eue un peu plus tôt. C’était un bon petit coin paisible. Evelyn soupira. Ce petit séjour lui faisait un peu de bien mais elle n’allait pas péter la forme du jour au lendemain. Il n’y avait qu’à baisser les yeux sur ses bandages à ses poignets pour se rappeler ce qu’elle avait tenté de faire. C’était marqué, ça restait visible, contrairement à un petit cocktail médicament/alcool. Mais en tout cas, en ce jour, c’était une journée « meilleure » à d’autres.

Evelyn ferma un instant les yeux, écoutant ce petit silence ! Les oiseaux qui chantaient. On sortait totalement de New York. On était loin des klaxons et du stress de la ville. La jeune femme sentit que quelqu’un s’était assis à côté d’elle. Un autre patient de la maison, peut-être ? En tout cas, ce quelqu’un qui s’était fait discret, bien qu’elle avait senti celui-ci s’approcher, certes. Mais si elle s’attendait à … Piers. Vraiment… Toute suite ? Evelyn reconnaissait cette voix entre mille. Ses mains se serrèrent un peu plus contre sa tasse.

Elle ne s’attendait pas à le voir ici. Pas maintenant, bien qu’elle pensait régulièrement à lui. Limite, pratiquement tous les soirs, elle jetait un œil sur la photo d’eux prise dans la Statue de la Liberté sur son portable… Evelyn rouvrit les yeux mais ne détourna pas le regard sur lui. Elle but une gorgée de son infusion, tranquillement… Qu’est-ce qu’elle pouvait lui dire là ? Surtout qu’elle ne l’avait pas revu depuis sa fausse-couche ! Elle pouvait lui dire « Salut ! Comment ça va ? Il fait beau, hein ? »… Une discussion ultra banale ! Devait-elle utiliser la solution « snobage » pour la faire éloigner d’elle ? Oh, depuis leur retrouvaille, rien n’avait tellement marché… Si c’était son dernier choix. Non, le dernier choix était s’il la poussait à lui avouer sur ce qu’elle avait sur le cœur, véritablement. Mais ça, jamais… C’était le monde à l’envers puisqu’elle le voulait près d’elle. Tellement contradictoire.

Même si Piers ne s'attendait pas du tout à un accueil en fanfare, il ne pensait pas non plus qu'Evelyn irait jusqu'à le snober. Baissant la tête pour regarder le sol, il eu la soudaine impression d'être responsable de tout ça. Pas dans son entièreté, mais en partie du moins. Avait il donc à ce point merdé ? Est ce que le pote de sa cousine avait raison en disant que les choses s'étaient empirées en venant ? Mais … pourquoi …. Il l'ignorait, et ne pas savoir commençait doucement à le bouffer.

Je suis heureux de te voir.

Vivante. Et pas dans un cercueil ou il aurait sûrement pleuré toutes les larmes de son corps. En fait, il ne réalisait pas. Il n'arrivait pas à y croire. Qu'elle ait pu faire une chose pareille. Cela lui semblait tellement impossible … Il avait beau se trouver la, dans cette maison de repos à lui rendre visite …

Cependant il ne pouvait pas rester comme ça à ne rien faire, juste histoire de dire je suis venu et puis voilà. Il sentait très nettement une gêne entre eux. Un mur. Qui semblait s'épaissir au fur et à mesure. D'ou venait il, Piers l'ignorait. Mais il désirait juste que celui ci disparaisse. Si possible …. Relevant la tête, il finit par tendre un petit paquet à Evelyn.

Tiens, c'est pour toi.

Un petit présent. Un livre en fait. Pas un truc avec des histoires d'horreur ou un truc avec plein de sentimentalisme … Mais un roman qui saurait peut être lui changer les idées. Il ne savait pas trop quelles étaient les occupations qu'ils avaient ici en fait. Peut être qu'ils avaient accès à une bibliothèque pleins de livres présents pour leur rappeler que la vie est belle. Pas sûr qu'on trouve les pensées de Pascal et son idée de la vanité de la vie !

Pour que Piers soit là, celui-ci avait dû passer par Virgile pour savoir où elle était. Ou c’était le contraire : c’était Virgile qui l’avait contacté. Elle ne savait ! C’était la seule explication qu’elle pouvait avoir dans la tête…

Cela dit, Evelyn ne doutait absolument pas des paroles de son cousin. Après tout, ce n’était pas comme si elle pouvait se rendre compte du mal qu’elle lui faisait à le repousser de la sorte sans qu’il ait de véritables d’explications puisque ça lui faisait tout autant mal de le repousser et d’être incapable de le lui dire alors en plus si on ajoutait le fait qu’elle savait qu’il savait pour sa tentative…

Pour le moment, la jeune femme ne pipait mot encore, rentrant dans un mutisme. Elle ne réagit pas de suite par rapport au présent que Piers lui tendait. Elle serait bien restée là à serrer sa tasse au creux de ses mains. Au bout d’un instant, Evelyn finit par poser sa tasse à côté d’elle sur la balancelle et récupéra le cadeau, doucement… En commençant à le déballer, elle put remarquer alors que le livre s’agissait de « Inferno » de Dan Brown… Pour peu, et à lire le résumé, Piers ne pouvait pas taper mieux comme genre de livres.

Merci ! finit-elle par souffler après un temps silencieux.

Evelyn ne lisait pas énormément mais ça lui arrivait bien sûr de temps à autre quelques romans ici et là quand ce n’était pas des magasines historiques ou people. Elle carressa la couverture du bout des doigts. Cela dit, Evelyn n’avait pas encore levé les yeux sur Piers…

Et bien de rien. Il ne savait pas si ça lui faisait hyper plaisir mais c'était pour le geste aussi. Mais ce n'était pas ça qui allait mener à une quelconque discussion, c'est sûr. Et il n'allait pas rester la, juste à coté, attendant que ça passe. Bon … Que dire … Trouver un sujet de discussion qui ne porte pas à l'embrouille ou bien qui lui fasse du mal … Compliqué … Ah, si, il savait.

Ton ami, Virgile … C'est une sacrée teigne.

Lui avoua t-il avec un léger sourire.

Tu sais qu'il m'a carrément menacé si je venais te voir avant qu'il me donne son feu vert ?

Un peu plus et les rôles avaient été échangés ! L'autre qui était la pour s'assurer du bien être d'Evy et l'autre … Voila.

D'un coté, c'est rassurant.

Qu'elle ait des amis comme ça sur qui compter. Même si bon, le Virgile, clairement, il ne lui disait pas grand chose ! Dans le sens ou il ne le sentait pas des masses. Il lui semblait … chelou. Ce n'est pas le fait de l'avoir rencontré bourré, ça c'est une autre histoire. Mais … c'était comme ça. Il ne semblait pas bien méchant cela dit. De tout de façon quelqu'un qui veut du bien à Evelyn trouvera grâce à ses yeux.

Evelyn avait toujours les yeux fixés sur le livre. Bon, c’était sûr, au moins si l’envie lui prenait de le lire, elle aurait de l’occupation pour quelques jours. En plus, la jeune femme avait pu faire quelques rencontres. Ayant discutée avec certaines, quelques-unes étaient des mordues de lecture donc aucun doute, elles auraient de quoi échanger sur le sujet. Cela dit, Piers dériva sur un sujet de conversation qui n’était autre que Virgile. Evelyn esquissa un demi-sourire.

C’est Virgile tout craché…

Oh, ça ne l’étonnait absolument pas. C’était un sacré numéro ce Virgile, parfois… Mais de là à aller jusqu’à menacer Piers, c’était assez comique, vraiment… et ironique à la fois.

Il a donné son feu vert donc.

Bon, il ne fallait pas chercher midi à quatorze heures, ni être Sherlock Holmes pour le deviner ça. Cela dit, accoudée sur ses genoux, toujours le livre en main, elle leva les yeux pour la première fois vers Piers.

Qu’est-ce que tu fais là, Piers ?

Bon, dans le fond, elle le savait. Elle le savait. C'était évident. Mais c'était dur pour elle d'être aussi... sévère avec lui...

Oui, il avait donné son feu vert, mais à la condition qu'il ne blesse pas Evelyn. Mais le mec il n'était même pas au courant qu'il pouvait lui faire du mal à ce point, comment était il censé savoir s'il allait la blesser ou non ? Grande nouvelle, Piers n'était pas télépathe ! Les pensées des gens, il ne pouvait pas les deviner ! Alors si on ne les lui dit pas, il peut pas savoir ! Eh oui …

Mais pour la première fois depuis qu'il était la, Evelyn avait fini par le regarder. Piers eu du mal à soutenir son regard. Celui ci n'était pas froid mais … Voila. Il eu le mérite de le mettre mal à l'aise.

J'étais inquiet.

Ce depuis qu'il avait appris qu'elle avait fait une grosse connerie … Il n'en dormait plus.

Depuis que j'ai su … je me suis inquiété. A un point...

Mais la encore, il n'arrivait pas à réaliser. Qu'elle ait vraiment pu faire ça. Peut être parce qu'au contraire de Virgile il n'avait pas vu Evelyn au plus bas … Mon dieu … Peut etre n'aurait il pas pu supporter une telle vision ... Déja la, il était en choc ...

Bien évidemment, il était inquiet pour elle. Il avait toujours été là pour elle. Evelyn pouvait imaginer que cette idée qu’elle ait pu faire de telle chose… Mais elle était là, elle était vivante et elle était là, dans cette maison de repos. Certes, de dire que tout allait sur des roulettes, qu’elle pétait la forme, ça serait mentir ! La preuve, elle ne se serait sans doute pas aller jusqu’à se faire du mal à elle-même en se coupant les veines.

Tu n’as plus à être inquiet pour moi, Piers.

Genre elle vivait très bien comme ça, dans ce cercle vicieux. Piers ne pouvait rien faire pour elle…. Evelyn ne pouvait pas aller à l’encontre de ces sentiments qui ne disparaitront sans aucun doute jamais. Si seulement… La présence de Piers n’arrangeait absolument pas les choses. Pourquoi avait-elle changé sa vision des choses ? Pourquoi le voyait-elle autrement qu’un cousin ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il s’était passé pour que ça change du jour au lendemain ? Qu’est-ce qu’elle avait fait pour mériter ça ? Evelyn le prenait comme une malédiction qui s’abattait sur elle… Et ce, c’était difficile pour elle de faire abstraction à tout ça. Ca perdurait trop et ça en devenait difficile. De fuir à New York avait été sa meilleure solution, selon elle… Piers ne la verrait jamais autrement qu’une cousine. Il n’y avait qu’avec lui qu’elle agissait ainsi, à être aussi  … distante. Elle avait l’impression de ne se cesser se répéter. Elle le repoussait mais pourtant autre chose au fond d’elle criait autre chose.

Ecoutes Piers, je sais que c’est difficile à comprendre, mais c’est comme ça. Ta place est à Nashville, auprès d’eux… et non ici à New York. Y'a rien à sauver par ici!

Dans le sens que dans un sens, Evelyn était morte le même jour qu'Irene, ce jour-là.

Alors ça y est, on est arrivés au stade des reproches ? Ça y est, elle le renvoyait à Nashville ? Comme ça ? Certes, il était venu sans qu'on le lui demande, n'attendant rien d'elle. Mais tout de même de la à l'envoyer paître ….

Ne dis pas n'importe quoi ! Il y a toi à sauver ici ! Je ne prétends pas pouvoir le faire mais …

Non, Piers n'avait pas la prétention de pouvoir sauver sa cousine, juste en étant la, mais il aurait tellement aimé … Il aimerait tellement savoir quoi faire …

Il y a toi ! Ne dit pas que tu es rien.

Parce que pour lui, elle ne sera jamais ce rien..... Non, il ne pouvait pas laisser les choses lui échapper de cette façon ! Elle comptait trop pour lui, plus qu'elle ne le saura jamais, plus qu'il ne se l'avouait à lui même.... Désespéré, Piers s'était placé devant Evelyn, posant un genou à terre et lui prit la main.

Dis-moi Evelyn, dis-moi ce que je peux faire pour soulager ta peine et je le ferais. Demande-moi la lune si tu le veux, demande-moi l'impossible, et je le ferais. Pour toi.

Le regard du brun était criant de sincérité, autant que de désespoir. Il ne voulait pas la perdre. Ne pas s'en aller et la laisser la, seule avec sa peine.

Plus Evelyn le repoussait, plus Piers s’accrochait. « Tu me fuis, je te suis ! ». Elle ne voulait pas entendre ces mots comme quoi il y avait elle à sauver, comme si elle n’était qu’une princesse en détresse et lui, le prince arrivant tranquillement sur son cheval blanc. Ils pouvaient carrément faire le remake d’un conte de fée au milieu de New York, mais il fallait être réaliste. Face devant elle, Piers rendait la tâche difficile. Il était là, à la supplier.

Il faut que tu comprennes que c’est mon combat, mes démons, mon fardeau. Tu ne peux rien faire pour moi.

Elle le regarda dans les yeux, les larmes aux yeux. Lui demander l’impossible ? C’était ce qu’il voulait ? Qu’est-ce qui était vraiment impossible pour lui ? De l’abandonner ? De la laisser partir ? Ou lui demander carrément de l’aimer comme elle l’aimait ? Quel était le mieux ?

Tu ne peux pas toujours sauver quoique ce soit, Piers. C’est un fait. Prends soin de toi, penses à ta vie, comme Sophia et Scott, et c’est ce qui me rendrait heureuse. Heureuse pour toi.

Qu’il fasse sa vie, c’était ce qui compte.

Lâches prise ! fit-elle difficilement.

A le regarder ainsi dans ses yeux, ses propres paroles sonnaient comme un adieu alors que de dire tout ça, elle le pensait sincèrement mais ça lui faisait mal au cœur de faire ça, de voir tout ce mal qu’en plus de se l’infliger, et le lui infligeait également. Elle écarta sa main que Piers lui tenait. S’il fallait utiliser la manière forte…

Pars…

Elle détourna sa tête, histoire de détourner son regard pour ne pas le regarder, sinon elle allait s’effondrer.

Va-t-en, Piers. Va-t-en.

Alors voilà. Ça y est. Ils en étaient bien la. Au moment ou Evelyn l'éjectait de sa vie, sans raison, sans explication. Piers ne comprenait pas. Qu'avait il donc fait pour être mis de coté comme ça ? Quelle fait avait-il commis ? De vouloir s'assurer qu'elle aille bien ? Ou alors n'avait il fait pas de faute, mais qu'Evelyn avait juste fait le choix de s'en aller, mettant un terme à tout ça ? Il l'ignorait.

Il avait fermé les yeux lorsqu'elle lui dit de partir. Le ton désespéré de sa cousine ne l'encouragea pas à rester la, contre sa volonté. Il avait envie de faire quelque chose pour elle, pour l'aider. Mais … s'en aller … Il rouvrit les yeux, et finit par se redresser. Sans ajouter un mot ou lui adresser un regard, il s'en alla, la laissant seule, comme elle le voulait.

Lâcher prise? Etre heureux ? Non, il ne le pouvait pas. Pas tant qu'il ne saura pas qu'Evelyn ne l'est pas. C'était peut être bizarre, mais Piers en était parfaitement conscient. De ça au moins. C'est que son bonheur dépendant de celui d'Evelyn. Et ça faisait terriblement mal. Pas de se faire envoyer paître. Il ne lui en voulait pas. Il ne lui en voudra peut être jamais pour rien. Mais ça faisait mal de la savoir malheureuse sans savoir quoi faire. Sans même pouvoir être à ses cotés, juste pour lui tenir la main. Ne serait ce que pour la soutenir, qu'elle sache qu'il était la.

Blessé, il sorti de la maison de repos pour retourner à la voiture. Machinalement, il prit le trajet jusqu'à son appartement. Mais il n'avait pas envie de rentrer chez lui, pour rester seul. Non, ce soir il fallait qu'il voit du monde, qu'il sorte.